Refuser la légion pour garder son honneur
A la liste assez longue de ceux qui ont refusé la légion d’honneur que vous trouverez ici, ce sont ajoutés les noms de deux journalistes, toutes deux chef du service politique, Françoise Fressoz (Le Monde) et Marie-Eve Malouines (France Info). Il est plus courant d’accepter (voir une autre liste de journalistes là) et même de réclamer que de refuser cette breloque.
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Pour donner un sens à ces deux gestes, il faut quand même rappeler que la Légion d’honneur est la plus haute distinction française. Ce n’est pas rien. Un hochet en diamant.
Les deux refus sont quelque peu différents, mais dans le fond très semblables. Aucune d’elle ne voit en quoi elle mériterait un tel honneur, si tant est que cette breloque soit un honneur quand notre roitelet la distribue à travers et surtout à tort. Lors de sa visite aux Glières, seul au pas hésitant dans la neige, le lourd poids de ses responsabilité sur les épaules (avec 200 invités derrière les caméras, mais l’Unique devant), il avait répondu à un quidam qui s’inquiétait au sujet de cette distinction pour une dizaine d’anciens combattants quelque chose comme : je vous en donne quinze. Vous êtes content ? comme l’on offre des bonbons, ce qui a quelque peu choqué ce brave homme. Remarquez que cette breloque maintenant peut être attribuée sans passer par les étapes qui étaient nécessaires avant. Le fait du Prince n’est pas mort. En effet Simone Veil a eu le droit de monter sur la plus haute marche du Podium sas passer les éliminatoires. Un décret tout fait exprès pour elle l’a autorisé : Promue grand officier, Mme Veil a bénéficié d’un tout nouveau décret stipulant que les nominations directes aux grades d’officier et de commandeur et à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur, sans passer par les grades inférieurs, étaient désormais possibles. (Tribune de Genève)
Françoise Fressoz fort étonée en dit : "De retour de congés, j’ai découvert avec étonnement que je figurais sur la liste de la promotion du 1er janvier de la Légion d’honneur. Contrairement à l’usage, je n’ai été informée de rien avant la publication de cette liste,[...]
Rien, dans mon parcours professionnel, ne justifie pareille distinction. Je pense en outre que, pour exercer librement sa fonction, un journaliste politique doit rester à l’écart des honneurs. Pour ces raisons, je me vois dans l’obligation de refuser cette distinction"
Vous noterez que dans cette période de courbettes et de corde au cou de l’ORTF, que cette journaliste veut pouvoir exercer librement son métier, et que pour ce faire elle refuse les hochets. Hochet qu’ont accepté deux autres journalistes Sylvie Pierre Brossolette (Figaro, puis Le Point) qui au sommet de l’art du faux cul dans une déclaration assez peu compréhensible dit : " Ma ligne est très simple, elle se résume en trois points : la Légion d’honneur ne se demande pas, ne se refuse pas, ne se porte pas " ce qui n’a que pour sens de faire un beau slogan avec une succession de négation, car si une décoration ne se porte pas, ce n’est plus une décoration c’est donc un peu facile comme argument, et Anita Hausser (LCI) qui en est reconnaissante : "Pour moi, c’est une distinction, une très belle décoration et une reconnaissance de mon honnêteté professionnelle. Sur ce plan-là, je n’ai pas à rougir, et je vous assure que ça ne m’a jamais empêchée de poser les question qu’il faut ou de formuler les critiques adéquates." A cette dernière on répondra que faire son métier honnêtement est la moindre des choses, qu’elle n’est pas infiltrée dans un gang de Los Angeles ni correspondante de guerre dans une mosquée à Gaza, et que si ce critère devait être retenu, et si au moins 50 % des " travailleurs " faisaient leur travail honnêtement, il faudrait décerner quelques dizaines de millions de légion d’honneur. Il ne semble pas que ces deux damoiselles aient rendu de services signalés à la France pour en mériter en retour un ruban. Du reste pas plus que les amis du président, Frère le belge et Desmarais le canadien qui ont eux aussi le droit de porter du rouge à la boutonnière sans pour autant que leurs actions aient servi en quoi que ce soit notre Hexagone.
Quant à Marie-Eve Malouines, aussi étonnée que la première en dit : " Cette liste étant publique, je tiens à préciser que je n’ai jamais réclamé une telle distinction, ni même été sollicitée en vue d’une telle démarche"[...]. "Je ne vois vraiment rien, dans mon parcours, qui puisse justifier une telle distinction, c’est pourquoi je me vois dans l’obligation de refuser cette prestigieuse décoration. "
Voilà donc deux femmes qui savent refuser des honneurs qu’elles estiment ne pas devoir recueillir et qui seraient une entrave à leur liberté. Petit geste, mais beau symbole.
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