Sortir de l’antiracisme, entrer dans l’ouverture à l’altérité
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Après 9 ans d’antiracisme soft (1972-1981) et 30 ans d’antiracisme forcené (1981-2011), il est temps de faire les comptes, et de tirer les conclusions qui s’imposent. C’est simple : l’antiracisme est raciste, culpabilisant, liberticide et illégitime. Ce paradigme du racisme et de l’antiracisme est donc faux, il convient d’en sortir et de fixer un nouveau paradigme, non raciste, pédagogique, qui respecte les libertés fondamentales et qui soit légitime. Nous proposons le concept d’ouverture à l’altérité.
40 ans d’antiracisme et quels résultats ? Une France obsédée par la race, quiracialise le discours, qui judiciarise le débat – limitant ainsi la liberté d’expression-, qui a offert une deuxième carrière à Hitler, qui hiérarchise les discriminations, qui excommunie les hérétiques, qui se communautarise. L’antiracisme est d’autant plus illégitime qu’outre son échec patent sur le terrain, il est instrumentalisé par le pouvoir politique, qui s’en sert à des fins électoralistes et de communication. Enfin, l’antiracisme a besoin du racisme pour exister et se développer, ce qui est non seulement contradictoire, mais aussi manipulateur et délétère, y compris envers les gens sincères qui veulent faire baisser le racisme par ce biais, en vain. L’échec est donc total.
Il convient de tirer les leçons de cet échec pour repartir sur de bonnes bases et ne pas commettre les mêmes erreurs. L’antiracisme a commis l’erreur de partir sur des bases opposées à celles des racistes du 19ème et du 20ème siècle. Ce faisant, ils n’imaginaient pas reproduire à leur façon les crimes qu’ils dénonçaient, en faisant eux aussi passer la race avant tout autre critère. Aujourd’hui, un noir qui a un problème est forcément victime de racisme, ce qui n’a pas de sens. On connaît les dérives de ce postulat : victimisation, déresponsabilisation, négation de la réalité qui est bien plus complexe.
Une rupture nécessaire
La rupture d’avec le racisme ne réside donc pas dans l’antiracisme (qui est un racisme qui ne dit pas son nom), mais dans le non racisme d’une part, et surtout dans l’ouverture à l’altérité d’autre part.
Le non racisme consiste à ne pas considérer la race comme primordiale, et à considérer que l’être humain doit être jugé en fonction de ce qu’il fait et non de ce qu’il est. Contrairement à l’antiracisme, le non racisme ne culpabilise pas le raciste réel ou supposé, il le considère comme intolérant et vise à lui faire prendre conscience que son attitude est irrationnelle et contraire aux faits. Il ne cherche pas à excommunier le raciste réel ou supposé, mais à lui ouvrir l’esprit. Ainsi, le racisme peut réellement baisser, au lieu d’être alimenté par un jeu pervers sur la racialisation.
L’ouverture à l’altérité, qui est complémentaire à cette attitude non raciste, consiste à expliquer que nous sommes certes tous égaux, mais aussi tous uniques et en ce sens tous différents. L’ouverture à l’altérité est donc indispensable si l’on veut pouvoir vivre ensemble, tous ensemble. Le clivage se situe donc entre ceux qui sont ouverts à l’altérité, et ceux qui y sont fermés. Or ce que recouvre ces deux catégories est bien différent de ce que recouvre le clivage raciste/antiraciste, puisque ce clivage se focalise uniquement sur la race.
Il n’existe pas d’hommes intrinsèquement bons, qui ne sont pas racistes de façon innée, et d’autres intrinsèquement mauvais, qui sont racistes depuis la naissance et jusqu’à leur mort. Les gens changent, ils sont éduqués, plus ou moins bien, ils font des rencontres, des expériences, et tout cela crée chez eux des sentiments racistes ou non.
Pourquoi l’ouverture à l’altérité est-elle la solution ?
Nous sommes tous intrinsèquement fermés à l’altérité. Ce qui n’est pas soi nous est étranger, et nous dérange en ce que c’est différent de nous. Cela fait partie de la nature humaine, comme de si nombreuses études scientifiques l’ont démontré. L’être humain a naturellement peur de l’inconnu, aussi bien physique qu’humain. Il est méfiant, il se protège, car c’est un réflexe de survie que des millions d’années d’évolution lui ont appris. Le reconnaître, c’est déjà faire un très grand pas vers l’ouverture à l’altérité.
Or le racisme n’est qu’une des manifestations de haine à l’égard de l’Autre, du Différent. Il en existe bien d’autres, que l’antiracisme a justement fait passer au second plan, du fait de sa domination idéologique. Tous ces sentiments que nous ressentons parfois à l’égard d’une personne timide, qui bégaie, à qui il manque un bras ou une jambe, qui est chauve, dont la figure est recouverte de boutons, qui est laid, difforme, nain, géant, anorexique, boulimique, religieux (quand on est athée), athée (quand on est religieux), obèse, brûlé au 3ème degré, bourré de tics ou de tocs, handicapé physique ou moteur, épileptique, allergique patent, j’en passe et des meilleurs.
