Sur une récente vidéo de Macron : le tissu d’un tee-shirt ne fait pas l’étoffe d’un Président
SUR UNE RECENTE VIDEO DE MACRON :
LE TISSU D’UN TEE-SHIRT NE FAIT PAS L’ETOFFE D’UN PRESIDENT
Ainsi donc Emmanuel Macron, dont on a longtemps cru, par erreur visiblement, qu’il allait mieux incarner la fonction présidentielle, en France, que son prédécesseur, François Hollande, vient-il, ce lundi 2 août 2021, de gratifier ses concitoyens d’une vidéo dans laquelle, y tentant de convaincre les plus jeunes quant à la nécessité de se faire vacciner contre la Covid-19, il apparaît en contrebas, par surprise pour la grande majorité du peuple qu’il est pourtant censé gouverner, à défaut de pouvoir toujours l’éclairer, en tee-shirt noir à manches courtes, affublé de surcroît d’un hideux hibou géométrisé. Avec, au dessus-de lui, plongeant dans ce mauvais cadrage, le drapeau de la République.
Je passerai certes ici, préférant y laisser choir un voile charitable, sur la piètre qualité du son émanant de cette vidéo, comme, même si j’en connais les motivations tout autant que les rouages, sur son amateurisme flagrant. Après tout, Instagram et Tik-Tok, ces réseaux sociaux où batifolent nos ados, n’ont guère la prétention de rivaliser avec les chefs-d’œuvre cinématographiques d’Hitchcock, Ingmar Bergman, Orson Welles, Kubrick ou Luchino Visconti. Mais tout de même : il y a des limites, surtout pour un Président de la République, au mauvais goût, sinon au ridicule, voire au pathétique !
LA TRAHISON D’UNE CERTAINE IDEE DE LA FRANCE
Car, qu’il ait depuis longtemps trahi, pour beaucoup de ses électeurs, ses idées, c’est somme toute là le navrant lot de bon nombre de démagogues, mais qu’il ait ainsi, par l’aspect à la fois niais et clownesque de son accoutrement en cette ultime vidéo, trahi là la simple élégance à la française (celle que magnifièrent un Yves Saint-Laurent ou un Christian Dior), voilà qui, à n’en pas douter, s’avère plus consternant, véritablement sidérant !
Faut-il à ce point tomber bas aujourd’hui, en France, pour qu’un Président se fasse enfin entendre par son peuple ? Ou alors, s’il n’y a vraiment pas d’autres moyens, sinon celui d’une aussi misérable mise en scène, pour pouvoir encore être compris par ses concitoyens, c’est que cette même France va vraiment mal ! Et, certes, ne voudrais-je pas donner ici raison, via cette preuve par l’absurde, au Général de Gaulle lorsqu’il traita les Français de « veaux » !
Et puisque j’en suis ici à invoquer la parole de cet illustre défunt, l’imagine-t-on s’adresser aux Français en linge de corps ? Qu’en aurait dit, la désuète mais sage tante Yvonne ? Je l’entends d’ici, le voussoyant de mémoire de vieille France : « Mais enfin, Charles, allez vous habiller ! Ne soyez pas ridicule ! On ne s’adresse pas ainsi, aussi négligé, aux Français ! Ce serait là, outre les insulter, déroger à votre stature de Président ! Un minimum de sens protocolaire, de décence et de dignité ! Soyez à la hauteur de cet immense honneur que les Français vous ont fait en vous élisant à la tête de leur chère patrie ! » L’expérimentée Brigitte, de même, devrait parfois rappeler à l’ordre son jeune Emmanuel, au lieu de laisser ainsi faire, comme en cette vidéo dont on ne sait s’il faut en rire ou pleureur, cet incontrôlable gamin !
DES PRESIDENTS QUI DOIVENT SE RETOURNER DANS LEUR TOMBE
Oui : De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac (je les cite dans l’ordre chronologique de leur élection au sommet de la Ve République) doivent aujourd’hui, quoi que l’on en pense, se retourner dans leur tombe !
