Réflexions sur la tangibilité du monde
À la veille de la prétendue fin du monde, je propose ici de mieux comprendre la notion de "monde". Parler de fin du monde nécessite d’abord et avant tout de savoir si le monde existe indépendamment ou non d’un sujet pensant.
Le conditionnement
Depuis notre naissance, les adultes parlent, pensent et décrivent le monde. Ils s’en inquiètent comme si tout tournait autour de cela. Ils s’en inquiètent jusqu’à s’en rendre malade, à faire des grèves de la faim, à se battre pour le changer, à se faire tabasser…
Or, montrez-moi le monde. Où se trouve-t-il ? Je veux le voir. Je ne l’ai jamais perçu dans sa totalité. J’ai appris à reconnaitre le stylo, la montre, la maison… mais le monde se cache toujours, comme une vierge effarouchée.
La connaissance que nous avons du monde est donc de nature indirecte, elle est à 100% fondée sur les médias. Un média, ce n’est pas seulement un journal, la télé, la radio ou internet ou même un adulte, mais aussi une mappemonde, une carte de France, un roman de Balzac…
Dans le film « The Truman Show », Truman, enfant éduqué dans un décor de cinéma réalisé spécialement pour lui, veut découvrir le monde. A l’école, il dit à son instit en se levant « je veux devenir explorateur comme le grand Magelan ! » l’instit réplique en descendant une mappemonde « c’est trop tard, nous avons déjà tout découvert ! ». L’idée de monde et de limites sont nécessaires pour l’intégration d’un enfant dans la société. Evidemment, plus tard, Truman découvre progressivement la totale fausseté de son conditionnement. Le film raconte donc le parcours normal de l’âme, c’est-à-dire la vraie composante de l’homme, "true man", dans le monde manifesté "le show". L’idée de l’existence du monde maintient donc notre identité sociale et cette identité sociale nous maintient dans l’ignorance de ce que nous sommes véritablement.
Depuis notre naissance, les adultes décrivent le monde. Pendant toute notre existence, les adultes regardent ou écoutent les médias, soit comme une bible, soit avec un sens critique. Dans tous les cas, l’important n’est pas de croire ou non les médias, mais de comprendre qu’ils n’offrent qu’une simple description, par bride d’informations, du monde et que cette description du monde rend l’être humain « fou ». Au lieu de nous occuper d’évolution individuelle, nous voulons changer ce qui se trouve à l’extérieur de nous-mêmes. Pour la plupart d’entre nous, toute notre existence se résume à cela : participer au monde, exister en société, être intéressant, survivre. Nous n’entrevoyons jamais la totale stupidité de nous intéresser au « monde » que nous n’avons jamais perçu ni dans sa totalité ni directement.
Le sens de la vie humaine
Dans les livres de Castaneda, il est expliqué que le sens de la vie humaine est la valorisation de la conscience. À la lumière de ce qui a été dit plus haut, nous pouvons considérer que l’humain est un être social, certes, mais un être programmé dès sa formation physique et mental pour accepter l’idée de monde et de sens commun. Nous pouvons donc dire que le sens de la vie humaine est bel et bien de créer et de maintenir un phénomène collectif, un hologramme que nous appelons « le monde ».
Même en admettant l’idée de complot, ceux qui manipuleraient l’actualité sont eux-mêmes conditionnés à croire et à s’impliquer dans le monde. Ils sont donc les premiers manipulés avec tous les gens qui se donnent l’impression de dominer leur sujet et d’être supérieur au commun des mortels.
La hiérarchie que nous avons tous tendance à créer entre les individus est profondément arbitraire. Si vous enlevez de votre tête l’idée de "monde", ne serait-ce qu’un instant, vous accepterez ce qui se passe à l’instant présent sans juger. Vous oublierez les noms, les descriptions, les habitudes. Les êtres humains passeraient alors pour ce qu’ils sont réellement : des êtres sociaux, qui se regroupent pour survivre et qui vivent le reste du temps dans leur monde et leurs intérêts. Quelque soit l’importance toute relative que nous prenons dans l’hologramme, notre place n’a rien de particulier. Nous sommes tous au même point : Nous parcourons, plus ou moins à l’aveuglette, le mystère absolue de l’existence.
Au sujet des singes de la sagesse
Les trois singes de la sagesse est l’aveugle, le muet et le sourd. On retrouve ce singe dans la culture japonaise, associé à une religion et des cultes particuliers. Le message que transmet ce singe n’a pas été parfaitement clarifié et me semble incompris par nos amis les cartésiens gaulois.
Mon interprétation est la suivante : le singe est le symbole du mental. Notre mental passe, pendant toute notre vie quotidienne, d’un sujet à un autre sans qu’il y ait un lien tangible entre ces sujets, comme un singe qui passe d’un arbre à un autre avec beaucoup de dextérité. Le mental est le reflet de ce que nous recherchons, et, par conséquent, nous recherchons tous plus ou moins l’amour, la reconnaissance, à travailler comme il le faut, à profiter de la vie, à être sincère… Dans une seule journée, nous recherchons donc de multiples choses et, globalement, notre mental ne sait pas ce qu’il veut.
