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Accueil du site > Tribune Libre > Roman Polanski s’évade grâce à Milan Kundera

Roman Polanski s’évade grâce à Milan Kundera

Walpole (BiBi) a dévoré « L’Art du Roman » de Milan Kundera et a fréquenté avec passion et gourmandise plusieurs de ses grands textes. Même si BiBi lui préfère Bohumil Hrabal et son chef d’oeuvre (« Une trop bruyante solitude » ), il a toujours été attentif aux interventions du Romancier franco-tchèque. Le Monde lui a ouvert un espace dans le Décryptages Débats du 7 mai. Le billet de Kundera est intitulé : « La Prison de Roman Polanski  ».

Tristesse-BiBi dès les premiers mots de Kundera. L’écrivain franco-tchèque avertit le lecteur du désintéressement absolu de sa démarche. « Je n’ai jamais rencontré Roman Polanski ». Façon de dire et de tenter de nous convaincre que son argumentation sera donc dénuée de toute arrière-pensée, qu’elle sera objective et non partisane.

Voyons ça de plus près : Kundera se transforme en Juge et revêt illico un habit de Justicier. Il ne veut pas « dire un seul mot sur l’aspect juridique » mais, dix lignes plus loin, il délivre sa sentence en petit Procureur : « Le procès prolongé à l’infini n’apportera rien à personne, à personne, à personne ».

La victime ? Bah ! Quelle importance ? Ravalée à un fantôme, elle a pardonné à Polanski « depuis longtemps ». Alors un procès en Justice : pfffttt…

Et Polanski ? Ô le Pauvre Polanski ! « L’accusation occupe entièrement sa tête (…), le prive de vie ». Milan Kundera a manifestement la mémoire courte : « The Ghost Writer », dernier film de Polanski, est sorti sans encombres le 3 mars sur les écrans. « Entièrement sa tête » ? Dommage que le cinéaste n’ait pas eu une petite place pour la victime et pour d’éventuelles « excuses ». Mais peut-être que BiBi n’a pas parcouru toutes les déclarations du cinéaste ?

Le point de vue et la défense de Kundera en deviennent tarabiscotés. Pour excuser et gommer un abus sexuel sur mineure de 13 ans, voilà la conviction du Romancier : « C’est l’art européen, sa littérature, son théâtre qui nous ont appris à déchirer le rideau des règles juridiques, religieuses, idéologiques, et à voir l’existence humaine dans toute sa réalité concrète ». BiBi peut applaudir à l’assertion mais se demande quel rapport peut-il y avoir avec le procès qui attend le cinéaste ? L’Art (l’Europe) au-dessus des lois ? L’Art, la Culture européenne comme arguments décisifs de sa Défense ? Euh… BiBi ne pige pas.

Autre refrain déjà entendu ailleurs : « Roman est persécuté pour un acte qui a eu lieu il y a trente-trois ans ». Devrait-on le laisser en paix pour cela et ne passer en procès que les actes d’abuseurs datant de 33 jours, de 33 minutes ou de 33 secondes ?

Pour BiBi, Milan Kundera se cherche toujours une Famille (surtout artistique, surtout européenne, surtout unanime). Pas forcément l’Europe des Droits de l’Homme et du Citoyen qui sortit la France monarchique (et l’Europe) des injustices de Droit divin. Et BiBi de conclure sur cette interrogation : n’y a-t-il pas là un transfert inconscient de Kundera sur le cinéaste Polanski… au mépris de la Vérité et de la Justice ? Lorsque Kundera écrit que le Cinéaste est « toujours en prison », ne parle-t-il pas de lui, de son exil et des ses propres années sombres d’après le Printemps de Prague, années où il fut lui-même… « persécuté et surveillé » ?

 
Et tant d’autres choses sur le Blog à BiBi.
 

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3 réactions à cet article    


  • impertinent3 impertinent3 17 mai 2010 15:05

    Les défenseurs de Polanski nous rabâchent sans cesse : « 30 ans après les faits ».

    C’est juste, il s’est écoulé plus de 30 ans. Mais qui est responsable de cet état de fait ? Polanski lui-même, tout simplement. S’il avait eu, il y a 30 ans, les 2 sous de courage pour assumer son comportement devant un juge, il aurait payé sa faute et, très certainement, on n’en parlerait plus du tout (et ce serait bien ainsi, une faute payée doit être oubliée). Si maintenant on en parle, c’est uniquement à cause de son comportement de lâche qui croit que l’argent peut tout acheter et que faisant partie d’une « élite » (hum) tout lui est permis.

    Sur le plan juridique, il n’est absolument pas inattaquable. Les crimes (ce que Polanski a fait est, juridiquement, un crime, pas un délit), de contrainte sexuelle, viol et relation sexuelle avec mineur sont imprescriptibles en droit US.

    En ce qui concerne la justice suisse, elle n’a pas à se prononcer sur le fond. Elle doit simplement déterminer si les conditions juridiques d’une extradition sont remplies. Ce qui semble être le cas : les justice US respecte les droits de l’homme, Polanski ne peut pas être condamné aux USA à une peine supérieure à celle qu’il encourrait en Suisse (en Suisse, les crimes tournant autour de la pédophilie sont également imprescriptibles et peuvent être punis de la réclusion à vie).


  • Massaliote 17 mai 2010 14:04

    J’estimais Kundera. Peut être les méfaits de l’âge ? Défendre un prédateur qui a organisé méthodiquement le viol d’une gamine après l’avoir droguée est inadmissible. J’ajoute que bien des « pointeurs » voudraient avoir les mêmes « conditions de détention ».


    • viva 17 mai 2010 19:14

      Cet homme à fuit la justice est il est remis en liberté avec le risque qu’il disparaisse de nouveau, citez un exemple de pédo criminel qui a bénéficié d’une telle clémence.

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