Sonia Devillers : toute la subjectivité de France Inter
Radio France a un sacré culot d’avoir remis en question l’étude publiée de l’institut Thomas More, qui pointait l’occultation des personnalités de droite et le biais idéologique majeur de ce qui devrait être un service public et qui n’est qu’au service d’un certain public. La campagne des européennes confirme ce biais, comme le montrent les interviews de Marion Maréchal et Raphaël Glucksman par Sonia Devillers.
Missionnaire hollando-macroniste
Il faut vraiment écouter les interviews de deux des principales têtes de liste par Sonia Devillers. A défaut d’être surprenant (je me suis infligé France Inter pendant 5 ans pour pouvoir juger sur pièces), le différentiel de traitement est colossal et illustre parfaitement le biais dénoncé par l’Institut Thomas More. D’un côté, Raphaël Glucksman est accueilli par un rappel de ses nombreux faits d’arme, plus valorisants les uns que les autres pour la journaliste-militante, qui semble davantage chercher à le mettre en valeur qu’à faire un vrai travail de questionnement. La question la plus difficile qu’elle lui posera sera sur le risque d’augmentation du prix des panneaux solaires si nous taxons les importations chinoises… Une question qu’aurait pu poser Dominique Seux, là encore si typique de la ligne oligarchiste de France Inter. En posant une question à la droite du candidat, elle ne risquait pas d’apporter un questionnement social.
Changement complet d’ambiance pour l’interview de Marion Maréchal : Sonia Devillers passe de Fan de à l’interrogatoire policier. Elle exploite les tweets polémiques de la tête de liste de Reconquête pour finir par qualifier de délit et non d’opinion ce que la candidate dit, avant de sortir le missile prévu en amont en lui demandant quelle est la différence entre la politique familiale qu’elle défend avec celle que prônait le Maréchal Pétain. Naturellement, Raphaël Glucksman n’a pas eu droit, lui, à la moindre question sur son passage en Géorgie... Une séquence ahurissante. Bien sûr, la quête de buzz trumpiste de Marion Maréchal ne me semble pas du tout à la hauteur des enjeux d’une élection, et ce faisant, elle entretient la dégradation du débat politique. Mais Sonia Devillers est totalement ridicule quand elle évoque un délit. Et cela montre à nouveau les pulsions autoritaires de ce centre-gauche dont l’humour est si étroit d’esprit, et toujours prompt à faire reculer une liberté d’expression dont elle est devenue un ennemi.
La question sur la politique familiale est ridicule tant d’autres dirigeants ont mené de telles politiques. C’est vraiment une illustration bas de plafond du reductio ad hitlerum, cette comparaison avec le nazisme ou les régimes qui le soutenaient pour déconsidérer un adversaire, plutôt que de débattre du fond. Une posture morale qui n’a rien à voir avec le journalisme mais relève d’un militantisme un peu extrême et basique, qui préfère la moralisation plutôt que le questionnement de fond. Outre le fait qu’il est probable que Marion Maréchal ne sache pas précisément quelle était la politique familiale de Vichy, sa contre-attaque était assez habile et montrait bien le ridicule de la question de Sonia Devillers, évangéliste malhabile qui continue de se déconsidérer, ainsi que sa station. Et pourtant je n’apprécie pas Reconquête, étant en désaccord complet sur son programme économique et social et n’appréciant guère les outrances de ses chefs, qui ont réussi à largement dépasser par la droite le Rassemblement National.
Malheureusement, ce n’est qu’un exemple qui illustre le biais idéologique global de France Inter, où il n’y a pas de diversité idéologique. Seules les positions comprises entre Hollande et Macron semblent acceptables sur ces antennes, alors qu’elles ne reflètent qu’une petite minorité des Français. Pire encore que le choix biaisé d’intervenants pointé par l’institut Thomas More, il y a l’uniformité des « journalistes-militants » qui ont presque tous la même opinion, synthèse d’hollando-macronisme, comme Sonia Devillers. Toute l’information, les chroniques et les interviews passent par ce même filtre. Bien sûr, il y a quelques nuances, Dominique Seux se plaçant à la droite de cet arc, mais il est extraordinairement significatif que sur l’économpie, Radio France penche dans ce sens. Sur les antennes, un ordre idéologique règne, sur l’économie, l’UE, la société, et aucune voix dissonnante ou presque n’a sa place, depuis la fin de la pastille « En toute subjectivité », qui apportait une aération intellectuelle, avec Alexandre Devecchio.
Ce faisant, c’est toute l’antenne de France Inter qui officie « en toute subjectivité », comme Sonia Devillers, à rebours de ce que devrait être un service public audiovisuel, qui devrait être plus représentatif de la France, idéologiquement parlant, et ouvert au débat. Voilà pourquoi, si je défends Guillaume Meurice, je ne soutiendrai pas Radio France face au projet de regroupement avec France Télévisions. Radio France ne mérite pas d’être protégée de l’idéologie qu’elle véhicule sans cesse, même par ceux qui s’y opposent.
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