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Se connecter à Internet en milieu isolé : une expérience concrète de la f(r)acture numérique

medium_IMG_1840.jpgLorsqu’on aborde la question des TIC (technologies d’Information de Communication) en milieu rural, on constate deux réalités diamétralement opposées :

les bourgades de type chef-lieu de canton représentant un véritable centre de vie local regroupant une large palette de services et de commodités, les hameaux et fermes isolés, situés à plus de cinq kilomètres de ces ’mini capitales’ représentant un authentique désert numérique mais sûrement pas un désert humain !

Je ne saurai vous dire quel pourcentage de la population française est concerné par l’habitat en milieu isolé, mais ce n’est à mon avis pas marginal. Les bourgades (2000-3000 habitants) peuvent avoir accès à des services Internet de type ADSL voire le câble. Or tel n’est pas le cas pour les groupes de maisons isolées. Pourtant, ce sont justement ces lieux isolés qui auraient besoin prioritairement d’accès à haut débit.

Aujourd’hui, il existe nombre d’exploitants agricoles jeunes et très au fait des nouvelles technologies. De même, de nombreuses familles avec enfants scolarisés s’installent dans les hameaux. Comment peut-on accepter qu’un enfant de 10 ans résidant dans un hameau ne soit pas sur le même pied d’égalité en matière d’accès aux contenus et aux services disponibles sur Internet qu’un gosse qui a la chance d’habiter dans une petite ville située a à peine cinq kilomètres de là ? Ne parlons même pas des enfants des grandes villes qui ont accès a tout et tout le temps !

Cette situation a cours essentiellement parce que la notion de ’service public’ a tendance à disparaitre avec la libéralisation (dérégulation ?) de ce qu’on appellait les ’commodités’ (anciens monopoles). Les opérateurs, animés par une logique de profit essentiellement, ne s’intéressent qu’aux zones peuplées les plus des. Tant que le développement des TIC et de l’Internet à haut débit ne dépendra que des seuls opérateurs privés, il y a peu de chances que la ’facture numériqse résorbe. Comment donc convaincre France Telecom ou Free d’installer un répartiteur téléphonique (voir aussi DSLAM) dans un hameau à cinq kilomètres de la ville la plus proche quand ce hameau compte seulement 22 foyers ?

Pour obtenir un équipement permettant d’accéder à du haut débit de type ADSL il faut 100 pré-inscrits et 80 personnes pour du Wimax (rayon d’action de 10 à 20 km) !

Alors en attendant que faire de façon simple ?

Il reste la possibilité de prendre un abonnement France Telecom et payer au prix fort de 25 euros/mois un débit de base de 56 k en RTC. Moi, je n’ai pas cette possibilité pour le moment car je passe peu de temps dans ma bicoque en zone isolée. Mais ce besoin deviendra suffisament aigu le jour où un probable exode urbain interviendra. Donc, j’ai expérimenté quelque chose qui marche mais qui demeure extrêmement fastidieux : accéder à Internet via mon téléphone mobile. Voici comment faire si vous êtes patient.

Les prérequis :

Utiliser un mobile avec un port infra-rouge (IR), Utiliser un ordinateur également doté d’un port infra-rouge, Etre situé dans un lieu où vous captez le réseau de téléphonie mobile.

Instructions :

Sur votre mobile activez le port ’IR’, Placez-le à côté de l’ordi de façon à ce que les deux ’cellules’ infra-rouge soient en vis à vis, Si vous utilisez Windows XP (*), créez une nouvelle connexion Internet via l’instruction ’Créer une nouvelle connexion’. Pour cela, trouvez sur le site de votre fournisseur Internet (FAI) le numéro d’accès Internet ’bas débit’ ou créez vous un accès au préalable. Par exemple, pour Free, ce numéro est le 01 70 93 20 00. Veillez à sélectionner l’option ’Port infrarouge (IRDA)’ dans les propriétés de cette connexion. En effet, le modem n’est plus celui de votre ordi mais c’est le mobile qui fait office de ’modem’. Créez une nouvelle icône symbolisant cette nouvelle connexion et placez la sur le bureau Windows, par exemple. Et voilà ! Lancez votre nouvelle connexion.

