• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Sarkozy : une politique économique illisible, injuste et irresponsable

Sarkozy : une politique économique illisible, injuste et irresponsable

A trois “i”, trois “i” et demi. Au moment où le président de la république s’apprête à dévoiler les détails de son vrai-faux grand emprunt, les critiques se multiplient de tous bords contre sa politique économique. Sans aller jusqu’à dire que les “rats” commencent à quitter le navire, force est de constater que des centristes influents prennent discrètement leurs distances avec l’UMP. Très sévère, Newsweek dans un article du 28 novembre se demande si le président français comprend quelque chose à l’économie. Pas de quoi s’en réjouir. Le sentiment est plus à l’inquiétude.

Lancer un emprunt national c’est, à un moment donné s’interroger sur le regard que porte la communauté internationale sur la situation économique française. Certes, Newsweek n’est pas la bible mais son appréciation, même si elle n’est qu’une indication, mérite qu’on s’y arrête un instant.

Les deux premières phrases de l’article de l’hebdomadaire New-Yorkais donnent le ton :”Nicolas Sarkozy, connu pour la façon dont il phagocyte ses opposants et saute de droite à gauche, est l’un des esprits politiques les plus fins de sa génération. On ne peut en dire autant de sa compréhension de la chose économique.”

 La journaliste américaine, Tracy McNicoll, pose bien le problème. “La France fut l’un des premiers pays à émerger de la récession, grâce à son épais matelas de dépenses publiques. Mais ce faisant, le pays a accumulé une dette importante, et les modalités de son remboursement sont loin d’être claires.” (…) Le problème plus fondamental semble être l’absence chez Sarkozy de véritables principes économiques — l’opportunisme semble être à la base de la “sarkonomique”. “Lorsque la gauche traite Sarkozy d’ultralibéral, elle se trompe”, indique Jean-Thomas Lesueur, qui a dirigé l’étude de l’Institut Thomas More. “C’est un pragmatique. Mais le pragmatisme, c’est une bonne tactique, pas une stratégie”. Lesueur considère que Sarkozy dispose de la souplesse qui permet de remporter les batailles, mais qu’il est dépourvu de la vision personnelle qui définit, ou fait remporter les guerres, à l’instar de Ronald Reagan ou de Margaret Thatcher“.

Interrogés par Médiapart, Didier Migaud (PS) et Jean Arthuis (centriste), respectivement présidents de la commission des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, partagent globalement cet avis.

Didier Migaud évalue à près de 70 milliards d’euros les baisses de prélèvements décrétées par le gouvernement mais surtout que ces allégements ou exonérations socialement inéquitables et à l’efficacité économique souvent contestable ont gravement creusé les déficits publics et privent désormais notre pays de marges de manœuvre.

Le député de l’Isère dans les colonnes de Médiapart voit dans le grand emprunt une sorte de concentré de politique à la gribouille. “L’emprunt, c’est une modalité de financement, ce n’est pas une recette. (…)L’emprunt, il peut vous permettre de repousser les échéances, le moment de la facture, mais il ne repousse pas le montant de la facture. Et il n’allège pas le montant de la facture. Au contraire, il l’augmente. Et à un moment donné, il faut rembourser.”

L’action économique de Nicolas Sarkozy ne relève pas de la schizophrénie. Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. Nicolas Sarkozy lui en veut à l’état à ses services publics et ses fonctionnaires. Il organise à dessein, en tarissant les recettes et en multipliant les exonérations, l’insolvabilité de la puissance publique qui rendra incontournable les coupes sombres et les privatisations.

Didier Migaud rappelle à ce sujet qu’une recommandation de la Commission Pébereau, dont il était membre, “c’était de ne pas baisser les impôts tant que la situation de nos comptes publics ne s’était pas suffisamment rétablie.”

Un diagnostic largement partagé par Jean Arthuis , toujours dans les colonnes de Médiapart. L’ancien ministre des finances met plus les formes mais estime que la politique économique de Nicolas Sarkozy “gagnerait à être exprimée de manière plus claire” et s’inquiète d’une “explosion des déficits publics“, qui va encore être aggravée par un grand emprunt qu’il juge “très étonnant“. Pire le sénateur à demi-mots juge la politique économique du chef de l’Etat inefficace en déclarant que la France n’est “pas préparée à la mondialisation.”

