Sainte NKM contre Che Hidalgo

Ah, la politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir la merde mais pas trop, avait dit Edouard Herriot en son temps. Mais la Troisième république a fait son temps et à l’ère de l’écopropreté et du recyclage durable, la politique doit sentir bon et qui sait s’il ne faut pas être en odeur de sainteté pour se parer d’une légitimité incontestable. A l’ère de la démocratie et du matérialisme, il n’est plus question d’aller s’asperger d’eau bénite ou de traverser le Jourdain en croisant Jean-Baptiste. La pureté s’acquiert en affrontant le dur défi des primaires. Sur ce point, le PS a un temps d’avance et n’a de leçons à recevoir de personne depuis la belle réussite unanimement saluée de tous bords en cet automne 2011. La primaire, c’est sans doute une procédure utile pour départager les prétendants au trône municipal ou présidentiel. C’est aussi un exercice de démocratie. C’est surtout, pour l’électeur instruit qui n’est pas dupe, une comédie du pouvoir.
Anne Hidalgo n’a pas eu besoin de primaires. Elle est l’héritière naturelle pour s’asseoir sur le trône de l’hôtel de ville. La brune faussement pasionaria mais pur jus technocratique se réclame du « on ne change pas une équipe qui gouverne » et se trouve investie par Bertrand premier, maître des lieux bordant la Seine, gay friendly pour gagner quelques suffrages et condition pour l’emporter contre vents mais avec Marais. Ce n’est pas moi qui le dit mais Mme Bachelot, l’ancienne ministre qui a gaspillé un milliard en vaccins mais à qui l’on a pardonné avec son physique moqueur à la Micheline Dax. Sans doute NKM avait tendu une oreille. Elle peut maintenant se présenter à la mairie contre Che Hidalgo, la révolutionnaire des bobos qui seconda Bertrand en faisant sienne le slogan du Paris ludique du 21ème siècle, sur les pavés, la plage. L’espace d’un été. Pour amuser les Parisiens après le bureau ou étonner les touristes. Ce n’est que du cirque mais les militants ont besoin de cette mécanique à la Bergson pour se motiver car la vie politique d’un parti est tout aussi passionnante qu’une partie de rami avec Patrick Modiano.
Toujours est-il que NKM a affronté non pas le Jourdain mais l’épreuve des votes électroniques et la fronde de quelques tristes sires venus pourrir l’ambiance, non sans que la droite dure affiche ses idées fortes pour spectacle mou du neurone. La primaire a donc sanctifié NKM qui pourtant n’avait pas besoin de ça pour afficher une aura de sainte. Elle qui a un physique blafard tout droit sorti d’un tableau de Rembrandt ou d’une fresque de Raphaël. Bon, voilà, c’est fait. Elle peut être satisfaite la sainte NKM canonisée par le concile électronique des votes UMP. Elle peut prêcher l’alternance qui est à la religion démocratique ce que l’épiphanie est, avec la fumée blanche, au catholicisme. Sainte NKM a droit de cité sur les plateaux télé avec un ticket VIP valable au moins pendant un an, jusqu’au scrutin municipal de 2014. On ne comptera pas les apparitions. La religion cathodique est généreuse et les électeurs sont bien plus fidèles au JT de 20 heures qu’à la messe du dimanche. Le spectacle est lancé. Primaires pour NKM, premier meeting pour Mme Hidalgo. On ne sait pas ce que va devenir Paris, excepté une ville propre pour bobos et touristes, avec comme cerise sur le gâteau quelques beaux édifices susceptibles d’intéresser un émir du Qatar qui ne signera pas d’un cheik en blanc. Etre maire de Paris présente quelques avantages. Par exemple recevoir Angelina Jolie pour l’introniser citoyenne d’honneur. Juste une crainte, c’est qu’après l’ablation des seins et des ovaires elle n’ait pas subi une ablation du cerveau. Quoique, un mauvais esprit me dit qu’on ne verrait pas la différence.
La vie politique est devenue une comédie avec des premiers rôles. Il faut bien que la politique vive même si les idées sont mortes. Ce petit monde s’amuse et la démocratie devient humoristique. Les militants sont maintenant les produits de l’école qui confond éducation et amusement depuis les réformes menées sous l’égide du professeur Meirieu, grand chef des pédagogos. De toutes façons, comme chantait Martin Circus, on peut très bien refuser de jouer cette comédie et tout ce petit monde finira en poussières… poussières…
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