Tarnac. Comme taïaut... !
Si cette Affaire des 9 de Tarnac continue comme elle a débuté, on pourra dire d’eux, comme Churchill de la RAF, que rarement un si grand nombre auront eu une telle dette envers un si petit groupe…
C’est toute la France qui devrait dire merci à Julien Coupat et aux autre qui ont mis en évidence l’ineptie du système policier et judiciaire. On en a fait une chasse à courre...
Devant, le gibier Coupat ; suivant sa trace, toute cette faune vociférante qui prétend le soupçonner de « terrorisme », mais dont il est évident que l’odeur qui l’excite est celle qui suinte d’un livre. Ah, si on pouvait brûler ce livre… car l’odeur qui en sort est celle d’une société en décomposition. Comme le « Comité invisible » l’a dit. Sale bête !
C’est le livre qui est important, car cet « attentat » n’a pas fait de victimes, ne pouvait pas en faire et a été revendiqué par un groupuscule anarchiste allemand qui s’est excusé auprès des voyageurs de les avoir ennuyés !…
La culpabilité de Coupat n’est pas certaine, ce qui a donné à Gérard Cherbonnier, trésorier de l’Association de défense de l’édition indépendante, le plaisir de citer les Dupondt de Hergé : « Pour une fois que l’on arrête un coupable, il est innocent. »
La culpabilité de Coupat dans l’affaire est mal prouvée, mais n’a qu’un intérêt marginal. Ce qui passionne la France, c’est s’il a ou on non écrit "l’Insurrection qui vient."
Il nie l’avoir écrit… mais il avoue l’avoir lu. Exactement ce que ferait à sa place quiconque a un peu le sens des relations publiques. Le livre est TRES BIEN écrit et ne dit rien qu’une majorité des lecteurs pourrait contester.
Il est critique, mais fort poliment. Il n’appelle pas à la révolution, il n’en voit pas de possibles, autre que celle naturelle, spontanée et irrépressible qui viendra du peuple. Il n’appelle même pas à l’insurrection, il constate simplement qu’elle viendra…. Doit-on lui reprocher de l’annoncer ? Le livre d’ailleurs n’a pas été interdit. Il y a une douzaine de sites sur la Toile d’où l’on peut en tirer copie gratuitement. (CLIQUEZ ICI )
Alors pourquoi veut-on tant savoir s’il l’a écrit ? Parce que quiconque l’a écrit est dangereux. Le livre dit trop vrai. Il dit trop de choses dont la population est déjà convaincue et sur lesquelles elle n’attend plus qu’une signature pour s’y rallier. Si c’est Coupat, on a le nom, la voix, l’image. On a le mec de l’âge du Christ au moment du finale, intelligent, parfaitement articulé, intellectuel de bonne famille – (eh oui, pour les Chefs, ça compte encore, car la France républicaine est un peu royaliste...). L’attentat a fait de lui un homme d’action et un acharnement policier et judiciaire est à lui conférer les stigmates d’un sauveur.
Astuce ou bêtise, on l’a détenu le temps de mettre le livre en évidence. Mise en évidence de grande classe, via le Monde et Nouvel Obs, garantissant que le petit bouquin deviendra le succès de librairie de l’année sinon de la décennie. Lisez le vite, sans quoi vous serez le dernier à le faire… . On garantit du même coup que l’insurrection sera le concept à la mode pour les vacances et fera un malheur à la rentrée… Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, on propulse l’auteur inconnu ET Julien Coupat ensemble dans la sublimosphère des options crédibles de renouveau politique, au moment où n’y en a vraiment aucune autre en vue.
Si l’émergence du tandem Auteur-Coupat est bien spontanée, le gouvernement à commis cette énorme bourde de médiatiser une alternative providentielle capable de polariser le volonté universelle de changement.
Si Auteur et Coupat sont les deux pôles d’une activité qui pourra doser théorie et pratique en alternance, on aura un mouvement dont la force est imprévisible, mais qui, même à son corps défendant, viendra inévitablement trouver une place sur l’échiquier politique… ni à droite, ni à gauche, mais à l’opposé de ce qui est là. Une nouvelle société. Si les deux images se fondent en une seule, il n’y aura pas de « corps défendant » ; on cherchera bien consciemment à y voir apparaître celle d’un Obama pour la France…
En filigrane, toutefois, il y a toujours la possibilité d’une création machiavélique du système, hypermédiatisée pour aiguiller le ras-le-bol populaire qui s’en vient vers une cour de triage où on tentera de le démanteler… Soyons méfiants. Mais attentifs, car il y a aussi des triples jeux...
30 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON