Si tu t’excuses, j’annule tout !

Dernier acte de ce vaudeville pipolitique entre les époux Sarkozy et Airy Routier. On apprend que la plainte est retirée suite à une lettre d’excuse envoyée à Mme Bruni-Sarkozy par le journaliste du Nouvel Observateur. Les Champollion de la vie politique et de l’héro griffe carlasienne sont maintenant mobilisés. A vos plumes ! Pourquoi ce revirement ? Y a-t-il un rapport avec la défaite des municipales ? Si oui, le retrait de la plainte de la part du président eût été jugé comme un aveu. Alors autant passer par son épouse qui, par la même occasion, peut sortir des cuisines de l’Elysée pour concocter une tribune dans Le Monde. Et les méchants de moquer la première dame en titrant, Carla sait écrire ! Mais qui sait si un journaliste de Marianne aura l’audace de publier un SMS envoyé par Sarkozy à Routier : si tu t’excuses, j’annule tout et je retire ma plainte ! Qui va sonder l’âme de notre président et détecter un désir de recours en grâce et de pas passer pour un méchant auprès du grand public ? Tout va bien, tout va bien, Routier n’ira pas devant les tribunaux, pas d’amende, de dédommagement, de procès, Sarkozy passe pour un sage et Carla pour une gente dame. Circulez, tout est à voir, tout est transparent... mais insignifiant !
Décidément, la vie politique offre quelques distractions par ces temps moroses, quoique, il n’y ait rien de plus à dire sur cette affaire qui maintenant, est entre les mains des chansonniers et des guignols. Pas de quoi sortir une tribune à la Zola. Rigolons un bon coup, le Routier est sympa ! Mais quand même, si on lorgne en d’autres contrées, cette affaire du SMS reste comme un signe des pratiques agressives devenues courantes dans une presse qu’on appelle les tabloïds. Au même moment, on apprend que deux de ces journaux très britishs viennent de jouer une même mélodie en s’excusant auprès du couple McCann pour une affaire sordide. Les époux en question, reçus du reste par le pape, ont été soupçonnés d’avoir participé à la disparition de leur fille Maddy en Espagne. Ces excuses, publiées à la une, coïncident avec l’examen de la plainte en diffamation, déposée par les McCann, auprès de la Haute Cour qui a été saisie pour instruire cette affaire. Qu’en penser ? Une affaire de sous ? Eviter de payer une somme conséquente en montrant une bonne volonté à rétablir quelque vérité et reconnaître avoir péché par légèreté et une désinvolture inacceptable au vu du contenu affectif liant ces événements. Cela dit, même si les faits d’armes de la « presse des caniveaux » se répètent ces temps-ci, on ne doit pas oublier que ces pratiques sont déjà vieilles et rodées. Souvenons-nous de l’affaire Grégory. Les âmes prudes auraient pu penser que ce précédent pourrait servir de garde-fou moral, mais la presse n’est pas là pour faire la morale. Le journaliste n’est ni instit ni curé. Il fait de l’argent. Et son employeur est un comptable averti, connaissant le prix des avocats, le tarif des jurisprudences et le ratio entre le risque de pertes judiciaires et les espérances de gains en vendant un scoop ou une image. Et de vrais pros sont à l’affût car on ne présente pas un fait marquant comme une dépêche ordinaire, pas plus qu’un diamant ne s’offre à la vue sans être serti et dans un écrin. En plus, il faut détecter, humer, jauger. Si on est star, une simple pose, un baiser volé ou un dégueuli après une cuite, sont cotés au marché des scoops. Mais quand c’est un anonyme, alors il faut un événement scabreux. C’est rare mais ça peut se trouver, comme cette disparition de Maddy que les tabloïds ont converti en millions de livres. C’est tout un savoir-faire. Qui se transmet de génération en génération.
En règle générale, ce qu’on peut noter, c’est une intensification dans l’agressivité de la presse. Une tendance qui va de pair avec l’agressivité dans le monde du commerce, la pression mise sur les travailleurs, la folie des grandeurs, la démesure des opérations financières douteuses. On a appris récemment que la presse people a été piégée par le Marcel Béliveau d’Hollywood, montant une cabale avec Paris Hilton aux bras d’un vieux gourou, et la presse de diffuser l’information tellement grotesque qu’on peine à croire que les journaux se soient fait piéger. Sans doute n’ont-ils pas réfléchi. Il y avait les images, peu importe si c’était un canular, car ces images valaient de l’or. A côté de ces frasques de collégiens, le contrôle des paparazzis est devenue une affaire plus musclée. Echanges de coups, appareils photos arrachés par des gardes du corps pas très délicats et, maintenant, entrée en scène de la police devenue habilitée à protéger les stars « agressées » par des journalistes, suite à un décret promulgué par un type dont on est sûr qu’il connaît bien la question. Puisqu’il s’agit d’un certain Schwarzy, ancien acteur devenu gouverneur de l’Etat californien.
Ainsi va le monde, de plus en plus expressif, agressif, voué à la puissance mais aussi aux jeux du cirque, aux "dévorations" fantasmatiques liées au culte des images et au fétichisme des faits divers, des scoops. Le monde est aussi en guerre. Lutte à mort disent les Chinois en pensant aux Tibétains. Sachons reconnaître un moment de douceur, de sagesse incomparable, incarné par notre couple présidentiel qui annule sa plainte et, presque, s’en irait biser Routier en dépêchant Roberto, certainement un bon pote à Carla. La France montre l’exemple de la réconciliation. Merci Sarkozy. Peace, Love, bigophone.
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