SNCF : Tout est Possible… même l’inégalité
« Faites attention, chenapan ! » Voir un wagon entier à l’étage, noir de monde et le bas avec seulement cinq personnes, aurait dû vous mettre à la puce à l’oreille. Le changement de couleur également. Quant aux étiquettes multiples, là encore, vous n’avez aucune excuse.
Puisque tout le reste vous a échappé, on ne vous demandera pas si vous avez noté les subtiles différences : épais revêtement, luminaires plus élégants, prises de courant à foison, petites poubelles refermables, espaces plus confortables pour les jambes…
Bienvenue dans ce reliquat d’inégalité, de discrimination assumée : les premières et secondes classes de la SNCF.
Quel tordu de bureaucrate inhumain et radin a bien pu avoir l’idée saugrenue de séparer les gens suivant leurs moyens financiers ? Car la devise au fronton de nos bâtiments républicains n’aurait été incrustée que pour ses qualités esthétiques ? Il fallait bien écrire quelque chose…
Les plus con-servateurs d’entre nous, rappellerons que « cela a toujours été », que « c’est une tradition » autant que le défilé militaire du 14 juillet.
Alors si c’est traditionnel… A les écouter, l’esclavage n’aurait jamais été aboli et le droit de vote des femmes ne serait toujours pas à l’ordre du jour.
A l’excuse de « tradition » ne vient que l’envie de répondre « Pauv’ con », insulte passée à la postérité présidentielle.
Tous les jours, cela énerve de voir tous ces gens s’amasser dans aussi peu d’espace, avec au besoin la chaleur de l’été, sans parler du bruit, pendant que certains privilégiés se prélassent juste en bas, ou parfois juste à côté derrière un espace vitré, dans un espace douillet, silencieux et plus tempéré.
Au nom de quoi ? Au nom de quoi devrait-on faire toute la rame pour trouver place assise, alors qu’une place vacante, certes colorée d’un rouge vif et bien plus confortable, se présente devant vous ? Un règlement stupide pour un principe qui l’est tout autant, dans la mesure où la place que ne connaitrons jamais vos petites fesses ne sera pas forcément occupée du trajet ! Vous ne gênez personne, il en reste des tas de places libres en 1ère, mais si un contrôleur venait à passer…
Ainsi donc, le riche (ou le dépensier) a le droit de s’asseoir là, pas vous. Un apartheid sonnant et trébuchant, ni plus, ni moins. Aussi révoltant qu’injuste.
Curieusement, le diktat a été aboli en région parisienne pour des raisons non éthiques mais financières justement. Trop coûteux de répartir deux castes de personnes, dans des trains toujours trop petits car pas forcément à double étages.
Mais en région, le délire persiste. Et forcément quand les trains régionaux côtoient les trains de banlieue, près de Paname, cette situation fait peine à voir.
Alors que le commun des mortels comprend qu’il faut mettre un terme à ces pratiques grotesques et d’un autre temps, les plus obtus se réfugieront dans des exemples similaires qui ne dérangent personne, officiellement.
Ainsi dans l’aviation commerciale, selon la générosité de son employeur ou l’importance de son porte-monnaie, l’homo aeronicus entubus peut choisir parmi la classe business, la classe éco plus (comprendre avec 20 cm de plus pour vos jambes et une nourriture digne de ce nom, plus digne que la classe suivante) et la fameuse classe éco.
Question bête : quelqu’un dans le lectorat numérique de ce blog, trouve cela JUSTE ?
La pourriture d’homme d’affaire décoloré, dégustant son champagne tout en matant l’hôtesse, a autant de courage que vous à monter dans cet avion. Et même si son revenu mensuel le différencie de vous, pourquoi cette énième version de la race humaine, aurait-elle plus de privilèges que vous dans un espace aussi réduit et pressurisé qu’un avion ?
Si des têtes ont été coupées en 1789, ce n’est pas pour ré-instaurer une nouvelle bourgeoisie, celle de l’air ou du ferroviaire.
En supprimant ces classes iniques, les surfaces gagnées permettraient au même nombre de voyageuses et voyageurs de se faire transporter de manière plus digne pour tous. Et tout le monde serait dans un équivalent de classe éco plus plus. Pour la compagnie aérienne, cela serait synonyme d’une gestion des billets et de remplissage des avions simplifiée, donc moins couteuse.
Et dans le cas où les Tapie véreux du bord ne seraient toujours pas content de partager quelques heures parmi les gueux, libre à lui de prendre un jet privé.
« Crypto-communiste va ! » oserons les plus Sarkozistes ou Parisotiens. Sachez que les avions ou les trains font justement partie de ces transports dits « communs » (commun-communiste, comprendo les néocons ?). La différenciation des transportés par niveau social n’a donc pas sa place ici. Il ne viendrait ainsi à l’idée de personne d’instaurer un système de classes dans les bus, même les plus rallongés ceux dits en accordéon.
Supprimer définitivement les classes dans les transports aériens et ferroviaires, n’est ce pas là d’ailleurs, la plus réaliste des luttes des classes ?
Gare des Utopies. Terminus. Tout le monde descend.
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