Radio-France et France-Inter : Quand la vie déborde
Ce qui gêne certains, c’est la vitalité des agents du service public, leurs ambitions pour notre pays, leur identité aux racines profondes et les réserves de valeurs et de citoyenneté qu’ils incarnent et diffusent, leur fierté contagieuse. Ce sont des dangers à extirper selon eux. Ils sont résolus, patients et persévérants. Autant le savoir.
Pour passer un bon moment, allez donc explorer la lettre de la médiatrice de Radio-France. Cela va prendre un peu de temps. Mais vous savez bien, quelquefois, il faut savoir prendre son temps pour en gagner pleinement par après. Turbulences de la période. Ce qui est donné ici, c’est la vie qui court à pleins bouillons, ses pulsations qui font vibrer les ondes. Les auditeurs dans leur diversité, leur énergie, leurs convictions subtiles ou brutales, leurs certitudes, leur mauvaise foi, leur spontanéité, leurs ruses, une citoyenneté forte et âpre non encore entièrement domestiquée. Incroyable, nos concitoyens ont des choses à dire en dehors du cadre de ceux qui voudraient l’assigner une fois pour toute au service de la fabrication de l’opinion et sa mise en scène.
http://link.newsletter.radiofrance.fr/mm/VHB_7535_8082794_HT53UBPWFMN9.act
https://mediateur.radiofrance.fr/non-classe/51-greves-contre-la-reforme-des-retraites
https://mediateur.radiofrance.fr/non-classe/51-comptage-des-manifestants
https://mediateur.radiofrance.fr/non-classe/51-greve-a-radio-france-la-colere-des-auditeurs
https://mediateur.radiofrance.fr/non-classe/51-greve-radio-france-soutien-des-auditeurs
https://mediateur.radiofrance.fr/non-classe/51-huit-cadeaux-anticapitalistes-a-offrir-a-noel
Il y a carrément de la "castagne" aurait dit Claude Nougaro. Sur fond d’attachement au service public de l’information et à ses qualités, aux talents qu’il permet de valoriser et de faire émerger, aux degrés de liberté maintenus envers et contre-tout même si sur la durée cet espace est de plus en plus mesuré et menacé. Une adhésion qui doit beaucoup au refus réfléchi ou simplement vécu de la loi de la publicité dominante qui partout ailleurs a gagné la bataille sans pour autant renoncer à asseoir encore plus loin, plus fort son hégémonie. La bataille de l’argent qui s’impose, impérial et brutal, en masquant son origine principal le travail des salariés et les enjeux de la répartition de cette richesse. La bataille de l’indépendance : quelle comédie héroïque quand un patron de presse éprouve le besoin de rappeler son indépendance à l’égard du milliardaire qui l’emploie ou du politique qui l’a choisi. La bataille du temps qu’elle vole à l’information. La bataille du sens en jouant de l’émotion et de la bien pensance et son catéchisme contre la réflexion. La bataille de la citoyenneté par l’infantilisation au détriment de la responsabilité. La bataille de la célébration de l’individualisme et du narcissisme contre les solidarités collectives. La bataille du langage par le slogan et la formule comme substitut de la pensée. La bataille du conformisme contre l’intelligence critique. L’aveu tranquille comme une devise " Ce que nous vendons à coca-cola, c'est du temps de cerveau humain disponible " Quels journalistes ou citoyens peuvent prétendre qu’ils n’ont pas été contaminés un jour par elle. Certains prétendent que si les extra-terrestres réputés plus évolués attendent encore avant de prendre contact, c’est parce qu’ils ont pris comme sources principales d’études de nos sociétés les contenus publicitaires. Franchement, qu’aurions-nous fait à leur place ? Si nous étions moins habités de contradictions, nous en protégerions d’urgence nos enfants.
