Quel avenir pour l’UMP ? Quel avenir pour la France ?
Le chaos à l'UMP va-t-il déteindre sur l'ensemble du paysage politique français ? Qui sont les responsables de ce marasme ?
A l’heure où j’écris ces quelques lignes, à la fois fasciné et écœuré, à la fois surpris et rassuré, par le spectacle que nous offre ces hommes de pouvoir du nouvel âge, Alain Juppé, le fondateur de l’Ump, vient de signer l’acte de décès de son parti qui a accaparé le pouvoir en France pendant deux mandatures présidentielles d’affilée. Le « meilleur d’entre eux » (expression militante), celui qui s’était élevé au-dessus de la mêlée, pour devenir le dernier espoir, sinon le dernier souffle, d’un parti qui à force de vouloir regrouper les humanistes et les droitistes, a fini par réveiller des clivages cinglants au-delà même de la droite dirons-nous Républicaine, a reconnu que « les conditions n’étaient pas réunies pour qu’il mène sa mission de médiation » (Alain Juppé). « Les légions de l’Ump » (Nouvel observateur) qui avaient écrasé la rébellion socialiste à chaque échéance électorale nationale, ont implosé sous l’effet d’une dérive extrémiste, que l’on doit au principal artisan de la victoire en 2007, Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy s’est engouffré, dès qu’il a pris ses fonctions place Beauvau, dans une brèche ouverte par un Front National vieillissant. La France au bord de la crise économique, rattrapée par l’Islamophobie patente qui s’était réveillé un jour de septembre 2001 (Keppel – extrapolé), infectée par le virus de l’insécurité et affolée par la peur les banlieues, a accueilli l’ennemi intime du Président Chirac comme un homme providentiel. Sarkozy avec son storytelling, a conquis la France en quelques années, imposant à la fois un style politique, celui du volontarisme hérité de la tradition du parti Républicain américain, et imposant une nouvelle ligne politique à son parti, la droite « libérée ».
Mais Sarkozy, malgré tout le mal que l’on peut penser de lui, était l’homme du rassemblement au sein de la droite Républicaine. Et bien qu’il fût l’homme de la division pour bon nombre de français, il était incontestablement le leader de la majorité politique. Aujourd’hui son parti, orphelin, de son chef, se déchire pour trouver, qui de François ou de Jean-François, avec ces dizaines de voix d’avance, va mener le parti vers une énième défaite électorale. Malheureusement, cette désagrégation de l’Ump, ne va profiter à personne, en chassant sur les terres du Front national, Sarkozy, hier, Jean-Francois Copé aujourd’hui, ont réalisé le rêve de Marine Le Pen : donner du crédit aux idées de Marine Le Pen. Car bien au-delà d’une élection ratée, et de la guerre des ego, « le chaos » (I-Télé) à l’UMP met en lumière les stigmates de la politique menée par Nicolas Sarkozy, et a donc mis en exergue les deux courants politiques qui sont sur le point de se séparer : la droite humaniste et sociale emmenée par L.Wauquier, et la droite forte ou populaire emmenée par un transfuge du Front national et T. Mariani, l’éternelle Cassandre. G. Peltier, chef de file de la droite forte, a baptisé son courant « Génération Sarkozy ». Il n’est pas à douter que la motion « la droite forte », qui rejette les unions entre personnes du même sexe, qui surfe sur la vague sécuritaire, et surtout sur l’islamophobie, puisqu’il préconise une révision de la Constitution afin d’insérer une disposition rappelant que la France est un pays de « tradition catholique », ne tardera pas à envisager une alliance avec le Front national. Chose que toute la droite humaniste et sociale rejette, comme à l’époque elle avait rappelé Sarkozy à l’ordre après son discours très décrié de Grenoble. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule chose qui sépare la droite forte et la droite populaire du Front national, c’est le positionnement sur la question européenne. Sans doute, Nicolas Sarkozy était de bonne foi, il n’a peut-être pas chassé sur les terres du Front national, peut-être qu’il n’a cessé de courir après une France de plus en plus divisée, et de plus en plus xénophobe, mais il laisse son parti divisé pour toujours, en proie à une scission quasi-annoncée. Une droite républicaine faible est toujours prête à faire alliance avec une l’extrême droite. Cette crise n’est pas seulement une défaite pour l’Ump, il s’agit d’une recomposition du paysage politique français, et on peut craindre qu’elle se fasse au profit du Front national.
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