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Stalingrad soixante-dix ans après…

Les media occidentaux présentent aujourd’hui l’URSS et tout ce qui s’y rapporte sous un aspect négatif. Cependant, il y a soixante-dix ans, les troupes de l’Armée rouge faisaient plier à Stalingrad les troupes hitlériennes, scellant de facto la défaite de l’Allemagne. Les Russes, qui ont été délibérément envahis au cours de la Seconde guerre mondiale, ont perdu dans cette barbarie plus de vingt millions de vies humaines. Mais l’Europe, myope autant qu’ingrate, continue de considérer Moscou comme un « ennemi » gênant, cherchant à diminuer quand ce n’est pas nier la contribution décisive de l’Armée rouge à la victoire finale.

En Russie pourtant, les choses ne se passent pas de cette manière, et malgré les sept décennies qui nous séparent de cet événement, des millions de Russes vouent encore une véritable admiration à ce jour du 2 février 1943, au cours duquel Staline et l’Armée rouge brisèrent l’encerclement de Stalingrad. Aujourd’hui, ce lieu héroïque s’appelle Volgograd. Les habitants de cette ville d’un peu plus d’un million d’habitants ont décidé le 31 janvier 2013 qu’elle allait reprendre quelques jours par an le nom de Stalingrad, celui qu’elle avait durant la période soviétique. Plus précisément, le nom officiel de « ville héroïque de Stalingrad » sera repris durant toutes les commémorations de la grande victoire de l’Armée rouge. Sergueï P. Zabednov, l’édile local qui est à l’origine de cette décision, a ainsi déclaré dans un entretien au New-York Times que les media pourraient reprendre à loisir le nouveau nom de Stalingrad dans leurs communiqués, et que les tableaux d’affichage des trains allaient même être modifiés comme il se doit.

Outre le 2 février, Volgograd recouvrera son ancien nom cinq autres jours, tous représentatifs de la victoire de l’Union soviétique, parmi lesquels le 9 mai (capitulation de l’Allemagne) et le 22 juin (début de l’invasion nazie). À l’origine, Volgograd s’appelait Tsaritsyne. La ville conserva ce nom-là depuis sa fondation, au XVIème siècle, jusqu’en 1925 où elle fut dédiée à Staline dans un vaste mouvement d’appellation des villes aux noms des dirigeants bolcheviks. Ce n’est qu’en 1961, durant la campagne révisionniste de déstalinisation menée par Nikita Khrouchtchev, que la ville fut rebaptisée Volgograd.

Vladimir Poutine a rapidement été accusé par plusieurs partis de vouloir récupérer le sentiment de sympathie que nourrit encore l’Union soviétique. Un sentiment incompréhensible pour quantité d’Occidentaux qui s’étonnent que Staline soit toujours considéré en Russie comme le « petit père des peuples » ou comme un artisan majeur de l’écrasement de la tyrannie hitlérienne (quand ce n’est pas les deux à la fois). Ce sentiment, loin de décroître, va même crescendo ; ce qui explique pourquoi une inscription à la gloire de l’ancien dirigeant soviétique orne désormais le hall d’entrée de la station de métro Kourskaïa, au centre de Moscou. Les autorités de Saint-Pétersbourg et de Tchita, en Sibérie, avaient quant à elles décidé que les autobus de leurs cités seraient décorés ce 2 février de grands portraits de Staline, une initiative controversée qui a pourtant déjà été prise à plusieurs reprises au cours de ces dernières années.

Les media internationaux gagneraient à sortir du contexte de la Guerre froide et de la propagande qui en découle, et réfléchir à ce que serait l’Europe si Staline et l’Armée rouge n’avaient pas infligé à l’envahisseur nazi une défaite dont il ne se relèvera jamais. Mais pour cela, il faudrait faire preuve d’honnêteté. Et c’est une tâche ardue quand on a fait du révisionnisme historique son métier.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-stalingrad-soixante-dix-ans-apres-115081477.html


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20 réactions à cet article    


  • eric 6 février 2013 09:59

    « au cours duquel Staline et l’Armée rouge brisèrent l’encerclement de Stalingrad » C’est le contraire...Les allemands ont pris Stalingrad a l’exception d’une mince bande de terrain qui est restée en liaison avec l’autre rive du fleuve, sans parvenir a la couper ou a l’encercler.
    Ce sont les soviétiques qui ont réussi a encercler la ville prise par les allemands.
    Mais bon, cela, c’est de l’histoire. Il est visible que cela ne vous passionne pas. Quant a Staline, il y a peu, son petit fils a été débouté de son procès en réhabilitation auprès du tribunal de Basmanoe rayon. Compte tenu de l’indépendance de la justice russe, et même si au cas précis la juge m’a donne l’impression d’être une fille bien, compétente et aussi soucieuse du droit qu’il est possible dans ce pays, il me semble que cela marque bien les limites de l’instrumentalisation de cette période par le régime.


