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Accueil du site > Tribune Libre > Réussirons-nous à survivre ? (Partie 2)

Réussirons-nous à survivre ? (Partie 2)

Chapitre 2

Comment régler ces problèmes ?

 

 

2.1 La technologie sauveuse

Certains penseurs sont plus qu’optimiste quand ils parlent de notre futur. En effet, avec les développements technologiques incroyables que nous connaissons, il serait très illogique que nous finissions en poussière d’ici quelques années. C’est le cas entre autres de l’économiste Jeremy Rifkin qui croit fortement que le développement technologique que nous connaissons va nous entraîner dans un nouveau système économique qui devra cohabiter avec le capitalisme. Mais avant de rentrer dans les détails de sa théorie, il est intéressant de savoir quels sont les progrès que nous faisons dans la science pour en arriver à une telle conclusion. C’est pourquoi qu’en guise d’introduction à M. Rifkin, nous regarderons ce que pense Peter Diamandis qui s’intéresse particulièrement aux technologies que nous possédons aujourd’hui.

2.1.1 Peter Diamandis

Très complémentaire à la théorie de Jeremy Rifkin, Diamandis voit un futur bien meilleur que nous pouvons le croire. En effet, c’est ce qu’il nous explique, avec Steven Kotler, dans leur dernier bestseller, Abundance : The future is better than you think. L’ingénieur, physicien et entrepreneur nous fait voir un monde où la technologie est tellement rendue puissante et accessible à tous qu’elle nous permet de nous interconnecter à l’échelle planétaire, un peu comme le disent ceux qui prônent la singularité technologique.

Abundance : The future is better than you think.

Tout d’abord, les auteurs admettent que pour l’instant, la technologie est ce qui a créé nos plus gros problèmes. Réchauffement climatique, guerres, pauvreté. Ce sont tous des problèmes qui, en majeure partie, ont été causés par l’avancée technologique que nous avons faite depuis la découverte de la machine à vapeur. Par contre, cette technologie destructrice pourrait finir par nous sauver.

Avec les médias qui nous bombardent de mauvaises nouvelles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il est tout à fait normal que nous somme pessimistes quand nous pensons à ce que l’avenir nous réserve. Mais, peut-être que ce n’est pas le cas. L’immense progression technologique que nous avons faite pendant le dernier siècle est en train d’accélérer toujours plus rapidement de façon à se qu’elle nous donne le potentiel, dans les 3 prochaines décennies, de créer une société d’abondance. En regardant les bienfaits que la technologie nous a faits dans les 100 dernières années, plutôt que de regarder le mal qu’elle nous a causé, nous pouvons remarquer que la moyenne de durée de vie de l’humain a doublé, la mortalité infantile est 10 fois moins importante qu’avant, la moyenne du revenu par habitant mondiale a triplé. De plus, le prix de la nourriture a diminué par 10, le coût de l’électricité par 20, le coût de transport par 100 et le coût des communications par 1000. Nous vivons dans la période la plus pacifique et la plus prospère que l’humanité n’ait jamais connue auparavant. Nous vivons réellement dans temps extraordinaire et plusieurs l’oublient. Nous rétablissons nos buts de plus en plus hauts et nous redéfinissions des termes comme la pauvreté. En Amérique, les habitants que nous définissons atteints de pauvreté possèdent plus de biens que tous les empereurs les plus connus de l’Histoire. 99 % des habitants pauvres en Amérique ont accès à l’électricité, de l’eau potable, une toilette et un réfrigérateur. 95 % ont une télévision, 88 % un téléphone cellulaire et 70 % ont une auto ont accès à de l’air conditionné. Sont-ils réellement pauvres ? Comment pouvons-nous expliquer ça ? 

Avec l’avancée technologique exponentielle que nous connaissons. Au travers des temps de guerre, de récession, de « boom » économique, la technologie a toujours su exponentiellement croître. Nous avons fabriqué des ordinateurs puissants qui, eux-mêmes, ont fabriqué d’autres ordinateurs plus puissants. Aujourd’hui, avec l’arrivée de nouvelles technologies comme la robotique, les imprimantes 3D, l’intelligence artificielle, la biologie synthétique et bien d’autres, nous pouvons rêver à un monde encore meilleur. Aujourd’hui, nous pouvons aider la vie de milliards de personnes en restant assis dans notre salon tout en naviguant sur internet. Il y a 30 ans, ceci n’était même pas imaginable.

Donc, quand Diamandis parle de créer de l’abondance, il ne parle pas de créer une vie de luxe pour tous, il parle de créer une vie de possibilité. C’est de prendre ce qui était rare il y a à peine 100 ans et de le rendre abondant. Tout comme Rifkin, les auteurs du livre soutiennent que la technologie rend les matériaux et les énergies de plus en plus accessibles à tous ; de moins en moins cher. Par exemple, nous vivons sur une planète qui contient 5000 fois plus d’énergie que nous utilisons mondialement en une année. Ce n’est pas une question de rareté, c’est une question d’accessibilité. Dans cette voie, il y a beaucoup de potentiel. Le coût de l’énergie solaire a baissé de façon à ce qu’elle soit 50 % moins cher que le pétrole cette année en Inde. Pas en Amérique par contre ; nous surtaxons les panneaux solaires chinois. Selon Diamandis, si nous avons une abondance d’énergie, avec l’énergie solaire qui est renouvelable, nous avons également une abondance d’eau. Nous vivons sur une planète recouverte à 70 % d’eau. L’eau n’est donc pas rare. Oui, 97.5 % de cette eau est de l’eau salée et 2 % de cette eau est dans les glaciers. Nous nous battons donc pour 0.5 % de l’eau disponible sur la planète. Ici aussi il y a de l’espoir et il y a la technologie qui entre dans le calcul. En 2010, Dean Kamen a inventé un purificateur d’eau nommé Slingshot. Cette machine de la grosseur d’un petit réfrigérateur est capable de généré 1000 litres d’eau pure par jour avec de l’eau provenant de n'importe quelle source. De l’eau salée, de l’eau polluée, de l’eau impure, n’importe laquelle sorte d’eau peut être purifiée grâce à cette technologie. Chaque litre d’eau purifiée coûte moins de 0.02 $ d’énergie. Coca-Cola collabore déjà avec Kamen et compte envoyé un Slingshot dans 206 pays différents au travers le monde. Nous voyons également ce genre d’innovation technologique dans les cellulaires.

Aujourd’hui, tout le monde en Amérique a un petit ordinateur dans sa poche beaucoup plus puissant que les ordinateurs que la NASA avait pour envoyer une fusée sur la lune. Encore mieux, nous avons maintenant dans notre poche, pour quelque 80 $, un GPS, des vidéos HD, d’énormes bibliothèques de livres et de musiques, des diagnostics médicaux et un professeur qui nous apprend comment lire et écrire. De plus, cet appareil nous permet de communiquer avec la planète entière. Ce n’est pas toute la planète qui a accès à internet me direz vous. En 2000, 6 % de la population mondiale avait accès à internet. En 2010, c’était maintenant 23 % de la population mondiale qui avait accès à internet. Nous prévoyons qu’en 2020, ce sera 66 % de la population mondiale qui aura internet soit 3 milliards de personnes de plus qu’aujourd’hui. 3 milliards de voix qui n’ont jamais été entendues encore vont être connectées avec nous tous dans cette conversation internationale. Ces 3 milliards de personnes vont être, par le fait même, plus en santé qu’aujourd’hui et plus éduqués qu’elles ne l’ont jamais été. Ces 3 milliards de personnes en santé et éduqués nous donneront de contributions que nous ne pouvons même pas prédire.

Ce qui rend Peter Diamandis et Steven Kolter plus optimiste que jamais, c’est que nous sommes maintenant une personne interconnectée internationalement avec une puissance encore inconnue. Nous avons tous les outils nécessaires pour renverser la situation.

Jeremy Rifkin croit donc la même chose, ou presque, que Peter Diamandis mais ajoute un aspect économique à tout ça, car le capitalisme seul ne pourrait pas soutenir la société d’abondance que nous décrit Diamandis.

