Sarkozy, monarque ou plutôt mère possessive ?
Au hasard d’un zapping, un échange entre une mère possessive et sa fille. Puis un bon mot de la psy et l’on comprend l’un des dysfonctionnements pervers de cette relation. La mère s’empare en quelque sorte du libre arbitre de sa fille et celle-ci finit par ne plus oser prendre une décision. Une étrange association d’idée me fit alors penser à Sarkozy.

N’y a-t-il pas quelques traits d’une mère possessive dans l’attitude de notre président ? Nous constatons en effet que depuis son élection, Sarkozy tend à s’occuper de tout, décider pour tout, comme s’il était notre mère protectrice. Sarkozy ne croit pas faire mal. Il est persuadé en fait que les Français sont incapables de prendre des décisions, de se réformer, alors il prend sous sa responsabilité les moindres détails des réformes, des mesures, comme si nous, Français, étions incapables d’aller de l’avant. Sarkozy ne déteste pas les Français, il les aime comme une mère possessive peut aimer sa fille, surtout quand elle lui obéit mais pas quand elle prend des initiatives personnelles à son insu.
Sur les forums, nous pouvons lire des témoignages de filles victimes des excès de leur mère. Par exemple, une jeune femme de 38 ans évoque le désarroi consécutif aux visites intempestives de sa mère qui se croit chez elle quand elle entre au domicile de sa fille. Sans doute, ce fait anodin vous rappellera un président qui décide d’aller où bon lui semble sur notre territoire, enfin, pas encore au domicile privé des gens parce que c’est interdit par la loi, mais disons qu’il privatise un espace citoyen. Si bien que lors des visites présidentielles, le centre ville devient un espace protégé par la police dont l’usage est réservé au président et à la cour qui l’accompagne.
Autre témoignage, cette fille dont la mère surveille le courrier, s’immisçant dans sa vie privée, scrutant ses fréquentations, presque comme une détective privée. Evidemment, la mère soupçonne sa fille d’entretenir des mauvaises fréquentations. Cela ne vous rappelle rien ? Certes, c’est un peu tiré par les cheveux mais la ministre MAM semble surveiller les gens de l’ultra gauche. Ceux qui ont croisé Julien Coupat peuvent s’attendre à passer un moment au poste, pour vérification. Mais bon, la grille d’analyse est-elle vraiment celle de la mère possessive ou plutôt celle de Surveiller et punir de Foucault ? En fin de compte, il est question d’un pouvoir exercé sur les autres et que ce soit en politique ou en psychologie, on trouvera des rapports de pouvoir, des autorités légitimes comme des abus, des dérives, des perversions. La mère possessive exerce un abus de pouvoir relevant de ressorts similaires à ceux du harcèlement moral ou même du fonctionnement sectaire, voire de la perversion narcissique. Et en politique ? Soyons raisonnable, même si des excès, des caractériels, des frasques, des abus sont présents, c’est disons, une chose banale mais, quelque part, comme ça devient répétitif venant de notre président, nous devons être attentifs.
Autre piste, courante dans les témoignages. La mère possessive qui défait le couple, tente de séparer sa fille de son mari. On ne sait pas trop pourquoi, peur d’être délaissée, désir d’avoir sa fille à ses côtés, désir d’avoir l’ascendant ? Ces pratiques sont connues. Il est question d’une emprise sur une personne. Comparable à celle du gourou face à ses adeptes. Et quelque part, le politique n’est pas loin du sectaire. Séparer quelques hommes de leur famille d’adoption, Besson, Kouchner récupérés dans le giron sarkozien. Un billet paru dans un grand journal allemand (Courrier international 20/05/09) trace un portait assez sévère de Sarkozy, l’homme qui se plaît à faire et défaire les carrières. Notre observateur allemand est fort étonné de voir notre président jouer avec les carrières bien au-delà de la sphère étatique ; tout en notant comme ressort important la fidélité au président. Il y a quelque chose de possessif chez cette femme politique, pardon, Sarkozy est un homme, mais quelque part, si mon analyse n’est pas si déplacée qu’on ne le croit, alors, nous pourrions voir une « dérive matriarcale » du pouvoir avec l’avènement d’un Sarkozy croqué en mère supérieure possessive. Drôle d’époque. Certes, notre pays est habitué à ce genre de situation. Mitterrand n’appréciait guère les trahisons mais c’était sur un mode aristocrate, avec les valeurs pas si éloignées et du reste, une trahison n’a rien d’une infidélité. Car la trahison est du domaine de l’esprit, l’infidélité du domaine de l’affectif. Avec Sarkozy, on dirait qu’un pas a été franchi. Il n’est plus question de trahison mais d’infidélité. Comme si Sarkozy entretenait un rapport possessif face à ses collaborateurs et autres administrateurs. Sarkozy qui confond parfois la fidélité et l’adhésion aux valeurs.
Les institutions de la République sont adaptées au style monarchique. D’ailleurs, celui qui en a épousé les contours fut Mitterrand. Comme dans les époques passées, Antiquité, Renaissance etc. les styles dégénèrent, se ramollissent. Il faut être borgne de l’esthétique pour ne pas voir la décadence dans le style presque informe de Sarkozy, un style matriarcal décomposé plus que monarchique. La question c’est le pourquoi. Car je n’ai évoqué que le comment, le style, le côté possessif du président.
Que se passe-t-il dans la tête d’une mère possessive ? Et dans la tête d’un président possessif ? Disons qu’il doit bien se trouver quelques points communs. Sans doute le ressort du sentiment géniteur. La mère a engendré sa fille, comme Sarkozy croit qu’il peut avoir un rôle de géniteur d’une France nouvelle, si l’on en croit son discours où il nous promettait un accouchement d’une France d’après. Autre point commun, la certitude de savoir ce qui est bon. La mère possessive décide à la place de sa fille, qu’elle considère comme incapable de libre arbitre. Ce qui est faux mais au final, la fille finit par s’en persuader. Avec Sarkozy, c’est un peu pareil, il décide au nom d’une infaillibilité matriarcale, comme s’il savait ce qui est bon et au final, les Français risquent de perdre leur sens de la décision et de la responsabilité. A moins que l’on ne renverse la séquence causale et qu’on convienne que les Français, du moins une bonne part des décideurs, élus, responsables, ait montré quelque difficulté à décider. C’est le cas dans bien des administrations et notamment, des universités où il est bien connu que le président ne fait rien d’innovant, pour ne froisser personne dans son personnel, ne pas faire de vague, ne pas troubler la tranquillité du panier de crabe, s’efforçant de ménager la chèvre et le chou. L’immobilisme dans toute sa fadeur !
J’espère ne pas m’être fourvoyé dans des spéculations gratuites et avoir livré quelques explication du pourquoi Sarkozy est au pouvoir. Mais la vraie question, c’est de savoir pourquoi nous sommes ensembles, pour quel dessein, pour quelle société, pour quels projets partagés et réalisés avec responsabilité individuelle mais aussi souci du collectif. Pourquoi Sarkozy ? Peut-être parce que les gens ne savent pas pourquoi ils ont intérêt et espérance à exister ensemble. Alors ils ont délégué la gouvernance à une « mère possessive ». Ah, ces Français, des possédés ! Dépossédés de leur dessein.
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