    • Avic Avic 6 février 2013 10:41

      Le sentiment anti-russe de l’occident ne date pas d’hier. La guerre froide avait commencé bien avant la guerre de 39-45 et continue encore aujourd’hui dans la tête des atlantistes. Les clichés ont la vie dure.

      Poutine, Prix Nobel de la Paix 2013


      • Fab81 6 février 2013 11:16

        Effectivement, jamais le 3eme Reich n’aurait pu être vaincu sans la contribution décisive de l’union soviétique et de son peuple, qui a de loin payé le plus lourd tribu. Et Stalingrad fut un tournant majeur de la seconde guerre mondiale. Il est toujours utile, en dehors de toute considération (récupération ?) politique, de rappeler ces faits incontournables.


        • sirocco sirocco 6 février 2013 20:59

          Oui. Ce qui a d’ailleurs décidé les Américains à débarquer en France, c’était surtout la nécessité de stopper l’irrésistible avancée de l’Armée Rouge avant qu’elle n’atteigne l’Atlantique. Et beaucoup moins le désir de venir libérer les Français de l’occupation !


        • lulupipistrelle 6 février 2013 11:48

          Oui, le peuple russe est formidable...


          Avec un commandement nul archi-nul, avec ce débile de Staline terré dans son Kremlin en peine crise d’angoisse, des généraux de merde, sans matériel, en empilant les corps pour franchir des barbelés (lire Viktor Kravchenko, J’ai choisi la Liberté), ils ont arrêté la plus formidable armée, d’abord à Moscou, et puis à Stalingrad.. . on a sorti du goulag les généraux épurés en 1937, et ils ont repris les choses en main...avec le matos américain, ils ont lancé une offensive sans laquelle personne n’aurait pu mettre les pieds sur le sol normand. 

          J’ai connu un vieux qui avait traversé les champs de mine en Pologne... à cheval ! 

          J’ai eu un prof d’Histoire qui avait été se battre en Russie dans l’escadron Normandie Niémen... Il racontait la pénurie, le manque de manteau et de bouffe, le froid et la vodka ... et le courage inouï de ses camarades russes. 

          Non il n’y a aucun sentiment anti-russe en France... on sait faire la différence entre l’héroïsme d’un peuple et la monstruosité du système soviétique. 

          • ARMINIUS ARMINIUS 6 février 2013 18:01

            Bien vu lulu !
            Staline était a peu près aussi monstrueux qu’Hitler, le NKVD valait les SS, quand il abattait froidement sur ordre de Staline les 20.000 officiers et sous officiers de la Pologne vaincue et partagée avec son compère Hitler auquel il n’a rien refusé entre Juin 1940 et Juin 1941, date de l’invasion nazie de l’URSS. Sans compter les centaines de milliers de victimes des goulags et des purges ( plus d’un million de morts ), les procès expéditifs et les exécutions sommaires des déserteurs : le soldat russe avait le choix entre combattre jusqu’à la mort ou le peloton d’éxécution ( tout comme le soldat allemand d’ailleurs).
             Pendant cette même période seule l’Angleterre et la fleur des pilotes de la RAF tenaient tête à Hitler...leur rôle a été au moins aussi important et cela ne ternit en rien l’aura du soldat russe de Stalingrad...quant à Staline qu’il continue à pourrir en enfer avec son pote Hitler !


          • taktak 6 février 2013 14:04

            Une commémoration s’est tenu le 2 février dernier place Stalingrad à Paris, rassemblant plusieurs centaines de personne, à l’initiative du PRCF.

            http://www.initiative-communiste.fr/wordpress/?p=12813

            On ne peut que constater le silence assourdissant des autorités française et de la grande presse « libre ». Que ce soit sur cette date anniversaire et plus prosaiquement sur cette commémoration rassemblant pourtant une mobilisation significative, un soutien internationale et ou figure également des représentations diplomatiques officielles....


