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Sauver l’école ou les apparences ? Une lettre interne qui accuse l’administration de l’Éducation nationale

Pour l’administration de l’Éducation nationale, ce ne sont pas les résultats qui fournissent matière à statistiques, mais les statistiques préalablement établies qui déterminent les résultats.

 
On le soupçonnait déjà, dira-t-on ! C’est vrai ! On le déduisait de comportements divers, comme ceux observés en commission d’examen : pour obtenir un pourcentage voulu de reçus, on jouait entre examinateurs à ajouter, selon les coefficients des disciplines, des points supplémentaires aux candidats en dessous de 10 /20 pour leur faire atteindre artificiellement la moyenne de l’admission. Ou encore on baissait à volonté la moyenne jusqu’à l’obtention du pourcentage de reçus fixé d’avance.

La lettre d’un inspecteur d’académie à un principal au ton comminatoire

Mais, sauf erreur, on ne connaissait pas de document écrit qui fournît le mode d’emploi impératif de cette politique insensée. C’est désormais chose faite depuis la publication dans le numéro 2 de juin 2008 de la revue de l’ACOP (Association des Conseillers d’orientation psychologues de France) d’une lettre de l’inspecteur d’académie de la Haute-Saône, datée du 21 mars 2008, qui s’en prend avec une rare violence au principal du collège de Jussey. On la lira en note ci-dessous (1).

On ne peut qu’être frappé par son ton comminatoire, sa redondance volontairement blessante de formules autoritaires qui ne souffrent pas de réplique : « Je vous demande expressément, fulmine l’inspecteur … Il est hors de question … Je vous enjoins de … Le taux ne dépassera pas … Ce taux atteindra … Je précise, si besoin était, que ces minima constituent une injonction de l’inspecteur d’académie… ».

Mais quel est donc le crime commis par le malheureux principal ? Il ne s’est tout simplement pas conformé aux quotas préalablement fixés par l’inspecteur d’académie : ainsi le taux de redoublement des élèves de 6e en juin 2007 a-t-il été de 9,6 % dans son collège quand il était de 5,7 % dans le département, soit « près du double », tempête l’inspecteur qui lui fixe 7 % pour juin 2008. En 4e, c’est encore pis ! Le taux est « de quatre fois supérieur au taux départemental ». Il ne devra donc pas dépasser cette fois 10 %, tonne l’inspecteur. Quant au taux de passage des élèves de 3e en 2de générale et technologique, il n’est que de 48,1 % quand la moyenne du département est de 60,6 %. L’inspecteur en exige immédiatement 55 % !

Une administration seule au centre de l’École

On ne saurait mieux illustrer le mal dont souffre l’Éducation nationale. Elle est malade de son administration attachée à se mettre elle-même au centre de l’École, en lieu et place du savoir et de l’élève. Ce qui lui importe avant tout c’est de présenter l’image avantageuse d’une institution qui diffuse efficacement le savoir avec des taux de réussite honorables pour susciter approbation et même félicitations. Seulement, cette lettre montre l’envers du décor : sous des apparences flatteuses, la réalité est moins rose. Et puisqu’elle ne répond pas aux attentes administratives, qu’à cela ne tienne ! L’administration en livre une représentation falsifiée : les statistiques sont dopées, truquées, fixées d’avance quoi qu’il en coûte. Et qui peut douter qu’il en coûte la qualité du service public d’éducation ? Car que signifie diviser par deux les taux de redoublement ou de fixer des quotas obligatoires de passage en seconde sans se référer le moins du monde au niveau atteint par les élèves ? Cette lettre d’inspecteur d’académie révèle ainsi quatre moyens mis en œuvre pour la ruine de l’École publique.

1- Savoir, travail et intérêt de l’élève discrédités

Il est d’abord aisé d’en déduire que ce n’est pas le niveau de savoir de l’élève qui importe, puisque les quotas imposés ouvrent automatiquement les portes de la classe supérieure à certains élèves, même s’ils n’ont pas les connaissances minimales requises. La leçon n’échappe pas aux élèves  : ils savent que, dans cette École-là, il n’est pas besoin de travailler pour « passer  » ; les 12 % qui séparent le collège de Jussey de la moyenne du département de la Haute-Loire finissent par faire du monde. Le discrédit est donc jeté sur le travail et le savoir.

Il y a pis. Qu’un élève soit ainsi balancé dans la piscine sans savoir encore nager et soit donc promis à la noyade, l’administration s’en moque pourvu que le taux de passage, qu’elle brandit, lui vaille les applaudissements. L’intérêt de l’élève n’est donc pas davantage la préoccupation de cette administration. Seuls l’intéressent les quotas qu’elle fixe arbitrairement, et le narcissisme de ses membres soucieux de conserver leurs avantages.

2- Les professeurs discrédités

Il découle de ce désintérêt pour le niveau de l’élève que le conseil de classe peut n’avoir aucune importance : l’administration s’en tamponne le coquillard ! Il n’a qu’un pouvoir consultatif. Le discrédit est cette fois jeté sur le corps professoral. L’inspecteur rappelle justement au principal que le "pouvoir décisionnel" lui appartient et qu’il peut à volonté suivre ou non les avis des conseils de classe pour satisfaire aux quotas qui lui ont été fixés.

3- Une administration de valets sans conscience

Le ton autoritaire de cette lettre lève, d’autre part, le voile sur le type de relations qui s’instaure au sein de la hiérarchie, dès lors que l’échelon inférieur ne se conforme pas aux ordres. Ne peut-on pourtant comprendre l’attitude du principal de Jussey ? Soucieux de l’intérêt de ses élèves, il a cru pouvoir, avec les avis des conseils de classe, répartir le flux des élèves sans tenir compte de quotas ni de moyenne départementale. Tant pis si son collège est en dessus ou en dessous des moyennes départementales ! Ce qui compte pour lui, c’est l’intérêt des élèves. Il s’agit donc bien d’une objection de conscience qui mérite le respect. Mais sa hiérarchie n’en a cure ; elle entend qu’il obéisse au doigt et à l’œil sans état d’âme ! Il lui faut se soumettre ou se démettre.

On comprend dès lors que ne peuvent rester dans la fonction que des valets sans conscience pour faire les sales besognes qu’on exige d’eux. On l’avait déjà deviné à voir aussi le niveau culturel de recrutement de certains chefs d’établissement qui connaissent si mal leur langue maternelle. Dans un établissement d’éducation, c’est tout de même un comble ! Mais des individus incultes sont moins exposés aux problèmes de conscience et sont surtout reconnaissants à leur hiérarchie de les avoir élevés, malgré leur indignité.

4- Un univers d’aliénation

Enfin, quand un individu s’affranchit de la réalité pour lui substituer ses désirs et ses fantasmes, il ne manque pas d’inquiéter son entourage. Ne parle-t-on pas de folie ? Qu’en est-il quand une administration organise une représentation de la réalité à sa convenance, qui apparaît au seul bon sens très éloignée de la réalité ? Dans quel univers contraint-elle ses membres à vivre ? C’est elle qui détermine selon son caprice ce qui est bien et ce qui est mal, fût-ce en contradiction avec le sens commun ; elle peut inventer à sa guise des fautes de service pour sanctionner le récalcitrant et appeler folie ce qui est raison et inversement raison ce qui est folie. À quel désastre pareille aliénation collective ne prépare-t-elle pas ?

C’est bien le diagnostic qu’invite pourtant à formuler la lettre de cet inspecteur d’académie soumis lui-même sans doute aux mêmes oukases que lui intiment les échelons supérieurs. Or une institution est en péril, quand son administration délire, c’est-à-dire qu’elle prétend plier la réalité à ses désirs jusqu’à la falsification. Cette administration n’est au service ni du savoir ni de l’élève ni des professeurs, mais d’elle seule pour la plus grande satisfaction d’une oligarchie qui y voit sans doute une des méthodes capables de ruiner le service public de l’Éducation dans l’attente d’une privatisation. Un rapport de 1996 de l’OCDE, dont on a déjà parlé sur Agoravox, intitulé d’un euphémisme volontairement abscons « La Faisabilité politique de l’ajustement  », (2) en indique le mode d’emploi pour éviter la révolte des citoyens que cette ruine ne manquera pas de frapper. Paul Villach

