Quand la crise des Etats-Unis inspire des modèles de décroissance
On a coutume de dire que l’on fait la même politique que les États-Unis, avec plus ou moins 20 ans d’écart. Mais une fois cette constatation faite, les sons de cloche divergent un peu.
Le pur libéral expliquera plutôt : « Regardez, les États-Unis font ceci depuis 20 ans, on a un train de retard, il faut essayer de faire ce qu’ils envisagent de faire en 2030″ quand l’altermondialiste dira plus vraisemblablement : « Les États-Unis font cela depuis 20 ans et regardez où cela les mène, ne soyons pas aveugles, il faut essayer de changer de cap avant de faire les mêmes erreurs qu’eux. »
Inutile de préciser de quel côté mon cœur penche. Pourtant, les désastres humains que provoquent l’ultra-libéralisme condamnable du pays de l’Oncle Sam sont également propices à de belles initiatives.
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À Detroit par exemple, ville symbolique de l’industrialisation triomphante – et QG de General Motors – la crise économique qui a frappé de plein fouet a obligé les habitants à trouver de vraies alternatives pour s’en sortir.
Une véritable culture de la débrouille se met en place, et la culture (maraîchère) en est le centre névralgique. Désormais, vue du ciel, Detroit est verte car la ville en faillite se couvre de potagers.
Vive l’agriculture urbaine moderne
La ville étant en crise depuis des années et des années, elle est le lieu propice pour y créer de nouvelles choses : les loyers y sont très bas, il y a de très nombreux bâtiments à l’abandon et des milliers de personnes sans emploi qui cherchent à s’investir dans des projets utiles. C’est ainsi que de nombreuses associations se sont mises en place, prônant le recyclage, la réparation, le partage des nouvelles technologies et… l’agriculture urbaine.
De très nombreuses usines désaffectées servent de serres, leurs terrains de potagers, faisant de Detroit une ville verte avec pas moins de 1600 jardins partagés pour 700 000 personnes. Pas mal !
Une agriculture urbaine moderne qui fait des émules. Et pourtant, tout n’est pas facile dans ce pays aux lois draconiennes. Saviez-vous par exemple qu’il est interdit de cultiver son jardin dans les fameux « suburbs » péri-urbains ? En effet, la valeur d’une maison est déterminée par celles de son entourage, donc dans ces quartiers pavillonnaires, toutes les maisons doivent avoir un gazon impeccable.
Mais c’est la crise, et de nombreux américains ont redécouvert les joies de la bêche et de l’arrosoir. Rendant du même coup la loi un peu caduque (du moins espérons-le).
Ces phénomènes de décroissance sont très intéressants car ils sont avant tout motivés par la crise. Les grosses entreprises – General Motors, Ford, Chrysler – ont quitté la ville, emportant dans leur sillage tous les gros commerces dont les centres commerciaux. Les habitants ont donc du réapprendre à subvenir à leurs besoins. Le troc et l’entraide reprennent du sens, rendant inutile le consumérisme que l’on prône partout. L’écologie et l’humain s’imposent de nouveau face à l’omnipotence matérialiste…
Écologie, partage : réapprendre l’humanisme
Toujours aux États-Unis, et toujours dans le but de souligner les éléments d’une transition vers une société plus responsable, notons que dans l’Etat d’Utah, le Gouverneur a remarqué que… des SDF relogés (dans des immeubles vides par exemple) pouvaient coûter moins chers que des SDF à la rue !
Le calcul est simple : pour un coût de 11 000$/an, le SDF de l’Utah se voit proposer un logement et un travailleur social afin de l’aider à se réinsérer dans la société. Alors qu’on estime qu’un SDF à la rue coûte plus de 16 000$/an entre ses séjours à l’hôpital, en prison, etc.
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Au final, le nombre de sans-abris a chuté de 78% en moins de 10 ans… Même si c’est encore et toujours l’économique qui a dicté la réflexion, force est de constater que l’idée est excellente (pas nouvelle, mais excellente) et qu’on rêverait de la voir reprise ailleurs !
Ces quelques exemples pour prouver que même en tant qu’altermondialiste antilibéral, il peut y avoir des exceptions pour dire : « J’espère que l’on n’attendra pas 20 ans avant de mettre sur pied ailleurs ces belles idées américaines… »
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