Une des particularités de la France (du fait de sa situation géographique) est d’avoir toujours été une terre de rencontres (brutales ou conviviales) et à ce titre, nous sommes donc tous des enfants d’immigrés (plus ou moins lointains).
L’arrivée de personnes en provenance de pays musulmans n’est pas récente mais s’est accentuée depuis 1974, année où le gouvernement, en autorisant le regroupement familial, a acté la transformation d’une immigration de travail (qui satisfaisait bien un patronat à la recherche d’un salariat docile et malléable) en immigration de peuplement (tout en se préoccupant bien peu des indispensables mesures éducatives d’intégration qu’il aurait fallu mettre en œuvre à l’époque).
Dans un second temps et depuis une bonne décennie, le capitalisme triomphant et sa recherche permanente de profits toujours plus exponentiels qui écrase les peuples à travers le monde a poussé de nombreuses personnes de ces mêmes pays à vouloir rechercher une relative sécurité dans les quelques régions du monde où subsistent encore quelques espaces de paix, de liberté et de protection sociale.
Et c’est ainsi que notre communauté nationale compte maintenant plusieurs millions de citoyens ou d’étrangers de culture ou de religion musulmane.
Il n’aura échappé à personne que cette situation ne va pas sans poser de problèmes et qu’il semblerait même qu’ils aillent augmentant (et il en est de même dans tous les pays européens où des communautés musulmanes importantes sont implantées).
Dans l’histoire récente de notre pays, chaque vague migratoire antérieure a vu des frictions entre arrivants et autochtones (car une phase d’adaptation est toujours nécessaire et il y a toujours de part et d’autre des minorités intolérantes) mais sans jamais atteindre le fossé actuel.
Bien évidemment, la question sociale (c’est-à-dire de l’emploi) est importante mais ce serait du pur angélisme de penser qu’une amélioration à ce niveau (même significative) nous amènerait à une situation totalement apaisée.
Que cela plaise ou non à notre bienpensance, la différence de fond entre « avant » et « maintenant » est religieuse (en rappelant encore et toujours que les religions sont avant tout des systèmes politiques élaborés par des êtres humains qui se préoccupent de régir la vie temporelle de leurs adeptes selon des dogmes à connotations fascisante et raciste basés sur des superstitions et des balivernes).
Et même si l’indécrottable agnostique anticlérical que je suis ne peut que le regretter, je ne peux également que constater qu’antérieurement tout le monde se retrouvait sur les bancs des églises (ce qui facilitait évidemment les échanges et discussions) et qu’après quelques « affrontements rugueux » tout rentrait relativement dans l’ordre.
Or, que constate-t-on à l’heure actuelle si ce n’est une volonté très forte de communautarisme (évidemment politique pour les chefs religieux et par réflexe identitaire pour une partie de cette population).
Cela se traduit par des faits dont certains peuvent paraître anecdotiques mais qui symboliquement sont très forts ; on peut citer à titre d’exemple :
- une affirmation de plus en plus provocatrice de la primauté des règles de vie musulmanes dans l’espace public (écoles, hôpitaux, entreprises, rues, etc.)
- une forme de racisme sur la question des couples mixtes (avec la règle de l’endogamie)
- une sorte de mépris vis-à-vis de la culture populaire française à travers cette bêtise des interdits alimentaires concernant en particulier notre goret national (alors qu’il en représente évidemment un symbole fondamental)
- un désintérêt évident pour les traditions et folklores locaux (qui certes peuvent ne pas être foncièrement plus intéressants que d’autres mais qui sont ceux du pays depuis des siècles)
- une idéologie en conflit fréquent avec les droits de l’Homme (soumission généralisée et place de la femme), de l’Enfant (mutilations sexuelles) et de l’Animal (rituel d’abattage)
Par rapport à cette énumération, il est vrai que les musulmans ne sont pas les seuls à avoir ce fonctionnement (attitudes similaires ou comparables des adeptes des nombreuses autres religions et sectes sévissant dans notre pays) mais la question se pose différemment vu le nombre important de personnes apparemment concernées et le prosélytisme quasiment guerrier d’une partie également importante des chefs islamistes.
Il est également vrai que nous retrouvons dans l’attitude de nombreux musulmans des ressemblances avec celle nos arrière grands parents et grands parents à qui la religion catholique dictait une bonne partie de leur vie quotidienne et des règles auxquelles ils obéissaient sans réfléchir, par habitude ou crédulité.
A ce niveau, on peut donc raisonnablement penser qu’un peu de temps permettra d’améliorer les choses, pour autant que l’organisation sociétale priorise ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous éloigne (et en particulier tous ces accommodements déraisonnables).
La problématique des prêtres et autres prédicateurs est, elle, beaucoup plus vicieuse et dangereuse car ces représentants d’une idéologie internationale totalitaire et hégémonique, savent sciemment ce qu’ils font et ce qu’ils veulent : ils ont évidemment compris l’esprit de « ventre mou » qui caractérise notre époque sur la question de la place des religions dans la cité et utilisent avec beaucoup d’à propos les failles ou vides de notre législation élaborée à une époque où l’Islam était quasiment inexistant en métropole.
André Malraux avait d’ailleurs parfaitement apprécié le danger politique dictatorial de l’Islam dans sa déclaration pessimiste de juin 1956 (1) mais sans anticiper évidemment à l’époque les conséquences en France métropolitaine d’une importante immigration musulmane.
La lecture de la charte des musulmans d’Europe (2) signée par de nombreuses organisations islamiques est d’ailleurs édifiante puisqu’elle indique très clairement, sous couvert d’un « enrobage » humaniste, l’immuabilité des règles coraniques (article 1), la primauté de l’appartenance religieuse sur l’appartenance nationale (articles 10 et 14 à 16), la volonté de soumission des lois républicaines quand elles s’opposent aux dites règles précitées (article 17) ainsi que l’imposition d’un fonctionnement quotidien sans réflexion sur sa nécessaire adaptation par rapport aux modes de vie des pays d’accueil (article 18).
Il n’y a guère de nouveauté puisque c’est une spécialité des trois systèmes dits monothéistes (mais qui en fait correspondent à une seule et même idéologie) de prôner l’obscurantisme et la soumission et de vouloir imposer ses règles à la terre entière (voire à l’univers quand cela sera possible) et ce, plus particulièrement pour les religions chrétienne et musulmane.
Mais, à la différence de toute la hiérarchie chrétienne, celle du culte musulman n’a jamais eu à se « frotter » à une résistance politique qui affirme avec détermination la séparation entre l’Etat et les religions.
Tout ceci fait que certains Français d’immigration plus lointaine, qui eux vivent en majorité leur relation à la religion de manière plus ou moins folklorique, ressentent cette pratique musulmane comme le début d’une colonisation (voire même le début d’une invasion).
Ce malaise est peut-être exprimé parfois de manière disproportionnée mais il existe et à ce titre, ne peut être ni balayé d’un « revers de main » ni « diabolisé » par ceux qui ne partagent pas ce point de vue.
Le sondage réalisé (3) par le CSA en août 2008 (à prendre évidemment avec beaucoup de précautions comme tout sondage) ne peut malheureusement que confirmer les interrogations quand on y lit par exemple que :
- 22 % des personnes sondées se sentent d’abord musulmanes avant d’être françaises et 60 % autant musulmanes que françaises
- 54 % des personnes sondées pensent que la charia doit être appliquée intégralement ou partiellement dans le pays où vivent des musulmans
D’autres réponses sont plus ambiguës (voire contradictoires) : 75 % sont favorables à la laïcité mais parallèlement 78 % sont pour le financement de la construction des mosquées en France par l’Etat…
Pour ma part, je suis né en France de parents français d’origine européenne et je n’en tire ni fierté, ni honte (ça n’est qu’un hasard de la vie). Mais par contre, j’en suis très heureux, car je sais la chance que j’ai d’être ici et qu’il vaut manifestement mieux naître et vivre en France que dans n’importe quel pays musulman, me semble-t-il (tout du moins encore à l’heure actuelle).
