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Accueil du site > Tribune Libre > Sauvons la dictée !

Sauvons la dictée !

La dictée n’est pas un jeu où un système de vases communicants ne ferait que des gagnants sous prétexte de ne vexer personne. Tout au contraire, elle est ce moment de la scolarité où l’on s’assure que les futurs citoyens utilisent la même langue. Elle traduit un double engagement : celui des maîtres, qui s’engagent à transmettre à leurs élèves les règles de la langue ; celui des élèves, qui s’engagent à respecter ces règles.

Conscient de l’effondrement de l’orthographe chez les jeunes, le ministère de l’Education nationale a décidé de réagir. Pour redresser la barre, va-t-on enfin réformer l’enseignement primaire en le recentrant sur les « fondamentaux » ? Va-t-on reconsidérer l’entrée en sixième pour les élèves dont la maîtrise linguistique est insuffisante ? Non, tout cela peut attendre.

La priorité, c’est de « réformer la dictée » pour arrêter « le cycle infernal de la peur de la faute ». Comment ? En faisant de l’évaluation des élèves un acte positif, et non plus un acte négatif. En distribuant un « plus » lorsqu’une faute n’a pas été commise, et un « moins » lorsqu’elle l’a été.

Prenons un exemple. Lorsqu’un élève, dans une dictée, fait une faute lexicale (« siel » au lieu de « ciel ») il a un point en moins. Mais si, dans la même copie, il fait correctement un accord (« les nuages »), il a un point en plus. Autrement dit, on entend valoriser systématiquement l’absence de faute, de manière à « encourager » l’élève dans sa progression.

Or cette méthode d’évaluation est une aberration pédagogique. Ce n’est pas en passant de la pommade sur l’ego blessé des enfants et de leurs parents qu’on enrayera la dégradation du rapport à l’écrit. On peut s’accommoder de cette situation en considérant que l’orthographe de nos élèves est celle de demain, et enfouir sa tête dans le sable. Mais casser le thermomètre ne fera pas chuter la fièvre du malade.

Comme la grammaire, l’orthographe est l’hygiène de la langue : elle a pour fonction d’en déterminer les règles lexicales. Et parce que la langue est un code symbolique, nous apprenons son maniement en bénéficiant des corrections de nos aînés. Aussi ancienne que l’écriture, la dictée est simplement la meilleure façon de vérifier si ces corrections ont porté leurs fruits.

Par conséquent, la dictée n’est pas un jeu où un système de vases communicants ne ferait que des gagnants sous prétexte de ne vexer personne. Tout au contraire, elle est ce moment de la scolarité où l’on s’assure que les futurs citoyens utilisent la même langue. Elle traduit un double engagement : celui des maîtres, qui s’engagent à transmettre à leurs élèves les règles de la langue ; celui des élèves, qui s’engagent à respecter ces règles.

De ce point de vue, la notation chiffrée est un procédé rationnel permettant d’évaluer la progression réalisée par l’élève. Elle reflète l’estimation objective, à un moment donné, de l’acquisition d’une compétence particulière : le respect des normes lexicales. Elle procure un étalon de mesure pédagogique à l’enseignant, et elle fournit un point de repère indispensable à l’élève.

Car le propre de tout apprentissage, c’est de progresser de manière itérative, d’erreur en correction, jusqu’à la maîtrise d’un savoir. Si on lui interdit de se situer dans cette échelle graduée des acquisitions cognitives, l’élève ne sait plus où il en est. Il est alors victime de la double ignorance dont parle Platon : il ignore son ignorance.

Il a beau avoir réalisé des acquisitions linguistiques, il n’a plus aucune idée de la distance qui sépare sa pratique individuelle de la langue des normes syntaxiques et lexicales qui la régissent. Il parle et il écrit, certes, mais dans un idiome qu’il est le seul à comprendre, avec, peut-être, les membres de sa « tribu » linguistique.

 


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31 réactions à cet article    


  • alinea Alinea 30 avril 2014 18:23

    J’ai toujours été excellente en grammaire et en orthographe ! j’avais comme seule admiration que c’était la science des ânes !! et je ne parle pas d’hier !
    Et pourtant, rien n’est plus exaltant que la grammaire et l’orthographe, dont la complexité définit, cisèle, peaufine et exprime la complexité de la langue et surtout la finesse de l’humain qui s’exprime avec elle !
    Tant que mon fils était à l’école, il m’envoyait péter, se contentant de faire « ses exercices à trous », chers aux nouveaux pédagogues fous de structuralisme, et on sait que ceux qui sont fous pensent que ce dont ils sont fous est dieu ! Ce n’est qu’après, en fac, voyant ses fautes et son handicap, qu’il a admis puis compris et apprécié la grammaire !

    Aujourd’hui où tous les profs ont été traumatisés et mal embouchés, je comprends bien qu’ils aient du mal !(ils sont d’ailleurs eux-mêmes souvent nuls !!) Ils oublient que les nuls en orthographe ( zéro systématique en dictée) trouvaient toujours une manière de s’en vanter et de prendre les autres pour des brèles !!

    Je leur propose des notes justes : une faute un point ou un demi point en moins, mais que cela ne plombe pas les autres résultats !!


    • ZEN ZEN 30 avril 2014 18:39

      l’orthographe est l’hygiène de la langue

      Question de savoir vivre aussi
      Il arrive que la compréhension soit compromise par une orthographe aberrante


    • smilodon smilodon 30 avril 2014 22:01

      Juste comme ça pour voir... Il est 22 heures.Vous avez 2 minutes.. Vous êtes bon en « français » !..Une distance « à vol d’oiseau », le terme exact ???... Ce vêtement vous sied à merveille, quel verbe (sied) ?... 2 minutes, 2 mots..Vite !..Sans « wikipédia » !.. J’en ai d’autres.. Plein...Adishatz.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 30 avril 2014 22:04

      Vols ...surssoire .


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 30 avril 2014 22:11

      Planté...seoir ...core que smiley


    • scylax 30 avril 2014 18:55

      C’est trop tard ! Il suffit de jeter un coup d’oeil à l’orthographe des commentateurs ici pour être convaincu que la tâche est surhumaine.


      • alinea Alinea 30 avril 2014 19:00

        Ah ! je voulais juste rajouter un truc qui me paraît fondamental : même quand on a appris, l’orthographe n’est pas spontanée, elle ne sort pas toute seule de notre plume, à chaque phrase, il faut vérifier, c’est l’écrit ! alors aujourd’hui où il faut que l’écrit soit aussi rapide et facile que l’oral, ce recul et ce regard ne sont pas évidents pour tout le monde ! 9O% des fautes sont restées alors qu’elles auraient pu être corrigées par l’élève, le commentateur,etc. !!


        • chantecler chantecler 11 décembre 2016 08:05

          @Alinea
          Oh oui !
          La mémoire mise à mal , peut faire défaut , avec l’âge par exemple .
          Mais il y a souvent un petit « doute » qui pousse à vérifier .
          Mais le plus dévastateur , je le crains c’est la confrontation permanente avec les « horreurs » orthographiques et à forte dose .
          Sur ce point l’enseignant qui corrige des épreuves , des cahiers , subit une agression terrible , la pression d’un chaos là aussi , qui tente de s’introduire dans son mental .Surtout après un rude journée ...
          Et de plus il est confronté à une double contrainte :
          soit il corrige , ça prend un temps fou , et l’élève et sa famille risquent de lui rentrer dedans :« il est con, il est snob , il est sévère , il est imbuvable », les risques du métier quoi , quand justement celui-ci s’effectue avec rigueur, refusant toute démagogie .
          soit il « laisse passer » au moins une partie des erreurs , par humanité disons , ou pour maintenir le lien avec son élève , un parmi trente autres , et à coup sûr des parents vont le traiter de laxiste ou d’ignorant et vont crier au scandale (de fonctionnaire ?) dont on trouve périodiquement écho dans les médias ou aux alentours de l’école (Parents , P.E , conseil municipal et même signalement à l’IEN).
          PS : le commentaire concernant le verbe seoir intransitif (ce vêtement vous sied à merveille) a piqué ma curiosité ...
          http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/seoir/


        • L'enfoiré L’enfoiré 30 avril 2014 23:01

          Bruno,


           Question 1 : la langue est-elle pour vous un outil de communication ou un exercice d’équilibriste entre les expressions, les exceptions, les liaisons dangereuses entre les mots ?
           Question 2 : vaut-il mieux avoir une belle forme avec une orthographe parfaite ou un fond qui veut dire quelque chose qui serait valable dans toutes les langues ?
          Est-ce le contenant ou le contenu d’un texte qui est le plus important ?