(1) Voici la lettre de l’inspecteur d’académie de la Haute-Loire au principal du collège de Jussey, publiée par le N° 2 de la revue de l’ACOPF de juin 2008.
 « Vesoul, le 21 mars 2008,
 Monsieur le Principal,
Conformément aux objectifs qui vous ont été assignés à votre arrivée au collège de Jussey, je vous demande expressément de bien vouloir corriger dès cette année scolaire les taux de redoublement.
Il est hors de question que ce taux pour les élèves de 6e soit près du double du taux départemental observé en juin 2007 (9,6 % contre 5,7 %).
Je vous enjoins d’user de votre pouvoir décisionnel pour faire en sorte qu’à l’issue de cette année scolaire, il redescende pour le moins à 7 %.
Le taux de redoublement en fin de 4e est plus de quatre fois supérieur au taux départemental. Il ne dépassera pas 10 % pour la présente année.
Enfin le taux de passage des élèves de 3e en seconde générale et technologique est de 48,1 % alors que celui du département est de 60,6 %.
Ce taux atteindra obligatoirement pour le moins 55 %.
Je précise, si besoin était, que ces minima constituent une injonction de l’inspecteur d’académie qui s’applique à tous les personnels de votre établissement
. »

(2) Paul Villach, « La Casse du Service public d’Éducation est bien programmée depuis 1996 par l’OCDE », Agoravox, 28 mars 2008


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29 réactions à cet article    


  • gilles gilles 8 septembre 2008 13:42

    excellent article qui analyse un mal bien français.
    plus de 30% du budget de l’état, la plus grande structure du monde avec plus d’un million trois cent mille personnes dont près de 850 000 enseignants (hors enseignants du privé) et hors budget de la formation professionnelle (50% du budget) que cette vénérable institution avait refusé en son temps à jacques DELORS.
    30% des élèves admis en 6° qui ne comprennent pas ce qu’ils lisent dont la moitié d’illétrés et donc socialement définitivement condamnés.
    L’autorité c’est à ,dire le pouvoir d’imposer sa vision dans une discippine donnée n’appartient et ne peut appartenir qu’aux enseignants et à eux seuls.
    l’échec global de notre vénérable institution est un fait avéré malheureusement, il serait pire encore sans le dévouement de la majorité des enseignants et de la mission dont ils se sentent toujours investis.


    • anny paule 8 septembre 2008 16:12

      Excellent, comme d’habitude ! Article qui apporte la preuve qui manquait à ce que chacun de nous savait, ou du moins, subodorait...

      C’est certain que nombre de chefs d’établissement ont été de piètres enseignants et que c’est leur nullité-même qui les a "haussés" dans la hiérachie ! C’est sûr que l’ouverture de tels postes à des personnes étrangères au système éducatif n’arrangera pas les choses ! Mais, il faut "être moderne" , n’est-ce pas ! gérer nos établissements scolaires comme des entreprises ! C’est donc à grands coups de statistiques "foireuses", de chiffres et de formules qu’est "pensé" l’avenir de notre jeunesse ! Où est l’humain, là derrière ? Où est l’humanisme ? Où est l’avenir même de notre pays ? ... Qui sera capable de "mettre les pieds dans le plat" et de dénoncer publiquement un tel état de faits ?

      Ce qui est remarquable, là-dedans, c’est qu’à force de donner davantage de pouvoirs à des incompétents, les énergies réelles (et Dieu sait s’il y en a dans l’institution !) finissent par baisser les bras, et que ce sont nos enfants qui en font les frais. C’est le système hiérarchisé dans son ensemble qu’il faut remettre à plat, c’est l’Administration (avec un grand A) qu’il faut balayer... Au lieu de supprimer des postes de professeurs, s’il y a des suppressions à faire, c’est là-dedans ! En plus, nous ferons des économies ! (Car ils sont grassement payés, les bougres !)

      C’est grave, c’est excessivement grave, Docteur ! 


      • Bobby Bobby 8 septembre 2008 20:21

        Bonsoir,

        Très bon article ! Moi, je découvre ! et je me dis "pôvre France" !... le "principe de Peter" devient donc la règle ? ... et l’on peut présumer que ce n’est pas un monopole !

        Excellents commentaires également, particulièrement d’anny paule.

        ... des "plus" bien évidemment.

        Bien cordialement

        Bobby


      • nihalem 8 septembre 2008 16:16

        Autant sur l’article je suis d’accord, autant sur la date 1996 et le coupable l’OCDE, me paraissent fumeux. Le vers administratif était dans le fruit bien avant (cf L’étrange défaite de Marc Bloch), la méthode globale date aussi de bien avant 1996, quoique plus récente déjà.