Issu des milieux populaires, comme une majorité de mes concitoyens je suis évidemment imprégné par la culture chrétienne omni présente dans notre société. Mais grâce à des parents quelque peu iconoclastes tout en étant pétris de valeurs de bons sens dans leur rôle éducatif, et également convaincus du rôle fondamental de l’instruction assurée par l’école publique pour l’émancipation humaine (et cela sans faire appel à une quelconque transcendance éventuelle), j’ai su prendre mes distances avec le fatras de croyances véhiculées par les religions pour vivre mon existence terrestre (la seule dont je sois sûr) en essayant d’être à la fois curieux et vigilant sur tout ce qui est nouveau. A ce titre, je suis atterré par la régression que connaît notre société sur la question de la place des religions dans l’espace public et par le retour affirmé du cléricalisme.
Comme tout pays, le nôtre a une histoire avec des côtés sombres et lumineux mais c’est une imbécillité de premier ordre de juger moralement des événements du passé et les « élites » actuelles (dirigeantes ou influentes) jouent là un jeu extrêmement dangereux pour la cohésion nationale et territoriale :
- sur l’esclavage, l’occident n’a fait qu’industrialiser une pratique millénaire sur tous les continents et on retrouve là, le début du système capitaliste actuel qui pille et abêtit le monde entier dans sa volonté de consommation et d’amoncellement de biens matériels
- sur la colonisation, on retrouve le même schéma. Mais il est à la fois amusant et très irritant de constater de plus que ceux qui sont maintenant dans la repentance permanente par rapport à ce passé sont les descendants idéologiques de ceux qui ne voyaient que des vertus à cette politique censée apporter la pensée moderne de l’occident aux « pauvres sauvages » du monde entier (prétention, quand tu nous tiens…).
Et puisqu’on est dans le devoir de mémoire et le droit d’inventaire, on pourrait aussi les appliquer à l’immigration et dans ce cas, il est fort probable que l’Islam (et son cortège d’archaïsmes) ne fera pas partie des apports positifs (sauf évidemment pour les partisans d’une société rétrograde).
Ce qui est important maintenant (et tout en tirant des leçons du passé sans anachronisme), c’est essayer de construire une société vraiment démocratique, plus équitable et totalement émancipée en commençant par notre territoire (pour autant qu’on puisse le faire dans cette Europe, certes indispensable, mais aux ordres de la puissante domination financière, voire parfois de la racaille en col blanc).
Deux conditions paraissent toutefois indispensables pour y parvenir :
- la première condition consiste pour les individus dans la nécessaire adaptation au territoire dans lequel on arrive ou dans lequel on vit : l’animal humain, à l’instar de tout ce qui vit sur cette planète, est ainsi fait qu’il faut un minimum de cohérence de fonctionnement dans l’espace public commun si on veut maintenir une cohésion indispensable à une vie paisible dans la cité
Sans chauvinisme franchouillard, il faut tout simplement savoir où on est : un citoyen de notre pays est prioritairement français et peut être accessoirement affilié à un mouvement religieux ou sectaire et non l’inverse.
Oui, on a le droit de croire en n’importe quoi et de pratiquer n’importe quelle religion, mais en ayant toujours à l’esprit que notre liberté s’arrête où commence celle des autres et qu’il convient donc d’abandonner les attitudes ostentatoires provocatrices qui ne peuvent qu’engendrer des phénomènes d’incompréhension au mieux ou des réactions de rejet au pire du reste de la population.
Oui, il y a des discriminations dans notre pays (comme dans tous les autres et de tout temps) mais la première et la plus importante correspond à cette organisation sociale de plus en plus insupportable de classes et / ou de castes et ce n’est pas en instituant une course à la victimisation que nous règlerons les problèmes.
Oui, il faut sanctionner avec la plus grande fermeté les actes racistes, discriminants ou de rejets de l’autre mais TOUS et donc y compris ceux qui se drapent de la vertu religieuse ou identitaire.
Oui, nous sommes des êtres par nature duales mais, et cela sans renier nos origines multiples, nous devrions rejeter les attitudes infantiles ou schizophréniques (bien qu’elles soient actuellement flattées par certains à travers les notions de diversité ou de visibilité).
