Vendredi avec panache et arguments elle propose pour la liste qu’elle va conduire en 2010 en Poitou Charentes 5 places éligibles au MoDem. Cette proposition fait suite à la déclaration de Bayrou de vouloir mettre en place un Arc Central afin d’offrir aux Français une alternative à la politique que mène le pouvoir actuel. Cet arc aura pour objet de dire stop ou encore. Malheureusement ce n’est pas un jeu de radio-crochet et la France est sur une civière et a mal à son foie.
Le principal argument donné par Royal pour soutenir sa proposition est de dire en gros : pourquoi attendre pour faire cette collaboration, cet arc central ? Profitons de ces élections pour une sorte d’avant première ou une ébauche, un prototype.
Bien sûr il suffit que Royal propose quelque chose pour que les grenades soient dégoupillées et pour que du haut de leurs tours crénelées ses amis de tous bords déversent sur elle quelques mètres cubes de poix fondue. Et ne parlons même pas s’il s’agit en plus d’une association avec le MoDem, là ce sont les vannes du Gange qui sont ouvertes.
Ce qu’il y a de bien avec les mathématiques c’est qu’a priori une addition, une soustraction, un pourcentage, enfin tout ces petits calculs qui ne sont pas politiques sont rigoureux. Les mathématiques sont une science qui en algèbre simple est précise et sans ambiguïté aucune. Aussi ai-je décidé, en tout limité que je suis, de leur faire confiance et de me renseigner.
Le conseil régional de Poitou Charentes c’est 55 élus dont :
- PCF 6
- PS 20 (groupe 24)
- DVG 2
- PRG 2
- Verts 7
- UMP UDF 9
- NI 6
- FN 3
Les 5 premiers sur une même liste : 46,29 % au premier tour, 37 sièges au second tour
UMP et NI même liste : 32,93 % au premier tour,15 sièges au second tour
FN : 10,50 % au premier tour, 3 sièges au second tour
Comme je ne voulais pas hurler avec les loups par principe, ni ajouter une braise de plus dans le bûcher au-dessus duquel brûle assez souvent notre aimée Madone du Poitou dès qu’elle l’ouvre, j’ai essayé de réfléchir à sa proposition sans parti pris, si tant est que cela soit possible. D’où en premier ce recours à une science intangible, celle de l’algèbre.
En matière de chiffre, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, du moins en partie, car la proposition est précise : 5 places éligibles, il est donc nécessaire de se référer à ceux donnés par les dernières élections, celles de 2004. Brut de décoffrage cela donne moins que le PCF qui déjà à l’époque n’existait plus. Moins que les verts qui à l’époque étaient moins florissants qu’aujourd’hui. Cela représente en fait 5 places sur 37 obtenues soit moins de 14 % des places. Bien sûr les conditions actuelles ne sont pas les mêmes. Les verts ne seront pas sur sa liste, et le Front de gauche va se constituer. Mais si cela diminue le pourcentage cela diminue aussi les places à fournir. Cela ne change donc pas grand chose à l’offre car cela revient çà dire qu’on offre au MoDem 5 places sur 24 l’actuel groupe au conseil régional, soit 20 %. En d’autres mots Royal estime que le MoDem vaut 1/5è du PS mode Ségolène. Passons sur le désaveu du PS lui-même de cette idée, cela ne m’intéresse que peu et ce sont leurs petits linges sales. Qu’ils le lavent en famille. Ceci c’était regarder par le petit bout de la lorgnette.
Les mathématiques nous disent donc que cette offre n’est pas très généreuse. Et elles pourraient nous suggérer que l’actuelle présidente nous fait le coup de l’opportuniste cher à Dutronc. Elle saute sur l’idée de Bayrou pour, en quelque sorte, ramener à elle la couverture du lit dans lequel ils ne sont pas couchés tous les deux.