Courageux, Jean Arthuis regrette avoir voté le bouclier fiscal, symbole d’une politique fiscale injuste, et s’avance même à reconnaître la nécessité de l’abroger. Il va au-delà et rejoint un certain … François Hollande en considérant que l’impôt et la répartition de la charge sur les citoyens sont au cœur du pacte républicain.

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.5/5   (16 votes)




Réagissez à l'article

15 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 15 décembre 2009 11:23

    On commence déjà à entrevoir les grands bénéficiaires de ce grand emprunt : les entreprises privées amies du pouvoir.
    Ainsi les investissement prévus pour l’installation du très haut débit vont booster les abonnements chez les opérateurs privés, dont Bouygues, le très grand ami.
    En passant au crible le reste de l’utilisation de ces 35 milliards, on devrait continuer de faire ce constat : l’argent du contribuable est finalement utilisé pour le profit des amis, entrepreneurs privés.

    Qui doute encore qu’un groupe mafieux soit au pouvoir ?


    • zvalief 15 décembre 2009 11:40

      injuste et irresponsable, c’est une évidence, en revanche je trouve sa politique parfaitement lisible : ce qu’il veut, c’est le démentelement de l’état selon le dogme libéral ; enfin pas complétement libéral, parce que sur d’autre domaine il est plutot très autoritaire ; avec toujours la même tactique : 1/ couper les moyens humains et financier des services publiques, 2/ demander plus à ces mêmes services publiques, 3/ parader devant la presse et les sarkozystes primaires pour venir expliquer que ces services sont incompétants et qu’il faut les supprimer et 4/ (la partie la mieux réussie) arriver à ce que ce soit le peuple lui-même (grâce à une bonne communication stigmatisante et mensongère) qui demande le démentelement de ces services.
      sarkozy mène une politique bicéphale parfaitement claire, il veut d’un côté une caste de nantis à qui tout serait permis (exemples : diminution et presque fin des prélèvements obligatoires, dépénalisation des affaires politico-financières...) et de l’autre une caste de « moutons travailleurs » pour qui par contre il augmente les taxes, les moyens de surveillance et la répression. bref une sorte de néo-feodalisme (avec l’aumone en moins), un stalinisme de droite.


      • Francis, agnotologue JL 15 décembre 2009 11:55

        Stalinisme de droite, c’est pas mal vu. Pour ma part, je dirais une sorte de stalinisme libre échangiste. Ou un keynésianisme mal compris, sorte de Robin des bois des riches, qui pille les classes moyennes mais « c’est pour leur bien parce que les riches créeront une demande de produits de luxe, et c’est bon ça, pour notre industrie française qui comme chacun sait, excelle dans ce domaine » (!).


      • Francis, agnotologue JL 15 décembre 2009 11:46


        Très bon article. Sarkozy n’est pas libéral, il est pragmatique, je dirai même : opportuniste. Mais « Nicolas Sarkozy en veut à l’état à ses services publics et ses fonctionnaires. » Et en cela il rejoint les pires libéraux. Nous avons Ni Ni (ni visionnaire, ni conservateur), ou si l’on préfère, Et Et ( libéral et dirigiste). Disons que c’est Oui Oui (Oui à la fête, oui à la gabegie).

        Ce matin, Valérie Pécresse s’est entendue dire qu’elle mélangeait capital et flux financier par un mathématicien dont j’ai oublié le nom, sur France inter. J’aimerais qu’elle m’cxplique l’intérêt de la manip qu’elle défend et qui consiste à emprunter 10 milliards (à quel taux ?) et de les placer à 4% (!) pour pouvoir affecter 400 millions à quelques universités privilégiées.


