Sus à ces trublions de livres gratuits !
Salon du livre de Montréal. Ce matin, je me suis aventuré dans l'antre du dragon et j'en ai été expulsé manu militari. Manu militari n'est pas une figure de style ; j'ai été escorté vers la sortie par trois (3) agents de sécurité - j'ai 78 ans - dont l'un m'a bousculé dans un escalier en me disant qu'il n'hésiterait pas m'y pousser si je n'obtempérais pas plus vite...

"J'ai mes ordres" - qu'il m'a dit, le type de l'Agence Garda, tout de noir vêtu et sans autre identification - "et j'ai beaucoup de travail". On croirait à une blague..., si ce n'était ces mêmes gens qui ont tabassé les étudiants l'an dernier à l'Université du Québec et le même groupe qui a laissé des traces sanglantes en Irak. Notre culture est entre fortes mains.
Que s'est-il passé ce main ? Salon du livre de Montréal, du 20 au 25 novembre 2013, c'est la grand-messe annuelle au Quebec de tous ceux qui vivent ou veulent vivre de l'écriture. Un espoir qui, dans une société qui se numérise, risque de plus en plus d'être déçu. Alors l'espoir de faire des sous se transforme peu a peu en un espoir de s'en faire donner, et la lutte devient de plus en plus féroce, âpre, impitoyable... De l'émulation, à la rivalité, puis au conflit et à la guerre. Une guerre mesquine qui pourrait devenir sale. " Kulturkampf" "à la québécoise".
J'ai déjà dit ce que je pensais de ces formations parasitiques sur l'écriture et la lecture que cultivent ceux que j'ai appelés les geôliers de la culture.
Salon du livre de Montreal. J'y ai deja eu mon stand, mais n'en pas cette année, je déambulais ce matin entre les étalages, échangeant avec d'autres badauds... Parfait quidam. Mais la fiche à mon cou disant "auteur"... Quelqu'un m'a demandé ma carte, d'autres m'en ont demandé aussi. L'une de ces cartes a trouvé son chemin vers le Saint Office de l'Inquisition. Cinq minutes ne se sont pas écoulées qu'on m'a intimé l'ordre de déguerpir. Pourquoi ? Parce que sur ma carte il y a un lien vers quelques bouquins qu'on peut lire GRATUITEMENT sur Internet.
VOICI CI-DESSOUS CE LIEN DANS TOUTE SA GROSSIÈRE INDÉCENCE....
C'est pour avoir, un peu par inadvertance, donné accès à ce lien et donc permis à quelques personnes de lire gratuitement ces livres qu'un vieillard a été houspillé et menacé. Faut-il que l'intelligentsia québécoise mendiante des assistés du livre soit bien humiliée d'elle-même, pour défendre avec tant d'acharnement l'os qu'elle persiste a ronger ! Alors que le buffet est servi pour ceux qui voudraient VRAIMENT avoir quelque chose a offrir. Promouvoir le lecture, faire connaitre les auteurs, réduire les coûts de production et diffusion.... Ce qui est absolument tabou.
Car est-ce que ce sont mes livres gratuits qui ont énervé les geôliers de la culture dans leur antre... au pont de les pousser à cette réaction aussi caricaturalement fasciste que d'expulser par la force d'un lieu où il payé son billet un vieux monsieur visiblement inoffensif ? Ou n'est-ce pas plutôt cette petite proposition, qui est aussi sur ce site, d'un fond pour mieux rémunérer les auteurs et réduire cette part obscène de la vente des livres qui va à ceux qui vivent de la culture sans la nourrir ... et l'affament ?
Ma proposition qui énerve est simple : Je l'ai déjà exposée en détail il y a des années et je ne l'avais résumée sur le site en délit de gratuité que pour mémoire :
1. Que l’État fournisse à chaque citoyen un Compte-Lecteur, avec un identifiant auquel le lecteur ajoutera son propre mot de passe ;
2. Qu'il crédite chacun de ces comptes d’un même montant. (Disons ici 100 $ annuellement, mais ce n’est qu’une illustration ; ce pourrait être 50 $ ou 200 $).
3.. Qu'Il assume la responsabilité de publier, sur un site internet dédié a cette fin, TOUS les écrits dont leur auteur québécois demanderait la publication, lui ouvrant simultanément un Compte-Auteur
4. Que quiconque veut accéder à l’un de ces livres ou autres écrits – classés par titre, auteur, taille, catégorie, etc, – puisse le faire en autorisant le virement, de son compte-lecteur au compte de l’auteur d’un montant déterminé.
Quel montant ? À discuter, mais idéalement un montant minime, allant par exemple, selon la nature du texte, de 0,00005 $ a 0,001 $ du mot, ce qui signifierait, pour son auteur, 20 $ l’exemplaire pour un livre de niveau "A" (TRES sérieux) de 20 000 mots… et 5 $ pour une roman sentimental sans prétention de 100 000 mots de niveau C, avec entre les deux, au niveau B, pour environ 10$, toute la littérature pour honnête homme cultivé allant de Voltaire au dernier Goncourt.
Prix cassé ? Bien sûr, mais il s’en écoulera beaucoup plus… On lira davantage. Et la clientèle sera d’autant plus vaste, que le lecteur qui ordonne le paiement obtient ses premier "achats" gratuits et n’a à ajouter ses propres deniers que s’il excède la limite fixée par le montant qu’on lui a crédité.
5. C’est par cette approche réaliste, je crois, que passe la rentabilité future du métier d’écrivain. Le développement d’une intelligentsia créatrice de culture, aussi, car on multipliera ainsi le nombre des auteurs et, en faisant fluctuer chaque année les prix par types de littérature, l’État pourra favoriser ceux – romans essais etc. – qu’on veut encourager.
Cette proposition ne fait que reprendre ce que j'en disais il y a des années, mais elle devient plus urgente. Il faut que le créateur obtienne plus et que diminue la part de ceux qui parfois l'aident, mais souvent le parasitent L'internet doit être au service de la lecture, de l'écriture et donc de la culture. La dynamique est la même en France :
Urgente, parce que cette réaction fasciste violente a la menace de la gratuité du livre au Quebec, pourrait bien ne pas être si différente dans le monde fermé de l'édition et de la distribution française. URGENTE, car l'accord de libre échange entre l'U. E et l'Amérique vise à nous faire tous marcher au même pas. Un pas inquiétant ET AUCUNE EXCEPTION N'EST PREVUE POUR LES "PRODUITS" CULTURELS.
Amazon vendra donc la culture, Google décidera de ce qui passe sur le web... et nous n'aurons même pas le droit de DONNER notre opinion.
A moins qu'on ne dise NON. La culture est notre patrimoine et il ne faut pas qu'on nous la vende. Il faut qu'on nous la donne.
Pierre JC Allard
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