Tactique criminelle, l’attaque au couteau
Le dimanche 1 octobre, un homme frappe une jeune femme à la gorge à l'aide d'un couteau avant d'en frapper une autre au thorax et à l'abdomen au cri « Allah Akbar » dans l'enceinte de la gare Saint-Charles (Marseille), il est 13h 45. L'agresseur sans existence légale, utilisant sept alias, et en situation irrégulière sur le territoire, sera abattu après les sommations d'usage alors qu'il se ruait sur des militaires de l'opération Sentinelle. Les deux femmes, deux cousines, Mauranne et Laura ne survivront pas à leurs blessures. Ce genre d'attaque au couteau n'est hélas pas un acte unique : Philippe Douste-Blazy, maire de Lourdes, blessé pendant les législatives de 1997, Bertrand Delanoé, le maire de Paris poignardé dans la nuit du 5 décembre 2002, frère Roger, le fondateur de la communauté œcuménique de Taizé (Saône-et-Loire) égorgé par une femme le 17 juillet 2005, plus proche de nous, l'assassinant du père Jacques Hamel survenu le 26 juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray, sans oublier les militaires cibles d'attaques à l'arme blanche.

Mise en garde, les remarques et informations qui suivent sont destinées à toute personne exerçant une fonction dans la sécurité des personnes. Ces dernières doivent être en mesure de percevoir une situation à risque, identifier les actes préparatoires, l'individu est-il droitier ou gaucher, l'emplacement de port afin de mieux détecter l'arme et son type. Vous me pardonnerez de ne livrer aucune information sur : le maniement du couteau - d'indications anatomiques - ou les différentes manières d'atteindre les points vitaux (localisation, profondeur, angle, létalité).
S’il est une des armes la plus portée par des agresseurs potentiels, c’est bien le couteau. Il s’agit d’une arme silencieuse, sa vente est libre, son port est moins sévèrement puni qu’une arme à feu (Au mois de janvier 2015, un homme interpelé à proximité du cortège de président Nicola Sarkozy en possession d'un canif, a été condamné à une amende de 300 euros pour « port prohibé d'arme ») et reste d’un usage banalisé parmi certaines ethnies. Dans les pays moyens orientaux, l'égorgement est porté avec le tranchant de la lame comme pour l’abattage rituel des animaux, de la gauche vers la droite (droitier), geste connu sous le nom de « sourire » kabyle...
Tuer au couteau et de cette façon demande une férocité d'animal sauvage. Il faut être pétri de haine envers soi, autrui et la société pour en arriver à une telle extrémité dirigée contre des individus « lambda » (individu que rien ne distingue dans sa catégorie d'un autre individu). Nous sommes en présence d'une forme de suicide assisté multi-causales : suicide ordalique puisque le sujet s'en remet à Dieu - suicide-défi, il s'en remet au hasard et à soi - suicide vengeance, il entend prendre une revanche - suicide propagande destiné à mieux attirer l'attention sur son action - suicide auto-punitif - suicide rédempteur du pécheur. S'il n'avait pas été abattu par les militaires, il aurait probablement vécu cela comme un suicide raté.
Le terme arme blanche désigne : « Une arme dont l’action perforante, tranchante ou brisante n’est due qu’à la force humaine ou à un mécanisme auquel elle a été transmise, à l’exclusion d’une explosion » (décret du 30 juillet 2013). Dans cette catégorie : couteaux, épées, machette, etc., Ce terme est apparu au XVII° siècle par opposition aux armes à feu qui étaient bronzées afin de les protéger de l'oxydation ou de la rouille. Ce procédé n'était pas appliqué sur les armes coupantes ou tranchantes, car l'acidité risquait d'endommager le fil ou tranchant de la lame, rendant ces armes moins efficaces.
Le phénomène a commencé à prendre de l'ampleur au début des années deux mille en Grande-Bretagne. La ville de Glasgow a connu en 2005 et en moyenne, un assassinat et six tentatives de meurtres au couteau par semaine ! Au cours des vingt dernières années précédentes, le pourcentage de meurtres par arme blanche a augmenté de 83 %. Depuis huit ans, le nombre d’attaques au couteau a cru de 350%...
L’arme blanche est souvent traitée comme un « bel » objet dans des revues spécialisées, mais rarement son maniement n'y est évoqué. Lors d'une attaque de nature terroriste, il ne s'agit jamais d'une forme d'escrime, ce qui requiert de l'attaquant un entraînement : au maniement de l'arme, à sa saisie, posséder la maîtrise du déplacement, l’appréciation de la distance, et être capable de se mouvoir rapidement pour venir se placer instantanément dans la meilleure position convenant à l’attaque (vous chercher un expert ? Charles Joussot réserve le meilleur accueil aux personnes exerçant un métier dans la sécurité). Une forme de rituel existe, il a souvent pour but d'apeurer la victime ou de l'inciter à s'enfuir. Le « terroriste » frappe par surprise et porte un nombre de coups erratiques destinés à entrainer la mort de sa victime. Il frappe pour tuer. Une telle attaque est généralement très soudaine et par derrière. L’agresseur tient son arme prête pour frapper seulement lorsqu’il se trouve à la bonne distance de sa victime qui a la malchance d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Le geste s’accomplit à environ 12 m/sec ! Face à cette attaque qui dure 1/15 de seconde..., inutile de dire que la réaction de l’agressé ou des personnes alentours est toujours plus lente que l’action de l’agresseur. Un homme met moins d’une demi-seconde pour parcourir les quelques mètres (huit mètres seconde pour un sprinter médiocre) le séparant de sa victime, alors qu’il faut près d’une seconde à un policier pour dégainer et faire feu.
