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Accueil du site > Tribune Libre > Révolution : tourne en rond

Révolution : tourne en rond

Je crois que le piège le plus grand est d’utiliser les armes de l’ennemi : « On ne résout pas un conflit avec la même partie du cerveau que celle qui sert à créer le conflit » (Albert Einstein).

D’abord il faut cesser de penser en terme de quantité, de démocratie, de droits de l’homme et de toute cette idéologie qui a été l’outil principal de l’asservissement de l’être humain. Evidemment le cyber-espace fait partie de cet arsenal. Quand on est sur la toile, on ne peut pas être vraiment là. Internet c’est une façon de déporter la réalité dans un espace inoffensif. Ce n’est pas grâce à internet que le pouvoir actuel s’est mis en place. Mais la toile est le nouvel opium du peuple par lequel il ne fait que désinvestir sa réalité quotidienne. Un écran d’illusions.

Aller dans la rue ? Je n’y crois pas plus.

Les mouvements de masse n’ont jamais rien apporté de bien, ni dans la rue, ni sur le net.

Tous ces mouvements « révolutionnaires » et contestataires, par ailleurs complètement justifiés, ne servent hélas qu’à la toute-puissance, car ils ne proposent rien d’autres : ils utilisent exactement la même pensée que celle qui nous asservit.

C’est au niveau des idées fondamentales qu’il faut agir.

La première idée à changer est celle de la liberté. La pensée ne peut pas se fonder sur un tel concept, car c’est précisément le dogme qui permet la servitude la plus totale. L’asservissement dans lequel l’Occident s’est volontairement mis repose sur la paralysie de la pensée, par le rabâchage d’un mythe qui empêche de penser.

Une pensée digne de la raison ne peut émerger que d’une limite, c’est-à-dire de l’interdit.

Qui est prêt à accepter ça ? Personne. Et probablement pas plus les « révolutionnaires » que les autres. Mais peu importe car nous n’aurons plus le choix. Quand on hypothèque, et qu’on hypothèque sur les hypothèques, vient un jour où la dette ne peut plus être reportée.

Pris dans le délire de la non limite, nous serons incapables de changer quoi que ce soit par nous-mêmes, car une limite ne peut s’imposer que de l’extérieure. Elle ne peut pas être le fruit ni d’une pensée ni d’une réflexion, puisque la pensée et la réflexion on besoin d’un butoir causal pour advenir. Une chose ne peut pas être antérieure à ce qui lui donne naissance. Cette inversion de la logique, au fondement de l’esprit humain, est la clé du pouvoir actuel de « l’Empire » qui a réussi à démanteler les fondements du bon sens. Elle est voilée par le masque de la démocratie, légitimée par le scientisme, et promue par la soi-disant nécessité économique. Qu’est-ce que la démocratie quand la dé-raison a pris possession de tout un chacun ?

Que faire alors ?

Attendre qu’une limite extérieure nous ramène à la raison. Je n’en vois pas d’autres que celles que la nature va nous renvoyer. Car oui, la nature de l’homme (et de son environnement) n’est pas sans limite.

En attendant, je pense qu’il serait bien plus courageux et plus utile d’adresser plus souvent la parole à son voisin ou à la personne qui se trouve assise à côté de soi dans le bus, que d’entretenir le délire de l’ubiquité en cliquant de ci de là sur internet. C’est dans le rapport direct à l’autre, dans la proximité, que l’on pourra changer quelque chose (en soi d’abord), mais pas avec des méga systèmes de prise en charge. Laissons-les à ceux qui les ont et qui les maîtrisent, et développons plutôt ce qui leur échappe.

PS : Ce petit texte spontané ne vise pas à démontrer quoi que ce soit, mais simplement à ouvrir une piste différente de ce que l’on lit et dit partout. Il s’inspire néanmoins (librement) de nombreux auteurs, dont le plus significatif (peu aimé, bien qu’il soit incontournable) est Pierre Legendre.


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8 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 6 février 2012 14:12

    Et oui, une révolution c’est un tour complet ... pour revenir là où on était. Et c’est bien tout ce qu’on donné toutes les révolutions précédentes. Le pouvoir change parfois de mains, mais le système reste en place, ou se recrée un autre système semblable. Je n’ai jamais compris que l’on puisse souhaiter une révolution ???

    Une EVOLUTION serait bien meilleure. D’abord dans une partie des consciences -ne rêvons pas, cela ne concernera pas tout le monde- ou un rêve partagé.
    Et en fait, nous sommes nombreux à le souhaiter, même différemment, bien plus nombreux que les tenants de l’ORDRE ETABLI. Mais ils ont le pouvoir pour eux : le pouvoir de communiquer, choisir, imposer, tromper ... pour que le système actuel perdure.
    En communiquant, échangeant ... se re-connaissant, nous prenons conscience de notre nombre et force. Nous sommes les ...99%.

    Commençons par un premier pas, puis un autre, puis ...


