Qu’importe le messager, c’est le message qui compte....
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L’absurde de Camus est résumé dans Caligula. Il y écrit que les hommes meurent et ne sont pas heureux ; que la vie n'a aucun sens.
J’ai grandi avec ce nihilisme. Nous pouvons dire que nous, génération enfantée par les baby boomers, nous, la bof génération, nous avons grandi entre le nihilisme et l’athéisme. Aucun espoir de sens. Rien à se raccrocher. L’impuissance face à une vie absurde. Et une mort inéluctable.
Et vendredi, je roulais jusqu’à mon école, angoissée par les élections américaines - plus importantes qu’on veut bien nous le faire croire- et j’avais en boucle dans ma tête la phrase « Qu’importe le messager, ce qui compte, c’est le message ».
Moi, l’athée, moi, la nihiliste, je demande désormais à l’archange Gabriel sa protection avant de sortir ( avec mon attestation) et je m’interroge sur ce message qu'il était venu nous délivrer 6 siècles avant Jésus par le biais de Bouddha.
Jésus fut ensuite également annoncé par ce messager.
Mahomet a aussi rencontré l’archange Gabriel.
Chaque religion s’est entichée du porte paroles et s’est fondée sur une vénération du messager, du prophète. Et si depuis le départ, on s’était fourvoyés ou si des vilains nous avait sciemment trompés et nous orientant sur le porte paroles plutôt que le message transmis ? Et si tout ça, c'êtait des essais pour nous rendre meilleurs ?
« Qu’importe le messager, l’important c’était surtout le message. »
Bouddha, Jésus, Mahomet n’étaient que des bons canaux de réception du message de Gabriel. Il y en a eu d’autres des messagers, on pourrait déifier John Lennon et Philip Katerine. En effet, quels plus beaux messages que ceux qu'il y a dans « Imagine » ou « des bisous » ?
Quel est le message ?
« Aimez vous les uns les autres. Aime ton prochain comme toi même. »
Des esprits pervers ont changé le « si on te frappe une joue, tends l’autre joue » par « œil pour œil, dent pour dent ».‘ L’autre n’est plus ton autre toi même, ton alter ego mais est devenu ton ennemi. Tu pouvais atteindre les étoiles, on t’a laissé te vautrer dans la fange. On a actionné ce qu’il y a de plus primitif en toi, les instincts de ton cerveau reptilien. L’état profond, c’est bien plus qu’un état corrompu par l’argent, c’est un état qui attire l’homme vers le diabolique.
Gabriel savait que chaque homme portait en lui le divin, l’humain et le diabolique.
Le diabolique, c’est écraser ou tuer l’autre pour assouvir ses instincts primitifs : Manger, se reproduire. Parfois, tu as des soupçons que tout ça ne comble pas un autre besoin plus fondamental en toi.
L’humain, c’est lié à ce que Camus écrivait dans "la chute" « être, c’est être reconnu. » mais lui aussi se trompait, être reconnu, c’est juste une gratification pour l’ego, qui a toujours peur de démériter et de ne pas être aimé.
Le divin, c’est l’amour universel pour tout. J’aime cette petite pâquerette qui s’ouvre aux premières lueurs du soleil. Je suis donc j’aime et je suis aimé (e) en retour. Aimer pas au sens sexuel mais aimer comme on est attendri par des êtres dont on se sent responsable, comme on aime un enfant, un chat, un petit être qui accourt vers nous, un poussin qui éclôt... l’espace d’un instant, on touche cet amour universel quand on a dans ses mains une de ses petites vies qui ne va pas se moquer de nous en retour. Que s’est-il passé pour que maintenant on n’aime plus son prochain ? Pour qu'on ait peur qu’il se moque de nous ou qu’il nous critique ou qu’il nous prenne pour un fou. Pourtant comme ce serait réconfortant et agréable de rencontrer des personnes qui nous aimeraient inconditionnellement. Et qui auraient toujours une parole impeccable.
Descartes disait « je pense donc je suis », c’est plutôt devenu aujourd’hui « je pense donc je me méfie » alors que ce devrait être « j’aime donc je suis ».