L’endroit du port de la lame conditionne son utilisation. Si elle est portée sur l’avant bras, le côté ou au revers gauche, le dégainé rationnel sera la main droite en pronation, c’est à dire que l’avant bras devra pour frapper effectuer un mouvement permettant la rotation de la main. Si l’arme est portée à la ceinture, au creux des reins et de biais, la saisie se fera en supination, tenue qui permet pas mal d’attaques sous un angle peu « orthodoxe ». L’effet de surprise tend à rendre ce type d’attaque imprévisible. Il existe des positions d’attente d’aspect non agressif. Le porteur du couteau placé de trois quart face tient celui-ci dissimulé dans une main derrière son dos, semble croiser les bras, se gratter l’arrière du cou. Il attend pour frapper l’opportunité. Si l’amateur « téléphone » ou arme son coup, un pervers pourra afficher un large sourire et frapper à la vitesse d'un « cobra » !
Le choix de l'arme n'est pas anodin. Un couteau à lame pliante requiert l'usage des deux mains pour l'ouvrir avant de l'utiliser, et il présente un risque pour l'agresseur qui peut s'entailler les doigts si l'arme se replie. L'agresseur de Douste-Blazy avait choisi un couteau à virole d'une marque très connue... Le couteau à cran d'arrêt s'ouvre par une pression sur un poussoir (il produit un bruit audible très caractéristique) mais la lame est fragile, ceux à la lame rétractable dans le manche offre une meilleure solidité. Une marque bien connue propose un modèle pliable avec une agrafe qui dispose sur le côté de la lame un ergot et une encoche permettant de l'ouvrir à l'aide du pouce. Le couteau papillon a lui un manche en deux parties qui pivotent chacun à 180 ° afin d'en dégager la lame, d'où un geste ample rendu nécessaire à son déploiement. Les « videurs » de boîtes de nuit sont souvent confrontés à un de ces modèles. Ces explications de base, permettent de comprendre pourquoi les terroristes portent généralement leur choix sur un couteau à lame fixe avec ou sans garde : poignard, dague commando ou de vènerie, push dagger, bowie, couteau de chasse, pointu (coutelas) et d'une longueur adaptée à l'attaque qu'ils ont anticipée (coup d'estoc ou du tranchant).
On parle de couteau, mais il peut tout aussi bien s’agir d'un cutter, d'un rasoir, d'une « griffe », d’une arme punctiforme genre pic à glace. En janvier 1947, le président Vincent Auriol dépose une gerbe de fleurs lorsqu’une femme se rue sur lui, une aiguille à tricoter à la main. Fin avril 2007, une jeune femme meurt assassinée à la station de métro de Termini (Rome), une femme lui a enfoncé l’extrémité de son parapluie dans l'œil, transperçant la boite crânienne responsable d’une hémorragie cérébrale foudroyante. S’il s’agit d’un agresseur vicieux et déterminé, il pourra enduire sa lame d’un poison ! Lors de l'attaque de Berlin en 2006 qui a fait 35 blessés, l'agresseur, un jeune homme âgé de 16 ans était séropositif..., les victimes ont été soumises à un test de dépistage du sida, car il existe une possibilité de transmission de la maladie par du sang contaminé.
L'arme froide est facile à dissimuler dans la poche, sur la cuisse, sur l’avant-bras, le mollet, sous l’aisselle, dans le bas ou sur le haut du dos, sous un revers, suspendue autour du cou, dans la doublure de la cravate, dans un accessoire : stylo, bâton de rouge à lèvres, boucle de ceinture, briquet, manche d'une brosse à cheveux, canne, etc., les objets ordinaires pour dissimuler la lame ne manquent pas. Un couteau à manche plat peut être dissimulé dans un journal plié ou un magasine roulé. S'il s'agit d'un modèle en polymère, il sera « indétectable » par les portiques ou les détecteurs de métaux à main !
L'amendement à la loi de 2012 modifie les articles L. 317-8 et L. 317-9 du code de la sécurité intérieure. Les armes de la catégorie « D », qu’elles soient en vente libre ou non, ne peuvent être ni portées ni transportées sans motif légitime. Le contrevenant encourt une amende de 15 000 € et un an d'emprisonnement.
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