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République démocratique du Congo : grandir sur les trottoirs de Kinshasa

Partie en voyage à Kinshasa, j’ai profité de mon séjour là-bas pour approcher les équipes de Médecins du monde qui travaillent avec les enfants des rues de la capitale congolaise. Armée d’un appareil photo et d’une caméra, je suis partie à la rencontre de ces mômes.

Ici, ils sont 20 000 enfants, dont les plus jeunes ne sont âgés que de quelques mois, à survivre dans la rue ou dans des centres d’accueil et des orphelinats. Leurs parents sont morts ou les ont abandonnés, les accusant d’être des sorciers ou ne pouvant plus les nourrir ; d’autres se sont enfuis de chez eux, afin que la maltraitance, dont ils étaient l’objet, cesse. La majorité d’entre eux a encore une famille (au moins élargie) qui a souhaité rompre tout contact avec eux.

La sorcellerie, très présente dans la croyance populaire en raison de la prolifération des églises fondamentalistes (1), sert d’argument pour justifier un malheur touchant une famille et de prétexte pour mettre à l’écart un enfant « hors normes » : un gros appétit, une énurésie, un caractère turbulent ou au contraire trop rêveur, un retard mental ou une laideur sont autant d’indices de dons en sorcellerie. Des pasteurs autoproclamés désignent l’enfant responsable des épreuves de la famille et procèdent à la « délivrance » contre une forte rémunération. La paupérisation grandissante, la dureté des conditions de vie et la quasi-permanence d’un climat de guerre sont autant de facteurs qui poussent des parents désespérés à adhérer à ces croyances et à rejeter leurs enfants, faute d’avoir de quoi payer l’exorcisme, ou tout simplement de quoi les élever.

Les changements profonds de la société congolaise ont poussé la population à placer les enfants au cœur de l’exclusion sociale : ils sont perçus comme des acteurs responsables et des agresseurs, et non comme des victimes. Ce ne sont pas des êtres à protéger, mais des menaces potentielles, à l’origine de divorces, de licenciements, de maladies et de morts.

Ces « shégués (2) » ou « phaseurs » ne sont pas tous des « enfants - sorciers », mais ils ont tous un parcours dramatique et douloureux. Leur quotidien est extrêmement difficile et violent : ils grandissent tant bien que mal dans la rue et n’ont plus rien à perdre. Regroupés en bandes très organisées, ils errent sur les trottoirs de Kinshasa, jouent au milieu des ordures et tentent de gagner de quoi se nourrir et se vêtir en cirant des chaussures, en gardant des voitures ou en volant des passants distraits. Ils se précipitent sur les gros 4x4 des expatriés ou des riches congolais, mendiant la main tendue et le regard vague, ivres de chanvre et de mauvais whisky frelaté.

Les filles se prostituent très jeunes, pour un dollar la passe, et la négociation pour le préservatif est toujours délicate, dans un pays où le VIH/sida est une maladie taboue et sujette à des rumeurs extravagantes par exemple, seules les plus pauvres peuvent être touchées selon les plus riches, et inversement ; ou encore, le sida est une maladie inoculée par les « enfants sorciers » aux parents.

Les agressions sexuelles sont fréquentes, de la part des enfants eux-mêmes, de policiers ou de citoyens lambda. La violence est banalisée et une certaine agressivité est toujours latente entre eux. Il faut se battre pour survivre et préserver le peu que l’on a de la convoitise de ses camarades. Ces enfants dorment dans la rue, sur les trottoirs crasseux de la ville ou sous les étals des commerçants, serrés les uns contre les autres pour se protéger de la fraîcheur de la nuit et des agressions potentielles. Considérés comme la lie de la société congolaise, ils subissent l’opprobre et la maltraitance des Kinois dans l’indifférence générale. Les pouvoirs publics ne s’en soucient pas et les quelques lois protectrices existantes sont loin d’être respectées : la police organise des rafles pour « nettoyer » les rues de Kinshasa, frappe ces enfants et rackette le peu qu’ils aient. Manipulés par les autorités et les partis politiques, ils sont maigrement payés pour grossir le rang des manifestations et servir de boucliers humains en cas d’émeutes. Bref, une vie de galère.
Face à ce phénomène grandissant à Kinshasa, des dizaines de centres d’accueil se sont créés, sur l’initiative de religieux ou de particuliers mécènes, indignés par cette situation. Ces centres, parfois mixtes, sont souvent des lieux ouverts, où les enfants sont libres d’aller et venir. Ils y sont nourris, lavés, scolarisés pour certains, soignés (3) et sensibilisés aux questions d’hygiène et de santé. Certains de ces centres offrent une formation professionnelle approfondie pour les plus âgés : les garçons apprennent la mécanique ou la menuiserie, tandis que les filles étudient la coiffure ou la couture. Les enfants en sortent avec un métier et un peu de matériel pour s’installer professionnellement.