            • easy easy 6 février 2013 15:25

              Vous vous servez de ce prétexte pour nous vendre le rouge

              Or, aussi bien contre Napoléon que contre Hitler, ce qui a résisté ce n’est pas la couleur du drapeau ni même la politique du chef, c’est l’esprit jusqu’auboutiste du Russe lorsqu’il est envahi par des gens qui le méprisent.

              Concernant Napoléon les Russes ont résisté grâce à leur état d’esprit spécial et du matériel tsariste

              Concernant Hitler, les Russes de Saint Petersbourg ont résisté grâce à leur état d’esprit spécial et du matériel communiste

              A Stalingrad, les Russes ont coulé les Nazis grâce à leur état d’esprit spécial et du matériel américain

              L’état d’esprit d’un peuple ne peut être vendu par d’autres


              • taktak 6 février 2013 15:46

                force est de constater que les « russes » de Leningrad, Moscou, Stalingrad, Koursk etc... à l’époque, ils étaient communistes. Et il n’y avait pas que des « russes » mais bien les peuples d’unions soviétiques.

                Force est de constater également que si l’on ne reconnait pas le rôle éminent de l’URSS dans la victoire contre le nazisme et la libération de la France, c’est bien parcequ’ils étaient communistes et non parce que ce sont des russes et que l’on préfére mettre en avant parmis les alliés, ceux qui sont capitalistes.


              • easy easy 6 février 2013 16:30

                ****Force est de constater également que si l’on ne reconnait pas le rôle éminent de l’URSS dans la victoire contre le nazisme et la libération de la France, c’est bien parcequ’ils étaient communistes et non parce que ce sont des russes et que l’on préfére mettre en avant parmis les alliés, ceux qui sont capitalistes.****

                J’en conviens complètement

                Le résultat c’est que ni les communistes ni les capitalistes ne reconnaissent le mérite des Russes (et consorts des mêmes terres) par leur tempérament spécial

                Il se produit cependant quelque chose de singulier :
                Dès que le rideau de fer est tombé, si les Ricains ont exprimé, par exemple au travers du cinéma, leur envie d’embrasser un peuple, c’est ce peuple russe (et il ne me semble pas que cet amour soit réciproque).
                Les Ricains me semblent avoir parfois envie de vivre en France ou en Italie et envie de se battre contre quelque calamité mondiale en ayant les Russes comme partenaires. (Cet amour ne transpire qu’au cinéma)


                Au fait, les Français, s’il y a un peuple qu’ils ont envie d’embrasser, ce serait lequel ?


              • lulupipistrelle 6 février 2013 21:02

                Sous Staline, personne n’était communiste, juste terrorisé ou mafieux. Un Beria, un Molotov ... communistes ? et moi je suis Bernadette Soubirou. 


              • R-sistons R-sistons 6 février 2013 15:54

                Résistance anime un de mes sites préférés. Bien résistant, bien non-aligné.

                Ceci dit, j’ai placé cet article ici, en élargissant le débat :

                http://chantaldupille.over-blog.com/article-qui-sont-les-vrais-revisionnistes-chantal-dupille-115087235.html

                Qui sont les vrais révisionnistes ? (Stalingrad, Nakba etc)

                Bien cordialement eva


                • filo... 7 février 2013 01:08

                  Apparemment, lien que vous avez indiquée n’est pas juste.


                • louphi 6 février 2013 16:54

                  Staline face à la guerre d’extermination des nazis

                  Lorsqu’on parle de la Seconde Guerre mondiale, il faut toujours se rappeler qu’en fait, il n’y a pas eu une seule guerre, mais plusieurs. La guerre que menaient les impérialismes anglo-américain et français contre leur concurrent allemand n’avait pas grand-chose en commun avec la guerre nationale antifasciste qu’a livrée l’Union soviétique. La guerre en Occident avait été une guerre entre deux armées bourgeoises. Dans le combat contre l’invasion hitlérienne, la classe dirigeante française ne voulait et ne pouvait pas mobiliser et armer les masses travailleuses pour une lutte à mort contre le nazisme. Après la déroute de ses troupes, Pétain, le héros de la Première Guerre mondiale, signa l’acte de capitulation et entra d’un pied léger dans la collaboration. Presque en bloc, la grande bourgeoisie française se rangea sous les ordres d’Hitler, essayant de tirer le meilleur parti de la Nouvelle Europe allemande. La guerre à l’Ouest restait, en quelque sorte, une guerre plus ou moins « civilisée » entre bourgeois « civilisés ».