        Bref, comment voyez-vous le lien de causalité ?


        • chmoll chmoll 8 septembre 2008 16:43

          pas mal "d’écoles primaires" sont de véritables usines qui construisent de futur chomeurs


          • Yannick Harrel Yannick Harrel 8 septembre 2008 17:54

            Bonjour,

            Merci pour votre article qui lève le voile sur une pratique que l’on soupçonnait très fortement.

            Du reste, lorsque l’on réfléchit par quotas pourquoi être surpris de telles injonctions ? Il y a quelques semaines je m’étais justement posé la question quant à l’intérêt de river son regard sur les chiffres de nouveaux bacheliers tout en m’interrogeant sur la qualité inhérente d’un tel diplôme délivré aux masses sans réelle contrôle des connaissances. Faut-il naïvement croire que de tels chiffres sont un réel indicateur de la bonne santé éducative d’un pays ?

            Cordialement


            • jkw 8 septembre 2008 18:14

              haro sur l’école ! objectif :

              1/ revoir l’enseignement de l’économie : de manière à convaincre les étudiants ignares que la politique économique conduite par Sarko - Parisot est la seule valable !

              2/ faite en sorte qu’il y ait plus de cancres maléables ....

              3/ ficher tout ceux qui ne pensent pas UMP...

              c’est formidable ces approches dictatoriales !

              Lagarde avait dit qu’il fallait arrêter de penser je crois... nous y sommes ! cela dit je crois qu’elle ferait bien de revoir ses cours d’économie !

              La pauvre ! elle dont sarko disait autant de bien......


              • Céphale Céphale 8 septembre 2008 18:52

                L’orientation et la sélection sont, avec l’éducation, les grandes missions de notre Education nationale. Un système centralisé est extrêmement lourd, mais il présente l’avantage, du moins en théorie, de préserver l’égalité des chances. Dans un pays comme la Grande Bretagne qui compte autant d’établissements publics que privés, où tous les établissements sont mis en concurrence, et où le certificat de fin d’études secondaires est une fumisterie, les riches sont favorisés, certainement beaucoup plus favorisés qu’en France.

                Les services centraux de l’Education nationale cherchent à harmoniser les processus de sélection, c’est tout à leur honneur, mais ils s’y prennent mal. La méthode des quotas est mauvaise. Il faut trouver autre chose. Problème très difficile.


                • Dolores 8 septembre 2008 19:32

                  Dans le primaire, les méthodes sont encore plus insidieuses et plus perverses
                  que la lettre dont vous faites état.

                  Jospin, ministre de l’Education Nationale, a fait une réforme pour "moderniser" l’Education.
                  Le plus souvent "moderniser" aujourd’hui signifie faire des économies, et redoubler une classe signifie que le redoublant va donc doubler la dotation qui lui est alloué par l’état pour une même classe, ce que l’on veut éviter.

                   La "reforme" Jospin a créé 3 cycles dans le primaire et il n’ y a pas de redoublement à l’intérieur d’un cycle, et à la fin de ce cycle le redoublement doit être exceptionnel.
                  En fait on permet qu’un élève traîne derrière lui 2 ou3 ans de lacunes qu’il ne pourra pas rattraper ou alors très difficilement.

                  Pour rendre les redoublement difficiles ont joue sur 2 tableaux : - 1) sur l’affectif auprès des parents ( la séparation d’avec les camarades, les sentiments d’échec et d’infériorité de l’enfant etc...) et on leur donne la possibilité de recours auprès de l’Inspection d’Académie pour casser la décision des instituteurs ;

                  - 2) sur les démarches et contraintes administratives imposées aux instituteurs pour les dissuader de vouloir un redoublement.

                  Certains parents, qui ne pensent qu’à la souffrance possible de leur enfant et qui ne voient pas plus loin dans l’avenir que la prochaine rentrée scolaire, s’opposent au redoublement.
                  Quand les parents sont d’accord pour que leur enfant redouble, l’instituteur va devoir concevoir un "Projet "
                  d’éducation et le soumettre à l’Inspection Académique étant bien entendu que l’enseignement ne devra pas porter sur ce qu’il a déjà acquis, ce qui est le plus souvent difficile à déterminer.
                  Si le projet est accepté, il donnera lieu à un " Contrat " approuvé par l’Inspection et auquel il faudra se tenir.
                  Ce n’est pas aussi simple dans la pratique qu’il y paraît dans la théorie.

                  Souvent le redoublement est remplacé par du " soutien".
                  L’instituteur qui en est chargé vient chercher l’élève dans la classe pendant un cours : il n’est pas assuré que pendant ce soutien il comble une lacune, mais assuremment il en créera une nouvelle en n’assistant pas à la leçon en cours quand on vient le chercher.

                  Ce qui aboutit à environ 30% d’enfants qui ne pourront pas suivre correctement une classe de 6° à leur sortie du primaire.

                  Ce qui se passe dans le secondaire est simplement la suite de ce qui se passe dans le primaire quand on empile des réformes sans se soucier de ce qui se passe en amont.














                  • Anarchasis 8 septembre 2008 20:46

                    Comme ça, ce sercet de polichinelle est désormais également connu de ceux qui haussent les épaules croyant qu’il s’agit d’un mythe... 

                    Pour ceux qui ont la possibilité : sortez vos enfants de l’école et instruisez les vous mêmes. Beaucoup le font et les résultats sont excellents : des enfants épanouis, intéressés, curieux, motivés, qui ont le goût d’apprendre. Ils passent le Bac en candidat libre (ce fut mon cas) et on n’a pas besoin d’école.

                    Le principal rôle de l’école, comme le disait un grand physiologiste, est d’inculquer faits et réponses afin que les enfants n’aient plus de question.

                    Contrairement à ce que l’Education nationale cherche à faire croire par la désinformation, en France l’école n’est pas obligatoire ; l’instruction l’est.

                    L’article L.131-2 du code l’éducation (1882) précise : « L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix ».

                    "Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants"
                    (Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948, article 26.3)

                    Ce n’est ni l’école, ni les apparences qu’il faut sauver, mais les enfants.


                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 8 septembre 2008 21:09

                      Article bienvenu qui appelerait une réflexion de la part de nos hommes politiques.
                      Il ne s’agit pas de faire dans l’ad hominem.
                      Les inspecteurs ne font, j’imagine, que ce qu’on leur demande de faire, dans des formes qu’ils croient pouvoir s’autoriser en raison d’une vieille tradition autoritariste qui se perpétue comme si de rien n’était.
                      Heureusement, j’en connais pas mal qui savent se tenir à l’écart de ces archaïsmes.
                      Quoi qu’il en soit, c’est toute la structure de l’autorité dans l’éducation nationale qui serait à repenser.
                      Du haut jusqu’en bas.
                      Car encore trop souvent les enseignants reproduisent l’exemple que l’administration leur donne de l’autorité avec leurs propre élèves
                      Je crois que la règle n°1 devrait être le respect réciproque garanti à tous les étages. Celui qui vient tout naturellement quand c’est l’esprit de la démocratie qui domine.


                      • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 8 septembre 2008 21:51

                        Le probleme c’est la societe et encore une fois les moutons ce ruent sur le chiffon rouge du "mamouth" !!!!

                        Etudié l’evolution des moyens et des resultats obtenus depuis les annés 80 , l’education est de mellieurs qualité , ceci est indeniable.
                        Par contre la qualité de vie des eleves , la qualité de l’enseignement des valeurs republicaines en dehors de l’ecole ne fait que se degrader.............



                        • Jean Lasson 8 septembre 2008 23:19

                          Bonjour Paul,

                          Excellent article et preuve bienvenue. Le dossier sur le sabordage de l’Education nationale s’alourdit.

                          J’aimerais bien que soit publié ici le nom de l’inspecteur d’académie, auteur de cette lettre comminatoire. Cela ferait peut-être réfléchir les valets sans conscience qui se permettent de telles outrances...

                          Donc, M. Mokhtar KACHOUR est-il bien l’auteur de la lettre que vous citez ?


                          • Paul Villach Paul Villach 9 septembre 2008 09:54

                            Bonjour Jean,
                            Non, si j’en crois la signature reproduite au bas de la lettre, il se nommerait Jean-Louis Brison.

                            Mais qu’importe l’individu ! Combien de ses semblables sont capables de signer une pareille lettre ? Dans la fonction, ou ils se soumettent ou ils se démettent. Mais la soupe est trop bonne pour se laisser abuser par sa conscience. Étonnons-nous que l’École aille si mal avec ces valets sans conscience ! Quelle exemple d’éducation donnent "ces éducateurs" !

