Syrie : Hollande veut armer des rebelles dont même les aleppins ne veulent pas !
Voici le témoignage d’un jeune syrien d’Alep, publié dans la presse canadienne anglophone qui devrait faire réfléchir MM. Fabius et Hollande. Alep est pour moitié hostile au gouvernement syrien, et verrait d’un bon œil, en capitale économique, les dollars , les euros et le bienfaisant système de crédit international venir la « féconder » en espérant grignoter sa part au passage. Soit. Mais « à qui » nos dirigeants et ces patriciens syriens qui s’en lavent les mains, veulent-ils donner des armes ? Surtout si « cette moitié » selon ce témoignage, soutient de moins en moins les rebelles aux comportements de sauvages et qui dominent la faction « fréquentable » de la rebellion, ce qui est le cas partout où ils donnent l’assaut en Syrie…. et donc.. de quelle Syrie parle-t-on ? Réponse de M.Chouet, ancien de la DGSE dans LE POINT ce jour, pour ceux qui ont encore besoin de la caution de vrais experts : « Certains responsables politiques français affirment que nos services spéciaux savent parfaitement à qui il faut les donner. Je connais la Syrie depuis 40 ans, j'ai fait partie des services spéciaux pendant 30 ans et j'affirme qu'une telle certitude est totalement présomptueuse. »
Donc non seulement cet armement sera sur le terrain parfaitement impossible à contrôler ( on s’en douterait, n’est-ce-pas ?), non seulement, comme vous allez le lire ici, nous allons le transférer à des « rebelles » (pas des « révolutionnaires », faut pas pousser non plus, des fois que ca leur donne des idées…) si douteux et dominateurs que même les citoyens non armés opposés au gouvernement actuel n’en veulent pas (ca existe aussi, même si c’est plus long à écrire et gênant de reconnaitre leur légitimité), mais en plus nous sortons carrément du cadre admis de la justice et de la jurisprudence internationales. On finirait presque par oublier ce détail dites-donc ! Pourtant, ne siégeons nous pas dans les plus hautes instances internationales à des postes titulaires d’un droit de veto ? Rien que ça… De quelle souveraineté parlent Fabius et Hollande ? Celle de 1933 outre Rhin ? Ils veulent l’Anschluss idéologique version ultralibérale (la Syrie est loin de PS-lande il est vrai …), et tant qu’à faire, énergétique aussi ? (le gaz, c’est pour faire plaisir à EELV ?) Et dans la famille d’Oncle Sam, je choisis le fils, Spiderman : « A grands pouvoirs, grandes responsabilités ». Nous sommes gouvernés par des irresponsables.
- Alep, Syria Live, enfants et rebelles qui se dispersent après l’explosion d’un missile aéroporté dans le quartier Al Myassar le 20 février 2013
Edward Dark, activiste aleppin : “Les gens ici n’aiment pas le régime, mais ils haïssent encore plus les rebelles ».
article paru dans le The Globe and Mail, Toronto
Edward Dark, activiste, se trouve dans la ville d’Alep, la seconde de Syrie, depuis l’éclatement de la révolte. Il parle ici à « Syria live » sur la vie quotidienne dans sa ville.
A quoi ressemble Alep ? Y a-t-il de l’électricité, de l’eau, un accès à internet ? Les gens peuvent-ils sortir faire leurs courses et se rendre dans des cafés ? De quoi parlent les gens en ville ? Les écoles et les Universités sont-elles ouvertes ?
La ville est divisée pour moitié entre quartiers contrôlés par les rebelles, et par le gouvernement. Passer d’un côté à l’autre est difficile et risqué. La plupart des routes ont été bloquées, et il y a une circulation monstre le matin, lorsque les gens se rendent à leur travail pour essayer de faire avancer leurs affaires. Mais tôt dans la soirée, les rues de la ville se vident, presque personne ne s’y aventure la nuit. Il y a souvent des coupures de courant et d’eau qui durent.
Les poubelles dans certains quartiers ne sont plus collectées ; on manque d’essence, et le peu qu’il y a est vendu au marché noir à des prix exhorbitants. Il y a pénurie de médicaments, et la plupart des hôpitaux ont soit fermé, soit travaillent au ralenti en raison de pénurie d’électricité, de personnel et de fournitures. Beaucoup des résidents aisés, des hommes d’affaire, mais aussi de professionnels notamment les médecins, ont fui la ville et se sont installés à l’étranger.
L’Université est encore ouverte, mais de nombreux cours sont annulés et la fréquentation est faible. Il n’y a plus qu’une poignée d’écoles ouvertes, les autres abritent des réfugiés et ne font pas cours du tout.
Jusqu’à l’an passé, vous étiez actif sur Twitter, puis vous avez disparu pendant un temps. Pourquoi avez-vous été obligé de cesser d’émettre, si ce fut le cas ?
Il y a eu de fréquentes pannes d’internet à Alep. La plus longue a duré un peu plus d’un mois. Ajoutez à cela la situation terrible en matière d’alimentation électrique, qui peut lâcher plusieurs jours d’affilée.
Lorsque vous êtes revenu en ligne, vous avez présenté un point de vue très différent de l’état du soulèvement. Qu’est ce qui a changé ?
Moi-même, et beaucoup d’autres résidents d’Alep, avons été les témoins directs de la façon dont les rebelles se comportent sur le terrain, et des crimes et pillages en tous genres qu’ils commettent en toute impunité. L’autre raison est qu’il y a des jihadistes étrangers aux idées extrémistes ici. Ce n’est pas pour cela que nous nous sommes soulevés, pour remplacer un groupe de criminels par un autre. (1)
Alep a disparu du champ des médias récemment. Où en est-on sur place maintenant ? A quelle échéance les rebelles vont-ils contrôler la ville ?
En ce qui concerne la Syrie, les médias accordent leur attention à ce qui leur plait et selon leurs propres priorités. Il n’est pas rare de voir certaines sources médiatiques soit ignorer, soit exagérer et même parfois carrément inventer des faits sur le terrain. Alep est dans une impasse depuis longtemps, et va le rester selon toute vraisemblance, d’où la baisse d’intérêt pour son sort. Il est peu probable que les rebelles parviennent à retourner en leur faveur toute la ville. Le régime maintient des forces importantes en ville, et bénéficie d’un soutien significatif dans la population.
Y a-t-il un soutien important de la révolte à Alep aujourd’hui, ou est-il localisé ?
Ici, les gens n’aiment pas le régime, mais ils haïssent encore plus les rebelles. Les difficultés économiques et les conditions de vie insoutenables causées par l’assaut des rebelles contre la ville [en juillet dernier] n’ont fait que s’ajouter à leurs crimes et ont sérieusement affaibli le soutien dont ils bénéficiaient parmi les habitants.
Comment la ville est-elle divisée entre ceux qui s’opposent et ceux qui soutiennent la révolte ? Cela a-t-il changé depuis les premiers jours ?
La ville est divisée dans son soutien, ça oui. Et comme je viens de le dire, le soutien à la révolte s’est constamment affaibli depuis leur assaut de la ville.
Selon votre expérience, les combattants rebelles sont-ils dangereux et indifférents aux vies des civils, ou seulement certains d’entre eux ?
Selon mon expérience, la majorité des rebelles se montrent très violents envers les civils, de la même manière bien sûr que le fait le régime, mais ce n’est pas une excuse du tout (2). Certains groupes rebelles ne sont rien de plus que des maffieux regroupés qui se livrent avec opportunisme aux enlèvements, aux extorsions et au pillage généralisé d’usines et d’entrepôts. Le fait que les « bons gars » parmi les rebelles n’aient pas été capables de les stopper jette un voile noir sur les rebelles ici. (3)
En gros, quel pourcentage de la ville est respectivement aux mains du gouvernement et aux mains des rebelles ?
