Royal présidente en 2005, Bayrou en 2012
Le 27 mars, j’avais évoqué ici le scénario actuel de la présidentielle. Royal se posant la question du report des voix de Bayrou. La réalité a confirmé mon analyse. Royal est devenue l’alternative à Sarkozy et Bayrou pourrait être le futur chef d’une opposition débarrassée de Sarkozy. Comment appréhender les jours qui nous séparent du 6 mai prochain ?
Dans mon article du 27 mars, je posais la question de l’attitude de Bayrou dans le cadre d’un duel Royal/Sarkozy. La plupart des commentaires consistaient, contre l’évidence politique, à considérer Royal comme déjà éliminée de la course. Les protagonistes de ce site, partisans de Bayrou pour des raisons diverses, avaient pris leurs désirs pour des réalités. On voit ici que l’idéologie peut frapper tous les esprits, et bien sûr y compris le mien.
Cet article a tenu la route car il permet de comprendre ce qui se passe en ce moment. Bayrou ne peut prendre position officiellement. Ce que j’avais déjà expliqué. Par contre, il comprend que voter Sarkozy est sa mort politique à lui. Donc, il ne peut que montrer sa détestation de Sarkozy et de ses méthodes à la Berlusconi, par journalistes interposés. C’est ce qui a permis à Sud-Ouest de mettre aujourd’hui une entrevue sous embargo depuis le 15 mars qui raconte comment Sarkozy a vainement tenté d’entraîner Bayrou dans un complot contre Chirac. Bayrou et Chirac viennent ici de s’unir par probable inadvertance dans un rejet commun de Sarkozy.
Nous pouvons donc être certain ce 25 avril que la dynamique de victoire de Ségolène Royal est engagée de bas en haut dans notre pays. Cette dynamique doit permettre à Royal et Bayrou de nous éviter un drame à l’italienne. Une période Berlusconi. Après l’échec de Sarkozy, Bayrou devient officiellement le chef de l’opposition de droite face à la gauche. Ceci se fait sur un terrain politique sain. Le débat entre conservation et changement. Ségolène Royal n’a pas toutes les solutions mais elle peut permettre, avec un dialogue entre elle-même et Bayrou, de changer la vie politique française afin de la normaliser. De plus en plus de gens prennent conscience de cette possibilité. Faire cesser les brutalités, les injures, les complots de toutes sortes ne se fera pas du jour au lendemain mais en diminuer considérablement la pratique est possible. La vie politique européenne est majoritairement dans ce cadre depuis la fin du stalinisme et des dictatures néofascistes. Pour donner le bon exemple au monde islamo-arabe, une telle évolution est indispensable chez nous.
Pour cela, il est nécessaire de prendre des positions et de les affirmer, comme moi-même ici pour Ségolène Royal, mais aussi de les argumenter et de savoir modifier son point de vue. Ségolène Royal et François Bayrou sont dans cette perspective avec des points de vue différents. Ne plus jeter des exclusives, chez Ségolène Royal, prend la forme d’un salut mérité à Arlette Laguiller, femme courageuse qui a défendu un point de vue constant, dans un mouvement trotskyste syndical et ouvrier, depuis plus de trente ans. Cette doyenne de la vie politique française à gauche n’a jamais profité personnellement d’une position très visible dans les médias. Il en est de même pour les autres candidats de l’extrême gauche, dont je ne partage pas les idées, mais qui offrent à la jeunesse française un idéal utopique nécessaire d’engagement dans la vie politique. En particulier pour le courant trotskyste qui a été justifié dans sa lutte constante contre la dictature stalinienne. Ségolène Royal, tout en ne partageant pas cette trajectoire, montre l’exemple en saluant le simple fait de l’engagement politique contre l’injustice.
Ceci marque une convergence avec François Bayrou qui a trouvé "intéressante" la trajectoire politique d’Olivier Besancenot. La portée éthique de l’action pour notre pays est une valeur de plus en plus partagée. Il semble donc que les valeurs éthiques deviennent, à gauche comme à droite, les nouvelles clefs du succès politique. Bayrou en montre l’importance à droite. Royal, à gauche. Tout ceci contribue à faire de leur commune détestation de Nicolas Sarkozy un moyen d’exprimer le ras-le-bol français en ce domaine. Celui qui consiste à faire du succès monétaire le seul gage de domination sur les autres. Ceci est une nouveauté en France car cet appel à l’éthique est majoritaire, d’une part, et ne fait pas appel à une volonté dictatoriale dominante, d’autre part.
Ségolène Royal, présidente en 2007, permettra une rénovation de la gauche. Ce sera une bonne chose. Mais on sait que le pouvoir use. Cette période pourra aussi favoriser une rénovation de la droite dans le sillage de François Bayrou avec en perspective les élections de 2012. L’alternance ne doit plus faire peur et devrait même être la règle. L’équipe au pouvoir gère et celle qui est dans l’opposition prépare l’avenir. C’est une pratique qui devrait être acceptée, pour diriger la France, et se propager en Europe. Car l’Europe est le bien commun des perspectives de Royal et Bayrou. La social-démocratie et les conservateurs chrétiens démocrates gèrent l’Union européenne depuis toujours. Un débat constant entre Royal et Bayrou permettrait à la France de rejoindre l’harmonie européenne.
Le 6 mai 2007, Ségolène Royal sera présidente de la République française avec la neutralité bienveillante de François Bayrou. Ensuite, François Bayrou deviendra le chef de l’opposition républicaine avec la neutralité bienveillante de Ségolène Royal.
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