                            En réalité, je pose mal le problème. Stanley Milgram, dans "Soumission à l’autorité" (1974), enseigne que ces individus - entrés dans "l’état agentique" - abandonnent tout contrôle des ordres reçus de l’autorité : ils ont su réorienter leur sens moral en faisant de l’autorité le magistère qui décide du bien et du mal. Alors, quand ils obéissent, ils sont soulagés : ils ne peuvent faire que bien. C’est bien connu ! Une autorité ne saurait être malveillante. C’est ce qui donne les Papon et autres tristes sires qui répondaient en choeur devant le Tribunal de Nuremberg : "Je ne suis pas resposnable, j’ai obéi aux ordres !". L’Histoire tragique de ces 70 dernières années n’a décidément servi à rien. Paul Villach


                          • Arnes Arnes 9 septembre 2008 09:39

                            Excellent article !

                            450000 non enseignants pour 850000 enseignants dans l’education nationale !!

                            Ces chiffres resument la faillitte du systeme : dans n’importe quelle organisation, lorsqu’on accroit la structure au detriment des actifs, il y a sclerose et innefficacite croissante :

                            pour gagner les epreuves olympiques d’aviron, il ne faut pas augmenter le nombre de barreurs au detriment des rameurs !



                            • Leila Leila 9 septembre 2008 13:42

                              @Arnes

                              Bien d’accord avec vous. J’ajoute un chiffre. 850.000 enseignants pour un million et demi d’élèves, ça fait des classes autour de 15 élèves. Je n’en connais pas beaucoup, des classes de 15 élèves. On me dira qu’au collège il y a plusieurs profs par classe, OK mais chaque prof fait plusieurs classes. 

                              Conclusion : parmi les 850.000 enseignants il y en a beaucoup qui se tournent les pouces.


                            • Francis, agnotologue JL 9 septembre 2008 10:50

                              Au risque d’être hors sujet sur cet excellent article, il me semble opportun de signaler une ’info’ diffusée à une heure de grande écoute sur une radio nationale.

                              S’agissant du procès concernant les sur-irradiations de Toulouse, ou de Forbach, ou d’Epinal (il y en a tellement smiley ), le journaliste disait : "les médecins exerçaient sans contrôle de l’administration".

                              Vous je ne sais pas, mais moi je ferais davantage confiance à un médecin pour ma santé, quant à l’administration de l’hôpital ou de la clinique, je lui ferais confiance si j’avais des actions dans l’affaire.


                              • Francis, agnotologue JL 9 septembre 2008 17:09

                                Le commentaire de Docdory ci-après confirme mon post : si l’administration de l’hopital (clinique) trafiquait les statistiques en questions, la côte de l’établissement en serait renforcée, et par conséquent son CA, et donc sa rentabilité !


                              • docdory docdory 9 septembre 2008 16:00

                                 Cher Paul Villach
                                On n’ose à peine imaginer le tollé qui ne manquerait pas de se produire si un inspecteur de la santé publique enjoignait à un hôpital public de modifier à la baisse le chiffre de ses infections nosocomiales et opérations ratées ! C’est pourtant exactement la même chose ... Tout simplement accablant . A quand le limogeage de cet inspecteur ? Je crains qu’il ne faille attendre les calendes grecques !


                                • jak2pad 10 septembre 2008 02:52

                                  L’ Education "Nationale" en France a encore de beaux jours devant elle, tout simplement parce que personne n’a la moindre idée de par quoi la remplacer....

                                  L’article est intéressant, et me paraît véridique, connaissant bien deux ou trois Rectorats. Ce sont des lieux de double-langage,et l’intérêt de l’élève, hautement proclamé, y compte totalement pour du beurre

                                  par contre, les enseignant, majoritairement de langue gaucho comme diraient les Argentins, arrivent assez bien à pousser leurs gosses, mais souvent vers des voies assez illusoires, comme le célèbre Sciences-Po, fantasme franchouillard généralisé de l’enseignant frustré qui rêve de pouvoir et d’aisance matérielle pour sa progéniture

                                  j’ajouterai qu’en Angleterre, si les riches sont favorisés, le pays dans son ensemble est nettement plus riche que le nôtre....on peut se demander pourquoi : est ce l’oeuf qui précède la poule, ou la poule qui précède l’oeuf ?