 

2.1.2 Jeremy Rifkin

Jeremy Rifkin est un économiste, prospectiviste et essayiste américain âgé de maintenant 70 ans. Le fondateur et président de la Foundation on Economic Trends (FOET) s’intéresse à plusieurs enjeux importants de notre société moderne. Plus récemment, il a publié 3 essais qui sont directement reliés à notre sujet : Une nouvelle conscience pour un monde en crise, Civilisation de l’empathie (2010), La troisième Révolution : Comment le pouvoir latéral va transformer l'énergie, l'économie et le monde (2011) et La nouvelle société du coût marginal zéro : L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme (2014). En fait, ces trois essais se complètent l’un l’autre ; pourquoi le monde est en crise, une révolution nous attend et finalement ce qu’elle va apporter comme changement. L’économiste fait un appelle à tous pour du changement, mais il reste très confiant pour notre futur. 

Résumé de sa théorie

Dans un 1er temps, Jeremy Rifkin explique, dans Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Civilisation de l’empathie, que l’espèce humaine semble incapable de concentrer vraiment ses ressources mentales collectives pour « penser globalement et agir localement ». Le penseur s’appuie sur ce qu’il appelle la contradiction empathie-entropie. La compréhension des sentiments et des croyances d’un autre individu doit gagner contre l’entropie : « Si la nature humaine est matérialiste jusqu’à la moelle – égoïste, utilitariste, hédoniste , on ne peut guère espérer résoudre la contradiction empathie-entropie. Mais si au plus profond, elle nous prédispose à […] l’élan empathique, il reste au moins possible d’échapper au dilemme, de trouver un ajustement qui nous permette de rétablir un équilibre durable avec la biosphère »[1]. L’Homme produit un effet de mutation de son environnement à vive allure à l’espace planétaire, mais nos états de conscience ne mutent pas aussi vite, elles sont encore agencées aux ères précédentes, qui s’évanouissent tout aussi rapidement. L’humanité, soutient Rifkin, est sur le point de faire sa plus grande expérience de tous les temps causée avec l’unification qu’Internet permet dans la communication, le commerce et la culture : changer sa conscience pour que les humains puissent s’entre-aider à vivre ensemble et à prospérer dans leur nouvelle société mondiale. Maintenant que les forces de la mondialisation s’accélèrent, s’approfondissent et se complexifient, tout indique que les anciennes formes de conscience religieuses ou rationalistes deviennent dépassées et même dangereuses dans leurs efforts pour piloter le monde : elles sont soumises à une trop forte pression.

Ce changement de conscience amène inévitablement, selon lui, à une troisième révolution industrielle qu’il explique dans La troisième Révolution : Comment le pouvoir latéral va transformer l'énergie, l'économie et le monde. Notre système économique fondé quasi uniquement sur le pétrole est la cause de tous nos problèmes. L’histoire nous prouve que la fin de l’ère de l’énergie fossile bon marché et abondante a fait augmenter les prix et, du même coup, les prix des biens et services également. Cette montée des prix a asséché l’épargne. Les pays industrialisés doivent donc se tourner et s’endetter au profit des pays émergents dont le développement a lui-même entraîné l'augmentation de la consommation du pétrole, donc celui des prix, celui de l'endettement, etc. C’est un cercle vicieux et il faut s’en sortir au plus vite. Comment faire pour s’en sortir ? Rifkin propose plusieurs moyens que nous pourrions faire par le haut. La 3e révolution industrielle serait basée sur une énergie gratuite, renouvelable et « stockable ». Oui, il s’agit bien de là des énergies vertes que nous connaissons aujourd’hui. Transformer chaque immeuble en minicentrale électrique, le développement de l'hydrogène et des transports connectables, et surtout la convergence d'internet et de l'énergie pour assurer une distribution coopérative. Ce sont là des techniques envisagées par Rifkin qui pourraient faire en sorte de nous sortir du cercle vicieux du pétrole qui détruit notre planète. Il nous montre l’ouverture d’une ère poste-carbone.

