Ségolène Royal, la rénovation du PS et le MoDem
Prenant à contre-pied les atermoiements et autres querelles personnelles de et en vue de la direction du PS, Ségolène Royal lance un grand débat participatif ouvert à tous les militants socialistes sur dix grandes questions auxquelles sont confrontés les citoyens au vue de l’évolution du capitalisme mondialisé et de la dérive monarchique de la démocratie en France générée par la pratique du pouvoir de Nicolas Sarkozy.
Les questions auxquelles elle demande à tous les socialistes de répondre et au-delà à tous les démocrates de réfléchir afin d’élaborer une ligne politique cohérente au sein de son parti en vue d’une alliance avec ses futurs alliés (dont le MoDem) dans le cadre d’une majorité de centre gauche sont les suivantes :
1. Il faut sortir du fossé entre un discours pseudo révolutionnaire dans l’opposition et un conformisme économique au pouvoir : de quelle façon ?
2. Le socialisme ne peut pas se contenter d’aménager le capitalisme financier à la marge : comment produire et répartir autrement la richesse ?
3. Que reprendre des modèles progressistes des autres pays et que rejeter ?
4. Il faut pousser l’agilité des entreprises, le goût du risque et l’esprit d’entreprendre, tout en améliorant la situation des salariés et leurs sécurités sociales. Avec quel compromis ?
5. Il faut rééquilibrer le rapport de force entre le travail et le capital par une meilleure répartition du profit. Quels contre-pouvoirs dans l’entreprise ?
6. Comment rompre avec la redistribution passive et bureaucratique comme principal moyen de s’attaquer aux injustices sociales ?
7. Comment améliorer le projet européen pour ne pas oublier les intérêts des peuples et des pays ?
8. Les peuples du Nord doivent être protégés de la concurrence internationale sans que les peuples du Sud ne soient victimes du protectionnisme. Avec quelles nouvelles règles ?
9. Les Etats et le marché doivent assurer la sauvegarde écologique de la planète : quel nouveau modèle de développement ?
10. Le Parti socialiste doit intégrer toutes les nouvelles formes de militantisme et d’engagement citoyen, ainsi que les réussites du travail des élus locaux. Il doit aussi décider efficacement, avec le sens de la discipline collective. Quelles nouvelles règles communes pour y parvenir sereinement ?
Remarquons que seule la dernière question est directement adressée au PS en vue de sa rénovation interne, mais toutes les autres sont posées et rendues publiques sur son site "Désir d’avenir" qui s’adresse à tous, pour que chacun, membre ou non de ce parti, puissent y répondre en vue de l’orientation qu’elle entend donner à sa candidature au secrétariat général du PS et à la définition de la ligne de ce parti. Cette rénovation vaut aussi en ce qui concerne les rapports du PS avec le MoDem dont elle a demandé à plusieurs reprise, depuis la campagne du second tour des présidentielles, les élections législatives et les élections municipales récentes, qu’il devienne un partenaire à part entière du PS en vue de la formation d’une majorité de centre gauche nouvelle qui seule pourra(it) l’empoter lors des élections présidentielles en 2012.
Cette dernière demande d’alliance générale a, jusqu’à présent, été refusée par la direction du PS au motif que la MoDem n’était pas un parti situé clairement à gauche ; bien que nombre de responsables du PS dont Martine Aubry à Lille, Guérini à Marseille, Rebsamen à Dijon, etc. l’ont instaurée de fait lors des élections municipales. B. Denanoë a refusé la demande du MoDem d’une alliance à Paris ; mais nous savons que ce refus qui lui a coûté certains arrondissements n’est qu’un gage tactique à courte vue donné aux adversaires au sein de la direction PS d’une telle alliance de centre gauche en vue de préserver ses chances, à mon avis à tort, contre Ségolène Royal au sein de ce parti, alors même que son programme est, sur le fond, indiscernable de celui de cette dernière.
Or, chacun sait que nombre de militants du MoDem sont sur une ligne de centre gauche, voire, me semble-t-il, François Bayrou lui-même aujourd’hui, et que l’on ne pourra vaincre la droite décompléxée de Nicolas Sarkozy, dangereuse pour la démocratie en cela qu’elle tente d’abolir la séparation des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, voire d’information et plus fondamentalement politique et économique, sans une alliance entre le PS et le MoDem en vue d’une alternative nationale en 2012. Tous les démocrates doivent dès maintenant engager le dialogue en vue d’impulser cette alliance et militer pour qu’elle devienne générale et officielle au sein des deux formations.
