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Suisse : Henniez absorbée, la bulle

Voilà que la dernière source d’eau minérale vaudoise exploitée et de grande notoriété passe sous le giron de Nestlé, et en plus pour un prix étrangement dérisoire. La famille qui a finalement vendu l’entreprise estime officiellement en avoir tiré "le juste prix". Etrange, quel cadeau occulte recouvre cette affirmation ? On veut bien qu’ils soient gentils, les descendants des Rouge-Pahud, mais enfin à qui vont-ils faire croire qu’ils donnent soudainement dans le social ?

Les actions en bourse aux mains du public et des petits porteurs seront achetées à environ Fr. 5 300 pièce alors que 62 % d’entre elles, aux mains de la famille qui a vendu, ont été cédées pour environ Fr. 3 000 par action. Une différence de taille de plus de 60 %. Il y a visiblement une ou plusieurs... bulles dans la bouteille.

Mais, finalement, c’est leur affaire et cette opération capitalistique n’est intéressante que dans la mesure où elle montre une nouvelle fois que la politique d’appropriation des ressources naturelles par le capital, et singulièrement par Nestlé, initiée il y a une bonne quinzaine d’années, frise le scandale social. Quoi de plus public que l’eau ? Quoi de plus indispensable que l’eau ? Nos édiles en campagne électorale ne bougent pas une oreille, les organes de presse relatent la vente sans aucun sens critique comme s’il s’agissait de la dernière victoire d’un illustre inconnu au tir aux pigeons.

Mais il faut hurler maintenant que le commerce de ressources indispensables à chacun n’est pas moral, et ne peut ni ne doit continuer comme ça. Nestlé détient déjà quantité de marques d’eaux minérales, et tout le monde applaudit et touche son dividende à la fin de l’année. Ce sont les mêmes qui râlent contre le prix de l’électricité, produite par la même eau... ou presque. Il est urgent et politiquement indispensable de nationaliser les ressources naturelles comme l’eau, le gaz et le pétrole. De les soustraire au marché des riches pour en remettre le produit, par une juste équitable et économique redistribution à l’ensemble de la population. Bien sûr que c’est une entorse au principe de la propriété privée, mais cette entorse est nécessaire chaque fois que le bien en question est un bien de première nécessité indispensable à la vie. Ce qui étonne c’est qu’aucun parti, fût-il d’extrême gauche, ne réagit face à ce genre de situations. Dans ce genre de commerce, le propriétaire n’apporte strictement aucune valeur ajoutée au produit : en économie, il ne produit donc aucune richesse, il se contente de traire la vache à eau. C’est ce qu’on appelle une rente, et une rente sur des biens communs ne saurait faire l’objet d’une appropriation par les riches, ou alors on admet que la société n’est qu’un vaste camp de sauvages qui s’entretuent pour se voler leurs terres et leurs richesses respectives. On croyait vivre dans un monde civilisé.


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2 réactions à cet article    


  • Reflex Reflex 7 septembre 2007 18:23

    Voici belle lurette que l’eau, symbole de vie, est, de par sa rareté, devenue la proie de grands groupes qui, aux côtés de juteux services « publics » de distribution, entretiennent un discours pervers tendant à convaincre le consommateur que rien ne vaut une eau ayant « sommeillé » des mois durant dans des contenants à l’innocuité suspecte. Pierrier a fait les frais de cette « logique » ainsi que la plupart des marques vendues jusqu’à 400 fois son prix au robinet. La Lyonnaise, naguère des Eaux, a bâti son expansion au XXe siècle sur l’or bleu. Il est piquant de la voir aujourd’hui contrainte, via Suez, de céder ce pôle. Dans ce monde de brutes capitalistes, on notera le maintien d’une structure familiale au nom illustre « Spa », exploitée par la ,richissime Spadel.


    • Finarin 22 septembre 2007 18:50

      Très intéressant votre intervention au sujet d’ Henniez. Je vis aussi en Suisse, en Valais,et depuis bien longtemps déja, c’ est-à-dire depuis que je m’ étais rendu compte de son appétit commercial éffrené, je voue un’ antipathie irréfrenable à l’ égard de Nestlé. Au point que, à un certain moment donné, j’ avais pris la décision de ne plus acheter de produits commercialisés directement ou indirectement par le géant vaudois.

      Hélas j’ ai dû m’ avouer perdant, car en excluant du panier à commissions les produits « Nestloïdes », je risquais de revenir à la maison pratiquement bredouille.

      Je ne serai pas surpris si un jour, pas trop éloigné de surcroît,tout cet immense château de cartes édifié par les fusions et la mondialisation à outrance s’ écroule. Malheureusement le mal sera plus grand pour les petits, ceux qui, dans ce gigantesque cirque de malades qui est désormais le commerce, n’ y sont absolument pour rien.

      edp

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