          • alinea Alinea 1er mai 2014 01:52

            L’enfoiré,
            l’auteur ne répond pas !! mais moi oui : le fond et la forme sont indissociables, ce sont les deux faces d’une médaille ; vous pouvez avoir une belle langue qui dit des foutaises, beaucoup écrivent comme ça parce qu’il y a beaucoup de futilités aujourd’hui, mais vous ne pouvez avoir une langue moche qui dise du génie ! ça marche ensemble, tout simplement ; mais une belle langue n’est pas forcément une langue à la mode !!


          • Bruno Guigue Bruno Guigue 1er mai 2014 07:40

            La langue est un outil de communication obéissant à des règles syntaxiques et lexicales. Si l’on s’affranchit de ces règles, c’est la communication qui régresse. Il n’y a aucune différence entre le fond et la forme. Linguistiquement, le signe est l’unité d’un signifiant et d’un signifié. Par conséquent, si le signifiant est grammaticalement incorrect, la désignation du signifié est immédiatement altérée.


          • alinea Alinea 1er mai 2014 16:59

            Bon, vous m’avez fait mentir ! désolée !!


          • cevennevive cevennevive 1er mai 2014 17:19

            Alinea, je suis d’accord avec vous ;

            La « belle langue » est justement un outil permettant de dire aussi bien des fadaises creuses que de magnifiques concepts. De belles phrases alambiquées sans une seule faute de syntaxe peuvent induire en erreur la plupart d’entre nous, même les plus éduqués.

            Par contre, la langue « incertaine » peut apporter quelque poésie, mais sera rarement écoutée et suivie parce que les fautes d’orthographe et de grammaire retiennent l’attention du lecteur et dispersent la pensée de celui qui a écrit, la plaçant dans une dimension prosaïque et terre à terre.

            Les belles envolées doivent être parfaites pour ne pas être risibles.





          • Allexandre 1er mai 2014 17:27

            A mon avis, on peut avoir les deux. Pourquoi toujours tirer vers le bas ?? Il faut arrêter ce saccage. Même si le contenu est intéressant, s’il y a des fautes à chaque mot, on finit par ne même plus apprécier ce contenu. L’exigence doit être au rendez-vous. Et croyez moi les jeunes sauront vous remercier le moment venu !


          • L'enfoiré L’enfoiré 1er mai 2014 21:06

            Bonsoir à tous,

             Merci pour la tentative de réponse à mes questions.
             Je m’aperçois que vous n’avez pas répondu aux deux questions.
             Est-ce qu’une langue doit avoir des règles alambiquées pour exister ?
             La forme et le fond peuvent parfaitement être complémentaires, mais la forme qui est l’habillage ne sera valable que dans l’espace de la langue.
             Vous oubliez qu’une langue évolue. Que le québécois, le suisse ou le belge ont évolué de manières propres et parallèles au français de France.
             Alors, être indissociable me parait un peu présomptueux.
             Désolé, une langue moche peut être géniale. Il n’y a pas une question de mode la dedans, même une évolution indépendante.
             Qu’est-ce qui permet d’avoir un outil de communication ? 
             La langue parlée, ce qu’on entend, les sons, les phonèmes. 
             La désignation du signifié est parfaitement compréhensible et trans-nationale. Le langage SMS utilisé par les jeunes va parfaitement dans ce sens.
             L’orthographe du français a évolué, je vous signale. Ce n’est pas une langue morte. L’utilisation du subjonctif a disparu à 90%. Les auteurs utilisent plus le présent pour donner plus de vie à leurs textes. 
             Je sais que cela ne vous plait pas, mais pensez au globish. Ce n’est pas correct, mais cela permet de communiquer. Est-ce risible parce que ce n’est pas correct ? 
            Je crois que dire cela est purement un esprit français. Un Anglais n’a pas ce soucis d’exactitude. Ce qui fait que la langue anglaise passe les frontières plus facilement que le français. 
             Qu’est-ce que fera le français si l’Afrique n’existait pas pour maintenir la langue à son niveau d’utilisation dans le monde ?
             Maintenant s’il faut écrire une lettre importante pour postuler par exemple, attendez un peu, il y aura des logiciels qui le permettront.
             Que vous moinssiez ou moinssez (encore un mot nouveau) ne change rien.  

          • L'enfoiré L’enfoiré 1er mai 2014 21:09

            Un petit rappel pour trouver ce qui est pratique et ce qui est théorique.


