Sociale Ecologie : Un autre socialisme est possible
15 à 20% des français sont éventuellement prêts à mettre un bulletin écolo dans l’urne. Mais savent en réalité de quoi il s’agit quand on parle d’écologie politique ?
Les écologistes en général, et les
Verts en particulier, se complaisent à ne mettre en avant que leurs
atouts les plus séduisants. Ce serait cette femme tellement jolie,
tellement sexy, qu’elle se contenterait de dire « Regardez-moi,
dévorez-moi des yeux et vous saurez ce qu’est une femme ».
Nous savons par expérience qu’une femme est un peu plus que cela,
que c’est à définir à la fois un peu plus subtil et un peu plus
complexe...
Il en est de
même de l’écologie politique, c’est un peu plus profond que cela.
L’écologie politique n’est pas un mouvement associatif qui lutte pour la paix et contre la faim dans le monde. L’écologie politique, ce n’est pas davantage la protection des plantes vertes, des petites fleurs qui sentent bon et des animaux en voies de disparition, ni même la lutte acharnée contre toutes les pollutions environnementales. L’écologie politique est avant tout un projet... politique !
Faute d’avoir fait l’effort de comprendre de quoi parlent les écologistes, préférant en rester à leur caricature médiatique - une poignée d’illuminés qui adoptent des bébés phoques en fumant de l’herbe et annoncent des catastrophes en arborant des chemises à fleurs - le Parti Socialiste a été incapable de renouveler sa pensée politique pour l’adapter aux enjeux modernes.
J’ai quitté les Verts parce que les "environnementalistes" dont ceux-là sont la caricature - les défenseurs d’ours blancs en tongues - constituent tout de même un gros quart de ce parti, qui ne comprennent pas que l’écologie est l’essence même de la gauche, un autre gros quart étant composé d’anciens militants trotskistes, ou assimilés façon couteau entre les dents, qui ont trouvé chez les Verts un terrain de jeu à la mesure de leurs talents - qu’on a toujours tort de sous-estimés -, des "gauchistes" qui en réalité se contrefichent de l’écologie. Du coup, malgré la petite moitié restante, composée de militants sincères et qui savent de quoi il retourne quand ils parlent d’écologie, ce parti - où le bordel qui règne ferait passer le PS pour un village de schtroumpfs - apparaît incapable de grandir, d’irriguer la gauche, et d’assumer ce rôle d’avant-garde d’une gauche qui s’en trouverait enfin modernisée. Et le miracle Cohn-Bendit n’y changera rien, je peux vous le garantir.
Convaincu depuis longtemps que l’écologie politique est le prisme au travers duquel le socialisme pourra et devra se transcender, je suis aujourd’hui plus que jamais convaincu que c’est au Parti Socialiste que se fera ou ne se fera pas la mutation écologiste de la gauche, et si possible de toute la gauche.
Mais qu’est-ce que l’écologie politique ?
Pour bien comprendre de quoi on parle, il suffit de s’interroger sur ce qu’"environnement" signifie. La terre, la mer et l’air sont mon environnement. Les espèces animales également. Mais la société l’est tout autant, qui interagit avec moi. L’écologie politique c’est la conscience que toute décision politique doit s’intéresser à son impact sur son environnement, naturel ou social. Impact direct ou indirect. Impact de court, moyen ou long terme.
On comprend alors que l’écologie politique est ce qui s’oppose le plus frontalement au libéralisme, pour lequel toute décision est exclusivement tournée vers le profit immédiat et sa maximisation, au mépris des dégâts sur l’environnement, y compris donc sur le tissu social. Le credo libéral est qu’une main invisible s’occupera d’équilibrer les choses : il n’est qu’à observer l’état du monde pour comprendre que les choses ne s’équilibrent pas, que les pollutions augmentent, que les injustices sociales grandissent, que la terre s’essouffle et s’épuise, pendant que de plus en plus nombreux sont les hommes à ployer durement sous les coups qu’une main invisible assène avec constance...
Combien coûte à la société un chômeur ? Combien coûte à la société un enfant déscolarisé ? Combien coûte à la société un malade mal soigné ? Etc...
L’écologie politique, c’est alors, par exemple, une fiscalité pour les entreprises qui les contraigne à internaliser le coût de ce qui constituent pour elles des externalités, de ce qui ne constituent pas des coûts qu’elles ont à supporter mais que la société toute entière devra finalement payer, et au prix le plus fort. Dit autrement, c’est faire supporter à l’entreprise l’ensemble des dits coûts de telle manière qu’elle prenne des décisions pour elle-même qui soient optimales pour la société toute entière.
Ainsi, par exemple, le principe pollueur-payeur n’est pas - ou ne devrait pas être - un permis de polluer. Il est de faire en sorte que polluer devienne plus cher que de ne pas polluer. Il est de fournir une incitation sonnante et trébuchante à ne pas polluer - parce que l’entreprise aurait à supporter le coût de ses pollutions.
Ainsi, plutôt que de vouloir interdire administrativement les licenciements, la gauche devrait s’intéresser à faire qu’il devienne suffisamment cher de licencier que l’entreprise soit contrainte d’envisager si d’autres solutions ne lui seraient pas plus profitables, c’est-à-dire moins coûteuses - parce que l’entreprise aurait à supporter le coût social de ses licenciements.
Etc...
Se saisir de cette grille de lecture pour le Parti Socialiste serait, pour le coup, procéder à une véritable refondation idéologique... qui donnerait naissance à un projet moderne et ambitieux, profondément de gauche... et qui en effet justifierait un changement de nom comme un symbole positif de l’ampleur de la mutation. Parti de la Sociale Ecologie, ou Parti Ecolo-Socialiste, semblent convenir - même si, puisque vous avez tout bien suivi, il y aurait là une certaine redondance.
Mais puisqu’il s’agit de comprendre concrètement et de donner symboliquement à entendre qu’un autre socialisme est possible...
Où l’on parle de : Sociale Ecologie
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON