Parce que, parfois, il vaut mieux rire de ce quinquennat, voici un billet d’humeur et de politique en Sarkozie, légèrement transposé au XVème siècle, du temps de François et de d'Arc, je veux parler de Villon et de Jeanne, restés eux, dans la postérité, et bien plus poète et pucelle que Fillon et Mireille.
Un mercredi, vers la toute fin du moyen âge. Château fort de l’Elysée, salle du Concile. Cinq années bientôt, que Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, alias Nico, règne sans partage. Il a peu à peu déposé tous les seigneurs qui avaient servi son père, et les a remplacé par d’autres, plus obscurs, qui l’ont aidé dans ses intrigues, et qu’il replonge à sa guise dans l’anonymat, au moindre soupçon. Dans le pays, la misère augmente, et les impôts… Devant la grogne qui monte, le roi a réuni son conseil de ministres.
Les ministres — Le bon jour, nostre bon Roy tout puissanz !
Nico — Ah, taisez-vous maroufles ! Et mirez-moi donsques : tout enquenouillé, aprez 4 ans de gyromancie, et chaque jour en plus sinistre équipage, tant mes ministres merdoient & mes sondasges choient. Ô Depardieu ! Ou, si vous préférez, de par le diable. Grande catastrophe se pourfile. Eh bien sachez, déconillants lourdiers, que nonobstant icelle, je pourchasse encor l’idée d'estre Preszident. Et, c'est pour cela que je vous ai réunis en ce lieu. Car ne vous desplaise, vous y allez m’aider. Tous rustauds bornés que vous êtes.
Les ministres, d’un seul homme, même les femmes — Oui Sire !
Nico — Je commence par toi, mon Fillot François, mon desloyal et traistreux premier Serviteur, maistre en l’art de me faire bonne mine & me jouer milles farces. Quelle fantasie te monte aujourd'huy en la teste à mes despens de colporter ce « quinquennat de combat » ? Et pourquoi pas de chaoz ?
François — Ah Sire. Je croyais bien faire. Pourquoy ainsi vous courroucer à moy ? Ne vous ai-je pas servi loyaslement, ces dernières années ?
Nico — Loyaslement ? La peste soit de toi, bubon ! Qui ne cherchoie qu’à me faire prendre un pourpoint [NDT : ancêtre de la veste au XVème siècle], le cinquième mai de l’an de disgrâce mil Douze, pour mieux rapiner la couronne par devers moy, en l’an Mille Dix-sept. Penses-tu, eshonté, que je ne t'entende barboter ? Alors, modère ta bouche et rabote tes niches, si tu veux briguer Paris en paix. Sans quoi je t’envoie Sœur Rachida Dati de la Diversité, la maire-porteuse du VIIème et de Dior réunis. La diablesse aura tôt fait de t’habiller en Prada pour l’hiver.
François — Ventrebleu, mon Roy ! Tout mais pas icelle. Je filerai doulx comme chaton.
Nico — Et toi, Prince Alain de Juppé du Bordelois, Par ton indolence, tu me fasches & m’ennuyes. Apprenz que nul n'est digne d'estre mon Héraut des Affaires Estrangères si, par l'espace d’un quinquennat, il n'a trouvé moyen de me faire guerroyer une fois l’an, au moins. De quoy me sert, crâsne d’œuf, d'avoir force balistes sol-air, poussiéreux rafales & foireux vaisseaux à trois ponts, si je n'en puis user à ma guise ? N’as-tu doncques, faynéant, quelque meschans Maure dans ta manche que je puisse assaillir par fureur et prestement bouillir en enfer ?
Alain — Mordiou grand Khan. Je cognois bien ung Assyrien, du côté de Damas, mais le mauricaud est soutenu par la Moscovie et les Mings auprèz l’ONU. Je cherche encor moyen d’embourber ces drôles en fourbe résolution, comme la dernière fois, mais ils sont plus farouches & méfians.
Nico — Débrouille-toi, Rabatjoye ! Et va doncques, s’il faut, querir Bernard-Henri La Mèche, Gentilhomme de Liquette Immaculée, en place Vendôme. C’est un fol qui charmoie plus par ses allures récréatives & bizarres que par ses pensées, mais en matière d’invasions exotiques, il a souvenz de bonnes idées. Dis à cestuy qu’après le Calife de Tripoli, il me faut à nouveau guerroyer, aux fins que de par le vaste monde résonnent mes glorieux faits d'armes et mes exploits guerriers.
Alain — Oui, Roy des Khan.
Nico — À ton tour, Messire Bertrand, mon sot Ministre du Chômage… et de l’Empois d’Amis doncques. Qu’as-tu fait pour rabouter mes sujets au labeur ?
Bertrand — Rien Sire. Mais ce ne sont, disiez-vous, que gueusailles, tous oiseux et bien pourris, prompts à se paumoyer aux guichets des Assedicques et à quemander l'aumosne auz Tavernes du Cœur. Pouacres !
Nico — Mordonbille ! Que blatères-tu ribaud ? Icelle vérité que l’on t’a rapportée ne s’est dite qu’entre seigneurs, au festin de Fouquet’s, donné, il y a bien longtemps, en l’honneur de mon triomphe au siège de Sainte Ségolène Illuminée du Poitou. Ces vérités n’onz plus cours à quatre mois des élections. Sais-tu seulement que cestuys cuistres de povres de biens votent ? Et sont légions et légions de vilains à voter. Et chaque jour bien davantage, à cause du rehaut des misères. Veux-tu ma mort ? Bourrache ! Va donc de ma part leur en bailler de bien vertes et miragineuses promesses à ces bélîtres. Et distribue doncques quelques employs aydés, pour faire bonne mesure d’ici aux élections.
Bertrand — Oui Sire.
Nico — Venons à toi, Sergeant Guéant Fierabras des Basses Fosses. Que te lances-tu à l’assault du Bailli de Boulogne, bille en cour — mais plus pour longtemps— quand dans nos villes, les faiseurs de phioles s’esgorgent à qui mieux ?
Le Glaude — Oh ! Ce ne sont, mon Roy, que quelques banlieues isolées où ces larrons font brigandages de philtres. J’ai fait fourguer à nos garnisons moult Colouvrines de guerre et Tazères, aux fins que nos lansquenets surprennent ces fistules au flagrant delict, et fourbissent leurs contrescarpes de pesantes bourrées, avant que de les mettre au gibet.
Nico — Vertu chou ! Que de fiebvre tu sois oingt ! Tu as de la barbe aux yeux. Et guère que de la bave. Tu n’avais pas plus tôt quitté Marseilles que trois larrons finissaient en badigeons suifés, lardés d’arquebusades, avant que de rostir en leur carrosse allemans, ung beau feu au-dessous, flamboyés comme harencs sorets. Et moi ? Comment vais-je vanter, pesant lourdois, la sécurité du Royaume aux poursuivants de Dame Marine, Fille du Borgne et Mère de tous les Dangers du Premier Tour ? Arrange-toi pour tenir ces brigands au cul et aux chausses.
Le Glaude — Oui, mon Roy.
Nico — Et toy Michel Mercier, Angelic Marquis des Anges. Ne vois-tu pas que l’étau se resserre au pourtour de moy, tant nombreux sont iceux qui ne rêvent que la belle affaire de me mettre en justice pour l’affaire Karachi si, par malheur, réélu je ne suis. Qu’attends-tu pour me sescourir de ceste mauvaise algarade avecques Cerberus Van Ruine-Bec ?
Angelic — C’est, Monseigneur, que cette engeance est sourde & bien foldingue à soudoyer.
Nico — Hola fâcheux Michel ! Haro peau de crabe ! La gale soit de toi et de tes principes. Morboeuf ! Dieu sait que jamais je n’ai refusé prébende, de Karachie ou Beste-en-Cour. Mais qui d’aulcuns d'entre céans, de Chiraquie ou Socialie, n’a jamais trafiqué en Ponant, à petit bruit ? Vas-tu laisser ces procuraceaux longtemps martyrer ma vie ? Las ! Boute-moi hors de blasme.