          • alinea Alinea 2 mai 2014 10:04

            C’est une pitié l’Enfoiré, de simplifier les règles d’une langue ! car la pensée est complexe et il nous faut avoir les outils pour l’exprimer ; si la pensée est simplifiée comme aujourd’hui, certes, des règles simples suffisent, mais c’est une perte sèche !
            Et vous mélangez tout, la langue pour communiquer ( efficace), la langue pour affiner sa pensée ( philo, littérature, etc) et la langue « art » ( la poésie) !
            N’importe qui est capable d’apprendre les règles de sa langue, je ne vois pas pourquoi il faudrait toujours tout simplifier, à moins de vouloir fabriquer des abrutis..
            Dans ce domaine vous pourrez toujours lire « l’enseignement de l’ignorance » de Jean-Claude Michéa !


          • L'enfoiré L’enfoiré 2 mai 2014 17:23
            Bonjour Alinéa,

            « C’est une pitié l’Enfoiré, de simplifier les règles d’une langue ! »
            Ah, bon. vous appelez cela une pitié. L’esperanto, cela n’a pas vraiment fonctionné par le fait de sa simplicité, mais par le fait que certaines personnes comme vous n’y voyaient pas d’intérêt à simplifier.
            Bon admettons. Ce sont les esperantistes qui vous répondront.
            La langue française a énormément de conneries à se farcir, donc.
            Je parlais des logiciels vérificateurs.
            Les mots sont déjà vérifiés avec un bon pourcentage de succès.
            Ce qui ne va pas, ce sont les liaisons entre eux.
            Si vous ne voyez pas de connerie comme celle-ci qui orthographie :
              Les pommes que vous avez achetées 
              mais... Vous avez acheté des pommes
            Ce n’est qu’un exemple sans beaucoup chercher.
            J’ai un profond respect pour une orthographe logique et bien pensée.
            Par contre, une langue qui couperait les cheveux en quatre, je ne suis pas pour.
            Pourtant c’est ma langue maternelle.

          • L'enfoiré L’enfoiré 2 mai 2014 17:27

            J’oubliais « vous pourrez toujours lire « l’enseignement de l’ignorance » de Jean-Claude Michéa ! »

            Pas besoin de Jean-Claude Michéa, pour comprendre où est l’intérêt.
            L’ignorance ne serait-elle pas de chercher à compliquer un enseignement pour le bon plaisir de linguistes qui y voient leur propre intérêt ?

          • alinea Alinea 4 mai 2014 10:20

            Salut l’Enfoiré,
            non on ne lit pas Michéa pour « voir l’intérêt », mais pour approfondir une réflexion !
            Quand aux linguistes, c’est de mon époque, j’ai bien vu le processus ! oui c’était tout nouveau tout beau, il fallait des cobayes à leurs délires, ils étaient si jeunes et si beaux qu’ils étaient sûrs de pouvoir refaire le monde, en deux temps trois mouvements, bien mieux qu’il n’était ! C’était le début de l’ère néo libérale, et ça n’a fait que s’accentuer depuis. En tous domaines évidemment !


          • L'enfoiré L’enfoiré 4 mai 2014 12:32

            Bonjour Alinéa,

             « C’était le début de l’ère néo libérale, et ça n’a fait que s’accentuer depuis. En tous domaines évidemment ! »
             Je ne le vous fais pas dire. Cette ère a créé des experts en tout et perdu ses généralistes.
             Elle coupe les cheveux en quatre et se plaignent ensuite que tout est complexifié à souhait.
             J’aime le fond des choses, beaucoup moins la forme et l’image que l’on en fait.
             Mais dans le fond, je suis sûr que vous voyez les nuances foncières de mes commentaires.

          • Xenozoid 30 avril 2014 23:06

            ben mois je sais que je ne peux pas, parlé orthograthe,par contre je peux lire entre les ligne, même avec des gens qui ne parle pas,c’est mon boulot, ca ne m’empêche pas de parlé plusieurs langues et de les écrires aussi,m’enfin,disons que la langue n’est pas la dictée, mais plus le sens du propos,si on comprend that is


            • Xenozoid 1er mai 2014 00:35

              bien sure mon cher, les nazis de la frammaire me font toujours bander,c’est grâce a eux que je m’amuse quand je lis dérida et puis en plus cela me donne un avantage, je vais apprendre un nouveau language,ca aide a comprendre,peut etre devriez vous essayer,vraiment ,bon alors combien de fautes ? et surtout dis moi ce que tu ne veux pas comprendre


            • alinea Alinea 1er mai 2014 01:54

              Xenozoïd !!
              language ! ah non, c’est anglais ça !! I don’t understand it !!