En gros, vous pouvez considérer que c’est réparti à peu près pareil. Mais Alep est effectivement encerclée par des combattants rebelles, et toutes les routes principales sont, à des degrés divers, sous le contrôle des rebelles, ce qui rend les approvisionnements très difficiles, surtout en essence.
Y a-t-il des signes de perte de contrôle de la ville par le gouvernement ?
Non, c’est une situation de statu quo. Et cela ne me parait pas devoir changer de sitôt.
Est-ce que les rebelles qui ont commencé à se battre l’été dernier étaient vraiment de la ville ? Qu’est-ce que cette question vous inspire ?
Non, ils étaient des environs de la ville, de la campagne. C’est un autre problème, il renforce l’hostilité des habitants contre eux. (4)
Notes du traducteur :
(1) S’agit-il des 2 groupes qu’il mentionne, ou de ces 2 groupes comparés à l’armée régulière syrienne ?
(2) Cette réponse embarrassée ne satisfait pas votre traducteur. Et ce « bien sûr » est de trop… chacun appréciera. Après tout, ce n’est que le cœur humanitaire du problème, qui pose la question des accusations contre l’armée régulière syrienne, et la journaliste canadienne a sans doute d’autres shahs à fouetter que de creuser cette réponse….
(3) Je renvoie le lecteur « en vrac » sur la toile pour y trouver absolument les mêmes témoignages partout ailleurs. Il faut bien que vous bossiez un peu aussi, non ? Sans rancune ?
(4) Question cruciale mais qui dépasse le témoin : Comment une ville de 1.700.000 habitants ne serait pas capable dans ses rangs, de lever spontanément des bataillons de rebelles par centaines ? Etrange, non ? A moins que le CV de ces étrangers syriens ne soit encore plus exotique derrière une simple façade couleur locale ?
Rappels en lien avec ce sujet :
- Syrie, l'exaspération russe, reprise de nsnbc, Christof Lehmann,14 mars 2013
- Assad : Stop à la conspiration du gaz, par bluerider,8 mars 2013
- Assad face à son peuple, Counterpunch, Franklin Lamb,7 janvier 2013
- Non,Assad ne veut pas gazer son peuple, The Independent, Robert Fisk, 8 décembre 2012
GAZ et SYRIE :
- Relance de la construction du gazoduc Iran-Syrie-Iraq, sur voltairenet, la rédaction, le 20 novembre 2012
- Le tracé des gazoducs décide des zones de combat sur Mondialisation, Nacer Charara, le 15 novembre 2012
- Syrie ; une guerre pour le contrôle du gaz ? Willliam Engdahl,11 octobre 2012
- Syrie : l’OTAN vise le gazoduc, sur voltairenet, Manlio Dinucci, le 10 octobre 2012
- Syrie : la guerre du pipelinistan, sur Mondialisation, par Pepe Escobar, le 15 août 2012
- La ruée vers le gaz en Méditerranée, sur voltairenet, par William Engdahl, le 29 mai 2012
- Syrie, la guerre pour le gaz, sur Mondialisation, Imad Shawzy Shueibi, le 15 mai 2012
MEDIAS et SYRIE :
- Analyse de la situation en Syrie, Les Crises, Alain Chouet ex DGSE,14 Août 2012
- Le traitement fallacieux du massacre de Houla, Medialens, David Edwards,5 juillet 2012
- Une élimination, confirmation sur le massacre de Houla, par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, article de Reiner Hermann, paru le 13 juin 2012
- Nouvelles révélations sur le massacre de Houla, par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, article de Reiner Hermann, paru le 6 juin 2011
- L’ASL nous a attiré dans un piège pour nous faire exécuter, par Channel4news, article de Alex Thompson publié le 8 juin 2012
- L’OTAN et la CIA arment en cachette les rebelles syriens afin d’affaiblir l’Iran par Daan de Wit, DeepJournal, le vendredi 27 janvier 2012
- La guerre financière globale, l’escalade dans le golfe Persique et les menaces vitales contre le système des pétrodollars par Maxime Chaix, sur mondialisation.ca, le 15 janvier 2012
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