Recherche des laboratoires sur le cancer : où en est-on ?
Le cancer, mal du siècle encore insaisissable, n’a de cesse d’être combattu. Outre la désormais connue chimiothérapie, de nombreuses recherches sont menées par les laboratoires pharmaceutiques afin de trouver la molécule miracle qui permettrait d’endiguer le fléau. Malheureusement, malgré un nombre important d’annonces, les procédés sont encore très ciblés, et expérimentaux.
Le médicament Anti-PD-1 : lutter contre les agressions en stimulant l’organisme
Cette phase de réflexion concerne la capacité qu’aurait l’organisme à lutter seul contre les agressions, en le stimulant. Si l’idée n’est pas nouvelle, et compliquée à mettre en place, des progrès pourraient avoir vu le jour. C’est notamment l’une des annonces du congrès de l’Asco et dans le New England Journal of Medicine en juin 2012. Des chercheurs estiment, en effet, avoir développé une molécule qui serait en mesure de favoriser les réponses du système immunitaire contre les agressions des mélanomes dans le cadre des cancers du rein et du poumon. Les résultats restent cependant à modérer : sur un panel de patients atteints de cinq types de cancers différents, seul le mélanome présentait des résultats potentiellement intéressants. Ainsi, près de 28% de ceux atteints de mélanome ont vu la tumeur régresser.
Le trametinib, autre molécule porteuse d’espoir pour lutter contre le mélanome ?
Les laboratoires GlaxoSmithKline ont mené un essai clinique avec le trametinib, un inhibiteur du MEK1 et MEK2 :
« Les protéines kinase RAS (RAF/MEK/ERK) sont un élément clé dans la transduction des signaux de prolifération des cellules et sont mutées dans 30% des cancers. »
Le traitement a permis de prolonger la vie de certains patients atteints d’un mélanome en stade avancé. Près de six mois après le traitement, sur 322 patients concernés, 81% des personnes traitées par le médicament trametinib vivaient encore contre 67% traités par une chimiothérapie. L’avancée est encore une fois mince, et montre la difficulté à progresser, tant le nombre de cancers est varié, mais également le nombre de cas individualisé, lorsqu’il s’agit pourtant de la même tumeur. Un autre médicament, le dabrafenib, est également testé par le laboratoire.
L’association entre les laboratoires Servier et EOS pour le médicament E-3810
Un nouveau médicament anti-tumoral, le médicament E-3810, devrait être prochainement développé. En effet, EOS (Ethical Oncoloy Sciences) et le groupe Servier ont conclu à un accord de licence concernant E-3810. EOS est une entreprise pharmaceutique spécialisée dans les traitements du cancer. Ce médicament a obtenu de très bons résultats dans les premières phases de test, et pourrait être prometteur. Cette volonté de stratégie conjointe dans la recherche contre le cancer est une avancée positive, puisqu’elle permet l’association de deux acteurs allant dans un même but, et donc la mise à disposition de ressources humaines et intellectuelles supplémentaires.
Roche et le Kadcyla
Très récemment, ce sont les laboratoires Roche qui ont annoncé l’agrément de Kadcyla, agent administré en monothérapie dans le cadre du cancer du sein de type HER2 (forme particulièrement agressive), après avoir reçu au préalable un traitement contre un cancer métastatique.
Le Dr Sunil Verma, oncologue médical au Sunnybrook’s Odette Cancer Centre explique :
« KADCYLA cible spécifiquement les cellules cancéreuses HER2-positives et les détruit de façon efficace et efficiente tout en prolongeant la survie sans progression et la survie globale. Cette approche ciblée est très efficace et moins toxique que le traitement standard. »
L’approbation pour le Kadcyla s’est basée sur les résultats d’une étude internationale évaluant 991 patients atteints de cancer de type HER2. Les patients à qui l’on avait administré Kadcyla présentaient une survie globale médiane d’environ 6 mois, comparé à ceux ayant reçu le traitement classique dans ce type de cancer. Pour développer un tel médicament, il a fallu près de 30 années d’études à Roche et Genentech.
La radio-thérapie « alpha », encore de longues années d’attente
Derrière ce nom compliqué ce cache une combinaison de radiothérapie et d’immunothérapie. Le but est de cibler spécifiquement les cellules cancéreuses en évitant les dommages causés aux cellules saines ou les effets secondaires (arrivant fréquemment avec la chimiothérapie par exemple). Des anticorps qui s’attaquent spécialement aux cellules malignes, pour un traitement encore à l’état d’expérimentation pour les laboratoires Areva Med et Roche. Ce dernier traitement reste très lointain, puisqu’il faudrait d’abord que les phases de test soient concluantes, pour une validation et une mise sur le marché de médicament dans une dizaine d’années.
En définitif, tous ces traitements, s’ils sont porteurs d’espoir, notamment quand ils sont le fruit de la collaboration entre laboratoires pouvant mettre leurs savoir-faire en commun, restent autant de futures solutions encore imparfaites. Il faudra compter sur le temps, la patience et le talent des chercheurs, les moyens et volontés des laboratoires, mais aussi sur la recherche publique pour réussir à battre le cancer sur son terrain.
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