        • Daniel Roux Daniel Roux 15 décembre 2009 12:22

          Reagan était un pantin dont les ficelles étaient tenues par d’autres. Il était incapable de se concentrer plus de 3 heures dans une journée. C’est son gouvernement qui est à l’origine des déréglementations qui ont conduit à la ruine de nombreuses entreprises. C’est encore son gouvernement qui a favorisés les délocalisations massives vers la Chine (sous l’impulsion discrète de Kissinger). C’est donc à son équipe que l’on peut attribuer l’origine de l’appauvrissement massif de la classe moyenne et l’effondrement actuel de l’occident.

          Thatcher, était une mono maniaque anti syndicale, anti peuple, anti-social, admiratrice de Reagan, qui a conduit son pays au bord de la guerre civile. Elle faisait si peur que ses amis ont fomenté un complot pour s’en débarrasser. Les résultats de sa politique de destruction industrielle, dont son pays ne s’est jamais remis, apparaît aujourd’hui : la ruine à court terme.

          Sarkozy n’est pas un pragmatique. C’est un psycho rigide excité mélange de Reagan pour ce qui est de la capacité à gouverner et de Thatcher, pour sa haine du social. Il décide à l’emporte pièce, sans étude d’impact préalable, afin d’atteindre le but que ses sponsors lui ont assigné, en finir avec le modèle Français et l’indépendance gaullienne.

          Comme Balladur l’avait initié, avec la complicité active de Sarkozy, la ruine du pays est un but politique, voulue et organisée. Non seulement, cela discrédite l’Etat Français mais en plus, cela érige un obstacle pratiquement insurmontable à la reconstruction d’une société, telle que la majorité la souhaite, du moins je l’espère, solidaire, égalitaire, humaniste.


          • Gavroche Gavroche 15 décembre 2009 15:35

            Encore une fois bravo Daniel. Ta pertinence est excellente.

            Et merci à Henry Moreigne pour cet excellent article


          • Marc.M Marc.M 15 décembre 2009 13:03

            Avec l’affaiblissement de l’administration en rognant les budgets pour réduire les performances par suppression des moyens techniques et humains, cet emprunt est l’ouverture d’un sabord de plus pour couler l’Etat. Il ne restera plus qu’à brader l’épave à l’encan au plus offrant des Pieds Nickelés du CAC40. La défense à Lagardère, les infrastructures à Bouygues, l’enseignement à Pinault, les transports à Bolloré, la justice à Arnaud, la santé à Sanofi, le tourisme à Accor, la pêche et l’agriculture à Carrefour.

            Pendant l’ancien régime ( qui est en train de devenir le Nouveau Régime ), ça s’appelait le fermage. La Révolution l’avait aboli. Merci Mr Sarkozy de prendre tant de soins de la Republique.


            • Cug Cug 15 décembre 2009 13:28

               Au départ, en 2007 avant son élection Sarko est un néo-libéral sauce Tatcher, Reagan, Bush, bref à l’anglo-saxonne, je pense même que les anglo-saxon par oligarchie financière interposée l’on appuyé pour prendre la tête de l’Etat français.
              Cependant il n’est qu’un rouage (français) et à ce titre personne ne l’a mis au parfum de la déconfiture financière US ... à présent il tente de rebondir mais il n’en a pas les capacités intellectuelles qu’elles soient sociales ou économiques.

               Sarko c’est un jeune loup aux dents très longues de Neuilly choisit par l’oligarchie financière, c’est tout. 
               
               Avec la crise du néo-libéralisme anglo-saxon il n’a plus de raison d’être politique, c’est ainsi que désespérément il tente malgré tout d’appliquer le programme pour lequel il est devenu président de la république française, briser et détruire ce qu’il reste d’Etat et de service public afin de mettre la France au service exclusif de l’oligarchie financière ... mais la crise ne lui facilite pas la tâche et les décideurs anglo-saxon ont d’autres chats à fouetter en ce moment que de s’occuper de la France ... le roi est nu, seul, du coup il navigue à vue sans boussole, quasiment sans équipage compétent et en plus il ne sait pas se repérer aux étoiles ...

               Les anglo-saxons ont placé Lagarde pour le surveiller en attendant .... mais rien n’annonce que la crise sera finis avant 2012 ... du coup Sarko c’est dorénavant une erreur de casting, qui échappe au contrôle, que la droite va devoir remplacer au plus vite si elle ne veut pas perdre trop de terrain électoral.