                                  en tout cas notre système scolaire présente l’avantage redoutable et incontesté d’être une machine très performante pour fabriquer de l’échec à la pelle ( 130.000 analphabètes paresseux non-diplômés par an)

                                  qui dit mieux, à par le ZaÏre ?


                                  • frédéric lyon 10 septembre 2008 03:39

                                    L’Education Nationale est un système soviétique. Il faut "faire" le Plan et dépasser l’Amérique. Donc tous les chiffres sont truqués.

                                    Tous les chiffres sont truqués et tout le monde est content. La réalité ? Tout le monde s’en fout de la réalité, car la réalité c’est le Plan. Alexandre Zinoviev a analysé la question en son temps. Rien de nouveau sous le soleil.

                                    Que va-t-il se passer maintenant ? Et bien c’est facile de répondre à la question : Tout le système va s’effondrer d’un seul coup, comme l’Union Soviétique.

                                    On sait déja que si l’Enseignement Privé avait le droit de construire toutes les classes dont il a besoin poour faire face à la demande potentielle et si les parents d’élèves avaient le droit de choisir l’école de leurs enfants(je parle de droit réels et de droits respectés par l’Etat et ses représentants) alors il y aurait une telle fuite des élèves dans le secteur privé qu’on pourrait fermer la moitié des établissements publics !

                                    Le budget de l’Education Nationale représente 40 % des dépenses de l’Etat, si on rendait aux contribuable 40 % des impôts qu’ils payent et si on leur permettait ainsi de payer à leurs enfants les études de leur choix, alors on pourrait fermer le Ministère de l’Education Nationale !

                                    Le seul problème est qu’alors les écoles publiques qui subsisteraient seraient de véritables poubelles !

                                    Donc on fera tout pour que les parents n’aient pas le choix. Nos élites se contentent de maintenir à flots les écoles et les lycées que fréquentent leurs enfants dans les quartiers qu’ils habitent : Louis-Le-Grand, Henri IV, Jeanson de Sailly, et de maintenir en dehors du sysytème universitaire toutes les Grandes Ecoles auxquelles ils destinent leurs enfants, Polytechnique, Centrale, l’ENA, et pour le reste tout le monde fait comme si tout allait très bien.

                                    Mais le système s’effondrera quand même, quand, de guerre lasse, les fonctionnaires qui luttent tous les jours pour occulter la réalité seront épuisés. Ce jour-là le chef d’etablissement enverra l’inspecteur se faire foutre et son supérieur hierarchique oublira de le sanctionner. Tout se détricotera alors d’un seul coup.


                                    • Francis, agnotologue JL 10 septembre 2008 08:42

                                      @ Lyon : pourquoi n’allez vous pas vivre dans un pays qui ne se préoccupe pas d’éducation nationale ? Vous êtes un utopiste inqualifiable. L’idéologie dit-on, a changé de camp ? Je ne crois pas. Je crois qu’il y a des idéologues dans chaque camp, vous en êtes la preuve, et une preuve terrifiante de l’insanité de cette idéologie que vous exprimez ici.


                                    • frédéric lyon 10 septembre 2008 08:55

                                      JL calmez-vous mon petit ami.

                                      Vous en connaissez beaucoup des pays qui ne se préoccupent pas de "l’éducation nationale", c’est à dire de l’éducation de ses enfants, pour faire plus simple et pour cesser de parler cette langue bizarre, proche du Français, qui est la langue des larbins qui vivent comme vous au crochet de leurs semblables et prétendent que c’est pour leur bien ?

                                      Moi pas.

                                      En revanche je n’en connais pas beaucoup qui s’en occupe plus mal que nous.

                                      Et je note en passant que ceux qui s’en occupe mieux que nous n’ont pas toujours un "Ministère de l’Education Nationale", pour occuper un million et demi de fonctionnaires et bouffer 40 % du budget de l’Etat.

                                      Y-a-t-il un "Ministère de l’Education Nationale" en Angleterre ? Pensez-vous que les petits Anglais soient plus mal éduqués que les petits Français ? Non ?

                                      Alors comment font-ils sans ce fameux "Ministère" ?

                                      Le système est impossible à réformer, comme le Royaume en 1788, et comme l’Union Soviétique, par conséquent il n’a plus qu’à s’écrouler sous le poids de sa propre graisse.


                                    • Francis, agnotologue JL 10 septembre 2008 09:08

                                      Frédéric Lyon, vous êtes un stupide imbécile à m’appeler votre "petit ami". J’ai travaillé pendant 40 ans dans une grande entreprise de télécommunication, 40 années pendant lesquelles j’ai contribué à faire faire des gains de productivité à mon employeur, lequel en a profité pour réduire son personnel et améliorer ses profits. Je n’aurai jamais accepté d’être le larbin d’un patron aussi stupide que cupide, c’est pourquoi le terme de larbin je vous le renvoie : ou vous en êtes un ou vous en employez, c’est poour moi la même chose.

                                      Je considère que l’emploi par vous de ce terme est une insulte qui ne me touche guère mais pouve que vous n’avez pas d’autres arguments. Maintenant restons en là : je ne parle pas aux imbéciles parce que ça ne les instruit pas, c’est même à ça que je les reconnais.


                                    • docdory docdory 10 septembre 2008 11:21

                                       @ Frederic Lyon
                                      Il se trouve que je connais un couple d’anglais très aisés . Pour mettre leurs enfants dans de " bonnes écoles " , ils dépensent chaque année le double de ce que je gagne comme médecin généraliste en France !
                                      Les " comprehensive schools " ( équivalent anglais du collège public en France ) sont encore plus pourris que les collèges français , en général ....


                                    • Le péripate Le péripate 10 septembre 2008 09:20

                                      Il suffirait d’offrir à chacun un "chèque éducation", le même pour tous ou inversement proportionnel aux revenus (ce point doit se discuter sans à priori idéologique), et de laisser le libre choix dans un système ouvert. Combinée avec des bourses pour ceux qui ont des résultats et pas de moyens, comme c’est déjà le cas, cette solution raisonnable finira par s’imposer.
                                      Et Lyon a raison : ce système implosera, faute d’être réformable.


                                      • Francis, agnotologue JL 11 septembre 2008 09:32

                                        "Qui veut noyer son chien prétend qu’il a la rage" (dicton).

                                        Cette stratégie de casse de l’école publique, outre ses aspects spécifiques (ce qu’est l’école, ce que veulent les écoles confessionnelles et les écoles corporatistes, ce que veulent les marchands de savoirs), s’inscrit dans une stratégie générale de casse de la fonction publique et de baisse des salaires. 

                                        Un secteur public digne de ce nom ne peut pas verser des salaires de misère. Et parce que les salaires du secteur public ne peuvent pas être outrageusement supérieurs à ceux du privé, ce fait constitue un obstacle à la suppression du Smig voulue par le patronat .

                                        Il est probable que la suppression du Smig ne se fera pas avant la mise en place du RSA. Mais dès lors que le RSA sera entré en vigueur, il n’y aura plus d’obstacle à la suppression du Smig. Alors, advienne que pourra.

                                        regardons ce qui se passe en Allemagne :

                                        "Le système de la grille des salaires a une grande faiblesse : il n’y a pas de salaire minimum obligatoire. Jusqu’à la réunification, ce n’était pas un problème car la plupart des entreprises à l’Ouest payaient des salaires conventionnels ou s’y orientaient. Et puis il y a la chute du mur, et le chômage monte en flèche. De plus en plus d’entreprises peuvent se permettre de payer en dessous de la convention collective. Les salaires subissent une chute vertigineuse, on travaille pour moins de cinq euros par heure - des experts du marché du travail d’autres pays, déconcertés, regardent l’Allemagne, car même en Grand Bretagne de tels salaires de misère sont interdits.""

                                        A lire : Allemagne - Écart des revenus : Les salaires dégringolent (11/9/8 Eva Roth pour Frankfurter Rundschau. )


                                        • Francis, agnotologue JL 11 septembre 2008 09:42

                                          La privatisation prévue de la Poste fait partie de cette stratégie globale. Et tout doit se faire en même temps en vertu des avantages que procure aux casseurs ce que Naomi Klein a appelé la stratégie du choc.


                                        • Francis, agnotologue JL 11 septembre 2008 09:43

                                          Stratégie du choc pour stratégie du choc : le temps est venu de la révolution.

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