Ce qui me rassure, ce sont les nombres de vidéos partagées sur des faits divers qui pourraient sembler anodins : Un chat qui s'interpose pour sauver une fillette d’un chien qui veut l’attaquer, un poussin qui fend sa coquille et qui sort son bec ( dans une société où on jette vivant les poussins mâles, c’est même un paradoxe de s'émouvoir d'une éclosion), un chien et un chat qui dorment ensemble pattes entremêlées... ces vidéos font des millions de vues... l’homme reconnaît le divin.. il s’abrutit devant Cyril Hanouna, faute de mieux car quand il a du temps, il s attendrit et partage des vidéos du divin, comme celle d'un poussin qui sort d’un oeuf ou le rire cristallin d’un bébé. Jeudi, j’ai moi même approché le divin. Un de mes élèves ( 5 ans) était en colère car son meilleur ami tenait la main d’un autre. Il était déçu que le copain qu’il aimait le plus en préfére un autre. Quelle injustice quand on y pense, aimer quelqu’un qui ne vous aime pas en retour de la même force. En colère, il a dit à son ami : « je ne suis plus ton copain », ce qui voulait dire « tu ne m’aimes pas donc je ne t’aime plus ». Je me suis approchée et je lui ai dit : « tu es toujours mon copain à moi ? ». il est venu se blottir contre moi en disant « oui, je t’aime, ma maîtresse adorée ».
J’ai touché le divin.
Le divin, on peut le toucher au quotidien. Et on en parlait avec une collègue d'ailleurs en récréation en se disant qu'on exerçait un des plus beaux métiers du monde car les enfants de maternelle sont purs. On le touche aussi, quand un enfant s’endort, confiant, dans nos bras, rassuré par notre présence. On se sent responsable de cette vie contre nous.
Séparer les grands parents de leurs petits enfants en alimentant la peur des deux bords, la peur des uns de provoquer la mort, et la peur des autres de mourir prématurément, est un vrai acte d’ignominie.
Nous couper des uns des autres, c'est couper le divin de notre vie. On a de la chance, on nous laisse nos animaux domestiques, sur qui on libère tous nos élans d’amour insatisfait.
Certains enfants ont affaire à des parents diaboliques. Nous savons les dégâts que cela occasionne chez eux adultes ... émergence de pervers narcissiques, de psychopathes, de dépressifs etc..
Mais mon objet n’était pas d’aborder ces cas extrêmes, et pas non plus de parler des parents et « éduquants » humains qui nous ont habitué aux phrases assassines sans volonté de nuire « tu es maladroit » « tu chantes comme une casserole » « c’est pas possible de ne pas comprendre ça », ces phrases qui ne sont pas des paroles impeccables au sens des accords toltèques et nous créent des failles pour la vie et nous réduisent à des êtres imparfaits.
Mais il y a toujours d’autres phrases qui nous tuent qu’on nous assène depuis qu’on est petit sans penser à mal et qui pourtant véhiculent au fond le mal ... « aimer tout le monde, c’est n’aimer personne » » ce n’était qu’un animal, ne pleure pas » « la vie est injuste, il va falloir t’y faire »... le message d’amour initial est tronqué... aimer tout le monde, c’est ça, au contraire l’amour universel, l’autre est un autre moi même. Aimer aussi les animaux et pleurer leur mort, c’est juste et je ne leur préfère pas les hommes comme s’il existait une échelle de valeur entre les différentes vies terrestres. Préférer, c’est ne pas aimer. Et au contraire, la vie peut être Juste et il faut s’y atteler à la garder Juste.
Notre gouvernement met en avant Jean Jaurès en ce moment, comme si le diable aimait effectivement se parer de bonnes intentions... il n’y a pas de pire aujourd’hui que les démocrates pour tuer la démocratie et être en marche avec l’oligarchie qui gouverne le monde.
Donc notre Jean Jaurés, le même qui a créé « l’humanité » pour avoir un journal non corrompu, le même qui a dénoncé l’instrumentalisation de l’attentat de Sarajevo comme prétexte à la grande guerre, a écrit à nous instituteurs ( pas pour nos élèves, pour nous, pour ne pas faillir à notre tâche...)
« Les enfants ont en eux des germes, des commencements d’idées. Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre : il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur.
Pourquoi ne pas offrir la justice à des cœurs tout neufs ? Il faut que toutes nos idées soient comme imprégnées d’enfance, c’est-à-dire de générosité pure et de sérénité"
Je resterai sur cette belle idée de Jaurès, le message d’amour, ce serait d’avoir une société qui serait riche de contacts et imprégnée d'enfance, à l’opposé du « click and collect » ( tu cliques dans ton coin et tu prends ton colis et revient chez toi tout seul) mais avec des idées de générosité pure et de sérénité.
Documents joints à cet article
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