Sarkozy, le chef désarmé
Le président de la République en exercice est-il le "chef des armées" ? Remplit-il le rôle que lui impose la Constitution ? Nous allons voir qu’il manque plutôt à son devoir et se montre en chef désarmé plus que "des armées" : réduction brouillonne et désordonnée du budget militaire, intégration de la France dans l’Otan et derrière les Etats-Unis. Mais si le président Sarkozy ne se pose pas en chef des armées, c’est aussi pour des raisons majeures qui tiennent à sa personnalité propre.
L’article 15 de notre Constitution fait du président de la République le "chef des armées". Mais dans la réalité, à l’examen de la pratique du pouvoir par Nicolas Sarkozy, on constate qu’il en va tout autrement. A plusieurs titres.
Sarkozy préfère la police à l’armée
Deux faits sont là pour le rappeler, l’affaire récente de Carcassonne qui a provoqué une démission fracassante et un émoi important chez la Grande Muette. Le défilé indécent des paras le 14 juillet devant le dictateur Syrien Assad qui refuse de regretter officiellement les assassinats des 58 parachutistes français au Liban en 1983 et qui pratique ouvertement le déni ou, si l’on préfère, le négationnisme.
Comme le fait observer François Bayrou dans Le Figaro du 9 juillet : "Il y a trois semaines à peine, à Beyrouth, on assurait aux Libanais : « Les coupables des assassinats seront punis »… Et le 14 juillet, à Paris, on va apporter au dirigeant syrien la reconnaissance internationale et son plein retour dans le jeu des nations ! Et cela sans qu’il y ait eu l’expression du moindre regret ou du moindre changement de ligne."
Mais par le passé, Nicolas Sarkozy s’est aussi maintes fois montré hostile aux militaires, s’opposant déjà lorsqu’il était ministre du Budget, en 2004, au financement des programmes d’armement. A cette époque, le chef de l’Etat était Jacques Chirac et ce dernier présidait, comme le dit encore l’article 15 de la Constitution, les conseils et les comités supérieurs de la Défense nationale. En ces occasions, Sarkozy ne manquait pas d’afficher son complet mépris des officiers en ne leur serrant pas la main. Et c’est un 14 juillet que le président Chirac, fâché, eut cette sentence péremptoire : "Je décide, il exécute". Depuis le ministre est devenu chef d’Etat, mais pas chef des armées et il décide ET exécute. Pour ce qui est d’exécuter, il exécute en effet ! Non content de ne pas honorer l’armée comme il se doit, il accuse à l’aveuglette son état-major de façon insultante (drame de Carcassonne). Sur le plan militaire, Nicolas Sarkozy et Hervé Morin se comportent comme des amateurs et pas comme des professionnels. Quand il fallait s’exprimer avec dignité, Sarkozy a montré son visage colérique et vindicatif que l’on connaît trop, perdant ses nerfs devant le drame qui exigeait de lui des propos de chef d’Etat et de chef des armées.
Sarkozy, plus superflic que chef des armées
L’ancien chef de la police a gardé des méthodes, des manières et des habitudes de superflic. Il n’a pas les militaires en affection et ne cache pas qu’il leur préfère les policiers.
Des manières de flics, Sarkozy en a ! Après la parution dans Le Figaro d’un texte contre le Livre blanc, Sarkozy espère obtenir les noms des coupables de cette opération salutaire de libre expression. Seulement voilà : la dénonciation n’est pas une pratique très prisée chez les militaires. Sarkozy aurait alors décidé de faire surveiller et démasquer les responsables par des policiers en civils, en l’occurrence la DST. C’est ce qu’affirme Le Nouvel Observateur.
De chef des armées à chef désarmé
Le rangement de la France derrière les Etats-Unis et dans l’Otan ôte à la France son indépendance de parole et désarme donc le chef de l’Etat français sur le plan de son aura internationale. La réduction mal pensée des moyens militaires réduira aussi le rôle de notre pays dans le règlement des crises internationales.
Nicolas Sarkozy et son apprenti sorcier de ministre taillent dans le budget de la Défense de manière autoritaire et bornée, au mépris des avis supérieurs et du sens tactique des têtes pensantes d’état-major. Mais aussi de façon expéditive et très brouillonne, ce qui révèle l’amateurisme de notre président et de son faire-valoir de ministre.
Nicolas Sarkozy se montre incapable de se poser en chef des armées comme l’exige la Constitution, incapable d’égaler sur ce point ses prédécesseurs. Pour faire bonne figure, il a déployé une stratégie de diversion médiatique : remises de médailles et amplification au maximum de l’effet Betancourt, invitations de chefs d’Etats arabes et énorme "buzz" - comme on dit aujourd’hui - autour de son super-gadget dénommé "UPM" comme pour bien marquer par cet acronyme la paternité clanique de cette initiative. Sarkozy est chef de clan UMP, mais... chef des armées ?
L’article 15 de la Constitution attend donc toujours son application malgré plus d’une année écoulée du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Amateurisme décidément...
Et si, avant de penser à réformer notre Constitution, vous commenciez par envisager de l’appliquer à vous-même, Monsieur le président ?
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