Qu’attendons nous ?
La panique a gagné le sommet de l’état. Les masques tombent, le spectacle est sinistre. Un réel coup d’état se joue sous nos yeux. Aux abois, le gouvernement semble perdre la mesure des choses. Il est vrai que son pouvoir est menacé. Les scandales qui courent ébranlent l’échafaudage sur lequel le parti majoritaire s’est construit depuis une quinzaine d’années. Les liens entre les grands financiers et la Sarkozie sont révélés au grand jour, le bouclier fiscal qui épargne cette année 600 millions d’euros d’impôts aux 20 000 foyers les plus riches prend son véritable sens.
La riposte à la révélation du scandale Sarkozy/Woerth/Bettencourt ne s’est pas faite attendre : dès juillet, notre président amorce ce que les médias, dans leur langage châtié, nomment un virage sécuritaire. Il s’agit en fait d’annonces populistes décomplexées, ouvertement racistes et xénophobes, à l’encontre d’une communauté bien ciblée, les Roms, doublées de mesures de déchéance de la nationalité, qui remettent en cause les fondements même de la République, en distinguant des français « de souche » et ... les autres. Les circulaires émises en août par le ministre de l’Intérieur et récemment révélées au grand public sont claires : des mesures particulières ont bien été prises à l’encontre d’une ethnie caractérisée, les Roms. Un peuple persécuté dans toute l’Europe depuis plusieurs siècles, notamment par les Nazis, durant la seconde guerre. L’ONU s’émeut de ces annonces stigmatisantes ? Qu’importe, les remontrances dont la France est l’objet sont émises par des pays sous-développés, gouvernés par des dictateurs imbéciles n’ayant aucune leçon a donner. C’est la défense de M. Besson, qui empeste les remugles nauséabond d’un colonialisme vieillot. L’Europe veut lancer des procédures contre la France ? Cette fois ça dépasse les bornes, la France est un pays souverain qui conserve le droit de faire appliquer ses lois au sein de ses frontières et qui n’a pas à recevoir de leçons de ses voisins. Tiens, ça ne ressemble pas à un vieux slogan du Front National, ça, M. Hortefeux ? Et madame la Commissaire à la Justice et aux Droits des Citoyens, Viviane Reding, du Luxembourg, si elle ne veut pas que la France expulse les Roms, elle n’a qu’à les accueillir dans son (tout petit) pays . Réflexion profonde de notre président face à nos sénateurs, digne des propos tardifs d’un pilier de PMU vaguement raciste et aviné. Le débat en est là.
Nous sommes ridicules, presque autant que François Fillon ânonnant péniblement les fameux « éléments de langage » certifiés conformes à la parole gouvernementale par l’Elysée, tentant d’expliquer que la France respecte bien le droit communautaire, et qu’il est inopportun et blessant de comparer le traitement que réserve la France aux Roms à celui que leur réservait les Nazis. Et si l’on s’intéresse cinq minutes au fond plutôt qu’à la forme, la conclusion vient immédiatement :
- la communauté des Roms (20 000 individus) ne constitue pas une menace pour la sécurité des Français
- les renvoyer en leur offrant une prime ne peut que les inciter à revenir pour toucher à nouveau cette prime
- le courage en l’affaire consisterait à prendre de vraies mesures pour continuer d’aider à l’intégration de cette communauté en France, en développant les moyens nécessaires, en s’appuyant sur les populations locales, et en faisant respecter par les maires l’obligation aux communes de bâtir les aires d’accueil réglementaires.
Oui, mais ceci n’est possible que sur le long terme, disons quelques dizaines d’années, et les prochaines élections sont dans deux ans. Nous sommes donc seulement dans la posture, l’imprécation, l’excitation des passions les plus viles, et la désignation de bouc-émissaires : certains doivent souffrir pour que le pouvoir perdure. L’efficacité sur le terrain est nulle, la souffrance des Roms est bien réelle.
En septembre, la riposte se poursuit, objectif : verrouiller tous les contre-pouvoirs, bâillonner tout ceux qui tenteraient d’élever une voix discordante. Le pouvoir judiciaire pour commencer : on parle de jurys populaires, d’élection pour la désignation des juges, de la disparition des magistrats indépendants. On provoque ouvertement tous ceux qui ne s’aplatissent pas devant le pouvoir présidentiel. Les députés de l’opposition également : téléguidé par l’Elysée, le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, coupe court au débat ; les élus socialistes voulaient faire entendre les raisons de leur vote négatif à la réforme des retraites. Les journalistes : on dépêche les services secrets pour identifier les sources qui alimentent la presse et lui permettent de publier chaque jour les progrès de l’enquête dans le scandale Woerth. La rue : les manifestations de plusieurs millions de personnes le 7 septembre suscitent l’indifférence totale de l’exécutif. A défaut de bâillonner, on peut simplement ne pas écouter. Argument massue : si deux millions de Français manifestent, soixante millions ne manifestent pas ; qui ne dit mot consent, ces soixante millions de français soutiennent donc la réforme. Dixit M. Copé. Faut-il en rire ou en pleurer ? La rhétorique développée est tellement pauvre qu’une fois encore, on ne peut retenir que l’infini mépris envers ses congénères que doit éprouver un homme capable d’asséner de telles insanités.
Alors qu’attendons-nous ? Qu’attendons nous pour mettre dehors ces sinistres pitres usurpateurs du pouvoir ? Qu’attendons nous pour leur faire prendre conscience de leur étourdissante inanité, de notre ras-le-bol d’être constamment pris pour de juvéniles abrutis ? Comment supportons nous encore ce règne féroce de l’inculture stupide et décomplexée, dénigrant systématiquement l’intelligence pour se vautrer dans le populisme, le racisme, et la xénophobie, ce règne égotique bâti sur la division du peuple et soutenu par les grands financiers ? Dehors les cancrelats, vidons-les ! Le pouvoir à la rue !
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