Questions naïves aux libéraux
Je suis perplexe et souvent sceptique face aux raisonnements tortueux du libéralisme, aux théories de tous ces experts ou journalistes économiques, qui me paraissent souvent contradictoires et parfois totalement farfelues, ce qui est dommage parce que l’application de ces théories joue sur la vie des gens simples. Mon bon sens demande quelques explications.
J’avoue mon ignorance en économie. Je n’y connais rien. Je suis sans doute doté du bon sens ancestral de ma famille paysanne, et pour moi deux plus un égale trois, qu’il s’agisse de sous, d’arpents de terre ou d’individus, fûssent-ils chômeurs...
On ne s’étonnera pas dès lors que je reste perplexe face aux raisonnements tortueux du libéralisme, aux déductions de tous ces experts ou journalistes économiques qui me semblent contradictoires et parfois totalement farfelues, ce qui est dommage parce que l’application de ces théories joue sur la vie des gens simples.
Je soumets donc ici quelques-unes des questions qu je me pose. Nul doute que les tenants du libéralisme qui fréquentent cet endroit auront à coeur de rétablir les vérités et de me remettre à ma place d’ignare (à moins qu’ils ne tiennent mon cas pour totalement désespéré...).
Parlons emploi : non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite, plans sociaux, fermetures ou délocalisations d’entreprises « sans licenciements secs ». Je suis ravi que des braves gens ne se trouvent pas du jour au lendemain à la rue, privés de perspectives, jetés dans l’angoisse du futur. Seulement dans ma naïveté je crois qu’un emploi perdu est un chômeur de plus, des candidats ne seront pas recrutés, des cadres, des employés, des ouvriers ne seront pas embauchés... Comme je sais que les gouvernements font toujours de la lutte contre le chômage une de leurs priorités, il m’arrive de penser qu’il y a là une contradiction... On me rassurera en me disant que le nombre d’emplois s’accroît dans le pays... emplois partiels, temporaires, intérimaires... Je suis certain qu’il sera facile de m’expliquer en quoi mon raisonnement sur ce point est primaire et stupide.
J’ai lu récemment un billet sur la Poste où il était dit que la Poste, service public, souffrait d’un beaucoup trop grand nombre d’employés, bien entendu tous paresseux, et que le résultat en était les queues qui s’allongent devant les bureaux jusqu’au milieu des rues. Et j’ai pensé que l’auteur voulait expliquer que si l’on divisait par deux le nombre de postiers aux guichets, les queues seraient du coup deux fois moins longues. Encore sans doute un rapport qui m’échappe...
Autre question. Notre nouveau président veut faire une France de propriétaires, cela me semble très bien, et facile avec ce cadeau de 5 000 ou 6 000 € pour un emprunt sur vingt ans compris entre 150 000 et 200 000 €. Tout le monde va pouvoir en profiter, et surtout les promoteurs immobiliers... Mais en même temps on nous dit que dans le monde actuel, le travail et surtout le travailleur doivent être flexibles, qu’il faut se bouger, aller chercher l’emploi là où il est. Ce qui ne me semble pas très pratique quand on est propriétaire et qu’on se voit chassé par la détérioration du tissu économique de l’endroit où on se trouve. Peut-être le gouvernement rachètera-t-il les appartements devenus invendables ?
Il me souvient d’avoir traversé le Pays de Galles au début des années 1980 et d’avoir vu, en particulier dans la région de Swansea, des rues entières, des alignées de maisons portant la pancarte « For sale »...
Parlons de la fameuse TVA sociale, bien que le Président semble aujourd’hui faire machine arrière sur ce sujet ( provisoirement j’espère, tant j’ai lu ici même d’articles où étaient démontrés de A à Z les bienfaits de cette mesure qui n’allait rien nous coûter, au point que je me suis demandé pourquoi personne, avant, n’avait pensé à un système aussi miraculeux...). Moi je me méfie, trop sans doute... Quand on crée un impôt c’est en général moi qui finis par le payer... Tiens, n’existe-t-il pas déjà une Contribution au remboursement de la dette sociale ?... (créée de façon toute provisoire par un dénommé Juppé) ? Cette TVA sociale donc ne nous coûtera rien à condition que les entreprises n’en répercutent pas le montant... Je suis sûr qu’il sera facile de me prouver que cette condition va être remplie sans problème. Il suffit de demander.
J’ai quand même quelques doutes, puisque cette mesure appliquée au Danemark, entre 1986 et 1989 me semble-t-il, a donné des résultats tellement désastreux sur la consommation qu’il a fallu faire marche arrière, refondre toute la fiscalité et en revenir au bon vieil impôt sur le revenu. En Allemagne, les premiers résultats de l’augmentation des taux de TVA par Mme Merkel, bien que l’on n’ait pas encore le recul nécessaire pour en juger, ne semblent pas non plus très concluants, la consommation ayant baissé ces derniers mois.
Service public, entreprise privée... Je sais, le premier aujourd’hui est hors course, coûteux, peu performant, sans avenir. La seconde, radieuse dans un univers de concurrence où les prix baissent, où le client souriant de toutes ses dents, comme le montrent les publicités, vient profiter des bienfaits de la société libérale. C’est très beau. Bien sûr, je suis moins souriant quand je dois jeter mon lecteur de DVD tombé en panne deux jours après la fin de la garantie et que plus personne ne sait réparer. Mais on ne me filme pas pour la pub...
Je suis moins souriant aussi quand je passe au péage de l’autoroute privatisée, et qu’en plus de l’augmentation il me faut attendre un quart d’heure parce qu’on a réduit le nombre de guichets à paiement manuel... (voir plus haut pour la lutte contre le chômage). Je m’étais imaginé bêtement que le service public avait pour mission de rendre service, dans l’intérêt général comme son nom l’indique, et que le privé avait pour mission de faire des bénéfices et de répondre à des intérêts particuliers (employeurs, actionnaires, utilisateurs de parachutes dorés)... Lourde erreur m’objectera-t-on... Je vis dans le passé...
Et puis, et j’en terminerai là parce que je sens d’ici l’énervement de certains lecteurs qui grandit, j’aimerais que l’on m’explique la différence entre gratuit et payant... Je regarde (peu mais enfin...) des chaînes de télévision gratuites, il m’arrive de voir des spectacles sponsorisés ou « mécénarisés », et quand j’achète mon pack de bière ou mes quatre yaourts au supermarché du coin je les regarde comme s’ils allaient pouvoir me dire ce que je paye à travers eux... Certainement des choses que je n’apprécie guère et pour lesquelles je n’aurais pas envie de débourser un centime. Pourquoi n’aurais-je pas le droit de décider moi-même de ce que que je veux financer ou pas ? N’y a-t-il pas une hypocrisie à dire que la Star’Ac, c’est gratuit ?
Je suis un archaïque, à moins que je ne devienne de jour en jour un peu plus sceptique...
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