    • Claude Courty Claudec 6 février 2012 19:37

      Allons plus loin ...


      Fantasme de sectateurs d’un égalitarisme exigeant la mort des riches, la révolution, illustrée par la pyramide sociale inversée, ne fait que figurer un utopique renversement des rôles.

      Plutôt que de contester l’incontestable, ceux que gêne la structure pyramidale de la société, n’y voyant que la représentation d’une masse dominée par le pouvoir alors qu’elle ne prétend figurer dans la neutralité que le nombre dominé par l’exception, usent parfois d’un subterfuge consistant non pas à la nier mais à la renverser sur sa pointe. Or, renverser la pyramide sur sa pointe, c’est créer une situation chimérique, aberrante par définition. Concernant plus précisément la pyramide sociale c’est négliger, dans un élan romantique plus sommaire que révolutionnaire, qu’une pyramide inversée tient davantage de l’entonnoir que de cette pyramide par laquelle s’exprime toute organisation, de la plus conventionnelle à la plus anarchiste. L’anarchie elle-même n’est-elle par structurée pyramidalement, avec ses niveaux de pensée et d’action, de décision et d’exécution , ses chefs, ses troupes et leurs intermédiaires ? 
      Fantasme de sectateurs d’un égalitarisme exigeant la mort des riches, la pyramide sociale inversée ne fait que figurer un utopique renversement des rôles, la pauvreté ayant à charge de hisser la société vers le progrès – ce qui, davantage qu’un idiotisme est contraire à sa vocation –, ou de tout submerger. C’est vouloir que le poids de la base écrase l’ensemble, jusqu’à obtenir un nivellement généralisé, dominé par la pauvreté absolue, évacuant la richesse pour ne reposer sur rien et finir par par être condamné à sombrer dans l’inexistence sociale.
      La « pyramide inversée » n’est que la déformation de la pyramide « naturelle », par le seul effet d’une idéologie sommaire prétendant hisser à un sommet qui n’en est plus un et qui est même son contraire, la masse des individus en constituant la base. Négation extrême de ces individus en tant que tels, au profit d’une puissance faite du nombre, en oubliant que si tous nous profitons du progrès, celui-ci est produit par une élite dirigeant la masse – pour le meilleur et pour le pire –, ce qui en fait précisément l’élite, et en aucun cas l’inverse. Que l’élite puisse usurper sa position dominante, qu’elle puisse exister dans l’imposture est une toute autre affaire ne démentant en rien la fonction représentative de la pyramide, bien au contraire.
      La « pyramide sociale inversée » ne fait qu’exprimer une volonté de soumission de la raison à la force, de l’intelligence à l’instinct, de l’humain à la barbarie, sachant au demeurant que les révolutions les plus radicales ont leurs chefs (instigateurs et meneurs en constituant l’élite), leurs exécutants, et leurs intermédiaires (leurs cadres), même quand il arrive que les uns et les autres prennent également part à l’action.
      En matière de sociologie, la « pyramide inversée » est la représentation morbide d’un désespoir tournant le dos à la réalité plutôt que de l’affronter. Hors du temps et de la raison, elle préfigure cette misère absolue à laquelle nous aboutissons tous, là où la sociologie pas davantage que la démographie, l’ordre que l’anarchie ou que quiconque n’ont plus leur mot à dire.
      Que le chemin du progrès et de son partage soit semé d’embûches et que l’élite en soit comptable, rien de plus vrai ni de plus légitime, mais n’est-il pas d’attitude plus sensée que celle qui consiste à mettre fin à une situation conduisant quoi qu’il en soit, en dépit de ses lenteurs, au mieux être souhaité par le plus grand nombre ? 
      Certes, la pyramide étant une construction ayant au moins le mérite d’être suffisamment compréhensible par ceux qui la contestent, son renversement ou sa destruction ne peut être que souhaitée par eux. Mais à quoi bon puisque ce qu’il pourront édifier à sa place ne pourra être qu’une autre pyramide ?


    • Claude Courty Claudec 6 février 2012 17:41
      La liberté peut être considérée, non seulement comme une richesse mais comme un espace et il est évident que plus le nombre de ceux qui partagent cette richesse-espace est grand, moins la part de chacun le sera.

       

      « Une expérience journalière fait reconnaître que les français vont instinctivement au pouvoir ; ils n’aiment point la liberté ; l’égalité seule est leur idole » Chateaubriand

      Pour autant qu’elle ne relève pas du rêve, la Liberté se définit par les limites que la loi lui octroie ou que chacun voit assignées à la sienne par celle des autres. Loin d’être cet idéal d’indépendance que chacun vit à sa guise, le Liberté a un caractère faisant hautement référence à la vie collective et réclame de ce fait une attention toute particulière, eu égard aux revendications de plus en plus inopportunément formulées par les uns et les autres à son sujet.

      La liberté consiste à faire à son propre gré ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque individu ou groupe d’individus est subordonné à ce qui assure aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. C’est en cela qu’il n’est pas de liberté sans devoirs. La loi pouvant aider à fixer et codifier ces droits et ces devoirs, c’est elle qui arbitrera autant que de besoin.