Mieux ! Imagine-t-on Pompidou, grand amateur d’art moderne et contemporain, inviter sous les ors de l’Elysée, comme le fit Macron dans une autre mais tout aussi affligeante vidéo, des rappeurs à la grammaire plus qu’approximative ? Et Giscard d’Estaing délaisser « son » magnifique musée d’Orsay, pour une virée, à l’instar encore de Macron lors d’une promenade aux Tuileries ou au Touquet, en blouson de cuir noir, tout en apostrophant, les tutoyant irrespectueusement et ricanant, quelques jeunes de banlieue épris de seuls selfies ? Et Mitterrand, ce Florentin qui ne jurait que par Laurent le Magnifique et Machiavel, en plus de se délecter de mets raffinés au pied des pyramides égyptiennes, abandonner, un soir d’égarement littéraire, sa riche bibliothèque, devant laquelle il se fit fièrement photographier à l’Elysée toujours, pour lui préférer, comme le fit là encore l’inénarrable Macron, les chansonnettes et autres ringardises du dernier chanteur à la mode ? Et Chirac, plus distingué qu’il n’y paraissait derrière ses allures de séducteur invétéré et friand de bonne chair, renier ses statues asiatiques, estampes japonaises et autres fétiches africains, comme ceux qui ornent désormais « son » superbe musée des « Arts Premiers », pour s’enticher, rabaissant ainsi de plusieurs crans ses exigences esthétiques, d’artistes de seconde zone, d’écrivassiers en mal de reconnaissance médiatique, d’intellectuels semi-mondains ou de pseudo-philosophes en chemise blanche ? Autant de bouffons de ce « prince sans rire » en l’obscur et dramatique temps des Lumières éteintes !
LA DICTATURE SANITAIRE CONTRE L’ESPRIT DES LUMIERES
Ah, Voltaire, Diderot, Montesquieu, les Encyclopédistes et le chevalier de La Barre, jadis cloués au pilori pour avoir osé trop parler, dénoncer, fustiger ou blasphémer, où êtes-vous donc en ce désert, aujourd’hui, de l’esprit, béant comme la culture, ô bienheureuse civilisation d’autrefois, qui fout inexorablement le camp, pour le malheur des âmes éclairées, en ces heures malades, et pas seulement de cette mystérieuse pandémie dont souffre tant notre pauvre monde en ses sinistres allures de dictature sanitaire !
LA CONFUSION DES GENRES, A DEFAUT DE STYLE : QUAND LE PETIT ROITELET ENDOSSE UN HABIT MALSEANT POUR JOUER LE MAUVAIS RÔLE
Bref : même Sarkozy et Hollande, pour en appeler aux Présidents encore vivants, passent pour des « grands communicants », en matière de stratégie politique, au regard du pourtant volubile Macron, qui, lui, n’hésite pas à verser, à considérer comme il passe allègrement du statut d’apprenti roitelet (voir son discours télévisé du 12 juillet dernier, où il imposa de manière autoritaire, sans avoir consulté les institutions démocratiques, le passe sanitaire) à celui d’adolescent attardé (voir cette désolante vidéo de ce 2 août), dans la confusion des genres. Ne pas confondre, par ce nivellement par le bas, niveau et caniveau !
Une confusion des genres, à défaut de style, qui, hélas pour la France d’aujourd’hui, va loin ! Car ce n’est pas seulement à la fonction présidentielle qu’il attente manifestement, en osant se présenter devant les Français ainsi vêtu d’un très malséant et vulgaire tee-shirt noir à manches courtes. Car, voulant même se substituer là aux épidémiologistes et autres virologues pour dispenser aussi prétentieusement, dieu sait de quel droit régalien et par quelle infuse science, ses leçons en matière de santé publique, c’est la médecine même qu’il bafoue ainsi, méprise et foule aux pieds, sans scrupule ni vergogne et de manière aussi arrogante qu’éhontée.
Ce n’est pas là, en effet, le rôle d’un homme politique, et surtout pas ce maladroit Macron – à moins qu’il ne veuille invalider ou discréditer définitivement les supposés bienfaits des susdits vaccins, dont beaucoup doutent de surcroît –, pas plus que son pitoyable tee-shirt noir à manches courtes n’est l’habit d’un chef d’Etat qui se respecte, ni ses discours racoleurs la fonction d’un Président digne de ce nom. Le tissu d’un tee-shirt, fût-il de la meilleure qualité, ne fait pas l’étoffe d’un Président !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe, auteur de « Philosophie du dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps » (PUF), « Oscar Wilde » et « Lord Byron » (Gallimard-Folio Biographies), « Divin Vinci – Léonard de Vinci, l’Ange incarné » et « Gratia Mundi – Raphaël, la Grâce de l’Art » (Ed. Erick Bonnier), « Le Dandysme – La création de soi » (Ed. François Bourin/Les Pérégrines), « L’Ivresse artiste – Double portrait : Baudelaire-Flaubert » et « Le meilleur des mondes possibles » (Ed. Samsa), analyse critique sur l’actuelle crise sanitaire du Coronavirus, coécrit avec Robert Redeker, Elsa Godart et Audrey Palma (et enrichi d’un entretien, sur les dérives du transhumanisme, avec Luc Ferry).
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