Médecins du monde appuie la plupart de ces centres, en apportant non seulement un soutien technique et opérationnel en matière sanitaire (création et fourniture de dispensaires, prise en charge des frais d’hospitalisation des enfants, etc.) mais aussi en matière d’éducation à la santé. Certains éducateurs des centres accompagnés ont ainsi pu bénéficier d’une formation aux techniques de communication et de sensibilisation applicables à des domaines tels que l’hygiène de base, la puberté ou la prévention des IST et du VIH/sida.

Une équipe de trois formidables formateurs de MdM, Yvette, Patrick et Bijou, sillonnent quotidiennement les rues de la ville, organisant des sessions de sensibilisation dans les centres soutenus. L’accueil des enfants est toujours chaleureux et ils se montrent très attentifs lors de ces séances. A l’aide d’outils divers (films, jeux de cartes, boîte à images, causerie éducative), les animateurs replacent les thèmes de sensibilisation dans le contexte de vie de ces enfants et s’emploient à utiliser le même vocabulaire qu’eux. C’est dans une véritable bonne humeur que ces sessions se déroulent : la participation active des enfants est recherchée, les rires fusent et les questions sont nombreuses. Des préservatifs masculins et féminins sont généralement distribués et l’accent est mis sur la responsabilisation de chacun : ces enfants débutent leur vie sexuelle très jeunes et ils multiplient les comportements à risques. Médecins du monde tente également de replacer ces enfants dans leur famille, aidant aux recherches, agissant en tant que médiateur et facilitant la reconstruction d’un lien entre les enfants des rues et leurs proches.
Le travail de l’équipe de Médecins du monde est remarquable, mais difficile face à un phénomène qui n’en finit pas de s’étendre : une deuxième génération d’enfants des rues est en train de naître, celle des enfants des shégués, qui fondent des familles au destin incertain. Face à des autorités inertes, le travail de plaidoyer de MdM est extrêmement délicat et pourtant l’ensemble de l’équipe MdM fait preuve d’une véritable détermination pour améliorer la situation de ces enfants.

Mais que leur réserve l’avenir ? Ils sont attachants, futés et intelligents, ces gamins, mais combien d’entre eux s’en sortiront ? Le sida les rattrape, le chômage tellement présent dans ce pays les guette ; l’étiquette de shégués leur colle à la peau.... Il est encore si difficile de convaincre la population kinoise que la place d’un enfant n’est pas dans la rue, mais dans sa famille.

Témoignage

Nadège est la première petite fille que j’ai rencontré : son histoire est bouleversante et pourtant terriblement banale dans ce pays ravagé par la misère et la guerre. Cette fille au regard triste et lointain a 12 ans et vit dans le centre d’accueil de filles des rues « Hope ». Quand elle a eu 7 ans, ses parents sont décédés de maladie à peu de temps d’intervalle. Nadège et sa grande sœur ont naturellement cherché refuge auprès de leur famille, mais cette dernière, les accusant d’être des sorcières à l’origine de ces décès soudains, les a, peu à peu, rejetées et fait subir d’odieux sévices : privation de nourriture, coups à répétition, interdiction d’aller à l’école, menaces de mort, etc. La sœur aînée de Nadège s’est enfuie pour vivre dans la rue, laissant ainsi sa petite sœur aux mains d’une famille irresponsable. Une des tantes de Nadège a finalement décidé de l’abandonner en la plaçant dans une église dont le pasteur était très sensible à la lutte contre la sorcellerie. Il a donc tenté d’exorciser la petite fille, en lui appliquant quotidiennement de l’huile d’olive sur les yeux et les oreilles, afin d’annihiler ses dons en sorcellerie. Nadège, martyrisée par ce pasteur, a en vain demandé à sa tante de la reprendre dans son foyer et s’est finalement enfuie de cette église. Elle a commencé à errer dans la rue, mangeant ce qu’elle trouvait et dormant dans des magasins aux portes mal fermées. Elle redoutait particulièrement la tombée de la nuit, où elle devenait une proie facile pour les rôdeurs et les bandes de garçons des rues. Trouvant un soir refuge dans une église, Nadège, qui s’était profondément endormie, s’est réveillée lorsqu’un homme s’est couchée sur elle pour la violer. Tétanisée par la peur, elle n’a pas réussi à se débattre. Nadège a fini par se rendre dans un centre d’accueil pour filles des rues, où elle vit désormais. Elle n’a depuis cessé de se demander « pourquoi la souffrance la poursuit ainsi ». Elle y étudie consciencieusement, pour plus tard, devenir journaliste.

