Si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à faire un procès !
La campagne pour l’élection présidentielle touche à sa fin. Lundi 7 mai, nous nous réveillerons avec un(e) nouveau (nouvelle) Président(e) de la République issu(e) d’une nouvelle génération. On remarquera qu’au même moment, en Grande-Bretagne, on annonce le départ de Tony Blair sans que son mandat arrive à son terme, alors même que celui-ci a le même âge que nos deux candidats et qu’il est au pouvoir depuis dix ans déjà. Donc on peut en conclure que le renouvellement de génération auquel nous procédons reste encore modéré. Quoiqu’il en soit les défis auxquels il (elle) aura à faire face seront immenses. Il y aura eu beaucoup d’engagements dans cette campagne et les citoyens français auront à cœur d’évaluer les résultats.
Mais avant ce dimanche 6 mai, rappelons que pour défendre ses idées, il est une chose qu’il convient de faire, c’est d’aller voter et de choisir entre l’un ou l’autre des deux candidats que sont Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Ne soyez pas tenté par la flânerie qui vous conduirait à vous abstenir d’aller voter. Car s’abstenir, c’est nier le principe même de ce droit qui nous est donné de nous exprimer par le fait de voter. Bien sûr, on peut être sensible à l’argumentaire « je ne pèse rien avec ma voix ». Eh bien, il faut jeter cet argument aux orties car c’est ainsi que d’autres, souvent bien pensants, en arrivent à conclure qu’il faut penser et agir pour vous, pour nous les citoyens. Car une voix + une voix + une voix ... cela fait parfois beaucoup de bruit. Et aujourd’hui en démocratie représentative (cf. mon article : « Démocratie ou télécratie »), le droit de vote reste le seul moyen légal qu’ont les citoyens pour s’exprimer. Aussi, ne vous abstenez[1] pas, faites votre choix parce que voter est un droit mais aussi un devoir. Inutile, à mon sens aussi, de voter blanc. Les votes blancs ne sont pas comptés !
Le seul (pas tout à fait) débat auquel nous avons eu droit entre les deux tours de l’élection n’aura pas permis aux candidats en lice d’approfondir de manière sérieuse des sujets importants pour notre avenir. Tout ce que l’on retiendra par la suite de ce dé(com)bat, c’est le jeu de rôle adopté par chacun, très instructif pour les journalistes, mais, pour nous citoyens, ce n’est pas ce que nous attendions pour savoir où nous allons dans les cinq ou dix ans à venir ! De ce côté-là, il est manifeste que la démocratie française doit se renouveler. Il suffit de voir les réactions du milieu culturel suite à différentes évictions, sanctions qui se sont abattues sur les musées et les théâtres pour comprendre qu’il faudra être vigilant quant au respect de notre droit à s’exprimer (à ce sujet, voir la démission de Pierre Rosenberg du Conseil artistique des musées, la chasse aux sorcières a commencé, la réaction de Françoise Cachin qui déclare : « dans les musées, beaucoup, désormais, ont peur d’exprimer une divergence).
Oui, disons-le ! La France qui se veut être une démocratie exemplaire (puisque d’aucuns responsables politiques ont défendu l’idée de la fierté nationale) a encore du chemin à faire pour garantir une vraie démocratie aux citoyens parce que la démocratie est un idéal qui reste à construire.
Bien sûr, on me rétorquera qu’il faut arrêter de se plaindre et qu’en France nous avons déjà de nombreux droits bien souvent supérieurs à ceux d’autres pays, et cela je ne le conteste pas. Mais prenons le sujet qui a fait tant couler d’encre et de salive depuis que Ségolène Royal a reproché à Nicolas Sarkozy son immoralité politique au sujet de la place des enfants handicapés au sein de l’école de la République. Que nous propose le candidat Nicolas Sarkozy ? De faire de la scolarisation des enfants handicapés un « droit opposable » (la terminologie est tendance, vous l’aurez remarqué). A cela, on ne peut que dire : bravo ! Et il faut reconnaître que ce droit existe déjà sur les bases issues de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des doits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Le seul hic dans l’affaire, c’est qu’il ne suffit pas d’édicter des droits, encore faut-il que ces droits revêtent un caractère tangible et ne restent pas théoriques ou illusoires. En la matière, c’est d’ailleurs ce que le Comité Européen des droits sociaux a fait constater en condamnant la France en 2003 suite à une action en justice d’Autisme-Europe par laquelle il était notifié à la France que le taux de scolarisation des enfants autistes demeure extrêmement faible. Je rappellerai ici qu’il y a peu encore monsieur le ministre de l’Intérieur qu’était Nicolas Sarkozy défendait un projet de loi sur le thème de la prévention de la délinquance au sein de laquelle on trouvait un certain nombre d’articles visant (stigmatisant) les personnes handicapées mentales, les associant dans un amalgame douteux aux personnes délinquantes. Ce n’est qu’après moult oppositions de la part des associations de familles, des professionnels de santé que ces articles de loi seront retirés in extremis. Comment faire confiance au candidat Nicolas Sarkozy dans ces conditions comme il le prétend dans l’introduction de son programme ?
Sa réponse à Ségolène Royal, mais cela vaut pour tous les citoyens français, est pourtant simple et claire : à défaut de voir ses droits respectés, le citoyen n’a qu’à faire un procès en responsabilité à qui de droit pour faire valoir son droit ! Quelle belle hypocrisie ! Car agir en justice représente une démarche complexe [il faut faire partie des gens qui ont accès à la bonne information, au bon réseau, etc.], coûteuse [sans argent n’ayez pas trop d’espoir] et aléatoire [les vices de forme sont les premiers pièges pour les citoyens lambda, c’est pour cela d’ailleurs que nombreux sont ceux qui réclament la possibilité une action de groupe, soit dit en passant à laquelle est opposée Nicolas Sarkozy et le Medef d’ailleurs aussi - voir à ce sujet l’article « Projet Class Action retiré ou David contre Goliath »].
En guise de conclusion, on retiendra le portrait de cette jeune enseignante à Clichy-sous-Bois Mélanie Merlin qui, surprise de retrouver sa photo dans le magazine Paris Match, légendée de manière à suggérer qu’elle avait de travailler en banlieue est aujourd’hui amenée à faire un procès pour obtenir une simple rectification que le journal lui a refusé. Le service juridique d’Hachette Filipacchi [propriétaire de Paris Match] lui avait répondu suite à son démenti : « Si vous n’êtes pas contente, vous n’avez qu’à faire un procès ! » (Source) On se souviendra que c’est ce même magazine qui, après la publication d’une photo de Nicolas et de Cécilia, avait remercié l’un de ces journalistes sans qu’il y ait besoin de procès !
[1] Comme nombre de citoyens, je viens de recevoir dans ma boîte aux lettres un prospectus intitulé « Jean-Marie Le Pen, votez contre les candidats du système ! » certainement des restes de stocks non distribués au 1er tour. Et dire que tout cela est fait avec notre argent !
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