            • Xenozoid 1er mai 2014 13:18

              pourquoi elle est codé, la petite langue qui fait le language ?


            • Bruno Guigue Bruno Guigue 1er mai 2014 09:14

              Lisons André Ouzoulias :

              "De bonnes connaissances orthographiques rendent possible une identification directe des mots donnant un accès immédiat à la signification portée par le contexte . Chez le lecteur habile, c’est cette voie orthographique (dite aussi «  directe ») qui est massivement empruntée, la voie indirecte, celle du décodage, restant toujours disponible pour identifier des mots rares.

               Demandons au lecteur du présent article de lire la phrase suivante, écrite selon un système fictif soumis aux seules exigences de la régularité graphophonologique : Leu kliyan pri ün bêl émrôd dan sa min é,  passiaman, l’opsêrva d’in euy ki parêssê seului d’in ékspêr.

              Cette situation permet au lettré de se représenter la procédure utilisée par un lecteur peu familier de l’orthographe lexicale : la disparition des marques orthographiques l’a obligé à utiliser systématiquement le décodage (transformation des fragments écrits en formes sonores et interprétation de celles-ci sous forme d’une énoncé sensé). Cette procédure est plus séquentielle et beaucoup plus lente que la reconnaissance directe via l’orthographe lexicale.

               Demandons maintenant au lecteur du présent article de lire cette autre phrase  : – « Scie tue bûche toux lait jour six tares, thon fisse nœud verrat  plu ça maire … » Tous les mots de cet énoncé sont des homophones. Mais leur orthographe a été contrefaite pour induire des significations sans rapport avec l’énoncé, sur le modèle du rébus. Ainsi, quand l’œil du lecteur fixe le mot scie, il se représente irrépressiblement l’outil du menuisier, exemple d’une lecture par la voie orthographique. Pour comprendre cet énoncé à l’orthographe loufoque, il doit donc inhiber ses connaissances orthographiques, ce qui rend cette situation plus difficile que la précédente .

               Ces deux situations visaient à asseoir cette conviction : si les lettrés ont conscience d’utiliser leurs connaissances orthographiques en situation d’écriture, ils ne doivent pas ignorer qu’ils les mobilisent constamment, le plus souvent de façon non consciente, en situation de lecture. En réalité, les connaissances orthographiques servent principalement à la lecture et c’est sous cet angle qu’il conviendrait d’aborder en priorité la question de l’enseignement de l’orthographe. Du reste, le vrai motif de l’exigence du respect de l’orthographe en écriture — les élèves aussi doivent le comprendre — c’est de prendre soin des destinataires, pour leur rendre plus aisée la compréhension du texte qu’on écrit pour eux et non de se conformer à des règles auxquelles l’école confèrerait un caractère sacré. "


              • cevennevive cevennevive 1er mai 2014 16:52

                Cela me rappelle la dictée de Pagnol : « les moutonsssssss.. »


                J’ai enseigné le Français durant quelques années (5 au total), j’ai fait faire des dictées, des dictées et des dictées, et je puis me glorifier d’avoir donné un certain sens de l’orthographe à plusieurs de mes élèves et aussi à mes trois filles.

                Mais la dictée de fait pas tout, il faut expliquer par l’exemple, par des dessins, par des procédés mnémotiques, voire par des paraboles. Parce que les règles de grammaires sont rébarbatives pour des enfants ou des adolescents. Elles sont bien plus obscures que les règles de math ! (Tiens, je m’aperçois que mon correcteur informatique ne connaît pas le mot « mnémotique »)

                Un exemple : si vous écrivez « je les ai fait parler » et que l’élève écrive « je les ai fait parlé » dites-lui de remplacer mentalement le verbe « parler » par « partir » ou « courir » et là il gardera ce procédé toute sa vie.

                Mais je reconnais que les SMS sont des tueurs d’orthographe. heureusement, je n’ai pas de téléphone portable, et mes enfants, petits enfants, amis et parents m’écrivent des mails qu’ils relisent soigneusement car ils me connaissent.

                Mon défaut, donc, (puisque j’en ai forcément) est que je ne sais pas du tout envoyer un SMS...