Emmanuelle Harang, bénévole Médecins du monde
http://www.medecinsdumonde.org

Vidéo sur youtube MdM à Kinshasa :
http://www.youtube.com/watch?v=jPCZk8OgUzs

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1 Aussi dites « de réveil », ces églises sont en réalité des sectes protestantes à tendance messianique, qui fondent leurs discours sur l’existence de Satan, de démons et d’un combat entre le Bien et le Mal.

2 Ce terme serait une adaptation locale de « Che Gevara ».

3 Dans la plupart des centres.


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12 réactions à cet article    


  • fourminus fourminus 27 novembre 2007 18:19

    Chère Emannuelle : bravo pour traiter de la question des enfants des rues de Kinshasa.

    Je ressens en lisant votre article le choc qu’à été le votre en découvrant la vie de ces enfants trainants les rues de cet immense bidonville qu’est Kinshasa.

    Toutefois je crains que sur certains points vous ne frisiez la caricature. Et cet excés me parait vous faire courrir le risque de décrédibiliser la cause que vous servez (Médecin de Monde).

    Par exemple la description des parents qui abandonnent leurs enfants sous des prétextes falacieux les fait passer pour des monstres : « un gros appétit, une énurésie, un caractère turbulent ou au contraire trop rêveur, un retard mental ou une laideur sont autant d’indices de dons en sorcellerie » Non, je ne crois pas que les parents Kinois soient des monstres.

    D’abord ces enfants ne sont pas tous véritablement abandonnés. Souvent ils ont des parents, loin, très loin du centre ville. Mais ces parents manquent de tout et les enfants sont déposés en ville afin qu’ils vivent de la charité publique. En particulier de celle des expatriés qui adorent ces histoires d’enfants abandonnés.

    Vaut-il mieux voir un enfant mourrir de faim sous vos yeux ou sous les yeux de ceux qui ont les moyens de l’aider ?

    Je redoute que cette accentuation du trait dans le portrait des horribles parents, associée à une idéalisation du travail de votre propre ONG (Médecin du monde) ne puisse passer comme une tentative de récolter des fonds au mépris de la précision dans la description de la vérité.

    Je pourrais aussi vous raconter comment les expatriés à Kinshasa sont grassement payés et parfois totalement improductifs. Ils détournent ainsi l’argent de l’aide à l’afrique. Je ne parle pas en particulier de Médecins du Monde.

    Continuez à parler à ces enfants. Parlez plus encore avec les parents et surtout méfiez vous de juger une autre culture à l’aune de la notre. C’est le point de départ de tous les abus humanitaires... Souvenons nous que le Congo à été colonisé au non d’une opération humanitaire (pour libérer les esclaves des mains des méchants islamistes). Le colonisation du congo a finalement été l’une des plus violente en afrique et ces enfants abandonnés en sont les toutes dernière victimes...


    • fourminus fourminus 27 novembre 2007 18:22

      Complément : shégé ne vient pas de Che Guevara, du moins je n’ai jamais entendu cette version. J’ai plutot entendu dire que ce terme était employé à Kinshasa depuis un certain clip de Papa Wemba. Car ces enfants des rues sont aussi d’incroyables danseurs ! On dit que ce sont eux qui inventent les pas de danse qui font ensuite la gloire des musiciens congolais dans toute l’afrique !


    • tal 27 novembre 2007 19:55

      @ l’auteur inconnu

      Vous ne connaitriez pas par hasard un nommé Kilosho Barthélémy ? Un Chroniqueur sur Agvx qui lorsqu’il pond un papier c’est pour présenter le même genre de tableau que vous.C’est parait-il un Congolo-Suisse ou un Helvético congolais (au choix) Ce bonhomme c’est fait une spécialité dans le dénigrement systématique de « son » continent et de « sa » race. Il a la dent dure le gars et, sait en rajouter au besoin pour plaire aux lecteurs blancs que nous commes

      Rien de plus lassant que ces articles sur la « misere » de tel ou tel pays d’Afrique Pffff !!!! Mais enfin quand allez-vous vous décider à leur foutre la paix à ces pauvres Africains, tous autant que vous êtes ? Pffff !!!!!!... C’est gonflant quand vous n’avez plus rien a vous foutre sous la dent, ou alors trop de choses que vous préféreriez voir le plus longtemps possible ignorées du public comme les gentilles tractations entre européens américains et Israéliens avec en arrière plan le déclanchement hautement probable d’une agréssion dite « guerre préventive » contre l’Iran, alors c’est la situation en Afrique qui sert a faire diversion, écran de fumée.

      Ainsi on occupe les esprits avec les orphelins du Darfour, les rues de Dakar...ou la misère des enfants abandonnés de la RD Congo. Vos salades ont été milles fois ressassées sur ce site qui en a même fait une de ses spécialités en période de vache maigre, en partant du bon vieux principe connu dans notre monde blanc, a savoir que le sensationnel qui touche au coeur , qui révulse et révolte tout à la fois,et révèle l’âme humaine dans toute sa laideur ne peut être mieux représenté que par l’homme noir,symbole du continent Africain.

      Mais qu’allez vous foutre tous dans ce continent ? d’où tenez-vous cet acharnement à vouloir les « aider », les « soigner », les « sauver » ? L’Afrique je pense crève de cet acharnement que vous méttez a les observer, les analyser, les disséquer...sans cèsse et sans cèsse...Il ne demandent qu’une chose au plus profond d’eux même c’est que vous leur foutiez la paix !

      Ces articles avec toujours en filigrane, la pauvreté, la misère,la maladie, la guerre, la superstition, les pratiques ancestrales barbares, la déchéance absolue,relèvent de la même démarche qui président à la rédaction d’un certains type d’ouvrages par quelques auteurs Africains. Ils ont bien senti le filon car ils nous savent friands de cette description de l’Afrique noire. Ce sont des malins ces hommes et ces femmes qui exploitent habilement ce besoin tapi au plus profond de certains lecteurs blanc de se délecter de la misère extrême et des maux qui l’accompagnent.

      Tous ces prétendus journalistes et reporters quidécrivent en se répétant inlassablement les mêmes choses sur ce continent , me font immanquablement penser a ces vautours qui tournoient dans le ciel , observant l’agonie de la proie,ou =sauf le respect pour l’Afrique noire= à cete vermine qui grouille sur les charognes.

      ONG,de toutes sortes, missions de toutes conféssions,aventuriers de tous poils, experts en tous genre, observateurs chargés d’observer, etc. Ce continent crêve avant tout de cela. Et je reste persuadé que les hommes et femmes d’Afrique qui nous ont déja tant apporté, rendu maintenant à ce point de notre indifférence et de notre indécence, ne souhaitent secretement qu’une chose, c’est que nous ...leur FOUTIONS LA PAIX !

      Talec


      • Serpico Serpico 28 novembre 2007 14:07

        Comment l’Arche de Zoë a-t-elle pu rater une telle occasion ?


        • tal 28 novembre 2007 19:31

          @serpico

          Oui, tu l’as dit ! smiley


        • Médecins du Monde Médecins du Monde 29 novembre 2007 10:15

          Bravo pour l’amalgame et la simplification !! Ca relève le débat ! Si vous souhaitez débattre sur l’arche de Zoé Médecins du Monde organise un forum « arche de Zoé, dérive unique ou produit d’un système ? », le 19 décembre (http://www.medecinsdumonde.org/fr/mobilisation/agenda)


        • tal 29 novembre 2007 19:20

          @ Medecons du Monde

          Une certaine lassitude devant l’insistance mise par certains auteurs sur Agoravox comme dans le monde littéraire Français plus généralement, appelle tout naturellement les trois commentaires précédents votre réponse. Loin de moi l’idée qu’il ne faudrait pas parler des maux dont souffrent les humains dans telle ou telle partie du monde, tant il est vrai qu’en les portant à la connaissance du plus grand nombre parmi les nantis, ont peut réveiller leur sensibilité et générer auprès d’eux, une empathie susceptible par des actions qui en découleraient, soulager la misère de ces populations démunies.

          L’Afrique noire que je connais très peu est certes dans une situation plus que préoccupante en matière de développement, mais n’est pas la seule région du monde qui compte des déshérités et où l’on voit la misère souvent la plus extrême. D’autres parties du globe tels que l’Amérique du Sud, une partie de la Malaisie,le Viêt-Nam, le Cambodge, la Birmanie, La Corée du Nord , le Sri Lanka, sans parler de l’Inde ! ne sont guère à -certains points de vue-, dans une situation plus enviable.

          Par ailleurs vous n’ignorez sans doutes pas que c’est dans certains pays Africains, que l’on observe depuis une dizaine d’années les taux de croissance les plus élevés. Aussi surprenant que cela puisse vous paraître, les données de la BIRD, du FMI et de l’OMC, la Banque Européenne de Développement le confirment.

          C’est la preuve que l’on peut aussi voir l’Afrique noir avec ce regard-là, avec un autre regard que celui du prisme déformant fait de nos préjugés, de nos phobies, de notre condescendance, et de se sentiment trouble qui ne veut pas dire son nom mais qui tapi au tréfonds de notre inconscient , nous habite depuis des temps immémoriaux, et conditionne nos rapports et notre positionnement vis-à-vis de l’homme noir .

          On peut aussi de temps en temps -ce serait bon pour eux,mais aussi pour nous-, parler de cette Afrique qui se bat, qui lutte pour s’en sortir, de cette Afrique pauvre ; souffrante,misérable, mais digne. On pourrait parler de ces hommes et femmes si débrouillards et inventifs dans l’adversité quotidienne qui les frappe si cruellement, qu’ils forcent toujours notre admiration et notre sympathie.

          On pourrait -tout particulièrement vous dans ce domaine de prédilection qui est le votre- parler des aspects positifs de la pharmacopée Africaine laquelle -en dehors des pratiques archaïques et malfaisantes liées à la sorcellerie-, est tout comme dans d’autres régions du monde, dépositaire d’un certain savoir ancestrale non négligeable.

          L’Afrique a mal, -mes amis Africains me le disent parfois- l’Afrique crève de ce voyeurisme, de ce regard condescendant quand il n’est pas méprisant que nous autres Européens (blancs) portons sur cette partie du monde, sur eux, sur l’Homme noir.

          En dépit des quelques réponses que vous pouvez recevoir sur ce genre de sujet, il y a beaucoup plus de gens qui pensent dans le sens que j’expose, que le contraire. C’est la preuve que vous ratez votre but , qui est avant tout de faire du sensationnel à bon compte sur le dos de ce pauvre continent.

          En bien comme en mal, en positif comme en négatif,il y a tant et tant a dire de l’Afrique , sur l’Afrique noire et ses habitants, alors de temps en temps pourquoi ne pas choisir de dire aussi...du bien ?!

          Cordialement.


        • tal 29 novembre 2007 19:22

          Xcuses

          pour cette grossière érreur de touche.

          Medecins du monde

          Cordialement.


        • Serpico Serpico 30 novembre 2007 10:57

          Aucun amalgame.

          D’abord je pose une question simple : ADZ aurait pu « s’occuper » de ces enfants. Pourquoi le Tchad et pas le Congo ?

          Inutile de me parler de la guerre : ce sont des enfants en détresse au même titre que les autres. La différence est que l’anarchie ambiante du côté du Darfour et la fréquence des avions militaires ne sont pas les mêmes qu’au Congo.

          cela dit : Je trouve que Médecins du Monde, ou Médecins sans frontières et toute autre ONG qui surfent sur le droit d’ingérence dans toutes ses déclinaisons (« DROIT » qui d’ailleurs n’a aucune existence réelle, c’est un abus de langage et un abus de confiance) sont des organisations qui au final se révèlent maléfiques.

