Remise au point : l’homme de Néandertal ne mangeait pas que de la viande
Auparavant considéré comme une brute attardée, un vague cousin sauvage, une sous-espèce éloignée du genre Homo, l’homme de Neandertal se révèle un peu plus au fil des années comme étant un véritable ancêtre précurseur à l’intelligence développée.
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Une étude publiée lundi dans les Annales de l'Académie américaine des Sciences (PNAS) datées du 27-31 décembre montre un visage nouveau du néandertalien. En effet, selon ces travaux, ce dernier, ayant vécu au Paléolithique moyen, ne pouvait être réduit à un carnivore primitif. Des traces de grains d’amidon de plantes ont été relevées lors sur des plaques de tartre dentaire situées sur des dents fossilisées en provenance de sites archéologiques irakiens et belges.
Herbes sauvages, tubercules, racines, légumes… En plus de consommer ces aliments, le Néandertalien aurait même été capable de les cuire ! Beaucoup ayant subi une modification liée à la cuisson.
« Ces indices montrent que les Néandertaliens consacraient du temps et des efforts à rendre leurs aliments plus comestibles et à en accroître la valeur nutritionnelle. (…) Toutes ces données montrent que l'homme de Neandertal était sophistiqué dans sa façon de recueillir et préparer sa nourriture que ce soit pour chasser des animaux de grande taille ou récolter et préparer des aliments à base de végétaux » ont estimé les chercheurs, dirigés par Dolores Piperno du département d'Anthropologie du musée d'histoire naturelle américain Smithsonian, à l’origine de la découverte.
Si l’on sait que l’Homme de Neandertal, apparu il y a 250 000 ans, a coexisté quelques 10 000 ans avant son extinction (il y a 28 000 ans) avec l’Homme anatomiquement moderne, cette découverte remet en cause l’apparition des techniques de cuisson chez les hominidés au Paléolithique. L’Homo Sapiens ne serait donc pas la première espèce sachant maîtriser et préparer habilement sa nourriture. « L’exploitation de ces variétés de végétaux pour produire des aliments n'était pas une nouvelle stratégie développée par les premiers hommes modernes précurseurs des agriculteurs » conclut bien l’équipe.
Autre hypothèse remise en question : les spéculations liant la disparition du néandertalien à son côté uniquement carnivore. N’ayant pas su adapter sa nourriture, ce dernier aurait progressivement disparu, laissant place à son successeur plus évolué, l’Homo sapiens, apparu il y a près de 40 000 ans. Avec ces traces prouvant la capacité de notre ancêtre lointain à consommer plantes et légumes, le crédit de cette hypothèse diminue encore, et les véritables causes de sa disparition restent sujettes à bien de nombreuses, et parfois insolites, autres propositions.
Plus les jours et les études passent, plus l’honneur et la grandeur de l’homme de Neandertal est reconnue au grand jour. Après avoir été longtemps sous-estimé, moqué, la réalité des recherches nous rappelle à quel point cet ancêtre au visage osseux a apporté à l’évolution de l’espèce.
Chris Lefebvre (mon blog)
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