Cette ère poste-carbone amènera un nouveau système économique selon lui. Le capitalisme se meurt de plus en plus et un nouveau modèle s’installe peu à peu : les communaux collaboratifs. Rifkin nous explique ce qu’il entend par communaux collaboratifs dans son livre La nouvelle société du coût marginal zéro : L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme. Pour arriver à la conclusion que le capitalisme arrive à sa fin, le célèbre prospectiviste se base sur le fait que le capitalisme, où la première règle est la production de masse, rend le coût de production d'une unité supplémentaire d’un bien ou d’un service quasi nul. Si le coût de production est faible, le prix de vente également. Le profit, le sens même du capitalisme, se tarit donc. De plus, il affirme qu’une nouvelle classe prend de plus en plus d’ampleur : les « prossomateurs ». Les « prossomateurs » sont en fait des consommateurs devenus des producteurs contributifs. Ces « prossomateurs » sont de plus en plus autosuffisants et ont de moins en moins besoin d’entrer dans le cercle vicieux de notre système économique. Il voit donc venir une nouvelle économie collaborative où la valeur d’usage prime sur la propriété. Le capitalisme ne mourra cependant pas, il devra simplement partager le pouvoir avec cette nouvelle économie. Certains mouvements déjà implantés sont, pour lui, le début du changement. Des mouvements comme l’autopartage, le crowfunding, les A.M.A.P., le couchsurfing, les producteurs contributifs d’énergie verte ou même d’objets avec les imprimantes 3D qui arrivent à grands pas offrent un espace où des milliards de personnes s’engagent dans les aspects profondément sociaux de la vie. Un espace où littéralement des millions d’organisations autogérés créent le capital social de la société. Ce qui rend ce phénomène plus possible que jamais auparavant, c’est le développement d’internet qui est maintenant partout dans nos vies, sans même que nous nous en rendons compte. C’est là que la théorie de Peter Diamandis entre en ligne de compte. Internet est maintenant omniprésent, se matérialisant dans les objets, dans des milliards de capteurs disposés sur les ressources naturelles, dans les chaînes de production, dans nos maisons, les bureaux et même dans nous, les êtres humains.

Cette omniprésence, omniscience et omnipotence d’internet (sans parler de religions), alimente en continu un réseau mondial intégré, une sorte de système nerveux planétaire. Alors, d’une part, Rifkin fait certainement un appel à l’action individuelle et collective pour changer notre système et ainsi faire une société intelligente et durable. D’autre part, la technologie qui continue à se développer exponentiellement va nous aider et même nous obliger à devenir une société mondiale interconnectée et durable. Comme Diamandis le soutient, dans quelques années seulement, 3 milliards de personnes de plus qu’aujourd’hui auront accès à Internet, notamment en Afrique. Ces personnes auront donc l’occasion, eux aussi, de donner leur opinion précieuse et de s’informer sur les débats mondiaux. Rifkin est donc très optimiste, le système change inévitablement par lui-même par cause de la technologie qui ne cesse de s’améliorer. Les humains n’auront d’autres choix que de suivre la cadence.

Finalement, selon Jeremy Rifkin, le monde est sur le point de connaître un changement très important, peut-être le plus important que l’humanité est connu. Les changements climatiques nous poussent à agir et vite. Le seul moyen de s’en sortir est, selon lui, une révolution qui mènera à un changement de système économique basé non plus sur la propriété, mais bien sur la valeur d’usage. Capitalisme et économie collaborative devront donc travailler ensemble, main dans la main, pour faire de notre monde un monde viable. Pour lui, nous n’avons même pas besoin de « choisir » ce moyen pour nous sauver, il vient à nous par lui-même. Nous ne pouvons plus retirer davantage du capitalisme ; il a atteint son apogée. C’est pourquoi un nouveau système s’installe grâce à l’avancée technologique exponentielle. Ce résumé de sa théorie nous montre une des possibilités qui s’offrent à nous en tant que société pour se sortir de notre pétrin. Dans la même pensée, Peter Diamandis est lui aussi très optimiste et voit, sans trop parler d’économie, l’avancée technologique tellement rapide qu’elle nous sauvera par elle-même.

Par contre, la mutation de système économique et la technologie sauveteuse n’est pas le seul moyen de s’en sortir, certains voient un monde où nous devrons régler des problèmes qu’il y a dans notre système économique actuel avec la technologie que nous connaissons déjà. C’est le cas de Nicholas Stern qui veut nous faire prendre conscience que le capitalisme pourrait bien fonctionner si nous le basons sur les énergies vertes.