          Elles sont plus un cheval de Troie du colonialisme que la manifestation de la solidarité internationale.

          Les pays du Sud sont ce qu’ils sont : commercez avec eux, respectez-les mais ne jouez pas les nouveaux missionnaires plein de pitié.

          On en a soupé de l’ingérence.

          L’ingérence est le plus grand mal actuellement.


        • tal 30 novembre 2007 11:41

          @ serpico : Tout a fait d’accord !

          Quel empécheur de tourner en rond vous faites vous aussi...Alors que nous devrions nous régaler comme tout le monde de l’étalage constant des malheurs -réels et parfois imaginaires- smiley de l’Afrique noire

          Et vous verrez que sur le fond de votre post ou le mien, ce sera silence radio

          Cordialement.


        • Serpico Serpico 30 novembre 2007 13:55

          A tal :

          En fait c’est simple :

          Quand j’étais petit (il y a environ mille ans), il arrivait à mon père de recevoir des touristes de passage. Nous passions nos étés à la ferme, avec les moyens de la ferme comme tu peux l’imaginer pour n’importe quel français moyen ou plus aisé. A part la différence de décor et quelques détails d’outillage et d’ameublement, c’est la même chose : on utilise les moyens du bord.

          J’ai déjà passé de courts séjours dans les campagnes françaises et ça m’a rappelé furieusement les campagnes algériennes. Rien de fondamentalement différent. Peut-être qu’il y a plus de mécanique, des vaches plus grasses mais l’essentiel reste le même. Si tu n’es pas misérable, tu disposes du minimum vital et tu t’arranges avec ce dont tu disposes : après tout, tu es en vacances et on veut justement passer quelques jours dans un environnement moins conventionnel et plus « naturel ».

          Ces touristes justement, dégustaient la cuisine, remerciaient et distribuaient les sourires.

          Le problème était qu’ils commentaient la chose sans prendre aucune précaution, croyant stupidement qu’un campagnard et son petit garçon ne devaient EVIDEMMENT pas comprendre un traître mot de français. Vous pensez ! un si petit gars, en CM2 au grand maximum, dans un pays arabe, ils n’ont même pas imaginé...qu’on passait seulement quelques jours de vacances à la ferme et qu’on habitait en ville.

          C’était stupéfiant : ils avaient une interprétation des choses hallucinante.

          « C’est remarquable ! même pauvres, ils ont un sens de l’hospitalité élevé. Ils ont dû puiser dans leurs réserves et nous avons peut-être englouti toutes leurs provisions. »

          « Oui mais ce serait une offense que de ne pas faire honneur à leur cuisine »

          « ah quand j’entends nos compatriotes râler, je voudrais qu’ils viennent faire un tour ici pour mesurer la dignité de ces gens »

          Ces abrutis avaient tout faux : on était une famille relativement aisée. Leurs remarques me blessaient car un enfant ne supporte pas qu’on le traite de « pauvre ».

          En réalité, mon père avait pris en sympathie ces gens qui avaient l’air perdu. L’air égaré de ces européens face à un monde extraterrestre. Il se disait qu’ils devaient chercher un contact humain, craindre de déclencher l’hostilité dans une ex-colonie qui pourrait en vouloir à tous les français. Il voulait casser la barrière qu’ils transportaient avec eux.

          Et ces cons faisaient de l’anthropologie à deux balles !


        • tal 1er décembre 2007 11:07

          @ serpico

          « Quand j’étais petit (il y a environ mille ans), »

           smiley smiley smiley

          J’ai vraiment beaucoup aimé...

          J’ai aussi quelques expériences similaires à celles que vous relatez. Le malheur pour beaucoup de ces gens c’est que dans mon cas ils se faisaient salemement piéger,les apparences ne les laissant nullement supposer que je puisse avoir une grand mère noire comme du charbon mais un père -qui tout comme moi-, a la gueule d’un bon Breton... de la Bretagne bretonnante smiley. Les quelques rares qui ont réalisé cela après s’être laché, c.a.d avoir débité leurs conneries sur les noirs, ont le sentiment d’avoir été trahi(en fait par leur propore connerie...) et sont généralement péteux et...FURAX ! smiley

          Ah,les lois de Mendel !...Elles réservent bien des surprises !!! smiley

          Bien à vous

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