Sauvons la recherche : une prise de position contestée
Suite à l’appel de l’association « Sauvons la recherche » (SLR) à voter pour Ségolène Royal au second tour de l’élection présidentielle, des voix s’élèvent parmi les personnels des organismes de recherche pour condamner une démarche qu’ils estiment illégitime. Certains universitaires déplorent le parti pris affiché par le collectif dans son analyse des propositions faites par les candidats et l’absence de concertation des personnels concernés.
Alors que, dans le passé, la démarche de l’association « Sauvons la recherche » avait bénéficié d’un certain soutien de la part des chercheurs et enseignants-chercheurs, la prise de position du collectif à l’occasion de l’élection présidentielle est interprétée par certains d’entre eux comme un scandaleux appel partisan. Le collectif « Sauvons la recherche » représente médiatiquement une corporation toute entière et, à ce titre, est tenue moralement à un devoir de réserve sur des positions politiques qui ne sauraient engager l’ensemble des personnels représentés. L’analyse des projets des différents candidats et l’appel à soutenir la candidature de Mme Ségolène Royal n’a fait l’objet d’aucune concertation au sein des instituts de recherche et ne représente absolument pas les inclinations d’une majorité.
Cet appel souligne en réalité la position d’un groupe d’affidés manquant singulièrement d’impartialité, comme en témoignent les dossiers comparatifs figurant sur votre site internet. Outre le fait d’émailler son analyse de remarques calomnieuses, telles que la comparaison de Nicolas Sarkozy avec Joseph Staline, Henry Audier construit sa prétendue démonstration de l’infériorité du programme de M. Sarkozy en lui adressant un procès d’intentions permanent. Les propositions du candidat de l’UMP sont à plusieurs reprises rapportées de manière inexacte (chiffrage, formulations approximatives, etc.) et sont critiquées avec une argumentation clairement fallacieuse. A contrario, les projets de Mme Royal et M. Bayrou ne font l’objet d’aucune critique ou presque, alors que l’examen de leurs projets respectifs révèle une absence de solutions alternatives claires et crédibles au projet de M. Sarkozy, ce qui témoigne d’une ostensible politique d’immobilisme. Le parti pris du collectif est illustré de façon flagrante par la publication sur le site du collectif des propositions détaillées des candidats PCF et LCR et d’un lien hypertexte vers le site « Désir d’avenir » de la candidate PS rapportant ses propos publiés dans le magazine La Recherche, précisément sur le thème de la recherche. En revanche, les propositions du candidat UMP sur ce thème sont accompagnées d’une prétendue analyse critique de la part de MM. Trautmann et Audier, exégètes autoproclamés des pensées de M. Sarkozy, estimant percer les failles d’un discours « inquiétant et peu crédible ». Les conclusions de cette analyse, à l’encontre de celles publiées dans des revues scientifiques internationales telles que la revue Nature du 19 avril dernier qui désigne M. Sarkozy comme celui identifiant le plus clairement les nécessités de réforme, démontrent que les qualités scientifiques de ces chercheurs, ne les gratifient pas pour autant d’une indiscutable clairvoyance. L’absence de représentation des programmes des autres candidats constitue quant à elle une injure au principe d’égalité et d’impartialité.
Cette différence de traitement est d’autant plus condamnable que le programme du candidat UMP sur la Recherche et l’Enseignement supérieur, contrairement aux accusations formulées par le collectif, présente des solutions qui sont considérées par nombre de chercheurs comme sources de rénovation d’un appareil de recherche qui mérite d’être soutenu et non maintenu dans une situation d’immobilisme.
Sur ce sujet, le projet législatif élaboré par l’UMP à la suite des conventions menées durant plusieurs mois sur différents thèmes de société, est particulièrement riche. Notamment, le projet du candidat UMP propose ainsi de :
- Augmenter le budget de l’enseignement supérieur de 50% en 5 ans (+5 milliards d’euros) et l’effort de recherche de 40% (+15 milliards d’euros). Le détail de ces chiffres est explicitement donné dans le projet législatif et financé sans recours à l’emprunt public contrairement aux propositions de la candidate socialiste dont les promesses ne seront financées que par une optimiste hausse de la croissance économique (hypothétiquement produite par un « regain de confiance »...) ;
- Porter les dépenses de recherche et développement à 3% du PIB dans les 5 ans ;
- Réformer la gouvernance des universités et permettre l’expérimentation libre du statut d’autonomie, ce qui est actuellement souhaité par de nombreux présidents d’université ;
- Revaloriser les salaires et les carrières des enseignants-chercheurs ;
- Favoriser le financement de la recherche suivant une logique de projets et non suivant une logique de structure. Cette évolution, a déjà eu lieu et a montré ses preuves au sein des entreprises et des grandes administrations. Les instituts de recherche et les universités sont particulièrement handicapés par leur mode de financement actuel dont on ne peut honnêtement nier les incohérences et le manque d’efficacité. Il est toutefois nécessaire de préciser que la « généralisation du financement par projets » ne signifie pas le financement « exclusif » de la recherche par projets. Nicolas Sarkozy ne formule pas ce souhait dans son projet et a,, au contraire, rappelé à plusieurs reprises les enjeux de la recherche fondamentale et la nécessité de valoriser l’équilibre entre recherche fondamentale et appliquée.