Alors, ne vous imaginez pas pouvoir surfer sur le web goûlument. Vous mettriez tout simplement 15 minutes à afficher la page d’accueil de votre blog et vous grilleriez votre forfait mobile sans le temps de dire ouf. En revanche, vous pouvez relever vos mails de façon honorable. Si vous avez des mails à envoyer, je vous recommande de les rédiger hors ligne et de vous connecter par ce biais uniquement pour l’opération d’envoi et de réception de vos messages.

Allez, bon courage. Sachez qu’à part surfer sur le net, il existe toute une palette d’activités à la campagne qui vous feront oublier momentanément la ’f(r)acture numérique’ !

* pour les MAC il doit y avoir une manip équivalente.

Pour en savoir davantage sur le déploiement de l’ADSL en France et sur l’éligibilité de votre commune vous pouvez consulter le site de l’Ariase.


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17 réactions à cet article    


  • jclespe (---.---.220.151) 28 juillet 2006 13:40

    et oui ... Et c’est là qu’on voit dans quelle logique le système nous pousse ... une centralisation de plus en plus grande .. tout le monde en ville. Une diminution des diversités dans les styles de vie (Soit tu vis commme les autres, soit tu vis « en marge » de la société ... :( ) Etc etc ... Et c’est certainement pas avec un mode de vie bien libérale où seul le profit compte que ca va changer !! T’es pas « rentable » ... tu sers à rien ... Allez, circulez, vous rentrez pas dans la bonne case.

    (Faites attention, l’éducation n’est pas rentable non plus !! )


    • Jo (---.---.185.253) 28 juillet 2006 16:27

      C’est quoi le rapport avec la liberalisation ? Ah oui, tu veux dire que la liberalisation entraine le progres et malheureusement le progres se sent d’abord dans les villes, donc il y’a inegalite. Oui sans doute, jusqu’a ce qu’on modernise pour que tout le monde puisse surfer par satellite, ou je ne sais quoi. Et comme dit l’auteur, on peut surfer sur son telephone portable (meme sans courant). Sans progres, pas d’electricite, pas de telephone, on ne pourrait meme pas appeller son medecin. Heureusement qu’on a evolue.


    • Globalia (---.---.212.160) 1er août 2006 11:25

      « tu veux dire que la liberalisation entraine le progres »

      On y croit tous...


    • (---.---.54.248) 28 juillet 2006 15:04

      C’est vrai que c’est un problème difficile, le coût en matériel est assez élevé. La solution viendra peut-être du CPL, il est déjà expérimenté dans la Manche (50) et la solution semble viable économiquement.. Ce n’est plus qu’une question de volonté de la part des FAI ; ils devront bien y venir un jour pour agrandir leur marché...


      • Adolphos (---.---.59.170) 28 juillet 2006 15:13

        Vous voulez avoir les avantage de la campagne, sans perdre ceux de la ville, et bien désolé, on n’a pas à payer pour vous vos choix de vie, vous voulez vivre dans un endroit paumé, trés bien, mais payez votre internet.


        • pompom (---.---.7.216) 28 juillet 2006 15:47

          et tes poubelles sous l’arc de triomphe ou à paris-plage,non ?


        • Adolphos (---.---.59.170) 28 juillet 2006 15:58

          « et tes poubelles sous l’arc de triomphe ou à paris-plage,non ? »

          Ce n’est pas toi qui les paye rassure toi. Paris balance 5 miliiards d’Euro au reste du pays par an.


        • pompom (---.---.7.216) 28 juillet 2006 16:42

          5 millards ? oui mais tes poubelles ?