 

2.2 Le changement d’idéologies

Sans nier la théorie de Diamandis et de Rifkin, d’autres intellectuels voient une urgence d’agir avant qu’il ne soit trop tard. C’est le cas de Nicholas Stern qui propose aux dirigeants mondiaux de changer leur façon de pensée économiquement. Sa théorie sera donc expliquée suivi d’une preuve concrète que ce qu’il dit pourrait vraiment être exécuté.

2.2.1 Nicholas Stern

Nicholas Stern est un économiste britannique et ancien vice-président senior de la Banque mondiale (2000 à 2003). En 2009, il a été membre de la Commission Stiglitz chargée d’une « réflexion sur les moyens d'échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives ». Membre de l’Académie britannique et membre de l’Académie américaine des arts et sciences, Stern est surtout reconnu pour le Rapport Stern, publié en 2006. Ce rapport sur l’économie du changement climatique a été remis au Royaume-Uni qui est maintenant un leader mondial sans la lutte au réchauffement climatique. Voyons ce que dit ce rapport.

Le rapport Stern

Le rapport de 700 pages ne peut pas être analysé en détail, mais quelques grandes lignes peuvent en être sorties. Ce travail marque un important changement dans la prise de conscience des conséquences économiques qui résultent à un réchauffement global trop important : ce n’est plus seulement les scientifiques et les écologistes qui sonnent l’alarme, c’est maintenant les économistes et les financiers. Le Rapport Stern va donc beaucoup plus loin que les simples chiffres, il s’intéresse à la durabilité de notre économie actuelle. En se basant sur des études scientifiques, Stern prouve, dans un premier temps, qu’il est temps d’agir dès maintenant pour réduire nos GES. Il disait en 2006 que si nous agissions dès maintenant (2006), il était encore temps d’éviter les pires conséquences du réchauffement climatique donc de sauver notre peau. La conclusion du Rapport Stern est bien simple : les avantages que présente une action ferme et précoce l’emportent de loin sur les coûts économiques de l’inaction.

Pour arriver à cette conclusion, Stern a évalué un vaste éventail de preuves sur les conséquences du changement climatique et sur ses coûts économiques. Il a également fait appel à un bon nombre de techniques différentes pour évaluer les coûts et les risques. En se basant sur les modèles économiques officiels, Stern estime que si nous ne réagissons pas, les coûts liés aux conséquences du réchauffement planétaire s’élèveraient à au moins 5 % du PIB mondial chaque année, aujourd’hui et pour toujours. Par contre, les coûts liés à la réduction de GES de sorte à éviter les pires conséquences s’élèveraient à seulement 1 % du PIB mondial. Selon lui, en se basant sur quelques études scientifiques, les pires conséquences du réchauffement climatique s’éviteraient en stabilisant les émissions de GES mondiales entre 450 et 550 ppm de CO2. Globalement, en plus d’une taxe sur le carbone, le rapport Stern recommande 4 approches différentes pour permettre aux États de faire une grande différence dans leur émission de GES sans toutefois annuler la croissance économique.

D’une part, Stern recommande que le principe de pollueur-payeur soit généralisé. Les permis d’émissions permettraient de plafonner à un certain niveau les émissions de GES au-delà duquel les entreprises émettrices sont obligées d’acheter des bons aux entreprises faiblement émettrices, ceci de préférence à l’échelle mondiale. En faisant cela, les petites entreprises pourraient espérer avoir de l’argent provenant des grandes qui veulent acheter des bons et les grandes entreprises seraient avantagées de polluer le moins possible, pour ne pas en acheter.

Une autre approche que propose Stern est la coopération technique. Pour que les recherches dans de nouvelles technologies vertes soient rapides et efficaces, Stern exige une concentration et une coordination mondiale. Les investissements de recherche et de développement devraient être multipliés par deux et ceux consacrés aux technologies propres devraient quintupler internationalement.

Une autre approche qui devrait en intéresser plus d’un grâce à son moindre coût est la lutte contre la déforestation et la dégradation de la couverture végétale. En plus de protéger le cycle de l’eau, les arbres absorbent une quantité phénoménale de CO2. En moyenne, un arbre capte 20 kg de CO2 en une année. Enrayer la déforestation serait donc une mesure d'une grande efficacité et peu coûteuse. Des programmes pilotes internationaux de grande ampleur pourraient être mis en œuvre sans délai.