- L’existence des programmes blancs proposés par l’ANR (Agence nationale de la recherche) démontre d’ores et déjà la possibilité d’adapter le système de financement par projets aux spécificités de la recherche fondamentale. Enfin, il est instructif d’observer que de nombreux pays parmi les plus performants en recherche fondamentale et appliquée (Etats Unis, Japon, Royaume Uni, Allemagne...etc.) ont déjà adopté une politique de financement partiel par projets. De nombreux rapports de l’ADIT ou du bureau d’études statistiques, sur la recherche notamment, témoignent de cette évolution.
- Revaloriser la situation des post-doctorants et jeunes chercheurs. Ce point constitue un élément essentiel pour remotiver les étudiants à s’engager dans une carrière scientifique et pour favoriser l’accueil de chercheurs étrangers. La création de contrats de cinq ans pour le financement de post-doctorants (et non pour les doctorants comme indiqué sur le site de SLR) témoigne de la volonté de donner des moyens pour des programmes ambitieux dont la durée est compatible avec des projets de recherche fondamentale.
- Favoriser la création d’incubateurs d’entreprises dans les universités ;
- Renforcer le crédit d’impôt Recherche pour les PME-PMI etc.
Les propositions en vue d’améliorer les conditions de vie des étudiants et leur offrir les meilleures chances de réussite sont également nombreuses. Ainsi, M. Sarkozy propose notamment de :
- Améliorer l’orientation des étudiants et adapter le nombre de places des filières en fonction des débouchés ;
- Développer les formations pluridisciplinaires et doubler le nombre de places en licences professionnelles ;
- Multiplier les bourses au mérite et imposer le versement des bourses et aides dès la rentrée universitaire ;
- Accorder des prêts à taux zéro remboursables après l’entrée dans la vie active ;
- Accéder au crédit par caution publique ;
- Défiscaliser les revenus des étudiants ;
- Mettre en place un vaste programme de rénovation des campus et la création de campus internationaux, etc.
Par ailleurs de nombreuses autres propositions sont de nature à améliorer les conditions de recherche et démontrent clairement l’effort en faveur de la recherche au sein de ce projet. Par exemple, la proposition de réduire le nombre de corps dans la fonction publique faciliterait d’éventuelles évolutions de carrière actuellement figées notamment pour les personnels ITA, les chercheurs et enseignants-chercheurs. L’encouragement significatif de la recherche dans les secteurs de l’écologie, de l’environnement et des énergies alternatives constitue également un objectif clair du projet proposé par l’UMP. A titre d’exemple, un programme ambitieux de recherche pour le développement des piles à combustible est proposé dans le projet législatif.
Nombre d’universitaires, dont certains responsables de laboratoires et d’instituts de recherche, ne partagent pas l’analyse du collectif SLR concernant les propositions de réforme de financement et de statut des organismes de recherche, défendues par M. Sarkozy. On observe au contraire, notamment auprès des jeunes chercheurs, une attente soutenue de rénovation des statuts et des modes de fonctionnement de l’Université mais aussi du CNRS dont l’avenir semble préoccuper plus particulièrement les membres du collectif SLR.
La liberté d’opinion individuelle est précieuse et il convient naturellement de la défendre contre toute forme de pression. Cependant, nul ne peut s’arroger le droit de s’exprimer au nom de tous. Au nom de ce principe fondamental, un courrier fut envoyé le 2 mai 2007 au président du collectif SLR afin d’exprimer l’indignation légitime de certains personnels s’estimant trahis par une telle prise de position, les impliquant implicitement. Il fut demandé au collectif de rendre compte, par un communiqué public, du caractère non représentatif d’un appel qui n’exprime pas une opinion partagée par l’ensemble des personnels des organismes de recherche
A ce jour, le collectif n’a donné aucune réponse...
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON