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Accueil du site > Tribune Libre > Te maries pas avec le cheval

Te maries pas avec le cheval

Avant de miser sur un cheval, observe le, tu n’as juste qu’à ouvrir les yeux de ton regard le plus pointu, le plus soutenu, le plus appliqué. Même à l’arrêt, ce qui n’est d’ailleurs qu’une courte pause, car un cheval de course n’est presque jamais fixe et stagnant en présence de public et surtout de rivaux, tu peux déjà savoir s’il est le bon gagnant.

C’est à la fois injuste car il ne te regarde pas, il te toise une seconde, évalue ta distance, la direction de ton mouvement, et surtout, évalue si tu le regardes, s’assurant ainsi que tu l’as bien vu. Tu ne pourras l’approcher que s’il a senti dans ton geste, cette sensibilité dont il veut être sûr que tu sois bien empreint. Sans ce premier lien visuel, il risque de refuser de t’accorder le droit d’oser poser ta main sur sa croupe ou son échine.

 

Mais tu n’auras peut-être jamais ce droit, alors renonce, reste à distance et fixe le longuement, dans ses moindres mouvements vifs et sûrs, mais toujours justes. Chacun de ses pas est parfaitement mesuré, il pose toujours son sabot là où il a choisi et le suivant en un temps déterminé, conservant ainsi un équilibre parfait et une prestance magnifique. Malgré ses yeux globuleux et latéraux, au pas, il ne pose qu’au jugé son sabot arrière exactement là où s’est effacé le précédent.

 

La tension est à son comble lorsqu’il il se dirige vers sa porte d’embarquement, ce qui lui impose presque un contact rapproché avec ses principaux rivaux, tenant à distance ses concurrents pour ne pas les toucher, facteur d’agression ou de stress. L’idée de courir l’émeut déjà seul, mais de se mesurer à la meute l’excite terriblement et le moindre détail ou contact aléatoire peur le contrarier et perturber ses nerfs. Et comme chacun d’eux est empreint de la même tension juste avant la grande course, cela fait beaucoup d’électricité dans le même périmètre.

Suis le pendant sa course, même s’il part le dernier, à la jumelle ou sur grand écran, et observe comme avec son jockey, ils ne font qu’un, comme ils sont parfaitement synchronisés dans leurs mouvements, parfaitement coordonnés dans leurs rotations. Malgré la somme des masses en action et l’enroulement de chacune, l’ensemble suit une ligne pratiquement droite légèrement ondulée. Les deux corps, de l’animal et du jockey, suivent une vague sans accrocs, parfaitement tracée et pure.

Afin de ne pas contrarier le travail du cheval, le jockey qui est porté par celui-ci doit prendre appui sur ses étriers au bon moment, c’est à dire juste avant le contact des pattes avec le sol. Une seule fraction de seconde plus tard et l’appui se produit au moment de l’envol vers le pas suivant, raccourcissant la portée de celui-ci et ralentissant ainsi sa course. Entre chaque impulsion, le jockey vole au dessus de sa monture au point que celle-ci peut en oublier le poids qu’elle déplace avec ailes.

L’homme est d’ailleurs plié, pour ne pas faire obstacle au vent des kilomètres parcourus à l’heure. Il se raidit au moment de l’appui transmettant l’onde ainsi jusqu’au haut de son corps, mais il s’assouplit ensuite afin de se plier un peu plus, quitte à ce que son front touche le garrot de la bête. Afin de ne pas s’élever et ainsi observer un ligne parfaitement droite, il corrige le mouvement ondulant s’approchant du linéaire exact, ça n’a l’air de rien, mais quand tu vois qu’il n’est ni assis mais plié, en suspension en vol au dessus de son col pendant les trois minutes de la course endiablée, tu comprends mieux pourquoi ils fument en hiver...

Si tu as fait le bon choix, tu verras qu’au dernier virage, s’il n’est pas à la corde, il est en embuscade dans le paquet de tête, mais déboulera en virant large vers l’extérieur du terrain, car il est sûr de n’être ainsi gêné par aucun concurrent, ce qui le soulage quant aux entraves et le libère jusqu’à la ligne. Ce n’est pas le meilleur cheval ni le meilleur jockey qui l’emportent, mais le meilleur couple.

 

Le mot est lâché, le meilleur couple.

 

En effet, si ton amour est prêt à franchir des montagnes, il est temps de choisir celui qui t’accompagne. Si tu montes à cheval tu connais tes limites et ta sensibilité à comprendre l’animal ne se résume pas au fait que tu l’imites, mais bien que tu sois toi, moteur original. Si tu suis le cheval, il ira où il veut et en passant sous l’arbre, la branche dans tes yeux te jettera au sol, sans même qu’il s’en rende compte et pour le rattraper, tu connaitras la honte.

Mais si tu es motrice et domine la bête, si tu sais le conduire, l’emmener à la fête, il te remerciera et sera ton complice, et partout tous les deux, ne ferez qu’une tête. Sans forcer, sans rudesse en suscitant avant que l’obstacle ne se dresse, anticipant la route la plus simple à franchir, il te remerciera de rouler en déesse.

Et pour choisir l’homme et tenter l’aventure, il ne suffira pas qu’il se soit montré dur, ni doux, tendre et soumis, mais plutôt, souple et sûr, de bien savoir tenir fermement sa monture. 

Te maries pas avec le cheval, mais avec l’homme qui sait maitriser l’animal.

A ma fille angélique, dix huit ans.


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14 réactions à cet article    


  • Radix Radix 5 septembre 2009 12:57

    Bonjour Lisa

    Je ne résiste pas à vous faire part à une définition du cheval que vous connaîssez peut-être : « Le cheval ? Dangeureux aux deux extrémités et inconfortable au milieu ! »

    Et pourtant j’ai monté pendant des années mais maintenant mon dos refuse !

    Radix


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 5 septembre 2009 22:58

      Bonsoir Radix,

      Jolie citation, vous m’en rappelez une, mais à l’avantage du cheval : « Inégaux en vitesse, le cheval de course et le coureur à pied sont d’une intelligence sensiblement égale. » Elle est signée, André Prévot.

      en effet, pour ne faire qu’un avec le cheval, il faut être musicien ou avoir le sens du rythme déjà pour le suivre, et c’est ainsi qu’il sait que vous le conduisez, et ensuite vous n’avez plus qu’à le devancer pour les autres manoeuvres.

      Mais je dis ça, il y a longtemps que mon dos manquant singulièrement de souplesse m’interdit de prendre ce risque.

      cordialement.


    • ASINUS 5 septembre 2009 19:22

      depuis que j ai appris à monter, j aime la viande de cheval , vous me pardonnerez « ou pas »
       ma trivialité mais j ai rarement croisé un animal aussi con !



      asinus:cavalier


      • Radix Radix 5 septembre 2009 22:50

        Bonsoir Asinus

        Le cheval n’est pas un animal stupide, juste très craintif, et si on décide de le monter la stupidité vient plutôt du cavalier !

        Radix


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 5 septembre 2009 23:08

        Asinus,

        Vous devriez vous méfier, si le cheval pouvait vous parler, il vous surprendrait. Il est de coutume de dire d’un animal que l’on arrive pas à maitriser, qu’il est idiot. Erreur, Si vous ne le maitrisez pas, c’est déjà que vous êtes moins rapide, moins vif que lui, et ensuite, alors que vous ne l’avez pas encore jaugé, lui, ne met quelques secondes à vous comprendre. Il sait tout de suite ce qu’il va pouvoir se permettre et qui commande.

        Vous mangez la viande de cheval, j’aimerai savoir si vous êtes contre la corrida ?


      • ASINUS 5 septembre 2009 23:21

        bonsoir lisa sion , pour la corrida je ne paierais pas pour aller voir , fut un temps ou sur canal + j ai du regarder 10/15mm , cela ne m interresse pas mais je ne m autorise pas
        a declarer urbi et orbi qu elle doit etre interdite , pour autant qu elles n attentent a ma liberté je m interdit « d interdire » ce qui pour cetains seraient coutumes ou liens culturels
        avec une « terre » ou une population.Pour revenir à nos « moutons’ heu chevaux ma boutade signifiait simplement que j avais lu l article et pris interet, las je ne conceptualise pas aussi bien donc j ai choisis l humour et la distance avec une des rares activités
        qui m ai apportée calme , assurance et confiance en soi parvenu a une cinquantaine tassé il reste finallement peu d activitées ou j ai acquis un peu d aptitudes j aime
        a me dire cavalier mais je doute que mes montures partagent ma satisfaction , d ou la distance ,répettons le mantra
         
         »en avant, calme et droit "


        asinus


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 5 septembre 2009 23:57

        Bonsoir asinus, Je suis ravi que vous respectiez les traditions et coutumes des autres, vous ne jouez donc pas le jeu des intolérants qui verraient bien étendre le grand marché du maquedeau...

        « une des rares activités qui m ait apportée calme, assurance et confiance en soi parvenu a une cinquantaine tassé » Bien tassé, vous voulez dire du dos ? Dans mon cas c’est exact, il faut absolument de la souplesse pour faire de la moto ou du cheval en tout terrain.


      • ASINUS 5 septembre 2009 23:00

        la stupidité vient plutôt du cavalier !

        @ radix , z etes bien urbain mais à qui donc voulez vous que j attribue mes déboires
         « vol planés et autres chutes » mes ancetres monsieur etait « sapiens sapiens »
        donc la carne c est l autre cqfd !!! lol


        • Radix Radix 5 septembre 2009 23:09

          Ben si vos ancêtres sont aussi les miens vous devez savoir qu’ils ont commencés par manger du cheval avant de se rendre compte qu’il leur rendrait plus de service en le montant.

          Mais tous n’étaient pas aussi doués !

          Radix


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 5 septembre 2009 23:28

          Le cheval ne parle pas parce qu’il n’est pas instruit, il n’en est pas moins intelligent. il arrive tout de suite à vous évaluer, même avant que vous ne l’ayez monté, son instruction ne tient qu’en tirant à droite ou à gauche, en avant ou arrière, et si vous l’encombrez d’un poids mort, il vous éjecte ou passe exprès sous un arbre dont la branche, preuve d’une certaine personnalité. En fait c’est celle ci qu’il faut définir avant tout, un animal de votre trempe ou de votre niveau physique. Si vous le maitrisez, il vous emmène sans problème à cent bornes en sautant tous les barbelés. Il vous remercie même tellement il s’amuse plus à gambader qu’à s’ennuyer sur une botte de paille.

          Si vous le respectez, le remerciez, le caressez, le récompensez quand vous vous arrêtez sous un pommier, il vous le rendra, sera fier et vous choisira la prochaine fois pour se soumettre à votre autorité.

          La véritable autorité est celle qui s’impose sans le recours des lois, c’est du bon sens pur et l’animal en est pourvu bien plus que les être instruits de principes contre nature.

          Bien à vous.


        • Ulmo Ulmo 7 septembre 2009 01:43

          C’est très sexiste comme texte, vous ne trouvez pas ?
          Remplacez homme par femme, cheval par jument, publiez, et observez la beauté des moeurs de notre société.
          Vous avez raison en ce qui concerne l’importance de choisir le bon cheval, mais votre vision qui exclue toute possibilité de se passer d’un meneur ou d’un manipulateur dans un couple est digne d’un autre age.
          Personnellement, je ne souhaite aucun des deux à vôtre fille...il s’agit justement, de complicité.


          • Lisa SION 2 Lisa SION 2 8 septembre 2009 07:48

            Je ne trouve pas. Dans l’autre sens, ça marche aussi sauf dans les cas où la soumise...heu pardon, la promise suit les conseils asés d’un conducator arriviste : " Pourtant, tout n’est pas perdu car Silvio Berlusconi a proposé une solution idéale à la télévision italienne, jeudi 3 avril. Une jeune femme l’interroge, prenant son cas pour exemple, sur la difficulté pour les classes les plus pauvres de construire un avenir. Peinant à vivre convenablement, elle ne voit pas comment elle pourrait élever voire nourrir un enfant. El Cavaliere de lui répondre : « En tant que chef de famille, le conseil que je vous donne est de trouver quelqu’un comme le fils de Berlusconi ou qui n’ait pas de problèmes (d’argent). Avec votre sourire vous pouvez vous le permettre » et d’ajouter « le mieux serait de vous trouver un millionnaire ». Des mots qui choquent l’opinion publique qui n’accepte pas le trait d’humour. Pour beaucoup d’italiens, la farce de l’ancien président ne fait que montrer encore une fois le gouffre qui sépare les gouvernants des vrais soucis populaires. "

            Beaucoup de jeunes filles ne visent que cette échéance, et les autres, moins arrogantes, sont souvent l’objet du harcèlement qui sévit en haut lieu : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p1708/dossier/a13439-laurence_desiree_et_viree.html

            Mon conseil peut très bien s’appliquer à tous et je décris de façon on ne peut plus explicite les méthodes traditionnelles de relations vouées à l’équilibre dans le partage des responsabilités chez les peuples attachés à leurs traditions. http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/ces-uniformes-qui-font-trembler-l-60560

            Chacun a le devoir d’être par moment le meneur du couple, mais tous ont intérêt à savoir inverser les rôles afin de rester autonome et polyvalent. La complicité commence souvent dans le cadre même de l’enfance, mais pas dans tous les cas. C’est l’adulte qui enseigne ce qu’est la complicité déjà entre générations et elle est parfois rare chez certains milieux.

            Cordialement, L.S.


          • Ulmo Ulmo 8 septembre 2009 20:31

            Bon, ok...
            Puisque vous ne trouvez rien d’anormal dans votre article, re-publiez le en inversant les sexes.
            Chiche ?


          • Radix Radix 8 septembre 2009 21:40

            Bonsoir Ulmo

            Sexiste ? Je ne sais pas mais si une femme m’avait fait subir ce que le dernier cheval que que j’ai monté à fait à mon dos... j’aurai divorcé illico !

            Radix

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