A considérer toutes les catégories possibles et imaginables de différences, nous rentrons tous dans une ou plusieurs des ces catégories. Le rejet de chacun dépend des catégories dans lesquelles nous nous trouvons, certaines sont vivables, d’autres moins. Toutes nous invitent à respecter le principe de l’ouverture à l’altérité, et à considérer les autres pour ce qu’ils font, et non pour ce qu’ils sont. La logique du racisme, juger l’autre pour sa race, doit nécessairement être étendu à tout jugement basé sur ce qu’un être humain est, ce que la plupart du temps il n’a pas choisi d’être. Par exemple les mauvaises langues prétendront qu’il suffirait aux obèses de moins manger, en réalité la plupart sont atteints d’une maladie, physique ou psychologique, et c’est cette maladie qui les rend obèse. Ils peuvent en partie changer et tenter de maigrir, mais un jugement global sur les obèses ne vaut rien, puisqu’il s’agit à chaque fois de cas particuliers. Le risque serait de déresponsabiliser les gens en les victimisant, or telle n’est pas la logique de l’ouverture à l’altérité puisqu’il s’agit d’être tolérant et non de culpabiliser l’autre, qui reste libre de changer ou pas, quand il le peut, chacun étant la première victime de ses différences par rapport au groupe. Ainsi les États-Unis sont une société bien plus tolérante que la nôtre de ce point de vue, en ce que les obèses n’hésitent pas à se montrer publiquement, sans complexes, ce que les Français osent beaucoup moins faire. Plus généralement, c’est une société qui respecte plus l’anticonformisme, donc la nouveauté, l’innovation, et le changement, car tout cela est lié.
Que faire ?
Il s’agit donc de responsabiliser tout le monde, par l’éducation, non idéologique, mais factuelle et scientifiquement démontrée. Oui, l’ouverture d’esprit est préférable à la fermeture d’esprit, au sectarisme et au dogmatisme. Oui, l’ouverture à l’altérité est préférable au rejet de l’altérité, car le premier est constructif tandis que le second est destructeur. Ce doit être le paradigme choisi pour juger des actions et des réflexions de chacun, ainsi l’on peut se rendre compte que l’antiracisme est destructeur en ce qu’il nie l’aspect général de l’altérité, le limitant à la race, créant des catégories parmi les populations, enfermant ceux qu’il veut protéger dans ces catégories, donc renforçant ce qu’il prétend combattre.
L’éducation plutôt que la culpabilisation, les procès ou encore la violence (l’antiracisme est très violent). Quand des gens fermés à l’altérité refusent cette pédagogie, il ne s’agit pas de les exclure de la communauté mais uniquement de les empêcher de nuire ou de les sanctionner quand ils nuisent. Une réflexion peut être effectué en ce sens, car rien ne doit être figé. Une fermeture à l’altérité n’est ni dénuée de causes, ni définitive. Elle est souvent la manifestation d’une douleur, d’une dépression ou d’un malaise passagers. Une personne qui manifeste une fermeture à l’altérité un jour J pourra ne pas du tout le manifester un jour J+1, pour mille et une raisons dues à son environnement immédiat, son vécu familial ou professionnel, etc. Or dans le contexte actuel, un raciste ou considéré comme tel le restera advitam aeternam, même s’il ne l’a été dans les paroles (et non dans les actes) un jour, une heure voire une minute dans sa vie. Cela n’est tout simplement pas vivable.
Restent les actions, seules mesures possibles du jugement d’une condamnation. Les paroles peuvent blesser, mais ne sont blessées que les personnes n’ayant pas été assez sensibilisées à l’ouverture à l’altérité. On peut agir sur des paroles blessantes, tout simplement en ne les jugeant pas blessantes pour soi. Nous avons ce choix. Voilà pourquoi la liberté d’expression la plus poussée doit absolument être préservée.
Par contre, les actions ne nous laissent pas de choix, elles s’imposent à nous. Elles ne peuvent pas être interprétées, contrairement à l’expression. Elles ne dépendent pas de la personne victime, de son degré de sensibilité ou de son ouverture d’esprit. L’action est, elle est manichéenne, vérifiable, mesurable, démontrable, tout ce que l’expression n’est pas (sauf à retomber dans les procès interminables et le plus souvent à l’appréciation totale du juge, dont l’antiracisme a le secret). Le passage à l’acte détermine l’action coercitive qui doit venir sanctionner la fermeture à l’altérité, comme elle doit venir sanctionner tout autre domaine. Contrairement à un dogme actuel, il n’y a strictement aucune différence entre un meurtre raciste et un meurtre non raciste. Par contre il existe une différence fondamentale entre un meurtre avec préméditation et sans préméditation par exemple.
Si nous nous en tenons à ces quelques principes, nous aurons une chance de sortir de l’engrenage et du cercle vicieux dans lequel l’antiracisme nous enferme depuis trop longtemps.
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