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Accueil du site > Tribune Libre > Quelles leçons tirer du référendum en Ecosse ?

Quelles leçons tirer du référendum en Ecosse ?

Il y a six jours, les Ecossais se prononçaient majoritairement pour le maintien au sein du Royaume Uni. Mais cette bataille gagnée par les unionistes ne doit pas faire oublier qu’il ne s’agissait que d’une bataille et qu’il y en aura sans doute bien d’autres, en Espagne, en Belgique… Qu’en penser ?

Du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
 
Il est évident que, comme gaulliste, j’accorde le plus grand respect à la démocratie et au verdict des urnes, quel qu’il soit. En outre, le Général de Gaulle a défendu toute sa vie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, fussent-ils des anciennes colonies françaises. Tout ceci devrait peut-être pousser à une certaine sympathie pour ce réveil du peuple écossais qui souhaiterait s’émanciper de la tutelle de Londres, d’autant plus qu’il semble porteur d’un projet de société plus progressiste et donc davantage en ligne avec les idéaux gaullistes, selon ma grille de lecture. Tout d’abord, il faut rappeler ici que ce qui s’est passé en Ecosse est une affaire intérieure britannique et que je rejette tout interventionnisme.
 
Mais, même s’il est bien évident que je rejette toute remise en question, même minime, de la souveraineté populaire, je n’ai pas pu cacher un certain manque de sympathie pour cette éventuelle sécession. Il est bien évident que si la majorité de la population écossaise avait souhaité prendre son congé du Royaume Uni, il fallait l’accepter, à défaut de s’en réjouir. Mais ce n’est pas parce que l’on respecte la souveraineté populaire et la démocratie que l’on ne peut pas se poser des questions sur cette vague sécessionniste qui point en Europe et qui menace Madrid et Bruxelles, outre Londres et qui semble aller avec une certaine idée de l’Europe. Même si je crois qu’il faut partir du principe que la démocratie a toujours raison, cela n’exclut pas de s’interroger sur les raisons et les conséquences de ces mouvements.
 
Une aspiration libérale-libertaire ?

C’est ce que j’ai essayé de traiter dans le premier billet que j’ai consacré spécifiquement à l’Ecosse, et qui n’a pas été bien compris. Bien sûr, je reconnais l’existence d’un peuple écossais (même si je suis loin de bien connaître la question), mais les sécessionnistes devraient tout de même également reconnaître l’existence d’un peuple et d’une nation britannique, forgés par trois siècles de vie commune, d’innombrables guerres, de morts au combat sous l’Union Jack, de dirigeants communs (l’Ecosse ayant donné au Royaume Uni son avant-dernier Premier Ministre). Tout ce qui unit le peuple écossais à la Grande-Bretagne n’est pas négligeable et ne doit pas être oublié. Ce sont plus de dix générations qui ont vécu ensemble, tissé des liens, tout en laissant vivre une identité écossaise propre.

Je persiste à croire que, même si cela n’est pas pleinement conscient chez les sécessionnistes, une partie non négligeable de leurs aspirations ne sont pas sans lien avec les idées libérales-libertaires. Une partie du débat a porté sur l’argent des champs d’hydrocarbures : trois siècles de vie commune pesaient moins lourd que quelques milliards ! Et je persiste à penser que le néolibéralisme apprécie les régionalismes qui affaiblissent les Etats-nations, qui sont des interlocuteurs plus forts pour lui faire entrave. Ce n’est pas pour rien que communautarisme et néolibéralisme vont si souvent de pair.
 
Et le peuple écossais semble préserver son identité au sein de la grande famille britannique, qui le laisse toujours plus respirer. En quoi le peuple écossais irait mieux hors du Royaume Uni ? De manière plus profonde, je trouve effarant la logique consumériste qui réside derrière ce sécessionnisme. Appartenir à une nation, ce n’est pas un geste de consommation courante, où l’on peut du jour au lendemain changer de marque. C’est bien plus engageant et me fait me demander s’il est pertinent d’accorder l’indépendance à une majorité non qualifiée, surtout quand l’union a été aussi longue.

Dès lors, j’ai du mal à voir, dans ce cas précis, l’intérêt réel (au-delà d’un éventuel bénéfice financier, aléatoire et temporaire) de la sécession. J’ai l’impression que les partisans de l’indépendance cèdent aux esprits animaux du néolibéralisme et brûlent un passé qui ne le mérite pas, d’autant plus qu’il n’empêche pas d’écrire un nouvel avenir, où il ne serait pas nécessaire d’oublier ce qu’on a été.


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4 réactions à cet article    


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 24 septembre 2014 18:08

    Quand on doit prendre une décision lourde de conséquences, on ne peut pas se contenter de l’affect. C’est comme pour une relation normale : si on aime quelqu’un mais que l’avoir avec soit vous coulera pour de bon, mieux vaut rester séparer.


    Les écossais ont bien choisi. L’argent du pétrole sera de plus en plus rare au fin du temps, les puits ayant commencé à se tarir, et leur économie ne peut pas se baser sur le whisky, les Highlands Games et le haggis.

    • wesson wesson 24 septembre 2014 19:34

      Bonjour Mmarvin,


      comme vous dites, il ne fallait pas se contenter de l’affect lors de ce référendum, toutefois c’est de toute évidence ce qui a joué. 

