Rêve. Repos
Un des phénomènes les plus surnaturels de la vie est le rêve. Comment imaginer que cette étrangeté, qui concerne tout le monde semble-t-il, puisque nous la constatons chez les animaux, soit une constante fidèle de nos vies uniques, offrant de multiples vies, qui naissent inlassablement chaque nuit ? Pourquoi les rêves sont-ils le fruit de la nuit ? N’y-a-t-il de nuit que pour rêver ? N’y a-t-il d’étoiles et de planètes qui se coursent dans le ciel que pour permettre de rêver dans la nuit ? D’où vient cette impatience de vie, d’histoires, qui fait qu’allongés, nous nous inventons debout dans des lieux inconnus avec des êtres inconnus que pourtant nous connaissons ?
On étudie les rêves scientifiquement, bien sûr. Mais ce mot « scientifiquement », dès qu’il se pose dans nos vies, supprime ce qui est au-dessus de la science : la poésie.
Alors, restons entre poètes.
J’ai la chance d’être, chaque nuit, irriguée de rêves, m’éveillant au moment où leurs histoires, leurs images sont encore dans mon souvenir. Ainsi ce matin, j’ai réussi à arracher à l’oubli ceci. Je suis dans un hôtel avec un homme inconnu avec qui je vis. Nous sommes en voyage. Quelqu’un a oublié un sac de sport. Et dans ce sac, bien pliés, il y a des vêtements de sport tout neufs que j’essaie. Nous rions ensemble car ils sont extravagants. Elégants. Et soudain j’essaie une longue jupe à plis blanche que je trouve très belle. Je décide de la garder. De la voler. Mais puisqu’elle a été oubliée… Et je m’aperçois soudain que nous n’avons pas nos billets de retour. Il va falloir les demander ce matin.
Ensuite, je suis dans une épicerie orientale. Et c’est là que le rêve va être sublime. J’attends d’être servie et en face de moi bavardent deux jeunes vendeurs qui s’occupent de la boutique. Tellement jeunes. Elle surtout, ravissante. Comme son visage est rond, net, pur, dans mon souvenir. Il est visible qu’ils sont amoureux. Ils ont oublié leurs clients. Et je les regarde tant elle est jolie, heureuse, et lui, de dos, lui donnant cette beauté, ce sourire éternel…
Éveillée, j’en pleure…
Nous pleurons de joie, pour dire à nos peines de partir, et leur sel qui est le sel des mers primitives, a un goût d’éternité incompréhensible…
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