Cette incohérence est totalement due à l’assimilation à notre égo, qui lui-même trouve sa source dans l’idée d’objectivité des phénomènes et des choses, elle-même découlant de celle de l’existence du monde et du sens commun. Nous recherchons une multitude d’effets parce que nous sommes impliqués dans le monde, un monde dont la substance est un ensemble de conceptions et de repères collectifs.
La sagesse consiste donc à ne pas conforter ce phénomène collectif, ni par la prise de connaissance (entendre, voir), ni par la transmission (parole). Contrairement à ce que certains « occidentaux » pensent, la sagesse de ces singes n’est pas « de fuir » ce qui est devant eux, mais seulement d’éliminer la part collective qui est dans leur sens.
L’astrologie
Rare sont les domaines comme l’astrologie, à la fois très populaire, élitiste et controversée ! La controverse sur l’astrologie est basée sur une pensée plus matérialiste que scientifique : un ou un ensemble de symboles, encore moins attaché à la position d’objets, ne devrait pas pouvoir prédire le comportement humain.
Cependant, après réflexion sur la nature du monde comme phénomène collectif, on peut comprendre ce qui peut valider l’astrologie, et particulièrement l’astrologie nataliste. Le monde, à travers la génétique et les rapports humains, programme l’individu à accepter l’idée de monde et de sens commun. Pourtant, il n’y a pas lieu de croire au monde, puisque, sortie de la pensée collective, rien ne prouve qu’il existe. Ainsi, d’une part, la pensée humaine est, à la base, dépendante de la collectivité et donc de l’idée du monde, et, de l’autre coté, il doit découvrir comment s’en libérer. Il n’est donc pas idiot qu’à la naissance, le monde décrit comment nous percevons le monde, et que, d’une manière plutôt cohérente, il utilise les archétypes, ou la structure psychique, de l’humanité.
Naître serait alors comme entrer dans une maison inconnue. Nous nous faisons une idée d’une maison dès notre arrivée. Les archétypes, eux, permettent d’appréhender le monde et sont à la base de notre équilibre psychique, ils sont donc nécessaires dès la naissance et peuvent prendre des modalités d’expression différente suivant la personne. C’est là qu’intervient l’astrologie : notre structure psychique est fondée sur les archétypes, c’est-à-dire des symboles et l’ensemble se fait par l’intermédiaire des astres qui, comme un jeu de miroir, refléteraient notre représentation du monde.
À ce sujet, j’attire votre attention sur l’étrange fanatisme de notre personnalité. Par exemple, nous croyons généralement être ouverts mais, en vérité, nous pensons qu’il faut être ouvert. Cela signifie que nous tolérons difficilement une personne fermée sur un sujet qui nous parait intéressant, et, de la même manière, nous tolérons difficilement une personne trop ouverte sur un sujet qui nous paraît inintéressant. D’où, par ailleurs, la difficulté de débattre que l’on rencontre fréquemment entre les amateurs d’astrologie et les incrédules.
Conclusion
Exactement comme la programmation de nos cellules permet à une entité humaine de se sentir exister, nous sommes conditionnés pour nous regrouper et constituer une humanité. Cette humanité ne fonctionnerait pas sans l’idée de monde, qui, si on le replace dans son contexte collectif, ne peut constituer qu’un hologramme, un hologramme utile puisque tout notre quotidien semble fonctionner à partir de lui.
Le monde et l’égo sont donc deux concepts interdépendants. Sans l’égo, le monde perd son intérêt et sans le monde, l’égo n’a plus de raison d’être.
Pourtant, un problème subsiste : quelle est la relation entre la réalité perceptible autour de nous et le monde ? Comment se fait-il que ce que nous savons du monde permet de nous intégrer socialement ou de donner une logique à chaque phénomène perçu ? C’est bien là toute la magie du monde : Il est une combinaison d’une multitude de possibilités, de vécu et de phénomènes. Nous ne faisons donc quasiment que nous déplacer dans cet ensemble de possibilités. Ainsi, à la naissance ou pendant notre petite enfance, nous recevons un monde préétabli par les adultes et, un peu plus tard, nous le parcourons.
Pour ceux qui restent toujours sceptiques face à l’absence de réalité du monde, réfléchissez à ce problème : comment résoudre des épineux problèmes comme la misère dans le monde ou la prostitution ? Si vous trouvez une solution, vous verrez que d’autres problèmes vont surgir comme des difficultés démographiques, écologiques, économiques, sociales… Le monde est comme une hydre qui, si l’on lui coupe une tête, d’autres repoussent. Comprendre que ce monstre n’est qu’une illusion et que notre esprit est le seul adversaire véritable est la seule manière de le vaincre.
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