Réforme Fiscale : emballement et embrouille : CSG vs Flat Tax
Instauration : La CSG a été introduite pour le budget 1991 par le gouvernement Rocard, au motif -justifié- de faire contribuer les revenus non salariaux aux charges sociales (santé, retraite, famille...) [Réf 1]. Le taux initial était de 1,1%, mais certains experts et observateurs craignaient alors qu'une fois ce prélèvement créé, les taux augmenteraient inévitablement.
Emballement : Les craintes ont été considérablement dépassées, sur deux aspects : d'une part le taux a augmenté (jusque 9,2% sur certains revenus en 2018), d'autre part d'autres prélèvements de même nature se sont ajoutés : CRDS, prélèvement additionnel, prélèvements sociaux, si bien que le total de ces charges -en plus des impôts- va en 2018 jusque 17,2% sur certains revenus (locatif, etc.).
Embrouille : La hausse de 1,7% de la CSG pour le budget 2018 fait l'objet de manœuvres de toutes natures pour faire passer la pilule aux classes modestes (« compensations »), et escamoter totalement l'effet -et même au delà- pour les plus aisés (flat tax), au détriment des classes moyennes. [Réf 2, Réf 2bis].
Ainsi, une mesure sans aucun rapport avec les assurances sociales, à savoir l'exemption de taxe d'habitation pour 80% des ménages (qui concentre sur 1 habitant sur 5 le financement communal) est présenté comme une compensation à l'augmentation de CSG -l'état redonne d'un côté ce qu'il prend de l'autre-. Il y a des effets de bord, notamment les pensionnaires de maison de retraite ne sont pas concernés par la taxe d'habitation, alors les Ephads sont inciter à baisser leurs tarifs (tout comme, par ailleurs, les propriétaires doivent baisser les loyers pour éponger la baisse de l'APL, alors que leur fiscalité s’alourdit), l'état se défausse sur les prestataires de services.
Mais c'est un détournement complet qui est effectué avec la « flat tax » sur les revenus financiers majoritairement spéculatifs (moins de ½ pourcent de ce qui circule en bourse va aux entreprises), si bien que, pour les plus riches, les prélèvements sur ces revenus financiers sont bien plus bas que sur les salaires et les retraites (liées au travail et sa compensation). Non seulement l'effet de la hausse de CSG est gommé, mais bien au delà. Ainsi sur la tranche d'imposition sur le revenu de 30% (*) la CSG est gommée en totalité, et sur la tranche de 45% (*) le « gain fiscal » pour les plus riches est de près du tiers !
Pour les salariés du privé, la hausse de CSG sera compensée -et au delà- par une baisse des cotisations sociales, de même pour certains indépendants, et partiellement (?) pour les fonctionnaires.
Par contre, les retraités [Réf 3] des classes moyennes-aisées auront de plein fouet la hausse de la CSG sans aucune compensation, et bien au contraire financeront par les hausses de taxes foncière et d'habitation et par l'impôt le manque à gagner des exonérations en haut et en bas. Pour ce gouvernement, les « nantis » ne sont plus les riches détenteurs de capitaux mais les retraités, ainsi un essayiste (Hakim El Karaoui ) parle de « lutte des générations » à la place de la lutte des classes, et non plus d'un transfert venant des plus riches mais des plus âgés. Ceux qui ont travaillé, cotisé et épargné pendant leur vie apprécieront.
(*) tranche 30% : entre 27 000 et 72600 € /an net
(**) tranche 45% : > 153 000 €/an net
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