Tous ces contenus sont un véritable document pour études sociologiques. Un peu tronqué puisqu’ils sont le fruit malgré tout d’un tri et d’un choix, ce qui relèverait d’un autre type d’études. Certains voudraient depuis toujours supprimer les grèves qui les dérangent en faisant semblant d’oublier qu’une grève est toujours le fruit d’un rapport de forces disproportionnées. Le pouvoir après avoir affiché sa bienveillance à discuter de tout hormis des points déterminants et promis que l’on pourrait toujours s’arranger plus tard sur les détails cherche au final à s’imposer brutalement par l’intimidation, la division, l’épuisement et la coupure avec les auditeurs qui ne doivent surtout pas comprendre combien ils auraient à perdre. L’éternel chantage à la rigueur budgétaire qui masque de moins en moins le holdup du paiement par les finances publiques des pays européens des pertes spéculatives des financiers lors des crises qu’ils provoquent.. Les mêmes font semblant d’oublier que celui qui paye cash et cher en entraînant la vie des siens dans une grève voulue longue et dure par l’adversaire, c’est le gréviste qui est acculé à lutter pour que la dignité et la valeur de son travail soient reconnues, non par les auditeurs qui le manifestent chaque jour mais par un pouvoir qui serait minoritaire si nos institutions étaient plus démocratiques et qui n’est pas gêné de se comporter en propriétaire souverain et prévaricateur, bien protégé par le cercle des médias qui l’ont fait. Feignant de ne pas voir la durée imposée au mouvement afin de l’asphyxier, ils s’indignent de l’efficacité d’un faible pourcentage de grévistes au quotidien pour faire vivre le mouvement. La contrainte du fort au faible rend malin et bien entendu, les grévistes se relaient. Faudrait-il en plus qu’ils soient bêtes !
Mon point de vue est éminemment subjectif, vous l’aurez compris et je parle de la gauche qui se situe au-delà de la social-démocratie qui cherche à préserver l’essentiel du libéralisme tout en affichant le contraire et en mobilisant quelquefois avec sophistication toute l’ingénierie de nos pères jésuites. Puisqu’il s’agit d’évoquer le service public de l’information, je fais le constat que l’on peut se chicaner à l’infini sur les partis-pris de tel ou tel journaliste, sur l’équilibre de la parole accordée entre les différentes tendances etc… Si déjà scrupuleusement, les journalistes apportaient ou rappelaient les faits essentiels sur un sujet sans biais idéologiques, rappelaient certains aspects dérobés à notre attention par leurs interlocuteurs , ne laissaient pas passer les demi-vérités sans les compléter pour notre bonne compréhension , ne reprenaient pas les éléments de langage des uns et des autres comme des allants de soi sans signaler leur origine, oubliaient un peu la mise en scène de leur personne en privilégiant les contenus informatifs et les déclarations de leurs invités qu’il leur appartient de questionner sans complaisance ni parti-pris, signalaient les sources primaires ou secondaires de l’information mise en avant à chaque fois que c’est utile. S’ils délaissaient la comédie de la neutralité si commode qui entretient un jeu de masques pour initiés et laisse le champ ouvert à tous les démagogues, les mercenaires et les manipulateurs de métier mais se mettaient au service du débat authentiquement démocratique fondé sur une information préparée et élaborée à destination du citoyen présumé intelligent et responsable avec le respect des paroles qui se succèdent et se répondent en proscrivant les effets rhétoriques qui relèvent du spectacle de bonimenterie ou de comédie à l’italienne. Vous voyez, ce n’est pas si difficile avec de la volonté et du courage.et alors tout le pays aura fait un pas en avant.
Certains visiblement pensent que faire le contraire de ces pratiques est le meilleur gage d’audience, que cela fait vendre comme on dit, que cela garantit le pilotage de l’information dans le sens qui les arrange, que cela leur rapporte la notoriété recherchée par les employeurs du moment et beaucoup d’argent, ce qui n’est pas non plus un mince argument pour eux. Parce qu’ils ont beaucoup à perdre, ils vous diront que ce n’est pas possible. C’est pour cela que la publicité a maintenant toute cette place, qu’elle en veut plus encore et qu’elle est défendue au cœur du métier par certains. C’est pour cela aussi que dorénavant 9 milliardaires possèdent tranquillement dans notre beau pays nanti d’institutions en forme démocratique 90% des médias, que le nombre de journalistes baisse et que le nombre de communicants et publicitaires de tous poils augmente, que le statut de journaliste se fragilise, qu’ils ont intérêt à bien peser l’équilibre entre indépendance et soumission pour conserver un emploi et espérer une évolution professionnelle. C’est pour cela que je vous invite à aller consulter cette lettre de la médiatrice de Radio-France et ses compléments. Je sais, il faut du temps et au fond à quoi tout cela sert-il, qu’y pouvons-nous ?