Angelic — Oui Sire.
Nico — J’en termine par toi, Baron Oin Oin, Joli Minois du Pont au Change. Depuys que tu as pris la place de la Baronne Lagarde du Puit-Sans-Fond Monestaire International, tu m’as l’heur de bailler plus d'argent pour caqueter que pour bien travailler. De toutes parts, les banqueroutiers me somment de réduire nos crevasses publiques. J’ai aux chausses Mère Merequelle la Germanique et Sir Cameronde l’Anglois ? Où en sont mes Pistoles, mes Deniers, mes Karolus, mes Louis, mes Billes, ma Finance, ma Galette en somme ?
Oin Oin — Hélas, mon Roy, depuis quelques années, nous l'avons bien mangée. Il n’en reste que petite monnoie.
Nico — Vert et bleu ! Que la bosse te vienne ! Pôôvre Baron Oin Oin, on te tordroit le nez, il en sortiroit encore du laict. Ne saurois-tu trouver quelque habile et tordu stratagème de charbonner le peuple davantage ?
Oin Oin — Il y aurait bien, Sire, la TV associale, une idée que m’a souffletée Valérie de Bercy, nostre Grande Pécheresse. Mais elle ne sera inventée que dans 500 ans, et le peuple…
Nico — Vertu saint Gens ! Le cul m’en tremble. As-tu abusé, grand biffe, de fumer le millepertuis ? Que te soucies le peuple ? C'est sur son dos que se gagne la pécune. Oui da ! Il n'est festin que de turlupins. Estendons un peu plus le servage à ces hayneux. Et si c'est là un point qui te mélancolie, à mauvais jeu, fais bonne mine.
Oin Oin — Oui Sire.
Nico — Ah ! Que n’ai-je donc régné que pour cette infamie. Et que ne suis-je ceint que de vils engourdis. Depuis que Frère Dominique de la Brayette Eschauffée, si paillard à taverner et chevaucher civettes, s’est noué l’aiguillette par habile traquenard sur mol duvet en l’auberge du Sôt-fit-elle, mon destin part en quenouille. Son successeur, le Sieur FanFan de Hollande, alias Flamby la Tulipe, plus sobre, certes, au-dessous de la ceinture, est bien plus retors. Moi qui croyais qu’après le bouc viendrait l'agnel, je me suis bien fourvoyé. Il y a peu encor, l’animal estoit assez bon folâtre pour me traiter de « sale-mec ». Io ! Qu’il a grand esprit ! À cause du chant de cest oiseau, je vais finir par m’estrangler. Mais je vais à ce malotru, jouer ung tour de mon mestier et il me tarde assez de lui dévider sa migouflée. En attendant, je file à Domrémy, me changer les isdées sur le tombeau de la Pucelle. Quant à vous aultres, milourds… Allez ! Tirez vos chausses et au labeur ! Et ne gardez pas vos bras dans les manches.
Tous sortent. Nico, resté seul dans la salle du concile — Ah ! Je suis las et recru, harassé de ces balourds qui, tant plus que le temps passe, tant plus deviennent asnes bastés. Et me bourrellent. De quelles joyeusetés puis-je encore me parer ? Voyez à quelles extrémités leurs charivaris m’ont réduit dans l’opinion.
Il prend le luth que Carla lui a offert pour Noël, et entame une ballade — imaginaire, que les supporters de notre président se rassurent — :
Moi qui fut si bon et martyr,
En tout ce que puis faire et dire
Et fut traité comme souillon
Dois-je tomber là pavillon ?
Lâcher pouvoir, bling bling, plaisirs
Quand l'heure est venue de partir.
Crédit enluminure : info-histoire
PS : Pour les amateurs de langues vivantes et les plus djeuns, j’avais donné une version plus moderne de ce théâtre, il y a 3 ans (p… déjà)
Wesh Wesh Yo ici.