        • pompom (---.---.7.216) 28 juillet 2006 17:11

          tes poubelles, tu les mettrais pas un peu à la campagne des fois ?


        • (---.---.59.170) 29 juillet 2006 10:21

          Non, on les vend à la banlieue qui les incinéres, ca fait de l’eau chaude.

          D’ailleur, question polution, c’est la campagne qui pollue, pas Paris ! On balance pas de lisier, d’insecticide, d’engrais et autres joyeusetés dans nos rue à longueur d’année ! Et ce n’est pas nous qui consommons 90% des reserves d’eau potable.

          Enfin bref, tout ca pour dire que, tu as choisi ta vie, tu payes ton internet.


        • (---.---.107.65) 9 août 2006 10:41

          « D’ailleur, question polution, c’est la campagne qui pollue, pas Paris ! On balance pas de lisier, d’insecticide, d’engrais et autres joyeusetés dans nos rue à longueur d’année ! Et ce n’est pas nous qui consommons 90% des reserves d’eau potable. »

          Enorme ! Genre, tu ne te nourris pas, à Paris, de ce que produit l’agriculture, en campagne... ?


        • NaSH (---.---.149.214) 28 juillet 2006 16:38

          Tout n’est pas perdu. Si l’ACERP joue son role et que nous sommes vigilant, les opérateurs privés devront fournir un accès internet aussi bon que dans les petites villes.

          En France ce n’est pas une liberalisation dérégulée. Je touve au contraire les choses plutot bien, voire très bien faite. Cependant, il est clair que les choses ne vont jamais assez vite.

          L’état joue son role d’arbitre sans partie prenante, et je trouve cela très moral. Il n’est plus juge et partie, comme cela l’a été pendant des années. Et en cela il peut théoriquement vraiment défendre le consommateur.

          Le problème est que cela est tout nouveau pour lui, tout comme cela l’est pour nous. D’une part on ne comprend plus vraiment pourquoi il n’utilise plus une entreprise publique pour répondre au besoin, et d’autre part il n’a pas appris a écouter les consommateurs, mais plutot les « spéclialiste » des télécoms, anciens copains des fonctionnaires.

          Bref, le système est meilleur à mon point de vue, mais il faut savoir l’utiliser et eviter de croire que les solutions précedentes sont meilleures. La réussite du rattrapage de l’accès a internet en France est peut être l’un des rares exemples mondiaux qu’une 3eme voie est possible.

          D’un autre coté, quand on décide d’habiter dans une zone isolée, on le fait en connaissance de cause. On est responsable de sa non-connectivité, ou de sa connectivité tardive. Il faut aussi savoir être responsable et avoir conscience de la chance que l’on a de vivre avec du terrain, du calme et de l’espace.

          Etre responsable et citoyen, c’est aussi avoir conscience que l’on est une minorité privilégiée et que grâce au système, la majorité de la population profite de la baisse des tarifs, de la connectivité et des emplois qui vont avec.


          • (---.---.49.26) 28 juillet 2006 18:08

            Dans les possibilités de connection il peut y avoir les abonnements internet de type GPRS ou 3G (plus rare celui-ci) utilisant par exemple une carte PCMCIA, le site clubic en a fait un test récemment :

            http://www.clubic.com/article-36150-4-telephonie-de-troisieme-generation-edge-3g-etc.html

            Ce que je ne comprend pas c’est le fait que les licences Wimax aient été vendu à des fournisseurs privés alors qu’ils auraient dû revenir aux différents conseil régionaux qui aurait laissé l’exploitation du réseau aux différents fai, non ?


            • tonio (---.---.45.45) 29 juillet 2006 17:17

              Il esxiste également la possibilité (certe plus onéreuse) d’accéder à Internet via une connexion satellite. Le grand avantage est le débit élevé par rapport aux connexions RTCEt en cas de déplacement à l’étranger (dans le même continent en tout cas), on garde sa connexion !

