Quel avenir pour George Bush ?
Dans trois mois, George Walker Bush ne sera plus président des Etats-Unis, la faute au troisième amendement qui, depuis 1951, interdit au président en exercice de se représenter pour un troisième mandat consécutif, histoire de faire respirer la démocratie. Il laissera sa place pour redevenir un simple citoyen. Simple sûrement, quoique l’homme soit plus malin qu’on ne le pense. Citoyen pas sûr. Quel effet cela fait-il de ne plus être POTUS, président of United States ? Que fait-on après avoir dirigé le monde libre, quitte à s’enchaîner soi-même à un tas de décisions que l’on ne décide pas pour en laisser le soin à ses conseillers, près de 1 800 au total, pour Bush Junior ?
43 hommes ont été élus présidents des Etats-Unis. Certains n’ont pas eu à se poser la question puisque assassinés dans l’exercice de leurs fonctions : John Fitzgerald Kennedy, Abraham Lincoln, James Garfield, William McKinley. Trois républicains, un démocrate, be careful, George, be careful. D’autres sont décédés dans les mois qui ont suivi la fin de leur mandat, à l’instar de James Knox Polk. D’autres sont morts durant leur mandat, tel Franklin Delano Roosevelt, au début de son quatrième mandat d’une hémorragie cérébrale. Mais l’ensemble des autres ont eu à vaquer à d’autres occupations et à réinventer leur vie.
Prenons l’exemple des présidents américains depuis la Seconde Guerre mondiale et de leur espérance de vie post-présidence (EVPP) :
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Harry Truman. L’instigateur du plan Marshall quitte la Maison-Blanche en 1953, impopulaire comme George W. Bush, qui culmine à 80 % de mécontents. Il décède en 1972. EVPP : 19 ans. Une chute dans sa salle de bains en 1964 en limite la motricité. Attention George donc, notamment en vélo.
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Dwight Eisenhower. Le successeur de Truman meurt en 1969. EVPP : 8 ans.
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John Fitzgerald Kennedy. Son avenir professionnel est définitivement réglé à Dallas en novembre 1963. Il deviendra l’icône de la politique américaine malgré un bilan plutôt contrasté sur le plan de la politique internationale.
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Lyndon Johnson. Le Texan prend la succession de Kennedy dans l’avion qui ramène le corps de JFK à Washington. L’Amérique ne peut être sans chef. Il est élu dans la foulée président aux élections de 1964. Il meurt dans son ranch, cinq ans après avoir quitté le pouvoir.
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Richard Nixon. Démissionnaire suite au scandale du Watergate en 1974, il meurt à New York en 1994. Espérance de vie post-présidence : 20 ans.
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Gerald Ford. Le tombeur, au sens figuré s’entend, termine le mandat de Nixon. Il meurt en 2006. Espérance de vie : 30 ans. En 1976, quand il est battu par Carter, il gagne néanmoins l’ensemble de l’Ouest américain, y compris la Californie.
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Jimmy Carter. L’homme prend la place de Ford pour être battu en 1980 par Ronald Reagan. Il est toujours en vie. Espérance de vie : 28 ans (en cours).
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Ronald Reagan. Le président le plus rigolo des Etats-Unis, sauf peut-être pour les plus pauvres des Américains, accomplit deux mandats. Le plus vieux des présidents au moment de son élection décédé des suites de la maladie d’Alzheimer en 2004. Espérance de vie : 16 ans.
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George Bush Senior. Battu par Clinton en 1992, il est toujours en vie. Espérance de vie : 16 ans (en cours).
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Bill Clinton. Deux mandats et puis s’en va. Toujours en vie malgré quelques ennuis cardiaques. Espérance de vie : 8 ans (en cours).
George Bush compte donc quelques belles années devant lui. Si l’on se fie aux statistiques ci-dessus, c’est entre 8 et 28 années, voire plus, qui lui restent à vivre. Quel sens donner à sa vie désormais. Passage en revue.
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Ecrire sa biographie. Président américain c’est bien, mais cela ne nourrit pas son homme. Le salaire s’établit environ à 400 000 dollars par an. Pas mal, mais compte tenu de la crise économique aux Etats-Unis, et du niveau de vie auquel on s’habitue, semble-t-il, assez vite, si George Bush ne veut pas demander l’aide sociale américaine, il devra trouver de nouveaux revenus. Difficile alors de ne pas céder à la tentation d’écrire ses mémoires. C’est ce que font les présidents sortants dans les mois qui suivent la fin de leur mandat. Profit attendu : quelques millions de dollars avec la vente des droits internationaux. A lui de trouver le « nègre » pour les écrire à sa place. Le premier qui répond Obama a perdu. S’il lui manque encore quelques dollars, il peut demander à son épouse d’écrire un livre de cuisine, à défaut de raconter le quotidien à la Maison-Blanche, voire d’écrire la version américaine de l’Almanach Vermot. C’est en écrivant sa biographie que Carter put se sauver de la faillite alors que son exploitation agricole périclitait. Probabilité : 100 %.
- Rire de tout. Mais avec n’importe qui. Probabilité : 50 %.
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Racheter une entreprise de cacahuètes. Avant d’être président, Carter était un agriculteur du Sud. Son créneau : l’exploitation de cacahuètes. Cela ne s’invente pas. Pendant son mandat, il confie les rênes à son épouse. Mais le contexte n’est pas favorable pour se faire du beurre, de cacahuètes, et l’affaire connaît de graves difficultés économiques. C’est son contrat d’édition qui lui permit de subsister décemment. Probabilité : 0 %.
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Obtenir le prix Nobel de la paix. Décidément Carter pourrait être l’exemple à suivre. Jimmy reçoit le prix Nobel de la paix pour son action en faveur de la paix au Moyen-Orient en 2002. Depuis, il s’active sans relâche pour la paix dans le monde et la promotion de la démocratie. Pas sûr que George soit dans son rôle le plus pertinent en défenseur des valeurs de la liberté. Probabilité : - 100 %.
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Devenir Texas Ranger. George Walker Texas Ranger. Pour tous les admirateurs de Chuck Norris dans cette série télévisée d’une rare intelligence, cela ressemblerait au Panthéon de la politique. A voir s’il n’est pas atteint par la limite d’âge. Probabilité : 10 %.
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Racheter un club de football américain. Grâce aux relations de sa famille au Texas, George qui vient du très cossu Est des Etats-Unis devient un vrai plouc avec plein d’oseilles. Sa fortune lui permet de racheter, dans les années 80, le club des Texas Rangers, tiens, tiens, et de porter une casquette sur la tête devant une foule en délire. Un retour aux sources possible. Probabilité : 30 %.
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Devenir bibliothécaire. C’est une tradition aux Etats-Unis. Chaque ancien président ouvre un musée de sa présidence et une bibliothèque. Lara, son épouse, étant du milieu, c’est une ancienne professionnelle... de la lecture pour tous, elle a même créé une fondation de promotion de la lecture comme semble s’apprêter à le faire Carla Bruni-Sarkozy. Probabilité : 1 %. L’actuel président des Etats-Unis préfère l’action à la narration et dans l’oeuvre monumentale de Tolstoï, Guerre et paix, n’a lu que la première partie du titre. Probabilité : 1 %.
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Conférencier. Cela va de soi. Il peut envisager de faire payer ses apparitions, et ses discours, quelques centaines de milliers de dollars l’unité. Comme le fait Bill Clinton qui trouve ainsi le moyen de payer ses considérables frais d’avocats, engagés à l’occasion des différents scandales qui ont émaillé sa vie politique. Probabilité : 100 %.
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Retraité. Être conférencier ce n’est pas un métier. George peut également imaginer pouvoir profiter de la rente d’une retraite bien méritée. Mais où cet argent cumulé au cours de huit années de présidence a-t-il été placé ? Si c’est en actions de banques françaises ou de compagnies d’assurance américaines, cela n’est pas gagné d’avance. Si c’est en titres de compagnies de l’industrie de l’armement ou bien d’ONG de lutte contre la faim dans le monde, le jackpot est assuré. Leur marché n’a jamais été aussi porteur.
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Pape des Born Again. La religion, George n’est pas tombé dedans quand il était petit. C’est après une énième cure de désintoxication que cet ancien alcoolique a THE révélation. Un « born-again », comme on appelle ces chrétiens qui, après avoir trouvé que les voies du Seigneur étaient trop impénétrables, cherchent à rattraper le temps perdu en devenant plus bigot qu’une bigoudi. Probabilité : 0 % car il n’y a pas de pape chez les protestants.
Vendeur de poupées vaudoues à son effigie, président du FMI, gérant de Caisse d’épargne, il paraît que cela ne demande pas beaucoup de qualifications, animateur de talk-shows, tenancier de bar sans alcool... les perspectives de George Walker Bush sont nombreuses. L’avenir dira si on peut être et avoir été. Go ahead, George.
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