La dernière approche que Stern aborde est l’aide des plus riches aux plus pauvres. Les pays pauvres sont souvent les plus touchés par le réchauffement climatique. Des investissements internationaux devraient donc se faire dans la recherche et développement de nouvelles variétés de cultures résistantes aux variations climatiques, inondations, sécheresses, etc. Les politiques d’aide au développement doivent changer et prendre conscience des nouvelles réalités. Il faudra cependant, comme le rapport Stern le suggère, qu’un cadre général de réduction des émissions soit décidé au niveau mondial, chaque pays pouvant s’y inscrire de façon différente. 

Ce très bref résumé d’un rapport contenant plus de 700 pages démontre quelque peu la théorie de Stern dans sa pensée économique. Il faut cependant ne pas oublier que tout ça est proposé avec le but de contrôler nos émissions de GES mondiales entre 450 et 550 ppm, plafond encore beaucoup plus haut que celui émis par plusieurs scientifiques et notamment par Bill McKibben et sa fondation 350.org. En fait, pour plusieurs, 350 ppm de CO2 dans l’atmosphère est le plafond à ne pas dépasser, ce qui est déjà fait. Par contre, Stern nous démontre qu’il a moyen de ne pas annuler la croissance économique tout en faisant des efforts considérables pour améliorer l’environnement. D’ailleurs, une étude universitaire réalisée par plusieurs universités du Canada a été déposée récemment, un peu dans la même optique que le rapport Stern. L’étude propose en fait plusieurs solutions au Canada pour réduire considérablement ses émissions de GES tout en gardant une croissance économique. Voyons ce qu’elle contient.

 

2.2.2 Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes

À l’automne 2014, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Ban Ki-moon, a été plus ambitieux dans la fixation d’objectifs en matière de politique climatique pour éviter que la température mondiale s’élève au-delà de 2 °C. Dans cette optique, plus de 60 chercheurs universitaires de tous les domaines, passant des sciences sociales à l’ingénierie, ont écrit un rapport proposant des solutions que le Canada pourrait appliquer dès maintenant pour réduire leur émission de GES. Le rapport Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes propose en fait 10 orientations stratégiques pouvant être adopté aujourd’hui pour réduire considérablement les GES du pays, soit 80 % d’ici 2050. Voyons de plus près ce que proposent les 71 universitaires canadiens.

Solutions du rapport

En affirmant qu’il est temps d’agir le plus tôt possible pour ne pas s’enfoncer dans un trou trop grand pour en sortir, les chercheurs canadiens proposent tout d’abord qu’une taxe sur le carbone soit établie pour tout le pays. De plus, les 10 orientations stratégiques que propose Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes sont basés sur le principe bien connu du pollueur-payeur. Les 10 solutions en question peuvent être également divisées en 3 grands secteurs soit : « 1) en favorisant la production d’électricité à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES), 2) en modifiant la consommation d’énergie grâce à l’évolution de l’aménagement urbain et à une révolution des transports et 3) en reliant la transition vers une société sobre en carbone à un programme de développement durable grâce à la création d’institutions participatives et d’une gouvernance ouverte. Ce type de gouvernance permettrait de mobiliser le public canadien, créant ainsi les conditions pour l’amélioration de notre bien-être environnemental, social et économique. »[2] Les universitaires canadiennes et canadiens ont aussi évalué les conséquences à court, moyen et long terme de leur proposition.

En résumé, ils évaluent la possibilité d’une électricité 100 % verte d’ici 2035 en établissant un système d’électrification du pays d’est en ouest, une réduction des GES de 28 % d’ici 2025 et une réduction des GES de 80 % d’ici 2050. Bien que les 71 universitaires ayant travaillé sur le rapport ne prétendent pas avoir les solutions à tous les problèmes, ils sont conscients que certaines idées pourraient mériter des débats pour les peaufiner encore plus, ils assurent que : « dans presque tous les cas, ce que nous préconisons concorde avec nombre d’analyses aux échelles internationales et nationales sur des orientations politiques viables de décarbonisation. »[3] Ils estiment également que la transition vers un pays sobre en carbone ne se fera pas qu’avec des décisions gouvernementales, la population doit aussi s’impliquer dans ce projet.

