Sarkozy & Associés, le suicide « Made in France »
Voici le nouveau chant de Noël dans la classe politique, avec Sarkozy et ses associés du commerce dans le rôle des enfants de chœur : “Petit Papa Croissance, quand tu descendras du ciel, apporte-nous des jouets français” ! Des bagnoles, des ordinateurs, des tablettes numériques, des imprimantes, des téléphones portables, des vêtements et des jeans, des DVD, de l’électroménager, des montres, des petits souliers, des lunettes de soleil et des fleurs exotiques… Mais français, nom de dieu ! Car si l’on veut croire encore aux légendes et, dans le sillage de la dégradation, se rabougrir davantage dans l’espoir d’un miracle national, il faut une ritournelle qui sonne bien aux oreilles en crise, en cette période préélectorale, et permette à la France et à ses contes populaires de sortir du rouge, même en dormant debout.
Allons enfants de la gabegie, la grande Foire est presque arrivée… Aux cartes bleues citoyennes, marchons dans l’absurdité politicienne et consommons français, donc.
Voilà qui ne va pas nous simplifier la vie, au moment où le Français moyen virtuel s’apprête à dépenser 606 euros pour fêter joyeusement un divin enfant sur la paille ! Car comment trouver encore des produits français en boutique, à l’heure de la mondialisation, alors que tout a été fait sous ce tragique quinquennat pour que ce soit Noël tous les jours chez les actionnaires de nos belles entreprises nationales ? Dégraissages locaux, délocalisations à la chaîne, rachats par des groupes étrangers, montages financiers complexes pour soustraire nos prétendus fleurons à l’impôt sur les sociétés, etc.
Trouver un produit français aujourd’hui, hormis dans l’alimentaire du terroir, relève de “mission impossible”, et l’on voit bien dans quelle idéologie de surface, dans quelle marmite de coq au vin remise sur le gaz (dont une partie provient d’Ukraine), ce slogan imbécile va puiser ses racines nourricières. Alors que les tablettes numériques fabriquées en Chine seront cette année encore, et plus que jamais, l’un des produits phares des ventes de Noël, Sarkozy, visitant en fanfare le mardi 13 décembre l’entreprise des skis Rossignol, en profite pour faire l’apologie du « Made in France », lui qui n’a eu pour objectif que de détruire l’industrie française au profit des actionnaires et des spéculateurs de son petit monde de crapules libérales.
Quelle farce ! Et pour hypnotiser son auditoire, Sarkozy, qui a vu de la neige au sommet des montagnes – un signe de clairvoyance, non ? – profère : « Je préfère qu’on achète une voiture de marque étrangère produite en France plutôt qu’une voiture de marque française produite à l’étranger, et vendue en France ». Et le voici qui défend alors, en s’emberlificotant, le label “origine France garantie”, censé certifier que la moitié de la valeur ajoutée de l’objet commercialisé est réalisée dans notre beau pays.
Conclusion : à nous de sortir les calculettes et de passer des heures sur Google et Wikipédia pour savoir qui détient quoi au juste dans l’achat des produits que l’on convoitait.
En voulant par exemple offrir des sanitaires Jacob Delafon à ma fiancée asiatique – produit apprécié et tout à fait exotique ici, dans les contrées d’Extrême-orient où l’on fabrique vos jeans, votre électronique et où l’on produit vos crevettes estampillées CE –, j’ai découvert, alors que je croyais ce cadeau bien français, fabriqué à Noyon (60) et à Reims (51), qu’il appartenait depuis 1986 au groupe américain Kohler, spécialisé dans le mobilier de salles de bain, et que l’essentiel de sa main d’œuvre vivait dans des pays du Maghreb, principalement en Algérie. J’en fus tout marri. Désespéré de trouver un produit national bien brut, je me suis rabattu sur le dernier Goncourt, « L’art français de la guerre », commandé sur le site de la société Amazon, américaine elle aussi, certes, mais Amazon France…
Sérieusement, comment peut-on défendre de pareilles soupières aujourd’hui, alors que la grande majorité de nos productions françaises sont fabriquées ou assemblées de par le monde afin d’augmenter les profits grâce à de la main d’œuvre bon marché, alors que nos industries ont multiplié les filiales internationales bien commodes, alors que tout ce merdier interdépendant de la consommation forcenée dans laquelle on enfonce chaque jour les peuples, à grands coups de crédits, est désormais inextricable ?
Quelle pitoyable rengaine, dont la seule valeur politique est de remettre le mot “Français” dans l’esprit cocardier de nos souches, comme une évidence de dernière minute que l’on n’aurait pas vue, pas comprise – “bon dieu, mais c’est bien sûr !” –, en un repli nationaliste dérisoire et inefficace.
Comme la France de Sarkozy détient malgré tout un record en Europe, avec 10.464 suicides officiels en 2009 (Source BEH, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, du 13 décembre 2011, pendant que le VRP en campagne avec l’argent public jouait les perroquets Schizos chez les Rossigols), et que 5,5% de la population française déclare dans la même étude avoir fait au moins une tentative de suicide dans sa vie, voici quelques solutions pour mourir « Made in France » :
- par pendaison, je recommande les cordes “Courant”, fabriquées à Angers
- par empoisonnement, une seule adresse : les laboratoires Servier, dont le fondateur fut décoré par Sarkozy de la Légion d’honneur, comme le comique Dany Boon. On peut aussi essayer les produits des laboratoires Sunrex, à Paris, mais comme ils sont à base de plantes, peu de chances d’obtenir un effet certain avant les prochaines élections
- par arme à feu, il faut utiliser les produits de la marque “Verney-Carron”, fabriqués à Saint-Etienne, berceau de la plupart des fabricants d'armes français
- par noyade, ne cherchez plus, mesdames : choisissez une piscine du groupe “Piscinelle”, acteur majeur du marché de la piscine en Europe depuis plus de 15 ans. Elles sont produites à en région parisienne, à Dormont, dans le 95.
Mais pour celles et ceux qui veulent vivre encore, au moment où la France perd son triple A, je ne vois qu’une seule et unique solution : une Révolution citoyenne bien de chez nous, main dans la main avec nos voisins d’Europe, soumis comme nous-mêmes à la grande mafia des banquiers internationaux et à leurs hommes de paille qui nous gouvernent dans les mensonges et les hypocrisies, entre la droite UMP et la gauche PS, entre le bœuf et l’âne.
Notre survie dépend de notre capacité à changer de société de façon radicale, de mode de consommation et de vision de la politique. Dans le cas contraire, voir le paragraphe publicitaire qui précède…
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