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Accueil du site > Tribune Libre > Quand je rends visite à ma banquière...

Quand je rends visite à ma banquière...

...alimentaire ! Mon cher Watson...

Chaque mercredi, tôt le matin, je me paye un long voyage vers les locaux excentrés de la banlieue alimentaire, pardon je lapsusse : la banque alimentaire…

L’aller, ça va …

Si la pluie n’est pas au rendez vous, si le soleil donne, cela ressemble plutôt à une balade agréable…

Une « escursion », tant le quartier qu’on y rejoint est exotique !

Et si les cieux ne nous accordent pas leur clémence, le mieux est de s’en remettre à ce bougre de Brassens, et, comme lui, écouter le joli chant que font entendre les gouttes de pluie sur le toit de mon parapluie…

« Bien que tu ne sois plus là…

Une fille comme toi ne saurait vivre avec un gueux comme moi… »

 

Je soigne mon arrivée en m’époumonant d’un bonjour aussi sonore qu’incontournable.

Lequel s’accompagne d’un répond en chœur tout aussi sonore qu’incontournable !

Les gueux, eux, savent vivre !

Ils ne détournent pas le regard pour faire semblant de ne pas vous voir…

CIMG5464

On parle peu… Des banalités qui s’enquièrent de votre santé, de celle des enfants, des petits soucis de la nature humaine.

Dans le local où l’on attend, trônent six chaises. Occupées par les femmes ou les persoones âgées…

Pauvres, certes, mais « civilisés ».

Ici on ne « s’engage » pas. On ne parle pas de politique…

Trop poli… Et les tiques on les laisse à nos chères, très chères « zélites » !

 CIMG5485.JPG

La porte s’entre ouvre et offre, dans l’encadrement donnant sur une salle affairée, une dame aux cheveux violets…

« Bon. Alors donnez moi votre nom par ordre d’arrivée … »

La gêne, la honte, que sais-je encore, empourpre les visages…

On le connaît pourtant ce rituel…

Et puis il faut bien que les bénévoles aient un peu d’avance pour préparer les denrées adaptées à chacun :

mères seules (la majorité) et bonshommes au chômage, au RSA,

mamie et papy crevant doucement de faim en raison d’une retraite se rétrécissant comme peau de chagrin…

 

La pauvreté ordinaire.

Celle que vous ne remarquez même pas.

Celle pour laquelle on ne fait aucune manifestation…

 

Mon retour est plus difficile !

CIMG5486.JPG

 

Etonnez vous, braves gens, des feux qui s'allument ici et là !

Les bourgeois ça tombe des nues !!!!


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6 réactions à cet article    


  • jako jako 19 août 2011 10:13

    Beau texte, merci et très belles aquarelles.
    Ce monde a ceci de curieux , c’est que nous ne voyons pas ce qui se passe puisqu’on ne voit bien qu’avec le coeur.
    Les gueux dont je suis ne découvre la réalité sordide que lorsqu’ils y sont confrontés directement et là aussi leurs anciens collègues, ceux qui n’ont pas encore été raflés, ne les voient plus.


    • Gabriel Gabriel 19 août 2011 10:39

      La misère rend aveugle celui qui refuse de la combattre et qui, au passage d’un nécessiteux,détourne la tête en accélérant le pas. A par les princes et les rois qui nous gouvernent pas la finance ou par le droit, nul n’est à l’abri et ce, quelque en soit sa position sociale actuelle. Sachons que si, aujourd’hui nous avons du pain et du vin sur notre table, quand la nuit tombe, ceux qui n’ont ni table ni lit ont les yeux tournés vers nos fenêtre, sachons que la misère est traite.


      • DEMOCRITE DEMOCRITE 19 août 2011 16:44

        Joli texte, un peu sentimentalo socialo poétique.

        Dis donc, Mr Buridan, tu préfères l’eau ou le son ?

        Moi, je n’ai pas encore choisi. Je ne choissirai peut être jamais...


        • easy easy 19 août 2011 17:12

          1952 Prévert écrit La grasse matinée où il pose qu’un homme n’ayant rien mangé depuis plus de trois jours en vient logiquement à tuer quelqu’un pour lui voler deux francs.

          2012 Buridan écrit que rentrant chez lui les bras chargés de nourriture offerte, il ne trouverait pas étonnant que la cité soit incendiée.




          • ubotugy ubotugy 19 août 2011 19:23

            Ils ne sont puissants que parce que nous demeurons à genoux.

            Joli article, doux amer béton, bon retour Buridan,

            Jusqu’à la prochaine fois.


            • La râleuse La râleuse 21 août 2011 15:28

              Décrire la misère humaine dans ce qu’elle offre de plus banal - ou banalisé, je ne sais trop - avec humour et cependant sensibilité, c’est du grand art.
              Chapeau l’auteur !
              Seuls des esprits chagrins pourraient trouver à critiquer.

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