Oui, cela demande plus d’efforts de penser plutôt que de croire mais ce n’est que grâce à ce travail sur nous-mêmes que nous pourrons finir par être des êtres libres car la pensée permet le doute qui libère… Alors que la croyance induit la certitude qui enferme…
La civilisation occidentale est loin d’être parfaite mais il faut savoir apprécier le chemin parcouru et sur ce thème il convient de relire ou réécouter le formidable document intitulé « Je me souviens » attribué à Johanne Chayer (4) qui pose remarquablement le problème actuel avec des mots simples.
- la seconde condition correspond vis-à-vis des chefs religieux à la poursuite et la finalisation du non moins formidable travail initié par nos aînés pour commencer à domestiquer ces fléaux qui ont nom religions quand elles se mêlent de politique
Les terribles excès de la religion chrétienne (et particulièrement catholique), que les différents peuples soumis à sa domination ont payé au prix fort, ont généré parallèlement une forte résistance qui s’est concrétisée en France par les différentes lois laïques mises en place depuis la fin du 19 ème siècle.
Depuis, malheureusement, plusieurs brèches ont été ouvertes par les forces réactionnaires avec parfois la complaisance naïve des organisations qui se disent de progrès. Et dans ce contexte, le totalitarisme musulman (avec la bénédiction de tous les autres qu’ils soient politiques, religieux ou financiers), représente le fer de lance de ceux qui veulent une société dans laquelle le peuple soit réduit à n’être que des croyants et des consommateurs passant leur temps dans les lieux de culte, les galeries marchandes, les temples du showbiz musical ou sportif ou devant des écrans « endoctrinants » ou des consoles de jeux pour partie débilitants.
Cette doctrine professée depuis l’Antiquité (dieu(x) / pain / jeux) n’est donc pas récente mais elle est largement remise au goût du jour à l’heure actuelle.
Aucune loi religieuse (et particulièrement la charia issue d’une époque et d’un folklore lointains) ne doit s’imposer à la République. A l’inverse, ce sont les règlements intérieurs religieux qui doivent être amendés pour s’adapter aux textes issus de la représentation démocratique.
Parallèlement, tous les enfants doivent pouvoir bénéficier d’un enseignement public de qualité, prioritairement axé sur l’instruction (acquisition de connaissances, réflexion et raisonnement), qui puisse contrebalancer les effets délétères d’une éventuelle éducation religieuse afin que, devenus adultes, ils puissent disposer du maximum de sources de réflexion leur permettant d’être des citoyens libres et émancipés.
Le travail est donc loin d’être abouti (cf. la première partie du texte concernant les sociétés multiculturelles sous le titre : hypothèses de conditions pour qu’elles soient paisibles).
En conclusion, on ne peut être qu’interrogatif devant l’ampleur du phénomène, de la complaisance affichée et des compromissions de la quasi-totalité des gouvernants (passés, en place ou potentiels) qui interpellent tant une partie importante des citoyens français : on ne peut malheureusement s’empêcher de penser qu’elles résultent pour partie d’une forme de chantage économique (approvisionnement en pétrole et en gaz, marchés financiers) mené conjointement par le capitalisme mondialisé et les pays musulmans producteurs.
Ce qui est sûr et dans cet éventuel contexte, c’est que notre république laïque aura besoin de toutes les personnes de bonne volonté et entre autres, de celles de culture musulmane mais fondamentalement attachées aux valeurs humanistes qui privilégient la raison sur la croyance et qui, à l’instar de leurs concitoyens, sont souvent silencieuses.
En espérant que cet ensemble soit majoritaire, ce sont maintenant toutes ces personnes qui doivent s’organiser et se faire entendre afin d’essayer de faire reculer à la fois la bienpensance laxiste à l’ouvrage depuis quelques décennies et sa conséquence actuelle, à savoir le pouvoir cynique et réactionnaire (à la fois simulacre de démocratie et dictature douce) qui nous gouverne depuis quelques années.
Peut-être qu’avec un peu d’utopie…