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Accueil du site > Tribune Libre > Taxe sur les billets d’avion : une fausse bonne idée présidentielle

Taxe sur les billets d’avion : une fausse bonne idée présidentielle

L’initiative d’une taxe sur les billets d’avion, contrairement à ce qui est dit n’est pas économiquement neutre, principalement au moment où les compagnies aériennes ont déjà du mal à assumer les hausses de carburant, les surcoûts liés aux mesures de protection, et alors que leurs clients ont à en subir les effets.

Si l’adage est respecté, Jacques Chirac, au lieu de s’évertuer à créer des taxes pour soulager la misère des autres peuples, ferait bien de commencer à regarder de plus près à celle qui existe dans sa cour. C’est à croire que cet homme n’a jamais rien compris à rien. En effet, depuis des mois il en a fait sa marotte, il veut créer une taxe sur les billets d’avion, pour venir en aide médicalement aux pays les plus défavorisés. L’idée est généreuse dans son principe ; ce qui l’est moins, c’est le but recherché par cet homme qui, depuis le milieu des années 1960, est dans les affaires de gouvernement, et excepté ce qu’il a réussi de mieux, à savoir organiser des siphonages financiers, on ne peut pas dire qu’il laissera une réforme ou un projet qui marquera la France, intellectuellement, économiquement, philosophiquement ou socialement.

Je le soupçonne de vouloir être en ligne pour le prochain prix Nobel de la Paix, à défaut de la stabiliser en France. Cela étant dit, trêve de plaisanterie, je soupçonne Chirac de vouloir élargir son aura d’homme d’État international. Le problème est que les autres pays et les compagnies aériennes, exceptés les États récipiendaires d’une telle manne, ne voient pas cela du même œil. En effet, dans un email que je lui ai adressé en juillet, je lui disais ceci : « Je pense, Monsieur le Président, que cette initiative, contrairement à ce qui est dit dans ce communiqué de presse, n’est pas économiquement neutre, principalement au moment où les compagnies aériennes ont déjà du mal à assumer les hausses de carburant, les surcoûts liés aux mesures de protection, et alors que leurs clients ont à en subir les effets. Monsieur le Président, trop de taxes et d’impôts tuent l’impôt, il n’y a malheureusement pour celui qui le paie aucune neutralité, c’est un coût superfétatoire, dont seul celui qui en paie une portion connaît le prix.

L’Afrique, puisque c’est principalement pour l’Afrique que cette taxation des billets d’avion est envisagée, vient de bénéficier d’une remise de sa dette. Depuis le début des années 1960, date de l’indépendance de ce continent, nombre de programmes ont vu le jour sans succès aucun, cela ne sera qu’une gabegie supplémentaire, alors qu’il existe bien d’autres moyens de faire ce que feu votre alter ego Mao Tsé Tong disait : « Ne donnez pas de poissons à mon peuple, apprenez-lui à pêcher ». Je connais trop bien l’Afrique et les Africains, si un programme peut encore sauver ce continent, cela ne se fera pas en y mettant encore des dizaines de milliards en pure perte, mais au contraire en utilisant cette maxime comme base élargie d’un nouveau projet économique de grande envergure, où la neutralité du processus sera assurée pour l’ensemble des acteurs ».

J’ai reçu une réponse à ce mail le 21 Octobre, et je ferai grâce au lecteur, je ne lui infligerai pas la lecture de ce message laconique.

Si l’on souhaite aider le continent africain, il faut d’abord commencer par détruire l’enseignement que nous leur avons prodigué depuis l’indépendance, la corruption, plusieurs membres du parti au pouvoir en connaissent pourtant un bout en ce domaine.

L’Afrique et les autres pays en voie de développement ont besoin surtout d’investissements qui soient « réalisés » dans leurs pays, et non pas seulement financés, comme il l’ont été depuis leur indépendance.

Malgré sa lettre à 145 chefs d’État, son discours dithyrambique sur le sujet, aujourd’hui, 23 novembre 2005, alors que le Conseil des ministres vient d’entériner une telle mesure, de tous côtés s’élèvent des oppositions qui ne font que lui rappeler qu’une taxe supplémentaire était mal venue, pour des raisons diverses. De plus, qui, ou quel organisme, serait chargé de sa collecte, de sa gestion et enfin de sa distribution ? Espérons que Chirac n’a pas pensé à l’ONU, après le scandale « Pétrole contre nourriture et médicaments », dont les morts d’Irak d’avant-guerre, je n’en doute pas, remercieront glorieusement Chirac, lorsque son heure viendra... A moins qu’il n’ait déjà pensé à la création d’un organisme idoine, avec nomination de Kofi Annan après son départ des Nations Unies, comme cela a été le cas pour Boutros Boutros Ghali, initiateur du programme « Pétrole contre nourriture et médicaments ». Le renvoi d’ascenseur est coutumier dans ce monde-là, avec les conséquences que nous payons tous, sous une forme ou une autre, appelons-les « taxes sur les billets d’ascenseurs ».


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13 réactions à cet article    


  • Eric (---.---.91.222) 25 novembre 2005 16:10

    C’est l’AFD (Agence Française de Développement) qui se chargera de redistribuer l’argent récolté. Mais la plupart des projets de l’AFD sont sous formes de prêts ! Les pays emprunteurs doivent rembourser avec des intérêts, c’est-à-dire que cela va augmenter la dette des pays pauvres...

    La taxe sur les billets d’avions permettra d’amorcer la pompe de ce système : plus d’argent, pour plus de prêts, pour plus d’encaissements.

    En fait l’AFD n’est ni plus ni moins qu’une sorte de banque déguisée en ONG.


    • Philippe Murcia (---.---.8.58) 2 décembre 2005 12:20

      Je ne savais pas qu’il y avait déjà un organisme idoine. Je crois que les fonctionnaires qui y travaillent seront au préalable passés par le Ministère de la Coopération. De cette façon ils pourront continuer à poursuivre ce que je décris dans mon article. Merci et à bientôt. Philippe Murcia.


    • lee sidler (---.---.8.58) 25 novembre 2005 16:22

      Je partage totalement votre avis sur le subterfuge employé via l’AFD. Je suis en train de préparer un article de fond sur la philosophie du développement durable et ce que cela sous-tend, si tant est que l’on veuille, une bonne fois pour toute, aborder ce problème dans toutes ses spécificités.


      • (---.---.99.105) 25 novembre 2005 22:40

        Je trouve que c’est une excellente idée, tout ce qui peut « plomber » le transport aérien est une bonne nouvelle pour l’environnement et notre planète qui est à l’agonie. Le transport aérien est le mode de transport le plus polluant et le plus anti ecologique qui soit, tout ce qui va dans le sens de la reduction de son utilisation sont de bonnes resolutions. De plus le transport utilise du carburant détaxé, ce qui est absolument incomprehensible et insurportable. Comme pour l’automobile on doit aller dans le sens d’une reduction drastique de ses deplacements pour sauver ce qui peut encore l’etre....mais je n’y crois pas trop, continuons joyeusement à aller dans le mur en voiture ou en avion(ça va plus vite !) Lemmanuel


        • Philippe Murcia (---.---.8.58) 29 novembre 2005 21:09

          Cher (e) Lemmanuel,

          Votre commentaire à l’article que j’ai fait paraître dans la Tribune Libre du 25 courant et qui semble approuver la taxe sur les billets d’avion prônée par Chirac ainsi que les arguments que vous y développez pour la justifier, ne font que me conforter dans l’opinion qui était la mienne depuis des années, que, si les mouvements Verts et Ecolos, n’ont pas réussi à coaliser et sensibiliser plus de monde au problème réel « du réchauffement climatique », c’est justement à cause et du fait d’arguties comme les vôtres.

          Pensez vous que conduire une voiture ou prendre l’avion pollue plus que d’être fermier aujourd’hui ?

          A titre d’information, le « Canard Enchaîné » d’il y a quelques semaines donnait une comparaison intéressante et que je vous livre ci-dessous :

          La France possède une cheptel de 20 millions de vaches qui produisent chacune 6, 000 litres de CO2 par jour, soit 16 millions de tonnes par an et 23 fois plus de méthane. Gaz qui sont encore bien plus dangereux pour le réchauffement climatique.

          Cela me rappelle les ‘‘Baba Cool’’ des années 60 qui prônaient de faire l’amour et pas la guerre, les faits ont amenés leurs enfants, aujourd’hui, à faire la guerre économique et plus l’amour.

          Résoudre les problèmes relatifs à l’effet de serre et aux pollutions en tout genre, ne se fera pas par des arguties aussi éculées, qu’immatures, d’un point de vue socio-économique.

          On peut conduire une voiture, prendre l’avion et être un farouche défenseur de l’écologie en travaillant sur des énergies renouvelables et un développement économique durable et on peut aussi être berger et très pollueur.

