Si seulement ça pouvait être vrai !
Les Mayas aussi avaient le bourdon.

Chiche !
Je ne vais pas vous importuner avec ces balivernes, ces billevesées qui reviennent ainsi régulièrement dans le délire millénariste des hommes. On nous promet une nouvelle fin du monde pour nous distraire, nous amuser, nous faire peur et plumer quelques gogos. On nous noie le poisson de la réalité depuis quelque temps avec cette hypothétique promesse d'apocalypse finale.
Pendant ce temps, pendant que les gentils naïfs se préoccupent de cette terrible date butoir, le monde file vraiment à sa perte, entraîné par un système diabolique qui ne doit strictement rien aux Mayas. Quoique ! Le sacrifice humain est revenu à l'ordre du jour (pour peu qu'il en fut partie à un moment de notre histoire) dans ces derniers instants d'une utopie économique fondée sur l'exploitation outrancière du plus grand nombre par quelques-uns.
Le capitalisme pousse la planète vers la sortie. Non, rassurez-vous, la Terre ne va pas s'auto-détruire à cause de la folie consumériste, du délire de la surconsommation, de la vague nataliste et du surpeuplement délirant. Non, la sixième extinction sera pour ces maudits bipèdes incapables de se penser partie intégrante d'un ensemble plus vaste.
Le calendrier Maya a quelques années d'avance pour ce jour fatal. Toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour obtenir l'emballage final. Il faut encore un peu plus réchauffer l'atmosphère, il faut d'autres guerres, d'autres drames, d'autres atteintes à la dignité des peuples. Il faut surtout que les profits s'accroissent encore et encore au détriment du plus grand nombre. Il faut que plus d'enfants meurent de faim, que des peuples entiers n'aient plus du tout accès à l'eau pendant que les gaz de schiste continueront à maintenir l'illusion de la croissance perpétuelle.
Nous allons dans le mur et notre actualité va se focaliser le temps de quelques jours sur cette prophétie idiote, sur ce rendez-vous absurde avec de lointains cosmographes. Dès le 22 décembre, nous irons chercher dans les sentences de Nostradamus, de Karl Lagerfeld ou bien d'un nouveau gourou de la désolation de quoi détourner notre attention.
Nous refusons de regarder la vérité en face. Notre système tue la planète, détruit les peuples, ruine le lien social, ignore l'avenir. Pourtant, c'est toujours vers des apocalypses autres que nous regardons, en refusant sans doute de prendre en compte nos responsabilités et notre folie destructrice.
Les Mayas ont le bourdon, les abeilles disparaissent de la surface du globe, la banquise fond, les travailleurs deviennent les esclaves du grand capital, l'inégalité explose, les grandes fortunes se multiplient dans l'ignorance de la réalité qui les entoure. C'est dément, c'est suicidaire, c'est monstrueux.
Mais rien ne détournera l'attention des gugusse qui vont se focaliser sur cette date, puis iront se bourrer de dinde aux marrons. Nous allons ainsi de rendez-vous en rendez-vous, de détournement de réflexion en illusions et mensonges. Il faut nourrir les phantasmes et ne pas se poser les bonnes questions. Le spectacle politique n'est qu'un supplément au programme pour oublier l'essentiel.
L'essentiel est ailleurs. Notre planète brûle, les générations futures ne sont pas certaines de continuer la grande chaîne de la vie humaine. Pourtant, il faut que le spectacle continue, que les économies tournent encore, qu'elles proposent des moyens nouveaux d'accélérer la catastrophe finale. Le superflus est préférable au nécessaire qui passe bien avant l'indispensable.
Ainsi dans ce monde délirant il u a bientôt un téléphone portable par habitant alors que des familles n'ont ni puits ni latrines. Le sens des priorités passe naturellement par le contentement de quelques financiers et non au profit des besoins vitaux des populations. Le pire étant que le bourrage de crâne est si efficace que les besoins des gens ont glissé vers l'inutile au détriment de l'incontournable.
Alors, oui, que ce monde explose symboliquement au plus vite ! Si les Mayas pouvaient nous donner un coup de main, j'en serais ravi. La Planète tourne sur la tête, la folie consumériste a gagné encore du terrain et bientôt elle va nous emporter dans un tsunami de produits inutiles. Après le 21 décembre, le délire continuera de plus belle et nous allons joyeusement tomber dans le délire des fêtes de fin d'année, des achats superflus, des dépenses absurdes, des consommations aberrantes, des sommets d'égoïsme et d'hypocrisie. Alors oui, c'est peut-être ça, la fin du monde. Nous ne sommes plus des homo sapiens sapiens, mais désormais des homos abrogator
Apocalyptiquement vôtre.
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