La seule critique que le rapport pourrait recevoir est, selon moi, le manque de preuve économique que tout cela serait rentable pour le Canada. Bien que l’argent ne fasse pas foi de tout, elle reste très importante pour le gouvernement d’un pays et beaucoup de décisions se font sur des bases de rentabilité à court ou moyen terme. Dans ce point de vue, seulement qu’un économiste a participé au rapport Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes et aucun calcul économique sur le potentiel profit ou, au contraire, de la potentielle perte n’est présent. Les chercheurs se sont davantage basés sur des valeurs plus importantes que l’argent : l’état de la planète lorsque nous allons la léguer aux générations futures. Cette approche est une approche très noble et très visionnaire. Dans cette optique, le rapport mérite amplement d’être lu par les citoyens et citoyennes du Canada ainsi que par les gouvernements provinciaux et fédéraux qui pourraient peut-être, je l’espère, être influencé par ce travail.

Le rapport Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes propose plusieurs solutions qui méritent d’être écoutées et débattues pour le bien du Canada à l’échelle internationale, mais aussi pour le bien de la seule planète habitable que nous connaissons à ce jour et pour les générations futures qui habiterons cette planète. Si vous voulez en savoir plus sur le rapport en question, je vous invite à en prendre connaissance sur http://biology.mcgill.ca/unesco/FR_Fullreport.pdf .

 

Chapitre 3

Conclusion

 

Après avoir vu quels problèmes le capitalisme engendre, pourquoi il faut régler ces problèmes au plus vite et quelques solutions qui s’offrent à nous, nous pouvons constater qu’il n’est pas encore trop tard pour sauver notre espèce. Nous devons seulement agir rapidement et efficacement. Peut-être que nous devrons suspendre nos systèmes démocratiques lents comme le prône l’écofascisme, peut-être que nous devrons sensibiliser les gens à la cybercitoyenneté et au cyberactivisme, peut-être que nous devrons retourner au courant de pensée du posthumanisme, peut-être qu’en attendant la solution miracle nous devrions retourner à l’énergie nucléaire comme le pense James Lovelock, la singularité technologique va-t-elle nous sauver ? Je ne peux répondre à toutes ces hypothèses seul et vous n’y pouvez pas non plus. Cependant, y réfléchir en tant que société mondiale en ayant toujours en tête notre empreinte écologique et le fameux chiffre 350 de Bill McKibben nous aidera certainement à prendre les bonnes décisions au bon moment. La force de l’Homme n’est pas seulement son intelligence, pour l’instant notre intelligence ressemble plutôt d’un cadeau empoisonné. La force de l’Homme est sa capacité à travailler ensemble et de rassembler toutes nos intelligences individuelles en une seule et unique intelligence planétaire, un peu comme le font une société de fourmis. Bien que les fourmis aient un bon fonctionnement de communication, le nôtre est bien meilleur. Nous avons tous les outils pour communiquer à l’échelle planétaire très rapidement et de travailler ensemble dans le même but commun : sauver notre espèce et notre magnifique planète. En sommes-nous capables ? J’ose espérer que oui.

 

 

 

Médiagraphie

 

Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes

Rapport complet, http://biology.mcgill.ca/unesco/FR_Fullreport.pdf

 

Capitalisme

Dictionnaire Larousse en ligne, 2015

 

Smith, Adam. Richesse des nations, Londres : W.Strahan and T.Cadell, 1776, IV, 2

 

Marx, Karl. Statuts de l'association internationale des travailleurs [archive], 1864.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitalisme

 

Disparité de la richesse

Rapport complet d’OXFAM, https://oxfam.qc.ca/sites/oxfam.qc.ca/files/bp-working-for-few-political-capture-economic-inequality-200114-fr_1.pdf

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/19/les-1-les-plus-riches-possederont-bientot-la-moitie-de-la-richesse-mondiale_4558585_3234.html

 

Jeremy Rifkin

Conférence, https://www.youtube.com/watch?v=75yiRvi48RQ

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin

Rifkin, Jeremy (The empathic civilization) « Une nouvelle conscience pour un monde en crise, vers une civilisation empathique », édition française, Les Liens qui Libèrent, 2011.