          Philippe Murcia.


          • Alain (---.---.213.85) 29 novembre 2005 22:07

            Ah ! Ca faisait quelque temps déjà que l’on ne nous l’avait pas servi celle-là. La pollution ce n’est pas l’industrie, ce n’est pas les voitures, ce n’est pas les avions, non non non pas du tout... Vous avez tout faux. La pollution, c’est simplement les vaches qui pètent. Véridique. Mais alors qu’est-ce qu’on attend pour développer un remède anti-flatulence à mixer avec les farines d’alimentation ? Mais que fait donc l’industrie pharmaceutique pour sauver l’humanité de la lourde menace du trou d’ozone ? On se le demande...


            • Philippe Murcia (---.---.8.58) 2 décembre 2005 12:27

              Cher Alain, dans mon article, à aucun moment, je n’ai soutenu que les vaches ou autres activités fermières polluaient plus que l’industrie, quelles qu’elles soient. J’ai voulu simplement attirer l’attention du lecteur sur le fait que le problème auquel nous faisons face est beaucoup plus large que certains ne le croient. Mon activité dans la résolution des gaz à effet de serre m’a amené à comprendre beaucoup plus de mécanismes interdépendants en matière de pollution. Bien à Vous. Philippe Murcia.


            • (---.---.213.85) 29 novembre 2005 22:19

              Cela dit, je suis assez d’accord avec votre billet. Alain


              • Sylvio Sylvio 29 novembre 2005 22:47

                Alain vous ne savez pas lire :

                Philippe Murcia cite ce problème (les vaches) « à titre d’information » pour montré que les avions sont loin d’être les seuls choses qui polluent l’atmosphère.

                Dans votre commentaire, vous exagérer et déformet aisément les propos de l’auteur en lui appropriant des propos selon lesquels les vaches sont (les seules ou les plus) responsables de la polution.

                Pour mieux nous convaincre, tâchez d’être plus constructif et plus loyal dans vos commentaires. Merci.


                • Alain (---.---.213.85) 29 novembre 2005 22:59

                  T’est sympa sylvio de me donner des leçons de lecture... Cela dit je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit. Simplement l’éternel couplet sur les baba cool me gonfle au plus haut point. Aujourd’hui ce n’est plus « faites l’amour », mais « produisez », de toute façons si vous polluez et si laissez le 3/4 de la planète dans le fossée ce n’est pas important tant qu’il y a du fric à se faire... Moi perso je préfère les premiers aux seconds. On ne se refait pas.


                  • Sylvio Sylvio 29 novembre 2005 23:33

                    Je suis entièrement d’accord avec toi là dessus, aujourd’hui être neo-reac, neo-libéral, néo-conservateur est bien à la mode, le reste c’est le mal (dans notre guerre du bien contre le mal).

                    Les « baba-cool » ou 68ard ont apportés quelquechose à la société. Que serait la société sans mai 68 ? un monde encore plus individualiste et intolérants je pense.

                    On se plait à décrier « les gauchistes », les 68ard, les écolos, les utopistes. Bientôt on décriera les droits de l’hommiste, les pacifistes, les actions humanitaires... En arriveront nous à mettre sur la selette l’amour, la fraternité, l’égalité, les principes de libertés ? Bref, tout ce qui n’est pas « économique » n’est plus mis en valeur et seul l’argent et la consommation ont raison. Ceci n’arrive pas par hasard, il y’a une certaine manipulation des médias (mise en scène des images), de la France « d’en haut » (peur de la crise économique), de l’influence américaine (guerre, peur du terrorisme), là dessus.

                    Moi aussi je préfère « les premiers » au second, voici un exemple d’oeuvre humaintaire qu’apporte l’occident : La Banque mondiale dans de sales draps au Tchad.

                    Pour en revenir sur le sujet de l’article, la taxe sur les billets d’avion, pour moi c’est plus un nouvel impot qui finira dans les caisses de l’état qu’une mesure humanitaire. Je ne pense pas non plus que ça changera grand chose au niveau de la pollution (c’est tellement un goute d’eau).


                    • (---.---.12.164) 20 décembre 2005 09:13

                      Voilà encore une preuve de pure démagogie. Il y a certainement d’autres moyens pour aider l’Afrique : Baisser les subventions de la PAC et acheter du blé africain ?


                      • www.jean-brice.fr (---.---.108.227) 18 février 2006 20:02

                        TRES CERTAINEMENT ...

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