                • L'enfoiré L’enfoiré 3 mai 2014 09:03

                  Bonjour cevennevive,

                   « Mon défaut, donc, (puisque j’en ai forcément) est que je ne sais pas du tout envoyer un SMS... »
                  Moi, non plus. 
                  Je vois maintenant pourquoi vous soutenez le Français puisque vous l’avez enseigné.
                  Vais-je oser ?
                  J’ai donné un exemple plus haut de la connerie dans l’association des mots qui suivant la place qu’ils prennent s’écrivent autrement. 
                  Voilà qu’il vous faut remplacer des mots par d’autres pour trouver l’orthographe qui adapte à la prononciation. Je connaissais bien sûr, mais est-ce que cela vous parait normal ?
                  La dictée de Pagnol est presqu’une caricature.
                  Je commence à comprendre la blague qui circule parfois et que je peux vous raconter, si vous le désirez.

                • jymb 1er mai 2014 18:50

                  Tenter à tous les âges de s’exprimer et écrire de manière correcte est valorisant. En être incapable, c’est la certitude d’une perte de chance lorsque sonne l’heure d’un entretien d’embauche, d’un CV, d’une présentation, d’échanges de courriers pour défendre un projet. 

                  Notons également que sur beaucoup de forums, les phrases illisibles sont clouées au pilori par les intervenants. Quant aux sites de rencontre, les chances montent en flèche avec de jolies phrases et quelques citations poétiques.

                  Bref mentir aux enfants, c’est leur rendre un très mauvais service pour leur futur...


                  • Abou Antoun Abou Antoun 1er mai 2014 19:03

                    Mais voyons la dictée est sauvée, lisez plutôt :

                    Le ministère de l’Education nationale planche actuellement sur un nouveau barème de notation pour les dictées, basé sur la valorisation et non la sanction. Le principe ? Ne plus compter le nombre de fautes mais le nombre de mots bien écrits.

                    La fin des mauvaises notes en dictée ? Le ministère de l’Education nationale travaille actuellement sur un nouveau barème de notation pour cet exercice scolaire. Le principe : valoriser plutôt que sanctionner. Il s’agirait ici de ne plus compter le nombre de fautes mais plutôt le nombre de mots qui sont bien orthographiés. C’est ce qu’on appelle "l’évaluation positive". Une nécessité pour le ministère qui a écrit, dans une note révélée par le site RTL, que l’actuel système de notation de la dictée ne permettait pas « de bien cerner » les « difficultés orthographiques » d’un élève ni "les remèdes" qu’on pouvait lui apporter.


                    « Sortir de la dictée punitive »

                    Certains enseignants appliquent d’ores et déjà un autre mode de notation, dans leurs établissements. Comme Albane Grunchec, enseignante en CE2 à l’école Saint-Jacques de Compostelle à Nantes, qui a choisi de noter ses élèves selon « un pourcentage de réussite ». "Je ne m’attends pas à ce que l’enfant ait 100% de réussite, moi ce que je veux c’est qu’il y ait une progression". De l’autre côté de la cour, dans le collège du même nom, Chantal Favreau, professeur de français, explique qu’il est "compliqué de trouver la bonne solution, de ne pas trop sanctionner« . »Parce qu’on arrive très vite à zéro sinon" explique-t-elle. C’est pour cette raison qu’elle et ses collègues réfléchissent "sur de nouvelles façons de noter l’orthographe".

                    Anne Couet, elle aussi professeur de français au collège Saint Jacques de Compostelle à Nantes, insiste sur la nécessité de « sortir de la dictée punitive » qui est, à ses yeux, "absolument épouvantable et qui désespère les élèves« . Elle préfère plutôt »privilégier les réussites en mettant par exemple des points bonus, en mettant en place un pacte orthographie personnel avec l’élève", surtout lorsqu’il connaît « des problèmes de langue ou de lecture ».

                    Un barème déjà mis en place

                    Selon la radio RTL, ce barème a déjà été expérimenté lors du dernier brevet des collèges, dans les académies de Poitiers et Créteil. Trois groupes d’erreurs avaient été constitués pour corriger les 1 500 copies concernées : accord groupe nominal, accord groupe verbal et orthographe lexicale. Mais il ne s’agissait ici que d’une simple expérimentation, le barème n’ayant pas vocation à être généralisée pour le moment. Les premiers résultats obtenus ne seraient d’ailleurs pas significatifs  : les notes obtenues par les élèves n’auraient en effet pas beaucoup augmenté.

                    Extrait de :

                    http://lci.tf1.fr/france/societe/dictee-fini-les-zeros-pointes-8398196.html



                    • Xenozoid 6 mai 2014 14:26

                      si la dictee était reine.la poesie n’existerait pas,think about it, smiley

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