      « La liberté de chacun finissant où commence celle des autres », elle peut être considérée, non seulement comme une richesse mais comme un espace. Il est dès lors évident que plus le nombre de ceux qui partagent cette richesse-espace est grand, moins la part de chacun le sera. Sauf à concevoir bien entendu qu’elle soit extensible à l’infini. Or, de ce point de vue et en attendant la conquête pour tous de l’espace sidéral infini, l’humanité est confrontée à ses frontières matérielles ; celles de la planète sur laquelle elle vit, ou plus exactement aux limites dans lesquelles il lui est possible de vivre sur cette planète. Cet espace vital est en effet inexorablement grignoté, chaque jour davantage, par une inconscience aggravée par le nombre. 

      Plutôt que de revendiquer toujours plus de ce qui se raréfie à chaque instant, c’est la révision de ses exigences en matière de Liberté qui s’impose à l’homme. Si par exemple la réduction des libertés des uns est due à une croissance démographique imputable à d’autres, comment faire pour empêcher ces autres d’empiéter sur l’espace de liberté des premiers ? Que ce soit possible par la contrainte ou par la raison, il s’agit bien de limiter les libertés individuelles de tous.

      Il s’agit là encore d’un partage, qui nécessite davantage de pragmatisme que de bonnes intentions.

      Ne peut-on voir dans une telle analyse une explication supplémentaire du fait que la codification d’un système de valeurs, qu’il s’agisse banalement de politesse, de bienséance, de cordialité ou plus généralement de tout ce qui touche à la considération due à autrui, en même temps qu’à l’égalité de tous devant la loi, ne se fonde pas impunément sur des considérations abstraites, idéalistes, voire idéologiques et dogmatiques, a fortiori lorsqu’elles naissent dans l’euphorie et l’utopie ? À croire que la raison, comme la vérité, finit toujours par sortir du puits.

      Peut-être sommes-nous tout simplement confrontés aux conséquences de « l’emploi de l’esprit aux dépens de l’ordre public [...] une des plus grandes scélératesses [...] de toutes la plus dangereuse, parce que le mal qu’elle produit s’étend et se promulgue par la peine [...] infligée [...] des siècles après lui ». (Duchesse de Choiseul au sujet de J.J. Rousseau). À noter qu’il s’agit ici de la liberté de penser qui, pour le meilleur et pour le pire, ne connaît pas d’autres limites que celles de la raison et que c’est lorsque cette raison est bafouée que l’autre liberté, la liberté d’être, est en danger.

      Entre dès lors en jeu la responsabilité, sans laquelle la liberté n’est plus qu’une vue des esprit les plus fumeux ou les plus malhonnêtes, elle n’est même plus un espace à partager ; elle est un mythe qu’entretient la démagogie et son compagnon le mensonge.

      • LeGoJac 7 février 2012 08:01

        Devriez aller expliquer cela en Egypte, Tunisie, Syrie, etc...
        Si ça ne les sauvera pas, au moins ça les fera rire... un peu... juste un peu.


        • Traroth Traroth 7 février 2012 09:54

          Ce que préconise l’auteur, pour faire une analogie, ça revient à accélérer le plus possible, à renoncer à freiner, en se disant qu’un mur de béton va bien finir par nous arrêter.

          Vous avez ce que ça fait, comme dégât, un mur en béton, sur une voiture roulant à grande vitesse ?


          • Francis, agnotologue JL1 7 février 2012 11:39

            "En attendant, je pense qu’il serait bien plus courageux et plus utile d’adresser plus souvent la parole à son voisin ou à la personne qui se trouve assise à côté de soi dans le bus, que d’entretenir le délire de l’ubiquité en cliquant de ci de là sur internet.’ (Kobalt)

            Faites ce que je dis, pas ce que je fais !

            Premier article, première intervention ! Avez-vous vraiment l’intention d’en rester là ? Ne pas répondre serait une bonne réponse.


            • Gnagnagna 7 février 2012 12:53

              « Je crois que le piège le plus grand est d’utiliser les armes de l’ennemi »

              Non, si vous en avez plus que lui...
              Peut-on, par exemple, empêcher les voyous d’agir autrement que par la force dont ils usent eux-mêmes ? Vous pensez que la persuasion serait efficace ?


              • lsga lsga 7 février 2012 13:23

                « C’est au niveau des idées fondamentales qu’il faut agir. »


                loooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooool

                mais oui, vazy : change les définitions du dictionnaire, tu verras comment ça change le monde

                 smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley 

                Tiens, une citation de Hegel pour changer (pourtant le pape de l’Idéalisme) :

                « L’arme de la critique ne saurait remplacer la critique par les armes, la force matérielle doit être renversée par la force matérielle »
                Hegel, 1844, MEW, I,p.384

                C bo smiley

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Kobalt


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