 

Nicholas Stern

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicholas_Stern

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Stern

http://www.automatesintelligents.com/echanges/2006/nov/rapportstern.html

Résumé du Rapport Stern, http://www.cythelia.fr/images/file/Stern%20Review.pdf

 

Réchauffement climatique

http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9chauffement_climatique

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dospoles/alternative13.html

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/05/06/le-taux-de-co2-dans-l-air-au-plus-haut-depuis-plus-de-2-5-millions-d-annees_3171507_3244.html

 

Peter Diamandis

http://en.wikipedia.org/wiki/Peter_Diamandis

Conférence, https://www.youtube.com/watch?v=BltRufe5kkI

 

 

[1] Jeremy Rifkin (The empathic civilization) « Une nouvelle conscience pour un monde en crise, vers une civilisation empathique », édition française, Les Liens qui Libèrent, 2011, p.47

[3] idem


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3 réactions à cet article    


  • howahkan Hotah 2 juin 2015 11:32

    La force de l’Homme n’est pas seulement son intelligence,

    ah ???
    comme ici, ......... ............ou encore là ....

    et ici.....

    mais aussi

    et meme ici

    c’est sur que « on » se dit ,heureusement que nous nous auto proclamons intelligents....


    • sls0 sls0 2 juin 2015 22:12

      Diamandis et de Rifkin, c’est en comptant sur de l’énergie disponible, c’est le petit trait violet sur ce graphe qui doit prendre le relais. Même en y mettant un max de moyens, on risques une pénurie d’énergie pendant un certain temps.
      Par rapport à notre mode de vie, moins d’énergie, moins d’évolution, moins de bouffe, moins d’habitants. Sur le graphe vous pouvez y coller la courbe de la population et la croissance, c’est pile-poil dessus.
      Il y a aussi les autres ressources à prendre en compte. Une théorie basée sur l’infini dans un monde qui commence à donner des signes qu’il est fini, j’y crois pas de trop. Un ordinateur c’est déjà 241kg de combustible fossile pour le faire sans compter les autres ressources.
      Théoriquement ça tient pas trop la route à moins de faire passez le nombre de centrales nucléaires de 400 à 2500 et ça ne va pas plaire à Olivier Cabanel et tout les pays ne sont pas équipés pour le nucléaire surtout pour la rigueur d’exploitation. Pour le transport des biens ou aliments produits, sans pétrole il faudra qu’on m’explique.

      Théoriquement la Stern review tient mieux la route. Il devrait tenir un peu plus compte d’une fin de ressources.
      Pratiquement c’est faisable, j’en suis à moins d’une tonne équivalent pétrole par an. Ca se fait dans la douceur c’est cool, c’est un style de vie à changer. Je vis dans un pays pas trop riche le contexte s’y prête, les produits que je mange c’est du local majoritairement, le max c’est 200km pour certains. A comparer aux 2451km que fait un pot de yaourt européen.

      Je ne suis pas sûr qu’à wall street et à la city de Londres ils partagent mon point de vue, ils ont une vue assez court terme et c’est eux qui décident.
      Quand je vois les bidasses américains amener la démocratie partout où il y a des ressources, je ne crois pas qu’ils aient envie d’être moins énergivores coté US.
      Ca risque d’être moins cool, car le mur est là, il n’y a que l’anticipation et une vitesse plus faible qui empêche les gros dégâts.

      Pour se faire une idée du changement : Un moteur moyen d’une voiture moyenne c’est l’équivalent d’une éolienne de 18m de diamètre, elle fonctionne bien avec un vent supérieur à 36km. Ce même moteur avec un litre d’essence je fait de 16 à 25km. Le prix de cette éolienne c’est 75.000$
      Une voiture même électrique c’est 1,5 fois son point en équivalent carbone, même si l’on veut se passer de carbone au cours de sa vie il en faut quand même.
      Il y aura d’ici quelques décennie plus de rats des champs que de rats des villes, transport oblige.

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Jacob Guérin

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