Nous avons tous un peu oublié (et nous le payons cher) qu’il n’y aura jamais de démocratie aboutie si nous citoyens ne nous prenons pas nous-mêmes en main et nous n’y intervenons pas un peu nous-mêmes au plus proche de notre vie. Nous l’avions un peu oublié ces dernières années parce que, hommes et femmes de bonne volonté occupés par ailleurs à construire nos vies autant qu’on le pouvait, largement distraits par un déferlement publicitaire, la promotion de l’individualisme, du consumérisme à tout va, de la surenchère exhibitionniste et provocatrice dans les médias, un travail toujours plus stressant ou le chômage, nous faisions confiance en nos représentants et aux dits-médias dont on nous a tant dit qu’ils étaient consubstantiels au fonctionnement de la démocratie et de la liberté. Ce que nous ne demandions qu’à croire et que nous avons raconté à nos enfants.
Secoués par les crises économiques qui concentrent des richesses en progrès constants dans les mains de quelques uns et qui remettent en cause des droits dont nous pensions être légitiment titulaires (santé, éducation, culture, retraites décentes, travail, solidarité pour les plus faibles…) faute de richesses maintenant disponibles nous dit-on du soir au matin, nous nous sommes aperçus progressivement que nos représentants ne respectaient à peu-près aucun de leurs engagements dès lors qu’ils remettaient en cause cette nouvelle dynamique de partage de plus en plus inégale des richesses tout en ayant dit le contraire pour acquérir une légitimité de plus en plus fragile par les urnes. Non sans avoir parallèlement facilité et organisé le contrôle de la presse et des médias au profit de leurs véritables maîtres évoqués en début de paragraphe.
Je rappelle que déjà présents dans les souvenirs des plus anciens auditeurs de France Inter interviennent chaque matin aux heures de grande écoute un unique éditorialiste du principal journal économique libéral du moment, un unique éditorialiste politique solidement campé dans le politiquement correct en cours qu’il transgresse occasionnellement par une tirade anticonformiste dont on peut penser qu’elle est utile à son hygiène mentale et aussi à la préservation des apparences de la diversité des points de vue, un unique éditorialiste à l’international qui comme tous les éditorialistes choisit de privilégier les faits qui servent son propos qu’on trouve bien partagés ailleurs, qui se distingue par le choix de ses formules et fait preuve comme ses confrères de fidélité à la direction du vent qui souffle le plus fort ce jour là. Là aussi, il y a quelquefois des surprises météorologiques qui maquillent l'espace d'un instant le conformisme mais confirment la tendance principale.
Il est difficile de prétendre que comme leurs prédécesseurs, les titulaires du moment de la matinale, le tonitruant Nicolas Demorant et la majestueuse Léa Salamé traitent avec égalité et impartialité les partisans du pouvoir en cours et ceux qui pensent autrement. Si vous me trouvez trop subjectif, prenez le temps de faire un tour sur un site web d’hébergement de vidéos. Deux, trois exemples suffiront .Ils ne sont pas les seuls, ils sont les plus exposés. Cela dit, il n’y a pas de honte à avoir, il suffirait d’assumer.
Il ne faut pas s’y tromper par ailleurs, les radios de Radio-France sont de magnifiques outils d’informations et de culture, sophistiqués, tirant avec beaucoup d’intelligence et de maîtrise le meilleur des technologies actuelles.
Il y a là des hommes et des femmes de culture et de communication hors pair. Radio-France a toujours su attirer des talents confirmés ou prometteurs qui par la musique, l’humour, les chroniques, l’intelligence difficile à domestiquer, la promotion d’une culture ouverte et libératrice, l’impertinence joyeuse, la chaleur nous font du bien chaque jour dans la médiocrité complaisante que répandent la plupart des médias à la hauteur de l’estime qu’ils portent à l’égard de ceux qu’ils cherchent à séduire. Il y a là quelque chose d’insupportable pour certains qu’il s’agit d’étouffer. Je pense que ce sont les raisons de fond qui les incitent à encore vouloir ici affaiblir et transformer. Il y a là une respiration vitale, notre pays aurait beaucoup à perdre si ces gens-là arrivaient à leur fin. Ne nous laissons pas endormir ou distraire, soyons conséquents, vigilants et actifs.
Merci à tous les personnels et les journalistes qui donnent le meilleur d’eux-mêmes et laissent passer un peu de lumière pour que leurs concitoyens soient des citoyens éclairés, debout, lucides et joyeux.
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