On peut dire sans trop se tromper que cette offre ressemble diablement à de la cuisine politicienne où l’on ne parle pas d’accord et de projet mais de places garanties. Ca c’est bon pour le Nouveau Centre. Il n’est maintenant plus élu que sur les listes UMP. Ce que nous propose Royal ressemble à s’y méprendre à la politique de papa, celle dont on voudrait sortir. Et ceci d’autant que (
Le Figaro) :
Mais, là où l’entourage de Bayrou se montre plus agacé, c’est quand plusieurs cadres départementaux du MoDem de Poitou-Charentes ont confié avoir été directement appelés sur leurs téléphones par Royal. « Il faudrait qu’elle comprenne que le mercato est terminé », cela s’appelle du débauchage dans le dos d’un parti où je ne m’y connais pas.
Pour cela il y aurait eu des solutions bien qu’il ne soit pas certain qu’elles puissent être mises en application du simple fait que le Mouvement démocrate avait déjà décidé qu’il irait au combat partout dans toutes les régions sous ses couleurs. Le Mouvement démocrate défendant l’idée que le premier tour permet la diversité de l’offre, et donne à l’électeur le pouvoir de fixer lui-même le curseur de là où devra se situer le centre de gravité d’une possible collaboration de second tour. A Arras cette direction a été confirmée malgré les écrits baveux de certains qui continuent à dire que ce n’est pas ce qui se passera. En tout cas, comme dit Toto qui tombe du 20è étage à chaque nouveau niveau passé : jusque là ça va. On verra bien si le MoDem s’écrasera ou non arrivé en bas, c’est-à-dire à l’échéance électorale de mars 2010. Pour l’instant il tient bon.
La proposition qui aurait dû être faite pour vraiment changer les lignes eut été d’organiser une rencontre publique, de confronter les projets et d’offrir au MoDem la possibilité de mettre en application dans quelques domaines clé ses idées. Les places n’étant que la conséquence et non l’a-priori car pour mettre en place une politique il faut bien sûr avoir été élu. On voit que cela eut été une toute autre démarche, une véritable collaboration. En lieu et place - tiens place - on offre des places, comme l’on jette des bonbons à un enfant s’il a été sage. En fait on insulte le MoDem en voulant l’acheter par la certitude d’avoir des élus, ce qu’a bien compris Sarkozy en mai 2007 entre les deux tours tout comme ceux qui l’on accepté. Faire de la politique autrement aurait été possible avec la garantie non de l’élection comme appât ni le ralliement (je vous mets sur mes listes, et comme nous sommes d’accord sur un certains nombre de points, vous votez pour mes projets), mais bien la certitude que les projets proposés par le MoDem auraient été acceptés d’avance, auraient eu comme responsables de mises en œuvre des élus de ce mouvement et bien la certitude par ses engagements fermes qu’ils auraient été votés par l’assemblée élue si cela avait été le cas grâce à cette association. Vous voyez bien qu’une proposition était possible mais dans un sens tout autre que ce qui ressemble fort à du débauchage profitant de façon opportuniste d’une main tendue vers tant la droite sociale - ce qui donne un sens tout autre à la démarche de Bayrou - que vers la gauche. Mais cela n’a pas été fait ainsi, mais il manque la partie droite de ce que veut faire le MoDem, mais, si la main reste tendue, ce genre de proposition n’a pas été acceptée (
Le Figaro) :
« Si nous avions répondu “oui, vous nous donnez quelques postes et nous venons”, cela aurait signifié que nous sommes prêts à soutenir le PS. Ce n’est pas notre choix. Notre choix est de construire dans le dialogue. Mes offres de dialogues, ce n’est pas l’acceptation du ralliement ou de la disparition. Il faut bien que tout le monde comprenne que tous ceux qui accepteraient de se rallier, ils choisissent de disparaître », dit-il.
« OPA médiatique »
Selon lui, encore, « la génétique de notre famille politique, c’est deux noms. Le premier, c’est : indépendance. Le deuxième, c’est : main tendue. Et nous voulons tenir les deux bouts de la chaîne ! »Première vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez ne dit pas autre chose : « Nous irons aux régionales sous nos propres couleurs, parce que nous somme fiers de ce que nous portons, parce que nous croyons au pluralisme, parce que c’est bien que les Français aient le choix au premier tour. En même temps, nous sommes et resterons ouverts au dialogue, ouverts à la construction de rassemblements nouveaux. »
Dommage.
Vignette Ségolène Royal Wikipédia