              Quelques exemples : www.astra-net.com, www.dsd.fr, www.thuraya.com


              • Jean-Pierre An Alré (---.---.108.104) 29 juillet 2006 18:17

                Bonjour

                En campagne parfois il y a visibilité directe entre deux points relativement éloignés. Est ce qu’il ne serait pas pas possible d’utiliser des faisceaux hertziens optiques, quite à bricoler un peu entre deux particuliers, l’un doté d’un accès haut débit, l’autre étant hôte du premier ?

                Jean-Pierre


                • Emile Red (---.---.95.116) 30 juillet 2006 15:34

                  « D’un autre coté, quand on décide d’habiter dans une zone isolée, on le fait en connaissance de cause. On est responsable de sa non-connectivité, ou de sa connectivité tardive. Il faut aussi savoir être responsable et avoir conscience de la chance que l’on a de vivre avec du terrain, du calme et de l’espace. »

                  Tout d’abord on ne s’installe pas à la campagne forcément en privilégié mais souvent par obligation professionnelle.

                  Le fait de s’installer à date X ne permet en aucun cas de déterminer ce qui sera fait les mois ou années suivantes, le cas de la disparition des principaux services publics n’est pas mentionné lors de la location ou de l’achat d’un logement en zone rurale.

                  Il est indigne de prétendre que les privilèges de la campagne puissent faire oublier les frais et désagréments importants que cela occasionne surtout à notre corps défendant.

                  Lorsqu’un citadin s’abonne à internet, il peut choisir son FAI, se dédouaner de son abonnement FT et profiter d’une connection rapide, dans le cas d’un rural, les FAI n’étant pas interessés, il reste le RTC, au mieux l’adsl 1024 mais toujours accouplé à l’abonnement FT qui double le prix de la connection.

                  Mais ceci n’est pas spécifique à internet, il faut aussi parler de la misère des transports en commun, alors que nous payons une partie des subventions alouées à la RATP (et oui imbécile d’Adolfosse à purin), nos seuls transports se réduisent à 2 ou 3 liaisons avec la ville la plus proche à des prix prohibitifs dans des bus hors d’age.

                  L’obligation d’avoir 2 voitures pour des raisons d’horaires, de sécurité et pour briser l’isolement, pour joindre les services publiques centralisés est aussi un de nos privilèges.

                  Demandez à nos enfants, qui profitent du bon air en passant des heures dans les transports pour rejoindre les collèges où lycées dans lesquels ils suivent des cursus imposés, et qui ne voient le soleil que le week end, s’ils sont privilégiés.

                  Il est vrai que nous pouvons jouir du spectacle de la mésange qui crée son nid, mais de théatre, de cinéma, de concert, que nenni, le moindre loisir coute une fortune pour une famille moyenne.

                  Je pourrai aussi parler des salaires qui sont définitivement les plus bas du marché, et qui font d’une visite au supermarché une dépense somptuaire.

                  Oui il est vrai que nous ne vivons pas dans la polution, mais devons supporter les tracteurs, leurs odeurs, leurs bruits, 300 jours par an et 18h sur 24, sans parler des tondeuses des parisiens qui au coq chantant nous déboulonnent du lit chaque week-end des mois d’été, les avions à réaction qui par meutes de 4 ou 5 survolent de leur bang nos habitations tremblantes, les lisiers, purins, engrais qui viennent chatouiller nos cavités nasales.

                  La vision que les citadins ont de la ruralité date du XIXème siécle, ceux qui y vivent savent qu’on est au XXIème mais qu’on en a peu d’avantages... merci les privilèges...


                  • Plus robert que Redford (---.---.200.166) 28 août 2006 21:55

                    Ah, le bon vieux temps de l’Antan !

                    La campagne et ses bienfaits, de ceux qui nous sont étalés dans les pubs pour yaourts, fromages et autres poulets de Location...

                    Chez nous, on appelle ça le syndrôme « Martine à la ferme »

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