               Sarko c’est un avocat d’affaire, aucunement un gestionnaire avisé d’une nation, voir d’un Etat.
              Souvenez vous qu’il voulait développer le crédit hypothécaire, type subprime, en 2007 lors de la campagne présidentielle. Cela prouve au moins deux choses.
               1/ Qu’il n’entend rien de rien à l’économie et à la finance.
               2/ Que les décideurs de l’oligarchie ne l’avait pas mis au parfum de la crise qui allait éclater au grand jour quelques mois plus tard ...

               Sarko c’est de la politique show biz, du médiatique, du bling bling voir un système mafieux à la sauce US.


              • Gavroche Gavroche 15 décembre 2009 15:42

                Ok cug c’est un pantin, un rouage, .......MAIS

                ne serait ce pas là que la partie visible de l’iceberg. N’est il pas à cette place pour poursuivre les dessins des gros financiers américains (pour ne pas dire le nom qui fâche) et en alourdissant la dette, nous livrer à l’oligarchie de ces « financiers »


              • Bardamu 15 décembre 2009 13:34

                Certains prêtent encore à tort de l’intelligence à Sarkozy, confondant dangereusement la force que procurent le cynisme doublé d’un manque total de scrupules, avec celle de la réflexion.

                Et quand le pitre nous aura mis dans la pire des panades, je pense qu’ils seront alors beaucoup moins nombreux à lui reconnaître quelque talent.
                A mon avis, tous s’accorderont à dire qu’ils avaient pressenti l’échec, ce depuis le début, et se presseront d’aller croire en d’autres fadaises !

                Historiquement, le tartufe a toujours eu raison, qui retourne sa veste, qui retourne sa veste...

                Personnellement, je ne crois pas en un deuxième mandat possible pour l’idiot en chef, car le château de cartes qu’il a édifié depuis son intronisation se sera d’ici là écroulé !
                Il sortira d’une Histoire qu’il n’aura pas même eu le temps d’investir, le garçon, et ceci par la petite porte.
                Louis XVI et Marie-Antoinette finiront leurs jours aux Etats-Unis peut-être, et sûrement pas ensemble !


                • Gavroche Gavroche 15 décembre 2009 15:46

                  TOUT A FAIT. Je te plusse plusse comme on dit sur les forums. Bravo


                • Bardamu 15 décembre 2009 17:25

                  Ah ça ira, ça ira !


                • tvargentine.com lerma 15 décembre 2009 13:36

                  Comme si la presse anglos saxonnes avaient toujours portées la France dans son coeur  !

                  Je me rappelle du même genre d’articles en 1983 sur Mitterand

                  Pourquoi vous servez vous des anglos-saxons pour parler de la politique française

                  Si l’opposition n’existe pas en France,c’est que les français ne se reconnaissent pas dans le peu de projet de société qu’elle propose

                  http://www.tvargentine.com
                   


                  • Bardamu 15 décembre 2009 13:49

                    Peut-être, cher Lerma, parce que seul le martien (Micromégas) ou le huron de Voltaire... bref, l’homme de l’étranger, sont à même de dénoncer justement le monde.

                    Celui qui est enfermé en sa caverne platonicienne continue, quant à lui, de s’illusionner des figures projetées sur le mur -ici, sur nos écrans de télé.

                    Les médias français étant bel et bien enchaînés intra muros, la seule dénonciation possible vient de l’extérieur désormais : CQFD !


                  • Peretz Peretz 15 décembre 2009 18:39

                    Toujour de la poudre aux yeux. Pendant qu’on parle de cet emprunt, idée fantatistqiue à laquelle le bon peuple qui continue à l’apprécier (40% ?), ne comprend pas grand chose, on ne parle pas de choses qui fâchent. Il n’a que ça en tête, tenir le coup jusqu’en 2012. De l’électoralisme 100%. ! Je me demande s’il croit lui-même à ce qu’il dit. Dans le temps on appelait ces vendeurs de camelote sur les marchés, des bonimenteurs...www.voixcitoyennes.fr

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Henry Moreigne

Henry Moreigne
Voir ses articles







Palmarès