                  Rien de comparable en Union soviétique. Le peuple soviétique dut faire face à une guerre d’une tout autre nature. Et un des mérites de Staline est de l’avoir compris à temps et de s’y être préparé en conséquence.

                  Avant le début de l’opération Barbarossa, déjà, Hitler avait clairement annoncé la couleur. Dans son Journal, le général Halder a consigné des notes d’un discours qu’Hitler a tenu devant ses généraux, le 30 mars 1941. Le führer parlait de la guerre à venir avec l’Union soviétique.

                  « Lutte de deux idéologies. Jugement écrasant au sujet du bolchevisme : il est comme un crime asocial. Le communisme est un danger effrayant pour l’avenir. (...) Il s’agit d’une lutte d’anéantissement. Si nous ne prenons pas la question sous cet angle, nous battrons certes l’ennemi, mais, dans trente ans, l’ennemi communiste s’opposera de nouveau à nous. Nous ne faisons pas la guerre pour garder notre ennemi. (...) Lutte contre la Russie : destruction des commissaires bolcheviks et de l’intelligentsia communiste. »

                  On aura remarqué qu’il est question ici de « solution finale » — mais point envers les Juifs. Les premières promesses de « guerre d’anéantissement » et de « destruction physique » étaient adressées aux communistes soviétiques.

                  Et effectivement, les bolcheviks, les Soviétiques ont été les premières victimes des exterminations de masse. Le général Nagel écrit en septembre 1941 :

                  « Contrairement à l’alimentation d’autres prisonniers (c’est-à-dire anglais et américains) nous ne sommes tenus par aucune obligation d’avoir à nourrir des prisonniers bolcheviks. »

                  Dans les camps de concentration d’Auschwitz et de Chelmno, « des prisonniers soviétiques étaient les premiers, ou parmi les premiers, à être délibérément tués par des injections mortelles et par le gaz ».

                  Le nombre de prisonniers de guerre soviétiques morts dans les camps de concentration, « en cours de déplacement » ou dans « des circonstances diverses » se chiffre à 3.289.000 hommes ! Lorsque des épidémies se déclaraient dans les baraques des Soviétiques, les gardes nazis n’y pénétraient pas « sauf avec des équipes de lance-flammes lorsque, « pour des raisons d’hygiène », les mourants et les morts étaient brûlés ensemble sur leur lits de haillons pleins de vermine ». Il peut y avoir eu 5.000.000 de prisonniers assassinés, si l’on tient compte des soldats soviétiques « simplement abattus sur place » au moment où ils se rendaient.

                  Ainsi, les premières campagnes d’extermination, les plus vastes aussi, ont été dirigées contre les peuples soviétiques, dont le peuple juif soviétique. Les peuples de l’URSS ont le plus souffert, ont compté le plus grand nombre de morts — 23 millions — mais ils ont aussi fait preuve de la plus farouche détermination et de l’héroïsme le plus ardent.

                  Jusqu’à l’agression contre l’Union soviétique, il n’y a pas eu de grands massacres de populations juives. A ce moment, les nazis n’avaient encore rencontré nulle part de résistance sérieuse. Mais dès leurs premiers pas sur le sol soviétique, ces nobles Allemands durent affronter des adversaires livrant combat jusqu’à leur dernière goutte de sang. Dès les premières semaines, les Allemands subirent des pertes sévères, et cela contre une race inférieure, contre des Slaves, et pire encore, contre des bolcheviks ! La rage exterminatrice des nazis est née de leurs premières pertes massives. Lorsque la bête fasciste a commencé à saigner sous les coups de l’Armée rouge, elle a imaginé « la solution finale » pour le peuple soviétique.


                  • louphi 6 février 2013 17:40

                    (Suite)


                    Staline face à la guerre d’extermination des nazis (1)

                    Le 26 Novembre 1941, le 30Corps d’armée, occupant un vaste territoire soviétique, avait ordonné d’enfermer dans des camps de concentration comme otages « tous les individus qui ont de la famille parmi les partisans », « tous les individus suspects d’être en rapport avec les partisans », « tous les membres du Parti et du Komsomol, aussi bien que les stagiaires », « tous les anciens membres du Parti » et « tous les individus qui occupaient des fonctions officielles ».Pour un soldat allemand tué, les nazis décidaient d’exécuter au moins dix otages.

                    Le 1er décembre 1942, lors d’une discussion avec Hitler sur la guerre des partisans soviétiques, le général Jodl a résumé la position allemande en ces termes :

                    « Dans le combat, nos troupes peuvent faire ce qu’elles veulent : pendre les partisans, les pendre même la tête en bas ou les écarteler. »

                    La bestialité avec laquelle les hitlériens ont traqué et liquidé tous les membres du Parti, tous les partisans, tous les responsables de l’Etat soviétique et leurs familles nous fait mieux comprendre le sens des Grandes Purges des années 1937-1938. Dans les territoires occupés, des contre-révolutionnaires irréductibles qui n’avaient pas été liquidés en 1937-1938 se sont mis au service des hitlériens, les renseignant sur tous les bolcheviks, leurs familles, leurs compagnons de lutte.

                    A mesure que la guerre à l’Est a pris un caractère de plus en plus acharné, la folie meurtrière des nazis contre tout un peuple s’est intensifiée. Himmler, s’adressant aux dirigeants SS, parlera en juin 1942 d’une « guerre d’extermination » entre deux « races et peuples » qui se sont engagés dans un combat « inconditionnel ». Il y a d’un côté « cette matière brute, cette masse, ces hommes primitifs ou plutôt ces sous-hommes dirigés par des commissaires politiques », de l’autre côté « nous, les Allemands ».

                    Une terreur sanguinaire, jamais pratiquée auparavant : telle fut l’arme par laquelle les nazis voulaient contraindre les Soviétiques à la capitulation morale et politique.

                    « Pendant les combats pour la prise de Kharkov, dit Himmler, notre réputation d’éveiller la peur et de semer la terreur nous précédait. C’est une arme extraordinaire qu’il faudra toujours renforcer. »

                    Et les nazis ont renforcé la terreur.

                    Le 23 août 1942 à 18 heures précises, un millier d’avions commencent à larguer des bombes incendiaires sur Stalingrad. Dans cette ville où vivent 600.000 habitants, il y a beaucoup d’immeubles en bois, des réservoirs d’essence, des réserves de carburants dans les usines. Eremenko, qui commande le front de Stalingrad, écrit :

                    « Stalingrad fut noyée dans les lueurs d’incendie, entourée de fumées et de suie. Toute la ville flambait. D’énormes nuages de fumée et de feu tourbillonnaient au-dessus des usines. Les réservoirs de pétrole paraissaient des volcans vomissant leur lave. Des centaines de milliers de paisibles habitants périssaient. Le coeur se serrait de compassion pour les victimes innocentes du cannibalisme fasciste. »

                    Il faut avoir une vue claire de ces réalités insupportables pour comprendre certains aspects de ce que la bourgeoisie appelle « le stalinisme ». Lors de l’épuration, des bureaucrates incorrigibles, des défaitistes et des capitulards furent frappés ; beaucoup parmi eux furent envoyés en Sibérie. Un Parti rongé par le défaitisme et l’esprit de capitulation n’aurait jamais pu mobiliser et discipliner le peuple pour contrecarrer la terreur nazie. Et c’est ce que firent les Soviétiques dans les villes assiégées, à Leningrad et à Moscou. Et même dans le brasier de Stalingrad, des hommes ont survécu, ne se sont jamais rendus et ont finalement participé à la contre-offensive !

                    Lors de l’agression allemande, en juin 1941, le général d’armée Pavlov, à la tête du front de l’Ouest, fit preuve d’incompétence grave et de négligence. Le 28 juin, la perte de la capitale biélorusse, Minsk, en fut la conséquence. Staline convoqua Pavlov et son staff à Moscou. Joukov note que « sur proposition du Conseil militaire du Front Ouest », ils furent traduits en justice et fusillés.81 Elleinstein se hâte de dire qu’ainsi « Staline continuait à terroriser son entourage ».82 Or, face à la barbarie nazie, la direction soviétique devait exiger une attitude inébranlable et une fermeté à toute épreuve et tout acte d’irresponsabilité grave devait être puni avec la rigueur nécessaire.

                    Lorsque la bête fasciste commença à recevoir des blessures mortelles, elle voulut reprendre courage en s’abreuvant de sang, en pratiquant le génocide contre le peuple soviétique tombé entre ses griffes.

                    Himmler déclara le 16 décembre 1943, à Weimar :

                    « Quand j’ai été obligé de donner dans un village l’ordre de marcher contre les partisans et les commissaires juifs, j’ai systématiquement donné l’ordre de tuer également les femmes et les enfants de ces partisans et de ces commissaires. Je serais un lâche et un criminel vis-à-vis de nos descendants, si je laissais grandir les enfants pleins de haine de ces sous-hommes abattus dans le combat de l’homme contre le sous-homme. Nous devons toujours avoir conscience du fait que nous nous trouvons dans un combat racial primitif, naturel et originel. »

                    Le chef de la SS avait dit dans un autre discours à Kharkov, le 24 avril 1943 :

                    « Par quel moyen arriverons-nous à enlever au Russe le plus d’hommes, morts ou vivants ? Nous y arriverons en les tuant, en les faisant prisonniers, en les faisant vraiment travailler et en ne rendant (certains territoires) à l’ennemi qu’après les avoir complètement vidés de leurs habitants. Rendre des hommes au Russe serait une grosse erreur. »

                    Cette réalité de la terreur inouïe que les nazis pratiquèrent en l’Union soviétique, contre le premier pays socialiste, contre les communistes, est presque systématiquement occultée ou minimisée dans la littérature bourgeoise. Ce silence a un but bien précis. Aux personnes ignorant les crimes monstrueux commis contre les Soviétiques, on peut plus facilement faire avaler l’idée que Staline fut, lui aussi, un « dictateur » comparable à Hitler. La bourgeoisie escamote le véritable génocide anticommuniste pour pouvoir afficher plus librement ce qu’elle a en commun avec le nazisme : la haine irrationnelle du communisme, la haine de classe envers le socialisme. Et pour obscurcir le plus grand génocide de la guerre, la bourgeoisie braque exclusivement la lumière contre un autre génocide, celui des Juifs.

                    Dans un livre remarquable, Arno J. Mayer, dont le père était sioniste de gauche, montre que l’extermination des Juifs n’a commencé qu’au moment où les nazis ont, pour la première fois, subi de lourdes pertes. C’était en juin-juillet 1941, contre l’armée rouge. La bestialité exercée contre les communistes, puis les défaites inattendues qui ébranlèrent le sentiment d’invincibilité des Übermenschen, ont créé l’ambiance qui a permis l’holocauste.

                    « Le génocide juif a été forgé dans les feux d’une guerre formidable pour conquérir sur la Russie un ’espace vital’ illimité, pour écraser le régime soviétique et pour liquider le bolchevisme international. (...). Sans l’opération Barbarossa, il n’y aurait pas eu et il ne pouvait y avoir de catastrophe juive, de ’solution finale’. »85 C’est alors que les nazis furent confrontés à la réalité des défaites sur le front russe, qu’ils décidèrent d’une « solution globale et définitive » du « problème juif » lors de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942.

                    Les nazis criaient depuis de longues années leur haine du « judéo-bolchevisme », le bolchevisme étant selon eux la pire invention des Juifs. La résistance farouche des bolcheviks empêchait les hitlériens d’en finir avec leur ennemi principal. Alors, ils dévièrent leurs frustrations contre les Juifs, qu’ils exterminèrent dans un mouvement de vengeance aveugle.

                    Comme la grande bourgeoisie juive était conciliante envers l’Etat hitlérien — et dans certains cas même complice — la majorité des Juifs se sont livrés avec résignation à leurs bourreaux. Mais les Juifs communistes, qui agissaient dans un esprit internationaliste, ont combattu, les armes à la main, les nazis et ils ont entraîné une partie de la gauche juive dans la résistance. La grande masse des Juifs pauvres a été gazée. Mais beaucoup de riches ont réussi à se sauver aux Etats-Unis. Après la guerre, ils s’y sont mis au service de l’impérialisme américain et d’Israël, sa tête de pont au Moyen-Orient. Ils parlent à profusion de l’holocauste des Juifs, mais dans une optique pro-israélienne ; en même temps, ils donnent libre cours à leurs sentiments anticommunistes et insultent ainsi la mémoire des Juifs communistes qui ont réellement affronté les nazis.