      La campagne du non s’est déroulé en 2 temps. Le 1er a consisté à justement jouer sur les peurs, et disant sans cesse que si divorce il y avait, il ne serait pas à l’amiable. Les menaces n’ont cessé de fuser, dans un remarquable mouvement d’ensemble.

      Et le second temps a été celui des cajoleries et des déclarations d’amour, à l’émotion notamment avec le 1er ministre Anglais qui en as presque été aux larmes.

      Alors ce non, c’est clairement sur l’affect et les passions qu’il a été obtenu. La sociologie du vote montrant d’ailleurs que c’est les 65 ans et plus qui ont emporté l’affaire, votant à 73% pour le non, alors que toute la tranche de la population dans la vie active a elle majoritairement voté Oui. Les vieux ont été particulièrement sensible au discours comme quoi, si le oui l’emportait, leur pension de retraite risquait de ne pas être versée.



      Mais ce référendum a permis une chose qui n’est pas près de disparaître : il s’est transformé en crise de souveraineté et de régime.

      Les Anglais ont promis monts et merveilles aux Écossais, avec notamment un statut de quasi indépendance. Ces promesses doivent être discutés dans le parlement Anglais en 2015, et je peux déjà prédire que les Anglais vont mettre toutes ces belles paroles à la poubelle - car ça va trop clairement à l’encontre de leur système, et pourrait donner des idées à d’autres. 

      Le parti qui a porté l’indépendance en fait plus que jamais son objectif politique, et il a enregistré une énorme progression en terme d’adhésion, qui le place en fait en 3ème position des parti Anglais. Si les Anglais - Quand les Anglais - vont renier leur promesse, le risque existe que ce parti en tire les conséquences et décide purement et simplement une déclaration unilatérale d’indépendance. Le risque d’évolution violente n’est pas à exclure suite à cela, d’autant plus que Londres qui s’était laissé piégé une fois à autoriser ce référendum ne risque pas de l’autoriser à nouveau.


      Bref, ce non ne règle absolument aucun des problèmes qui ont amenés à cette volonté d’indépendance, et la mauvaise volonté prévisible du système pour refuser tout modèle qui ne lui convient pas ne contribuera que à envenimer ce qui est maintenant une crise politique.

    • jice 24 septembre 2014 19:06

      Même si je crois qu’il faut partir du principe que la démocratie a toujours raison

      Démarche religieuse et donc anti-scientifique. Croire est le premier pas vers le formatage cérébral.

      Déjà, en tout premier lieu, peut-on dire de notre pays que c’est une démocratie ? Ce n’est sans doute pas le débat mais pour ma part, ce n’est pas ce que je dirais (entre autre en raison de la non responsabilité de nos « élus » devant le respect des programmes pour lesquels ils ont été mandatés lors de l’élection).

      Par ailleurs, le traitement médiatique de l’information me fais beaucoup plus penser à un lavage de cerveau qu’à une aide à une réflexion intelligente. Du coup, comment imaginer que la majorité a raison ? Elle n’a pas les moyen de réfléchir à partir de données fiables. Elle exprime donc en premier lieu les peurs qu’on lui injecte à grands coups de 20 h.

      le néolibéralisme apprécie les régionalismes qui affaiblissent les Etats-nations, qui sont des interlocuteurs plus forts pour lui faire entrave.

      Si tant est que ces états nations cherchent à les entraver, ce qui n’est certes pas le cas actuellement. Tous les gouvernements depuis les années 80 font tout ce qu’ils peuvent pour renforcer le capitalisme spéculatif néolibéral qui fait atteindre aux inégalités des records historiques.

      me fait me demander s’il est pertinent d’accorder l’indépendance à une majorité non qualifiée

      Lorsqu’on demande au peuple son avis, il faut s’attendre à ce qu’il le donne. De toute façon, s’il donne la mauvaise réponse, on peut toujours d’arranger (cf. TCE).

      Et la dépendance, elle a été accordée à une majorité qualifiée ?

      Tout ce qui unit le peuple écossais à la Grande-Bretagne n’est pas négligeable et ne doit pas être oublié

      Est-il si impensable que la volonté de dire OUI à l’indépendance ne soit pas la manifestation d’un oubli mais au contraire celle de nombreux souvenirs pas si roses que ça ? Pour ma part, je ne porterai pas de jugement là dessus car je ne suis pas écossais et je ne fais pas confiance aux médias pour me donner toutes les billes. De toute façon, votre avis a été respecté. Ils ont voté non.


      • Le Corbeau Magnifique Le Corbeau Magnifique 24 septembre 2014 21:08

        Pinsolle !

        Charlie Hebdo avait fait un dessin rigolo où, à propos des Islamistes, Allah disait « C’est dur d’être aimé par des cons » !

        Pour ce qui te concerne, je dirai « C’est dur d’être lu par des cons »

        A part, moi, la plupart des gens qui te lisent et qui te mettent des moins, moi je te mets des plus, sont des abrutis incultes ! Y comprennent rien à ce que t’écris ! Y sont dans leur idéologie de merde de gauchiste soixanthuitards pré-séniles, y s’imagine que le monde c’est peace and love !

        Comme disait Audiard « Je parle pas aux cons, ça les instruit » !

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