« Quoi qu’il en coûte » ... mais à qui ?
Dans son discours du Jeudi 12 Mars (Ref 1), Emmanuel Macron a annoncé des dispositifs exceptionnels de financement des hôpitaux, d’indemnisation de chômage partiel (ou plutôt de lock-out institutionnel), de relance économique, etc., en précisant que cela serait assuré « quoi qu’il en coûte », expression qu’il a employée trois fois. Il en a rajouté le Lundi 16 Mars (Ref 2), en assurant qu’il y aurait des aides pour éviter toute faillite d’entreprise quelle que soit sa taille.
Les montants en jeu sont colossaux, ce ne sont pas des milliards mais des centaines de milliards, pour indemniser des gens sans activité et payer des charges sans chiffre d’affaire. Un mois de comas artificiel économique, c’est 8 % du PIB (Bruno Le Maire a annoncé 1 % de récession, ce sera plus proche de 10 %).
Mais quoi qu’il en coûte à qui ?
Certainement pas à l’Etat qui n’a pas de fonds de réserves significatifs, dont le budget est déficitaire, et qui a une dette supérieure à un an de PIB.
Alors la planche à billets ? Mais la BCE ne donne pas à fonds perdus aux états comme elle le fait aux banques en rachetant leurs titres pourris ou autre (Ref 3)
Des emprunts, même à taux zéro, augmenteraient la dette publique déjà in-remboursable (selon Maastricht cela ne devait pas dépasser 60 % du PIB, on dépasse déjà 100 % (Ref 4), et ça passerait à 110 ou 120 ?)
La vente des dernières infrastructure publiques (aéroports, routes, rail…) ? Mais ce serait bazarder les biens nationaux qui permettent de nantir la dette publique, barrant alors définitivement l’avenir économique.
Alors va-t-il y avoir réquisition forcée d’une partie de l’épargne des ménages -pas celle des plus riches qui est dans les paradis fiscaux, mais de la population- ?. Cette perspective, déjà évoquée il y a quelques années (Ref 5), créerait une panique, fuite de capitaux, ventes bradées, retraits en avalanche… et perte définitive de la confiance des gens spoliés, empêchant toute reprise ultérieure (Ref 6). Il faut donc des garanties publiques qu’ils n’y recourront pas.
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Il n’y a donc pas de solution dans le contexte existant, il faut impérativement un nouveau contexte, et puisque l’Europe se présente comme le premier bloc économique du monde, elle doit repositionner totalement ses objectifs et sa stratégie pour un « plan Marshall intra-européen » de soutien pendant la « mise en panne » puis de relance de l’économie, bien au-delà du plan de 2012 de 200 milliards dans les infrastructures, dont on ne sait même pas s’il a vraiment été appliqué (Ref 7). Il ne faut rien attendre de l’extérieur, les USA et la Chine ont leurs propres problèmes et il faut par ailleurs réduire notre dépendance ; et d'autre part un pays agissant isolément n’a ni un marché assez large, ni l’assise financière suffisante. L'idée directrice devrait être de rétablir au maximum la production de proximité, comme lors du plan de reconstruction d'après guerre.
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Ref 1 : allocution présidentielle 12 mars 2020 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais
Ref 2 : allocution présidentielle 16 mars 2020 : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/16/adresse-aux-francais-covid19
Ref 3 : BCE coronavirus 12 Mars 2020 : https://www.courrier-picard.fr/id74775/article/2020-03-12/la-bce-prete-sortir-larsenal-monetaire-face-au-coronavirus
Ref 4 : compteur de la dette publique : http://www.dettepublique.fr/
Ref 5 : réquisition de l’épargne pour la dette publique : https://www.revue-internationale.com/2012/11/dette-de-letat-vers-une-requisition-de-lepargne-des-francais/
Ref 6 : la confiance nécessaire pour une relance : https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_relance#Confiance_des_entreprises_et_des_mé ;nages
Ref 7 : plan européen de relance de 2012 : https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/29/la-commission-europeenne-planche-sur-un-plan-de-relance_1692841_3234.html
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