                    Pour finir, un mot sur la façon dont Hitler a préparé l’esprit des nazis à massacrer indifféremment 23 millions de Soviétiques. Pour transformer ses hommes en machines à tuer, il leur a inculqué qu’un bolchevik n’était qu’un sous-homme, un animal.

                    « Hitler avertissait ses troupes que les forces ennemies étaient ’largement composées d’animaux, et non de soldats’, conditionnés à se battre avec une férocité animale. »

                    Pour pousser les troupes allemandes à l’extermination des communistes, Hitler leur disait que Staline et les autres dirigeants soviétiques étaient « des criminels éclaboussés de sang (qui ont) tué et exterminé des millions d’intellectuels russes dans leur soif sauvage de sang...(et) qui ont exercé la tyrannie la plus cruelle de tous les temps ».

                    « En Russie, le Juif sanguinaire et tyrannique a tué, parfois avec des tortures inhumaines, ou a exterminé par la famine avec une sauvagerie vraiment fanatique environ trente millions d’hommes. »

                    Ainsi, dans la bouche d’Hitler, le mensonge des « trente millions de victimes du stalinisme » a servi à préparer psychologiquement la barbarie nazie et le génocide des communistes et partisans soviétiques.

                    Remarquons au passage qu’Hitler avait d’abord mis ces « trente millions de victimes » sur le compte de... Lénine.

                    En effet, ce mensonge écoeurant figure déjà dans Mein Kampf, écrit en 1926, bien avant la collectivisation et l’épuration ! S’attaquant au judéo-bolchevisme, Hitler écrit :

                    « Avec une férocité fanatique, le Juif a tué en Russie à peu près trente millions d’hommes, parfois sous des tortures inhumaines. »

                    Un demi-siècle plus tard, Brzezinski, l’idéologue officiel de l’impérialisme américain reprendra mot pour mot toutes ces infamies nazies :

                    « Il est absolument raisonnable (!) d’estimer les victimes de Staline à pas moins de vingt et peut-être même quarante millions. »
                    ------------------------------------------------------ 

                  • filo... 7 février 2013 01:19

                    Bravo, félicitations pour votre commentaire. Une clairvoyance remarquable d’autant plus si vous êtes originaire de ce côté occidental de « rideau de fer »


                  • pierrot pierrot 7 février 2013 17:02

                    Message intéressant, mais je pense que l’extermination des juifs était déjà proclamé avant les premières défaites des nazis en Union Soviétique.


                  • CARAMELOS CARAMELOS 6 février 2013 20:58

                    Comment expliquer que l’URSS se soit lamentablement effondrée comme un gâteau de semoule ? S’il s’agissait du paradis nous devrions vivre heureux avec ce régime ? Non ? Vous allez me dire que c’est la faute aux Américains, je vous répondrais que ce n’est pas  mieux !


                    • simir simir 7 février 2013 08:45

                      @ Tall

                      Mais si le peuple avait bien compris qu’il était heureux... En 1990 ils se prononçaient à 70 % pour le maintient de l’Union Soviétique et tous les sondages effectués dans ces pays le disent. 
                      Le poivrot (Elstine ) est passé outre et a même fait tirer au canon sur le parlement.
                      Quant aux camps renseignez vous d’abord sur ceux dans lesquels on a enfermé les républicains espagnols et les harkis ensuite et aussi sur les 1,5 millions d’algériens qui ont connu cela pendant la pacification et ceci sur une population de 8 millions d’autochtones. Staline à coté c’est un rigolo.
                      Menteur un jour, menteur toujours...

                      • jak2pad 9 février 2013 03:22

                        Tissu de sottises bien dans la ligne de la nostalgie de ces vieux barbons staliniens dont la méchanceté n’a d’égale que la stupidité.

                        Staline a été l’exterminateur du peuple russe, qui a cependant trouvé la force inouîe de défendre son existence devant la barbarie des nazis.
                        Il a triomphé, et s’est retrouvé ensuite devant le sérial-killer ragaillardi qui a repris son oeuvre d’extermination.
                        Je suis atterré de voir qu’il existe encore des gens capables de manipuler l’Histoire comme durant les bonnes années du KGB.
                        Mais je me réjouis que pour les jeunes ces vieux débris n’inspirent qu’un sentiment de pitié.
                        A quand un autre article exaltant le massacre des Cambodgiens par Pol Pot, c’est du même style.

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