C’est sur la base des questions posées par Ségolène Royal dont ils acceptent la teneur que des militants du MoDem (et qui entendent le rester) ont publié une lettre ouverte à Ségolène Royal pour impulser dans les deux partis ainsi qu’entre eux l’exigence d’un tel dialogue.
Ils y font en effet la déclaration
suivante, en forme d’engagement militant :
« Votre parti et le nôtre sont face à un problème commun : comment envisager son voisin politique ? Méfiance, défiance et rejet ou séduction, alliance et partenariat ? Nous pensons que cette question ne peut pas être sans arrêt repoussée par les dirigeants du Mouvement Démocrate. Elle est devenue pour nous nécessaire. Notre identité est liée à tout cela. En tant que simples militants nous souhaiterions avancer sur ce sujet.
Depuis plusieurs mois déjà, nous observons le respect que vous avez à l’égard de notre formation politique, pour nos valeurs et pour notre leader, alors que bon nombre de personnalités politiques s’empressent de délégitimer notre existence même. Pour beaucoup, notre présence est condamnable. Vous avez le mérite de considérer notre démarche comme nécessaire et utile. Beaucoup d’électeurs de François Bayrou vous ont fait confiance au second tour de l’élection présidentielle. Nous en faisons partie.
Depuis mai 2007, nous continuons à construire notre voie, la troisième voie, sans relâche. Nous ne renonçons pas. Notre combat est juste. Mais, le centre ne signifie pas pour nous le sectarisme. Bien au contraire. "Travailler avec des gens de sensibilités différentes" : telle est notre ambition. Pourquoi ne pas commencer tout de suite ? Nous avons conscience que, par une telle démarche, nous allons choquer, au sein même de notre propre "camp". Mais nous avons soif de dialogue, de débat et de partage avec les autres familles politiques. La démarche nouvelle que vous inaugurez dans Le Monde, cette après-midi, fait preuve d’ouverture : "La consultation s’adresse aux militants du PS, en lien avec les sympathisants et les forces vives qui attendent beaucoup de nous face aux dégradations de toutes sortes commises par la droite".
Aujourd’hui, nous pensons utile d’engager une discussion avec vous. Pourquoi un partenariat PS-MoDem à l’avenir ? Pour aller où ? Sur quel projet ? Sur quelle conception de la politique ? Notre combat a été de sortir du giron d’un appareil politique, en l’occurrence, le RPR-UMP. Et nous ne souhaitons nullement retourner sous un régime de domination avec le PS. Alors, comment réfléchir à un nouveau type de partenariat, capable de respecter nos idées et notre indépendance ? Toutes ces questions, nous souhaiterions en débattre. Nous aimons le MoDem. Nous y sommes bien. Nous sommes fiers de notre parcours politique.
Dans le texte que vous venez de publier, vous vous intéressez à ce qui fait la force d’une formation politique : les adhérents, les militants avant tout. Ce respect du militant : nous l’admirons.
Nous entamons maintenant la quête de notre projet. Nos aventures se suivent en parallèle. Nous avons observé beaucoup d’idées communes : refus de la loi de rétention de sûreté, des tests ADN, de la réforme de la justice, collusion entre puissances économiques et puissances médiatiques, la quête d’un état impartial, etc. Dans Le Monde d’aujourd’hui : vous lancez dix questions : ce sont les mêmes que nous partageons, et qui font débat auprès des militants. »
Nul doute que cette initiative doit réjouir tous ceux qui veulent un authentique changement démocratique et social en France et plus largement en Europe et dans le monde. Les choses avancent, à chacun, sans abdiquer de son esprit critique, de se montrer à la hauteur de cette évolution en participant, comme nous y invitent ces militants du MoDem, au dialogue proposé par Ségolène Royal, François Rebsamen Vincent Peillon, Jean-Louis Bianco, Manuel Valls, Gilles Pargneaux, Delphine Batho, David Assouline, Guillaume Garot, Aurélie Fillipetti, Michel Sapin, Jean-Pierre Mignard, Jean-Jack Queyranne, Jacques Auxiette, Nadjat Belkacem, Pascal Terrasse, Dominique Bertinotti, Michèle Delaunay, Jean Guerard. Et, très modestement, l’auteur de ce présent article, membre du PS.
Reste
à Ségolène Royal, dont on doit saluer le
courage politique, à répondre favorablement, contre
certains de son parti et sans hésitation tactique qui
risquerait de disqualifier sa proposition aux yeux des nombreux
militants du PS qui la soutiennent, à cette avancée politique
qui LUI est faite directement par ces militants du MoDem.
22 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON